Yeah, j'espère ne pas vous avoir trop manqué mais, une fois n'est pas coutume, j'avais encore en moi cette question comme si elle était existentielle : qu'est-ce que je vais poster ? Ce qui est tout à fait ridicule vu que je ne suis pas en manque de choix, alors je vous autorise de ce fait à vous moquer de moi si ça vous tente ;)
Bref, trêve de bavardage. Je vous laisse découvrir cette fiction qui, je pense, vous surprendra quelque peu de par son aspect… weird !
Décembre 2010, il serait temps que je l'a poste ici quand même :p
Je m'excuse à l'avance des bons paragraphes qui sont ici présents mais je me devais d'en faire pour bien détailler les choses, et vous vous rendrez compte que ça a son importance.
J'attends vos avis avec beaucoup d'impatience, comme toujours. Mais vu que vous vous attendez la suite avec la même impatience, j'équilibre bien la balance comme ça.
Good Read ;)
xxx
Black Hole
- chapitre 1 -
Il ne se souvenait plus de rien. L'impression qu'il avait était que son cerveau avait été vidé de tout souvenir, comme une extraction de données à partir d'un ordinateur. L'angoisse fut telle que le réveil en devint long et progressif. La peur de ce qu'il découvrirait en ouvrant les yeux, l'appréhension qui grandirait en lui quand il s'apercevrait des choses qui lui manquaient à présent. Tout ça ne fit que retarder la prise de conscience qu'il lui fallait pour tenter de comprendre ce qui lui arrivait, au même titre que ce qui lui était arrivé.
La première chose qu'il sentit fut la brise sur son visage. Légère, presque effacée au point d'être inexistante, elle survola son visage en laissant derrière elle une sensation de pureté soupçonnable. Bien que de faible intensité, il aurait dû entendre ne serait-ce qu'un sifflement étouffé, mais il ne perçut aucun son. Pas même le bruit des véhicules avec leurs conducteurs pressés formant un concerto en klaxonnant, ou les pas des passants dont celui des femmes étaient bien plus rythmés, ni même celui d'une personne qui aurait une voix nasillarde de par le rhum qu'elle couve depuis plusieurs jours. Pas un seul bruit, pas une seule preuve de vie autour de lui. Mais si lui était vivant, d'autres devaient l'être également. Pourtant, il se sentait vraiment seul dans cet endroit. Et d'ailleurs, où se trouvait-il ? Bien qu'avec ce sentiment de peur, il voulait à tout prix savoir ce qui se passait autour de lui, même s'il n'y avait rien. Il entrouvrit les yeux quelques secondes avant de les refermer et de répéter la même action avec autant de lenteur que de vigueur. Il comprit très vite qu'en fait son ouïe avait voulu lui jouer un tour. Un son très net lui parvint de manière spontanée et cela le fit tressaillir tellement qu'il était resté un moment sans n'avoir rien entendu d'autre que le silence pesant du vide cérébral.
Intrigué, il ouvrit complètement les yeux et ne comprenait pas bien ce qu'il faisait là. Princeton n'était pourtant pas une ville portuaire, ni même connue pour sa station balnéaire car il n'y avait pas. Les grands buildings au loin lui firent penser à New York, et ce choix était en rapport avec ce vaste plan d'eau qui n'avait rien d'un lac ou d'un étang de pêche. Il se redressa et observa furtivement les environs qu'il dévisagea en étant totalement hagard et déconcerté par ce qu'il vit. Une chose dont il se rendit compte avec effarement était qu'il ne ressentait rien à la jambe. Pas une douleur, pas la moindre trace d'un tiraillement aigu qui se propage dans la quasi-totalité du corps, rien du tout. Sans comprendre pourquoi, c'était tout de même mieux ainsi et il ne s'en plaignit pas une seule fois. Malgré le fait que son cerveau semblait avoir subi une interruption au point d'avoir du mal à tout se remémorer, il se souvint qu'il était avec une femme avant que la situation ne lui échappe. Il se souvint aussi qu'elle était brune, de taille moyenne et qu'elle était censée porter... une bague de diamants ?
Il n'avait pas fait trois pas qu'il l'entendait approcher vers lui. Mais elle n'était ni devant, ni derrière lui. Cet endroit semblait vraiment étrange, très différent d'une ville que l'on pouvait qualifier de normale. Et puis, lorsqu'il se retourna après avoir jeté un coup d'œil par-dessus son épaule droite, elle vint capter toute son attention. A sa simple vue, il crut qu'elle sortait d'une soirée rien qu'à en juger à sa tenue. Cette robe bustier lui conférait de lascives idées auxquelles il se surprit n'avoir jamais pensé. Il imaginait un canyon, et le chasseur aux yeux de lynx perçant l'air chaud du Grand Ouest était devenu sa propre main qui lui parcourait le dos. Ses doigts qui se faufilaient entre ses omoplates étaient comme cet aigle planant majestueusement aux alentours des versants abrupts. Et lorsque le rapace plongeait en pic dans les gorges étroites et désertiques, ses doigts parcouraient doucement la ligne de sa colonne vertébrale. Sa rêverie prit fin au moment où il constata qu'elle s'avançait de plus en plus vers lui d'un pas qui dénotait tout son caractère, tout son tempérament. Il avait beau ne plus se souvenir de grand-chose, il savait en revanche parfaitement qu'elle femme elle était : naturelle, entière avec un grand sens de la répartie, mais aussi directive au point d'être parfois dominatrice, jalouse et débordante d'innovations. Il savait tout ça de manière absolument incontestable, mais il ne comprenait vraiment pas comment il le savait.
Tu t'es enfin réveillé, j'ai eu tellement peur pour toi !
Son exclamation lui parut fausse, pas dans le sens qu'il avait entendu cela sans qu'elle le dise mais le fait qu'elle l'ait tutoyé lui sembla improbable. De plus, elle semblait assez paniquée et du coup cela lui fit un peu peur. Il n'avait pas inventé cette phrase, il en était tout à fait sûr. Mais alors qu'est-ce que ceci pouvait bien vouloir dire ? Il se posa la question tandis qu'il se rendit compte une nouvelle fois qu'il connaissait très bien cette jeune personne. Par rapport aux souvenirs qu'il avait de cette femme, cette touche d'envoûtement chez elle n'avait en rien diminué. Il se souvint encore de sa démarche dans les couloirs d'un hôpital et du pouvoir qu'elle exerçait inconsciemment sur lui. Il se souvenait de pleins de choses, des détails qui lui paraissaient être sans grandes importances, mais il ne savait toujours pas ce qu'il faisait là et ce qui s'était passé avant ça.
Alors qu'il persévérait à se poser des questions qui n'avaient pas de réponses, il sembla revenir à la réalité quand il la sentit l'enlacer avec un certain engouement.
Est-ce que ça va ? Tu n'as rien ?
Euh… Oui, ça va. Et… toi, ça va ? Demanda-t-il en retour avant qu'elle ne se détache de lui.
J'ai marché un bon bout de temps dans ses rues pour trouver de l'aide et je n'ai vu personne. On dirait… C'est comme s'il n'y avait personne ici.
Il regarda encore autour de lui à plusieurs reprises et la supposition qu'elle avait formulé devint une quasi certitude. Ne sachant pas trop ce qu'il devait faire, il avait néanmoins conscience que rester là n'allait sûrement pas les aider à quoi que ce soit.
Tu te souviens de ce qui s'est passé ? Comment est-ce qu'on est arrivé ici ?
Non. Je t'ai trouvé inconscient alors je suis allée voir si je ne pouvais pas trouver quelqu'un, mais tu es la seule personne que j'ai vu dans cette ville.
Viens, ne restons pas là.
Ils commencèrent à s'éloigner des abords aquatique en direction de ce qu'il pensait être une métropole avec une impression presque fugace que leur périple aussi étrange soit-il n'allait pas être écourté de si tôt. Ils n'échangèrent pas un seul mot pendant qu'ils avançaient vers l'inconnu pour trouver ce qu'ils ne savaient toujours pas. Quelques regards de temps à autre, mais rien de plus. Il aurait cru ressentir quelque chose au niveau de sa jambe, mais rien ne se déclara. Il marchait normalement sans la moindre gêne, même après avoir gravi cette pente un peu plus tôt.
Au moment où ils s'engagèrent dans ce labyrinthe d'immeubles assez lugubres pour la plupart, elle lui prit la main d'un geste spontané. Étonné, il ne dit cependant rien par peur qu'elle ne se sente encore plus mal. Elle devait certainement être effrayée, tout comme lui en fin de compte et il ne voulait pas amplifier ce sentiment. Elle devait être rassurée, c'était ce qu'elle recherchait alors il lui étreignit légèrement cette main qui fit ressurgir en lui certaines choses. Elle lui paraissait plutôt familière, à croire que ce n'était pas la première fois qu'il la touchait. Il se souvint alors de quelque chose mais avant de pouvoir s'en assurer, un phénomène qu'il ne put expliquer se produisit. A environ deux cent mètres sur leur gauche, un bâtiment abritant certainement un grand nombre de bureaux laissa échapper un bruit sourd qui les figea tous deux. L'espace d'une seconde, il espéra que ce n'était rien de plus que son imagination qui prenait un malin plaisir à le torturer mais il se rendit vite compte du contraire car la jeune femme s'était rapprochée et lui tenait le bras comme si elle voulait que rien ne les sépare.
Greg… C'était quoi ça ?
Incrédule, il la regarda sans comprendre pourquoi elle l'appelait par son prénom. Apparemment, ils semblaient être proches mais il n'avait aucun souvenir de cette proximité. Tandis que cet étrange bruit ne laissait derrière lui qu'un écho de plus en plus faible, un autre vint prendre le relais, une sorte de détonation hachée sans commencement ni fin vraiment perceptibles entraînant par la suite la dislocation de plus en plus brutale de toute la façade qui leur était permis de distinguer. Cette représentation lui faisait penser à une falaise qui était sur le point de céder sous une pression trop forte. Au début, la roche s'effrite comme la peinture s'écaille, et puis ce sont des blocs de plus en plus conséquents qui finissent par se détacher de la masse qui perd peu à peu de son envergure jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un ramassis de décombres.
En une vingtaine de secondes, tout était terminé et ils pouvaient voir l'intérieur du bâtiment sans y entrer. Ce qu'il ressentit alors surgit d'un coup mais s'étendit lentement. Cette main qu'il avait jusqu'à présent tenu dans la sienne glissa doucement jusqu'à disparaître lorsqu'il s'avança vers le désastre comme si une force inconnue voulait l'attirer dans cet espace ravagé dont il ne restait plus que béton et poussière. A première vue, il n'y avait pas la moindre présence humaine en ces lieux, ce qui était à la fois rassurant et inquiétant. En jetant un coup d'œil aux alentours, aucun autre immeuble n'avait subi le même sort.
Un éclair aussi effrayant qu'il pouvait être fascinant trancha l'air dans un formidable craquement sans résonance et le fit s'arrêter dans sa progression. Assez éloigné de lui, sa couleur lui fit penser aux taxis new-yorkais et sa forme à un câble de ligne à haute tension qui tombe en étant légèrement torsadé par endroit. Un deuxième, plus rapproché, apparut de la même façon que le précédent. Sans toucher le sol ne serait-ce qu'en surface, il disparut au milieu de nulle part. Il remarqua que le ciel était aussi menaçant que les tréfonds marin, ce qui ne lui inspira rien de bon. A peine avait-il eu l'intention de détourner le regard qu'une flopée de vibrions se mit à se déchaîner de manière tout à fait spectaculaire. Comme si ce phénomène marquait le prologue de ce qui allait suivre, le suspens qu'il éprouva n'en fut que renforcé à la vue de cette représentation qui donnait peu à peu naissance à une sorte de boule jaune dont la tension était palpable rien qu'en la voyant.
Puis, la sphère de fils d'or se mit à se décharger dans un grondement qui lui rappela celui de sa moto en beaucoup plus puissant. Face à ce rayonnement, les teintes de la ville se mélangèrent pour donner une couleur qui tirait sur un des plus beaux mordoré qui ne lui avait jamais été permis de voir jusqu'à ce jour. Quand la foudre entra en contact avec la surface du sol, il sentit les échos de ce dernier remonter vers lui. L'onde de choc s'amplifia, les vitres explosèrent et le sol se craquela en formant par endroit des embouchures depuis lesquelles s'échappa des étincelles dans un crépitement de plus en plus distinct. Alors que des débris de bitumes dansaient en apesanteur, des rosaces sans milieu se formaient au-dessus du sol en entraînant avec elles décombres insignifiants et poussière noire. Telles des tornades ne dépassant pas cinquante centimètres de haut, elles lui évoquèrent les anneaux de Saturne constitués d'astéroïdes et autres éléments d'ordre spatial.
Au moment où des éclairs d'un bleu mystique finissent par sortirent des entrailles de la Terre avant de disparaîtrent dans les hauteurs, il ressentit au plus profond de lui une chose étrange à laquelle il ne trouva ni explication tangible ni description sensée et qui se transforma en une violente sensation électrisante qui le parcourut des pieds à la tête. La sphère dorée cracha inéluctablement ses dernières réserves d'énergie avant qu'il ne reste plus rien d'elle au milieu de ce ciel d'encre. Il considéra cette époustouflante explosion électrique comme un cataclysme à la fois dangereux et essentiel à sa vie. Ce qui venait de se passer sous ses yeux était incommensurable, insondable tant l'intensité du phénomène lui avait été impensable.
Quelque chose en lui avait changé, s'était réveillé et cherchait à se montrer. Rebroussant chemin, son regard se porta sur la jeune femme qui sembla ne s'être aperçue de rien jusqu'à ce qu'il lui fasse part de cet espèce d'œil noir qui les guettait depuis là-haut.
TBC
