Disclamer : Les personnages de Saint Seiya appartiennent à Masami Kurumada.
Rating : K pour ce chapitre
Genre : romance
Pairing : Hilda x Siegfried
Note : Un nouveau recueil donc, que je songeais à ouvrir depuis quelques temps déjà. Le principe est simple, et sans doute déjà maintes fois utilisé : je m'inspire d'une citation littéraire que j'aime et que je livre en début de chapitre, pour l'attribuer à un couple et lui composer une petite histoire.
Les couples qui apparaîtront ne seront pas forcément issus de mon headcanon personnel mais auront réussi à m'inspirer le temps d'un texte :)
Je vois ça comme un exercice rigolo et j'espère que vous prendrez vous aussi plaisir à la lecture.
Mon front est rouge encore du baiser de la reine
Gérard de Nerval
Quelque chose avait changé chez sa souveraine. Dans son comportement. Dans son regard.
Le vacillement était imperceptible mais Siegfried ne s'y trompait pas, elle n'était plus tout à fait la même.
Son aura, habituellement pétrie de douceur et d'abnégation était désormais parcourue d'infimes soubresauts de colère, dans lesquels il pouvait parfois discerner des relents de révolte. Et la révolte était une hérésie chez une femme qui, pour le bien commun, s'était depuis toujours oubliée derrière la figure magistrale du dieu Odin.
Il l'observait parfois lorsque face à l'océan elle restait silencieuse, les yeux perdus sur l'onde gelée, et qu'elle souriait d'une étrange façon. Siegfried avait toujours aimé son sourire, mais celui qu'elle adressait ces jours-ci aux flots blancs laissait le jeune guerrier pensif. Il avait perdu l'éclat de pureté qui l'illuminait jadis.
Qu'est-ce qui pouvait bien agiter cette âme inébranlable et éblouissante ? À qui adressait-t-elle ce sourire mystérieux qu'il ne reconnaissait plus ?
Inquiet, il avait demandé audience auprès d'elle. Il avait posé un genou à terre, et elle avait écouté ses interrogations et ses inquiétudes. Il l'avait priée de s'ouvrir à lui si quoi que ce soit la tourmentait. La soutenir toujours, n'était-ce pas là son vœu et son devoir ?
Elle lui avait alors exposé ses nouveaux rêves pour Asgard. Il l'avait écoutée et il l'avait entendue. Mais cet aveu sonnait comme une aberration dans la bouche de la souveraine qu'il avait cru connaître.
Il essaya de discuter sa décision. Il n'approuvait pas. La sauvegarde du monde reposait sur leur sacrifice. Qu'avaient-ils à gagner à se montrer égoïstes s'ils devaient eux-mêmes un jour disparaître sous les flots avec le reste du monde ?
« Odin approuve ma décision, déclara-t-elle, oserais-tu braver sa volonté, et t'attirer mon courroux ? »
« Oui. Je pense que vous êtes dans l'erreur » faillit-il répondre.
Mais sa reine se leva avant qu'il ne puisse entrouvrir la bouche, et elle s'avança jusqu'à lui. Elle prit son visage entre ses mains et releva sa tête jusqu'à elle afin que leurs regards se croisent. Elle lui sourit, de ce sourire sans ombre qu'il aimait et qu'elle ne réservait qu'à lui. Elle se pencha lentement sur son visage et ses lèvres s'imprimèrent sur son front, y laissant une marque invisible qui pour toujours, il le savait, enflamma son esprit et sa chair. Une offrande qu'il porterait à jamais sur sa tête, comme un joyau rutilant.
« Je te demande de me faire confiance, Siegfried. Comme je te fais confiance. Crois en moi, car j'ai besoin de ta foi et de ta force. Le Monde est laid mon ami, souillé par les péchés d'une humanité crasse et égoïste, et cette laideur offense les dieux. Trop longtemps nous avons souffert pour sauver ce qui est destiné à disparaître et qui mérite d'être oublié. Laissons les dieux corriger cette vilenie, et sauvons ce qu'il reste à sauver, ce qui, d'un blanc immaculé n'a pas encore été souillé. Toi, le plus pur parmi les purs, le plus fidèle parmi mes fidèles, me suivras-tu, ou bien désires-tu te dresser contre moi, au mépris de tes vœux et de tes serments ? »
Comme hypnotisé par ces yeux de cristal venant épouser les siens, et par la marque de ces lèvres, qui s'éternisait sur sa chair, il n'hésita qu'un instant avant de baisser son front brûlant et de répondre en un murmure :
« Oui, Madame. Je vous suivrai. Jusqu'à la mort s'il le faut. »
