Nous retrouver

Un hurlement glacé comme la mort juste après avoir frappé, déchira le ciel lourd de nuage. Ma quiétude fut détrônée par la terreur que ce cri immisçait en moi; c'était elle, et j'en étais sûr.

Les signes passés de sa douleur ne m'apparurent qu'à cet instant précis. Comme si ce cri, lancé du haut des falaises, était un appel au secours, lancé du plus haut sommet, pour mieux se faire comprendre.

La chute, qui finalement arrivait aussi rapidement que le cri une façon d'alerter sur l'imminente explosion de sentiments qui constamment se préparaient dans son cœur sans jamais réussir à se libérer. Et dans le mien en ce moment seulement et de façon éphémère, comme la vie d'un papillon de nuit.

Je ne me rendais plus compte de rien, ni de mes gestes ni de mon anxiété croissante.

J'arrivai enfin au sommet de la falaise, mais elle sauta au moment même où je l'aperçus.

Je crus que ce serait la dernière fois que je verrais ses cheveux voler et sa silhouette fine s'élancer; je crus que je ne verrais plus jamais ses yeux rire, pleurer, douter, penser ou réfléchir, ou tout simplement se perdre dans l'horizon, me regarder. Et son rire… L'entendrais-je encore un jour ? Cela fait tellement longtemps qu'il se cache sous les décombres de sa peine. Et le changement de sa voix me posait la plus grande question. Une question à laquelle je répondais par d'autres.

Je n'aurais jamais dû la laisser seule. Pas un seul instant, pas une seule seconde. J'aurais dû verser ses larmes quand elle pleurait, et crier quand son âme hurlait. J'aurais dû manger les monstres qui la dévoraient, mais commencer par l'écouter quand elle me parlait.

Il était temps de me rattraper. Je sautai.