Chapitre 1

POV Albus Potter

Ca y est, je suis dans la Grande Salle. J'aperçois James à la table des Gyffondor, discutant avec ses amis. De toute façon, dans quelques minutes je serais assis avec eux, je pourrais raconter des bêtises que James a faites à ses copains, et en rire avec eux. A la table des Professeurs, la directrice McGonagall annonce la Cérémonie de la Répartition. Elle commence à appeler les élèves. La hantise de me retrouver à Serpentard me tiraille le ventre. À quelques mètres de moi, je vois Scorpius Malefoy, avec lequel j'ai fait connaissance dans le Poudlard Express. D'ailleurs, à ce moment-là, il n'avait pas encore son tatouage en forme de scorpion sur la main.

-Malefoy Scorpius !

Il s'avance vers le Choixpeau magique, s'assied sur la chaise et le met sur sa tète .J'espère que le trou qui sert de bouche au Choixpeau ne déclarera pas « Serpentard ! », même si je sais parfaitement que son père, Drago Malefoy a fait partie de cette maison; qu'il y a donc de grandes chances pour que son fils y soit envoyé aussi. Scorpius regarde la Grande salle avec un certain calme. Il a des putains d'yeux gris ce gars ! Tout en lui évoque la glace, le froid. Très mystérieux. Il a également les traits fins, comme son père. Qu'est ce qu'Oncle Ron avait dit à Rose avant de partir ? « Ne deviens pas trop amie avec lui, Rosie », je crois. Il a pourtant l'air gentil.

-Serpentard !

Merde de merde. Il se lève, et vas s'asseoir à sa table. Apparement, il a déjà des amis là-bas. Très proche d'un gars aux cheveux noirs un peu long. Ah, on approche des personnes avec un nom de famille commençant par « P ».

-Potter Albus.

J'entends mon grand frère qui siffle. Tais-toi donc, James. Je vais sur l'estrade et pose le Choixpeau magique sur ma tète. Puis …

-Serpentard.

-Quoi ?!?

Je me suis exclamé tellement fort que tout le monde me regarde d'un air interdit. Je reste ébahi sur l'estrade, le foutu Choixpeau toujours sur la tête. McGonagall s'approche de moi, et me murmure :

-Potter, veuillez vous asseoir à votre table, je vous prie. Et cachez votre surprise, ca ne fera qu'enrager le Baron Sanglant.

Je me lève, et vais m'asseoir à la table que je redoutais le plus. En chemin, je croise le regard perçant de Scorpius. Il me sourit. Je me demande pourquoi. Je m'assois loin de tout le monde …

Oh ! Ce rêve… Hum … Il est encore tôt. Je me redresse un peu sur mon lit à baldaquin. Scorpius dort toujours à coté. Vraiment crade lui. Il ne se change même pas pour dormir.

Je commence à penser à ce foutu jour où ma vie a basculé, où j'ai été admis à Serpentard … Ce n'est pas vrai quand même. À l'aube de ma sixième année, je n'arrive toujours pas à m'y faire. Mes yeux se posent inconsciemment sur Antyochus. Ce type, je ne sais pas pourquoi, toutes les filles lui tournent autour. Il est très proche de Scorpius, d'ailleurs ils trainent tout le temps ensemble. Il m'impressionne vraiment lui. C'est aussi pour ca que je ne parle plus à Scorpius depuis notre rencontre.

Bon. Je vais aller m'habiller. Mettre cet uniforme où brille honteusement l'insigne vert des Serpentard, puis aller prendre le petit-déjeuner seul, à l'écart des autres Serpentard.

POV ScorpiusMalefoy

Oh... Réveil douloureux… Où je suis ? Ah… Oui. C'est vrai. J'avais oublié. C'était la rentrée hier. Cérémonie de Répartition des 1ères années et tout le tralala. Moi ? En 6ème année. 16 ans, le 5 décembre prochain. A côté de moi, Albus Potter, le Serpentard malgré lui. Il s'est couché après moi, hier, je n'avais pas eu le temps de le voir, comme je n'avais pas eu le temps de parler à Antyochus. Il a du passer la soirée avec ses 30 millions d'amis Gryffondor. Toujours aussi beau. Toujours les mêmes yeux verts. Les mêmes cheveux bruns, constamment en bataille. A l'opposé de la pièce, Antyochus. Même chose que pour Potter ; il s'est embellie. Ses cheveux noirs ont poussés, ils lui arrivent à présent au moins à la taille. Enfin, il est allongé, je ne vois pas vraiment.

Potter. Foutu Potter. T'es toujours aussi beau, et je t'aime toujours autant. Depuis que je t'ai rencontré, à 11 ans. Quand j'ai vu que le Choixpeau t'avais nommé Serpentard, j'ai été tellement heureux. On allait partager toute notre scolarité ensemble ! Seulement, tu es venu à notre table, entourée d'élèves habillés de noir et de vert, et tu ne m'as plus jamais adressé la parole. Pourquoi ? Aucune idée. Dans le train, on s'entendait bien, non ? Bref. C'est à partir de ce moment que j'ai été fasciné, obsédé par toi. Sans le montrer, bien sur. Je ne vais quand même pas briser la réputation de « self-control « des Malefoy. Et puis surtout, il n'est en aucun cas question que j'avoue que je t'aime. Que j'avoue que j'aime qui que ce soit d'ailleurs.

La seule chose que les gens savent sur moi, c'est le nombre de mes piercings (3) et de mes amis : 1. Antyochus. Un aimant à nanas. Attention, hein, je ne suis pas en train de dire que je n'ai pas de succès ! Seulement, le jugement des gens s'arrête à l'aspect extérieur, qui n'est pas reluisant chez moi : un jean crado, dans des bottes crados, un débardeur crado qui était blanc au départ et, quand je ne porte pas la guenille qui me sert de robe, un perfecto. Je dis « guenille », mais je ne suis pas pauvre. Papa-Maman ont une fortune ; seulement, l'argent qu'ils me donnent ne me sert pas à acheter des robes. Dieu merci, je ne suis pas matérialiste à ce point.

Mais enfin, il faut bien se lever, et après 10 minutes à me tourner et me retourner au lit, je décide de me lever. J'ouvre les rideaux de mon lit à baldaquin, et mon regard tombe sur Potter, torse-nu. Sans commentaires, je baisse la tête, et tente de cacher un rougissement des joues aussi stupide qu'inutile. Je m'avance vers la salle de bain, et mon regard tombe sur mon reflet, dans un grand miroir. Ma carcasse, que recouvre en partie mon jean, mon torse maigrichon dont on devine les côtes. Puis mes yeux remontent vers mon visage. Un clou d'acier dans chaque joue, un dans la langue. Des yeux gris « mystérieux », qui « excitent les filles », d'après Antyochus, et enfin mes cheveux peroxydés, hérissés à la colle à bois –je voulais un moyen naturel, sans magie.

Je me douche, après un léger regard sur mon corps nu. J'ai hérité du robuste patrimoine génétique de mon père, tant mieux. Y a pas à dire, l'eau froide, le matin, ça fait du bien. En sortant de la salle de bain, je croise Potter, tout habillé (il prend une douche le soir, lui), qui se dirige vers les lavabos. Je rejoins Antyochus, qui m'accueille avec une tape dans le dos qui manque de me faire basculer la tronche dans la moquette, à laquelle je réponds par un coup de botte dans son mollet.

-« Eh ben trou'd'balle, ça faisait longtemps, 2 mois et demi, 14 nanas, ajoute-t-il avec un clin d'œil. Et toi, combien tu t'en es fait ?

-Ta gueule, aucune. » Je suis en proie à une mauvaise humeur matinale suraigüe.

-« Ho ho ! Serait-on par hasard mal luné aujourd'hui, monsieur ? Bref, pour en revenir à moi, j'espère que t'as remarqué, j'suis de plus en plus beau !! Mes cheveux sont encore plus longs, mes yeux sont encore plus bleus, ma peau est encore plus pâle. La nature m'aime, et moi aussi ! T'inquiète pas, toi aussi t'es classe. Enfin, pas classe, sexy. Dans le genre rebelle solitaire et torturé, crado mais qui sent bon, et qui …

-Ta gueule, on va manger », je le coupe.

Putain, Antyochus, il a beau faire son mystérieux-sérieux devant les filles, il peut être d'un chiant…

Le petit-déjeuner. C'est un moment assez énervant. On vient tous de se réveiller, mais on se côtoie tous avec la bonne humeur feinte du matin.

Potter, évidemment, mange tout seul, et il ne servirait à rien d'aller le voir ; j'ai déjà essayé par le passé, je me suis fait rabrouer vivement. Il ne veut pas d'un Serpentard pour ami. Je ne pensais pas vraiment à « ami », quand je suis allé le voir. Serpentard, look de punk, homo, c'est bien parti. Mais bon, l'espoir, ce n'est pas quelque chose de contrôlable, ça vient comme une maladie, on voudrait le vomir, mais ce n'est même pas tangible. Alors on le laisse s'installer et accorder une importance extraordinaire à des événements banals. On le laisse nous faire souffrir le martyr. L'espoir, c'est la chose qui rend les gens malheureux. Je suis bourré d'espoir à ras bord.

Je suis bien pensif, moi, en début de journée.