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BONJOUR !!

Voila, c'est ma première fiction, un remix de Twilight que j'espère vous aimerez… si vous la lisez !! ^^

Soyez indulgents !! ^^

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Chapitre 1 : Ordinaire

C'était ainsi que commençaient toutes mes journées.

Le réveil sonna, me tirant d'une nuit sans rêves.

Je ne rêvais que très rarement, ou alors, quand ça m'arrivait, il m'était souvent impossible de m'en rappeler.

On dit que les rêves sont un reflet distordu de notre propre vie. Et bien, ma vie devait être trop insignifiante pour engendrer des rêves.

Il est vrai qu'il ne m'arrivait jamais rien de réellement intéressant.

Au moins, moi, Isabella Swan, – du prénom plutôt déplaisant qui m'avait été donné, je préférais largement que l'on m'appelle Bella – je m'accordais parfaitement avec ma vie : j'étais tout aussi inintéressante et monotone qu'elle.

J'étais plutôt solitaire et quasiment sans attaches – excepté ma famille – mais ce n'était pas pour me déplaire : je n'étais pas obligée de suivre les exaspérantes conversations des petites lolitas du lycée qui n'avaient que deux mots à la bouche : maquillage et garçons.

Pour ma part, je n'avais encore jamais eu de petit ami, non pas que ça m'attirait, mais peut-être cela m'aurait fait me sentir mieux, un peu plus dans la « norme ». Avoir le sentiment de plaire au moins à quelqu'un.

Mais, aussi loin que remonte ma mémoire, aucun garçon ne m'avait jamais porté de l'intérêt.

Je me levai et m'accordai un coup d'œil au miroir. Ce manque d'intérêt n'était pas très dur à comprendre. J'étais très quelconque. Très – trop – banale : j'étais d'une pâleur extraordinaire pour quelqu'un qui habitait à Phoenix en Arizona, où la température descendait rarement en dessous des 15 degrés – l'hiver. Et je n'avais même pas l'excuse d'être blonde ou d'avoir les yeux bleus, mes cheveux étaient châtains foncés tirant sur le roux lorsqu'il y avait du soleil, c'est-à-dire pratiquement tout le temps ici. Quant à mes yeux, ils étaient couleur chocolat.

Pour ce qui était du reste de mon corps, (je soupirai) je pouvais dire que j'étais mince, pas dans le genre athlétique, mais plutôt dans le genre mou, dénué de muscles.

Enfin, rien qui ne puisse attirer un garçon.

Je cherchai des yeux mes vêtements soigneusement préparés pour la journée. M'avançant pour les prendre, je me pris les pieds dans le tapis, et me retrouvai par terre. Je ne comptais même plus le nombre de fois ce maudit tapis m'avait faite tomber. Il faudrait vraiment que je pense un jour à le retirer.

Je m'habillai en vitesse et me dirigeai vers l'escalier que je descendis prudemment. Une chute ce matin était suffisante.

J'arrivais en bas, parfaitement réveillée comme à mon habitude, pour trouver un mot de ma mère.

« Bella chérie, Phil a reçu cette nuit un coup de fil de l'équipe de Jacksonville. (C'est vrai, ils m'en avaient parlé, ils n'attendaient que le coup de téléphone pour prendre les billets d'avion) Par chance, ils leur restaient deux places dans le prochain avion et nous devons partir au plus tôt. Je te téléphone dès que nous sommes là bas.

Je t'aime. A bientôt. »

Comme d'habitude. Depuis que j'avais eu seize ans, – cela datait déjà de plus d'un an déjà – ma mère avait décidé de me laisser plus de liberté et accompagnait donc Phil partout où il allait, me laissant des fois seule plusieurs semaines d'affilée.

C'était normal qu'il voyage autant, Phil était baseballer professionnel et était toujours à l'affût d'une nouvelle équipe à intégrer.

Cette fois-ci, je crus beaucoup moins à son « à bientôt » pour la simple et bonne raison que l'équipe de Jacksonville était très prisée car elle gagnait la plupart de ses matchs et donc que Phil s'y sentirait très bien s'il y était accepté. Les semaines se transformaient vite en mois avec ces deux là.

Mais ce n'était pas grave, j'en avais l'habitude maintenant. Et puis, tous les adolescents n'étaient-ils pas plus heureux sans leurs parents sur le dos ?

Techniquement, Phil n'était pas mon père, il était le second époux de ma mère, Renée, depuis quelques années. Mon vrai père, Charlie, habitait bien loin d'ici, beaucoup plus au nord, dans l'état de Washington, près de la frontière Canadienne. C'était une petite bourgade nommée Forks. On imaginait facilement le climat qu'il faisait là bas : de la pluie et encore de la pluie. Ayant été obligée, pendant les premières années de ma vie, – et ce jusqu'à ce que j'ai décidé de me rebeller, il y a déjà un bon moment – de passer presque toutes mes vacances dans cet endroit, je me demandais toujours comment il était possible de supporter un tel temps. Ma mère le savait bien, c'est pourquoi il avait été décidé que Charlie m'emmène passer des vacances dans un endroit plus chaud.

Je jetai le mot et me servis un bol de céréales qui fut vite avalé. Puis je me mis en route pour le lycée.

Je montais dans la voiture de ma mère. Le jour de mes seize ans, elle m'avait offert le double de ses clés, son « pass liberté » m'avait-elle dit avant d'ajouter diverses règles. Comme de ne pas conduire après une soirée arrosée par exemple. Mais pour l'instant, je ne me servais de la voiture que pour aller au lycée ou à la librairie. Je sortais rarement, je préférais largement utiliser mon temps libre pour lire, étudier – j'étais plutôt bonne élève – ou me balader en forêt.

Je mis le moteur en marche et embrayai sur une nouvelle journée similaire à toutes les autres.

J'arrivai au lycée, en avance, comme d'habitude, et me postai à mon banc favori pour y commencer ma lecture de « Roméo et Juliette », un classique que j'adorais. Même si la fin provoquait toujours des flots de larmes chez moi. Deux âmes sœurs se suicidant par la perte de leur unique amour était une fin plus qu'abominable.

La sonnerie interrompit ma lecture et je me retrouvai encore en retard pour mon cours d'anglais. Je courus sur le chemin, mais c'était sans compter sur mon habituelle maladresse. Les chemins de dalles mal fixées étaient un cauchemar pour quelqu'un comme moi, je trébuchai plusieurs fois.

Les cours passèrent à une vitesse incroyable. C'était plutôt normal pour quelqu'un qui aimait le lycée et qui restait attentive pendant ces heures. Je trouvais toujours que les cours passaient rapidement au contraire de mes camarades de classe, qui en même temps ne cherchaient pas à écouter les professeurs une seule seconde.

Il fut rapidement l'heure du cours de gym.

Ah, la gym ! Le seul cours obligatoire que je détestais réellement – je mets un bémol sur les maths, considérant les efforts que je faisais pour y arriver. C'était normal vu la maladresse maladive dont je faisais preuve. Inutile de préciser ce que deux pieds et deux mains gauches pouvaient produire comme effet sur ce terrain. Après l'expérience du volley, j'avais pris l'habitude de rester sur le banc de touche aussi longtemps que je pouvais.

Aujourd'hui, nous faisions badminton, ce qui aurait été une raison supplémentaire de rester sur le banc. Malheureusement, notre professeur était d'humeur joueuse aujourd'hui et je fus rapidement munie d'une raquette au grand désespoir du garçon qui se retrouvait de force avec moi.

L'avantage, c'est que la partie ne dura pas très longtemps.

Après quelques minutes de jeu, mon partenaire – particulièrement inattentif et de ce fait pas très prudent considérant la partenaire désastreuse dont il avait été flanqué – n'eut pas le temps d'éviter ma raquette et se la prit en plein visage, s'ouvrant l'arcade sourcilière.

L'effet fut immédiat, je m'effondrai.

Quand je revins à moi, quelques minutes plus tard, j'étais à l'infirmerie et je savais exactement ce qui m'était arrivé.

L'odeur du sang – un mélange de sel et de rouille – me rendait malade. Une litote, il me faisait carrément m'évanouir. Ce fut le cas aujourd'hui.

Je détestais me faire remarquer comme ça. Comme à mon habitude lors d'une situation aussi gênante, je m'empourprai. C'était affreusement humiliant. Mais ça eut au moins l'avantage de me dispenser du reste du cours de sport. Je pris tout de même des nouvelles de mon malchanceux coéquipier qui lui n'avait absolument rien eu à part un pansement et qui était même retourné en classe.

Comme j'avais l'air d'aller mieux, l'infirmière me permit de partir. Je me dirigeais vers ma voiture.

Seulement, en chemin, la nausée me reprit de plus belle, il fallait que je respire de l'air frais. La maison n'étant pas loin, je décidai de garer la voiture devant chez moi et de partir directement dans le bois juste à coté.

Au fur et à mesure que je m'enfonçai dans le bois, – non sans trébucher quelques fois – je sentais mes forces revenir, le sang quitter lentement mes joues. Je respirai profondément, l'air pur me faisait oublier l'odeur du sang que je ne pouvais supporter.

Je marchai un bon moment, profitant de la splendeur de ces bois qui – bien qu'un peu sombres – m'offraient toujours le réconfort. Profitant de cet instant, je fermai les yeux, me régalant des doux chants des oiseaux.

Soudain, l'environnement changea.

Je ne reconnus plus rien des bois qu'il me semblait pourtant connaître par cœur. La peur me tordait le ventre. Tout était sombre, noir même, comme si quelque chose avait brusquement éclipsé le soleil.

Mes oreilles se bouchèrent, je n'entendais plus de l'extérieur qu'un léger bourdonnement. C'était déstabilisant. Je me trouvais totalement déséquilibrée.

Mon pied heurta une branche. Instinctivement, je gardai mes mains en avant pour me rattraper, même si je ne voyais pas sur quoi j'allais atterrir. Mes doigts effleurèrent une roche glaciale et lisse. Au même instant, une ceinture, aussi froide que cette pierre, m'encercla, et une douleur me traversa le coup.

Je me pétrifiais, incapable de bouger. La ceinture me libera, je ne sentis plus rien.

Pendant un court instant, je me demandai ce qui m'arrivait. Puis, lentement, une douleur naquit sur le coté de mon coup, se propageant rapidement.

La douleur était insupportable, un feu ardant qui semblait consumer con corps. Le brasier était tel que l'enfer m'aurait sans doute paru doux et calme à coté.

Tout ce que je voulais, c'était arrêter tout ça. Stopper cette douleur qui détruisait peu à peu mon corps comme un gigantesque incendie. Je voulais mourir, en finir avec tout ça. Je voulais qu'on me tue. Toute forme de torture serait de toute façon moins pire que la douleur que je ressentais à ce moment.

Le brasier atteignit ma tête en premier, tambourinant dans mon crâne. Je voulus prendre ma tête dans mes mains, essayer de contenir cette souffrance inexplicable, mais j'étais bloquée, comme prisonnière de mon propre corps. Le brasier avait dors et déjà atteint mes bras, les transperçant comme un million de lames. La douleur fut telle que je crus que ma boite crânienne allait exploser. Mes jambes furent rapidement engourdies puis brulées, comme le reste de mon corps. Ma poitrine, dernier havre de paix, ne fut pas longue à s'embraser.

Et, comme si elle avait gardé le meilleur pour la fin, la brûlure enflamma mon cœur. Il semblait se briser et se recomposer pour de nouveau se briser, et tout cela sans jamais s'arrêter. Me détruisant un peu plus à chaque seconde.

Je voulais hurler, mais je n'y arrivais pas. J'étais comme paralysée, un incendie faisant rage à l'intérieur de moi, réduisant en cendre tout sur son passage.

Il n'y avait aucun son, aucun bruit autour de moi qui aurait pu me donner la moindre indication sur le temps que je passais à souffrir. Mais ça me sembla durer une éternité, une nuit totale sans lune et sans aube.

Mais la douleur se modifia. Je ne pus dire si ce fut en bien ou en mal. Le feu semblait s'échapper de mes membres, ne laissant que des cendres mais s'échappant tout de même, mais il semblait se concentrer sur mon cœur qui n'avait jamais été aussi près d'exploser.

La douleur s'intensifia. Mon cœur battit de façon désordonnée. Une fois… deux fois.

Puis, plus rien.

Tout s'était arrêté d'un seul coup, la douleur et les battements de mon cœur.

Etais-je morte ? Je n'en savais rien.

Je devais sûrement l'être : aucune pulsation n'émanait de ma poitrine.

Tout mon corps était ankylosé. Aussi léger que l'air. J'avais la sensation étrange de planer.

Pouvais-je réellement être en train de voler ? Toutes mes douleurs avaient disparu… Peut-être était-ce ça, la mort ?

J'essayai de bouger mes doigts, ils me répondirent aussitôt. Etrange… Mais ce n'était pas suffisant pour me croire en vie.

Je tentai de lever une jambe, elle était déjà dressée. Très étrange… Etais-je réellement morte ?

Ces innombrables bruits raisonnants autour de moi étaient si singuliers… je ne savais encore qu'en penser… Où étais-je réellement ?

J'ouvris les yeux.

Le soleil inondait la clairière dans laquelle on m'avait laissé agoniser. Mais la lumière que je perçus était complètement différente de d'habitude. Je voyais les sept couleurs de l'arc-en-ciel. Plus une huitième que je ne sus déterminer.

C'était… déroutant. Je me croyais morte et voila que, en ouvrant les yeux, j'arrivai à voir plus de choses que je n'avais jamais vu. Je percevais chaque petit détail des feuilles et des arbres qui m'entouraient, les milliers de fourmis qui proliféraient autour de moi, et le prisme du soleil. C'était magnifique. Tout autour de moi semblait scintiller.

En plus de ma vue, mon ouïe semblait plus développée, j'entendais le gazouillis des oiseaux, les légers bruits de leurs ailes qui battaient et la douce pulsation de leur cœur – qui me donnèrent bizarrement faim. C'était impressionnant, j'entendais même le tic-tac de ma montre pourtant très silencieuse.

Remarquant que j'étais encore allongée, je décidais de me lever. Je fus aussitôt debout, il n'y avait pas eu un instant entre ma pensée et mon acte. Que m'arrivait-il ? Je n'étais pas d'un naturel aussi rapide. J'essayai un autre mouvement, lever les bras, toujours la même vitesse de réaction. Alors, je tentai un mouvement plus risqué, je sautai en avant.

Ce mouvement eut plusieurs effets bien distincts, premièrement, il confirmait ma rapidité de mouvement, en même temps, il me faisait découvrir ma… puissance – ce bond m'avait conduit hors de la lumière, à au moins cinq ou six mètres de là où je me tenais précédemment – et, en plus, me fis constater que je n'étais pas tombée – ça, c'était clairement un exploit connaissant ma gaucherie.

Cependant, un des effets de ce saut me surprit. A l'instant où je ne fus plus dans la lumière, la forêt cessa de scintiller. Comment cela était-il possible ? Je retournai dans le jour, le scintillement repris aussitôt. Je regardai ma peau.

C'était elle qui brillait de cette façon. On aurait dit que tout mon épiderme était recouvert de millions de diamants. C'était si beau. Mais comment était-ce possible ? Je ne comprenais décidément vraiment rien.

Je retournai à l'ombre cherchant pourquoi les éclats s'arrêtaient lorsque je n'étais pas au soleil. Ma peau cessa de briller et devint blanche comme la craie. Je me touchai la main, elle était lisse et douce. Rien à voir avec ma peau d'avant. C'était comme si toutes les imperfections de mon épiderme avaient disparu. Je me surpris à vouloir soudain me regarder attentivement dans une glace, c'était plutôt rare étant donné que je n'appréciais pas du tout mon reflet.

J'étais tellement prise dans mes pensées que je ne me rendis compte que tardivement d'une chose capitale.

Je ne respirais pas !

Paniquée, pensant manquer d'air, je pris une profonde inspiration. Mais je ne manquais pas d'oxygène, au contraire, de ce point de vue là, cette bouffée d'air me paru totalement inutile. Je n'en avais donc pas besoin.

D'une autre façon, cette inspiration m'apporta quelque chose de totalement différent. Je pouvais sentir toutes les odeurs qui flottaient dans le bois, le goût fruité de la châtaigne, l'odeur âpre du romarin – assez écœurante – qui m'étonna, car c'était ma plante aromatique préférée, l'arome poussiéreux d'un nid d'oiseau. Et aussi, une autre fragrance, plus forte, plus délicate et aussi plus… alléchante. Ma gorge s'enflamma. Cette brûlure était différente de celle que j'avais ressentie pendant mon agonie. Elle ne me paralysait pas, mais au contraire, me donnait envie de bondir. Tous mes muscles étaient en alerte, et un liquide inconnu envahit ma bouche.

Je ne savais pas ce qui provoquait cette réaction chez moi. Je décidai alors de me concentrer un maximum, ignorant la brûlure de ma gorge, et étendis ma zone d'écoute.

De nouveau, le chant des oiseaux, le bruit de leurs cœurs. Je me concentrai plus fermement, petit à petit, je perçu le clapotis de l'eau du petit ruisseau à quelques centaines de mètres d'ici, le timbre du vent qui faisait vibrer la cime des grands arbres, le léger bruit de leurs feuilles qui tombaient en ce début d'automne et un autre flux, plus rapide, plus rythmé, régulier, plus… appétissant.

Je m'élançai, encore surpris par ma vitesse de réaction et de mouvement, ce qui ne parvint cependant pas à me distraire.

Je filais, littéralement, j'allais si vite que je me demandais si mes pieds touchaient le sol. Les arbres me frôlaient de très près. Mais ça ne me surprit même pas tellement la fragrance avait empli mon esprit et m'attirait à elle.

Je fus près de l'odeur en moins de deux secondes, et je pus voir enfin l'objet de mon attirance.

Je me pétrifiais, coupant ma respiration – ce qui calma aussitôt la brûlure de ma gorge. La chose qui m'avait rendue aussi incontrôlable était… un puma !

L'animal était tapi, à l'affût. J'avais été tellement silencieuse qu'il ne m'avait pas entendue. Pourquoi un animal me faisait-il cet effet la ? Décidément, je n'y comprenais rien.

D'où venaient cette vue, cet odora, cette peau blanche et lisse qui scintillait au soleil et cette soudaine envie de… viande ?

Je me risquais à inspirer profondément. Le léger bruit n'échappa cependant pas à l'animal. Il se retourna, prêt à bondir. Mais le retour de la brûlure lancinante me fit attaquer en premier. Je me jetai sur lui.

Mais, à l'instant où mes mains le touchèrent, je ressentis une brûlure, pas la même que ma gorge ou celle que j'avais subie pendant ma longue agonie. Non, celle-ci était moins vive, moins douloureuse. La peau de la bête me semblait simplement brûlante. Cet instant d'hésitation suffit à l'animal pour lancer sa patte en plein sur mon visage.

Il feula.

Au lieu d'entamer ma peau, le puma s'était limé les griffes jusqu'au sang. Les dessous de ses pattes étaient recouverts de son sang. Ma gorge s'enflamma. Je me jetai à sa gorge.

Je m'étais trompée, ce n'était pas de viande dont j'avais envie… C'était de sang !

J'étais horrifiée. Je venais de vider de son sang cet animal. Il gisait à mes pieds, complètement… vide.

Qu'étais-je devenue ? J'avais attaqué, avec mes dents, tranchantes comme des rasoirs, effrayantes. J'avais bu du sang, le sang du puma. La dépouille sans vie de l'animal était là pour en témoigner, les traces de sang sur ma tenue aussi.

Le désespoir me submergea. Un monstre, voila ce que j'étais. Un horrible monstre. Sauvage… sanguinaire.

Qu'étais-je devenue ?

Je fouillais ma mémoire, essayant de me rappeler clairement d'une chose dont j'étais déjà sûre. Qu'est-ce qui buvait du sang ?

Un vampire.

Les cours d'anglais de l'année passée me revinrent à l'esprit. Nous avions passé tout un trimestre à étudier les contes et légendes d'Europe centrale. L'une de ses légendes portait sur… les vampires. Sur… moi.

En un instant, je me remémorai toutes les superstitions – qui n'en étaient plus réellement – et trouvai rapidement ce qui n'allait pas. Toutes les différences me sautèrent aux yeux : les vampires des légendes ne pouvaient pas sortir en plein soleil sous peine d'être réduits en cendres, ce qui n'était pas mon cas, ils pouvaient aussi se faire transpercer par un pieu, mais après l'expérience du puma, je doutais qu'un pieu ne puisse me traverser. Les canines aussi, bien que mes dents soient étonnement plus aiguisées, mes canines n'étaient pas surdéveloppées.

Le plus important détail me vint à l'esprit : les vampires se nourrissaient de sang humain. Pourquoi ma première victime avait-elle été un gros chat sauvage ? C'était incompréhensible.

Mais aussi étonnement… soulageant. Une lueur d'espoir m'envahit. Peut-être n'étais-je pas un monstre en fin de compte.

Je décidai de retourner chez moi – heureusement que ma mère et Phil étaient absents. Il me fallait prendre des décisions. Et changer de vêtements. Je voulais aussi voir dans un miroir.

Je me mis à courir. La vitesse était enivrante, mes réflexes étaient si rapides que les arbres ne semblaient pas être un obstacle.

Toutes les odeurs et sons de la forêt me submergèrent. Je laissai mes nouvelles capacités prendre le dessus.

Un nouveau bruit m'arriva aux oreilles. Une pulsation, plus rapide que le léger battement des oiseaux, mais plus lent que celui du puma.

Un flot de liquide emplit ma bouche. Je ne savais pas la nature de ce fluide mais je savais à quoi correspondait cette réaction. Je bloquai ma respiration. Je ne voulais pas laisser de nouveau cette brûlure envahir ma gorge tant que je ne savais pas quelle était la créature que j'entendais.

Je ne savais pas, mais je me doutais. La pulsation ressemblait fortement aux battements de mon cœur lorsque j'étais humaine.

J'avais devant moi un humain. Et j'étais un vampire. Je n'imaginais que trop ma réaction face à cette présence.

Il me fallait l'éviter. Je ne devais pas laisser ma nouvelle condition me transformer en monstre. Mais… avais-je le choix ? Pouvais-je résister au sang humain, m'empêcher de lui sauter au coup ?

La curiosité me dévorait. Je devais savoir, me… tester.

Je savais que si j'échouais, je ne pourrais pas me pardonner.

Je devais résister. Je n'avais pas d'autre choix. Non, pas d'autre choix…

La curiosité dévorante ajoutée au bruit des pulsations eurent raison de ma détermination. Je m'élançai. Je n'arrivais pas à m'arrêter. Le voulais-je seulement ?

Un flot de sentiments m'envahirent : attirance, le pouls était si doux à l'oreille, si tentant. Curiosité, savoir si j'étais assez forte pour m'empêcher de me régaler de cet humain. Peur, la peur de devenir un monstre. Et enfin le dégoût, envers moi-même, qui risquait la vie de l'homme.

Il ne me fallu que quelques secondes pour arriver à proximité. Mon instinct me guidait jusqu'à lui. Je m'interdisais toujours de respirer, connaissant la brûlure que ça causerait dans ma gorge et l'irrésistible envie qui me submergerait.

Commençant à ressentir la chaleur de l'homme, – je devais vraiment être glaciale si un humain me paraissait chaud – je ralentis. Je ne voulais pas l'effrayer. Plus l'effrayer aurai-je du dire. Il serait déjà surprit de rencontrer quelqu'un dans ces bois, mais en plus, la pâleur de ma peau allait sûrement l'inquiéter beaucoup plus.

Je me souvins que je détestais être surprise lors de mes longues ballades dans le bois et décidai donc d'émettre un son qui pourrait l'avertir de ma présence.

Mes pas étaient très silencieux sur les feuilles, voila qui ne m'arrangeait pas. Je pensai donc à un autre moyen. Il m'arrivait souvent, en me promenant dans la forêt, de fredonner pour accompagner le joli chant des oiseaux. Ce serait un bon moyen d'attirer son attention.

Je commençai donc à chantonner.

A peine avais-je commencé, que je m'arrêtai : le son que j'émettais n'était pas normal. Ce n'était pas ma voix. Le timbre qui s'échappait de ma gorge était clair et haut, un soprano aigu. C'était comme un air mélodieux et doux.

Combien de surprises allais-je encore avoir ? N'étais-je pas assez différente ?

Je repris contenance, prête à m'approcher de l'homme. Je recommençai à chantonner.

Il me remarqua enfin et tourna la tête vers moi.

L'humain m'était complètement inconnu. Il semblait être étranger, européen probablement. Cela me surprit. Les étrangers n'étaient pas rares à Phoenix, – comme partout en Amérique – mais je connaissais assez bien le voisinage qui venait se promener dans ces bois. Et cette personne n'en faisait pas partie.

L'homme avait une trentaine d'années. Il avait un visage rond et amical et semblait aussi un peu simple d'esprit. Tant mieux, il serait plus facile de le tromper.

J'avançai lentement (pour un vampire) vers lui.

Son regard s'alluma. Il paraissait surprit, mais pas effrayé. Il fallait que je dise quelque chose.

- Bonjour, chantai-je.

Ma voix ressemblait en effet plus à un chant qu'a une parole.

Ce fut une erreur, ses yeux s'ouvrirent en grand. Maintenant, il avait l'air un peu effrayé.

Mais ce n'était pas la plus grave conséquence.

Je ne pensais pas avoir besoin d'air pour parler. Je n'y avais même pas songé, mais je n'avais plus assez de souffle pour continuer la conversation. Il allait falloir que je reprenne une bouffée d'oxygène.

Je me concentrai, connaissant la réaction que j'aurais face à cette présence : la brûlure de ma gorge, la contraction de mes muscles, et le liquide inconnu qui remplirait ma mâchoire.

J'inspirai précautionneusement entre mes dents.

Aah !

Si j'avais été humaine, je me serais sûrement évanouie devant cette odeur. Les humains avaient la même odeur que leur sang, ce mélange de sel et de rouille. Ecœurant.

Le parfum ne me faisait pas le même effet qu'avec le puma. Bien sur, il était toujours un peu attirant, déclenchant un feu dans ma gorge, mais je pouvais m'empêcher de attaquer l'homme. Ne devinant que trop bien le goût que le sang aurait dans ma bouche.

En même temps, l'effet que cette odeur me faisait me remplit de joie : je n'avais pas envie de l'attaquer, de boire son sang. J'avais le choix finalement. Je pouvais ne pas être un monstre. Ne pas me nourrir de sang humain – s'ils avaient tous la même odeur. Je fus si heureuse que je souris de toutes mes dents, oubliant que cette vision pouvait choquer les esprits humains.

L'homme semblait tendu. Je vis mon reflet dans ses yeux : pas encore trop effrayant.

- Bonjour, chuchota-t-il.

Sa voix avait un fort accent étranger – sans aucun doute j'avais devant moi un européen. Anglais ou écossais peut-être. Sa présence ici – autant que son air perdu – m'étonnait.

- Beau temps, ce matin, continua-t-il d'une voix chevrotante.

Ce matin ! J'avais passé toute la nuit à souffrir alors. Ma… transformation… avait prit toute une nuit. Et Renée qui avait dit qu'elle m'appellerait dans la soirée. Qu'avait-elle pensé en ne m'ayant pas au téléphone ?

Il interrompit mes pensées.

- Allez-vous bien, mademoiselle ? Je vous trouve bien pâle.

Zut ! Je n'avais pas eu le temps de penser à un bon alibi. Que pouvais-je dire : C'est normal, je suis un vampire. Mais ne vous inquiétez pas, votre odeur me rend malade, je ne risque pas de boire votre sang !

Je sortis la première chose qui me vint à l'esprit.

- Je suis albinos.

L'excuse était plutôt plausible, voyant ma peau.

Il sursauta et se détendit.

Je me demandai pourquoi il avait l'air aussi calme.

- Qu'y a-t-il ? demandai-je doucement.

- Excusez-moi… c'est idiot, dit-il, un peu nerveusement. J'ai eu… peur, pendant un instant. Vous savez, la peau blanche, les yeux rouges…

Les yeux rouges ! Mes yeux étaient rouges ! Comment était-ce possible ? Mes yeux avaient toujours été chocolats. Je fus pris de panique ! Quand cela allait-il cesser ?

- Mais vous saignez ? s'alarma l'homme. Vous êtes blessée ?

Le sang, oui, même dans la forêt obscure, on pouvait remarquer mes vêtements tachés. La blessure était une bonne explication, elle me donnerait un prétexte pour retourner chez moi. Je voulais voir par moi-même ces yeux qui avaient alarmés l'homme. Et puis, je devais savoir si ma mère avait appelé.

- Oui, mentis-je, je suis blessée en tombant. D'ailleurs, si vous voulez bien m'excuser, je dois rentrer pour soigner mes plaies.

Je continuai ma route, peut-être un peu trop rapidement, mais je devais rentrer chez moi. Et très vite.

Dès qu'il sortit de mon champ de vision, – qui était plus étendu que le sien – je me mis à courir.

Je ne prêtai plus attention à ce qui se passait autour de moi, me concentrant uniquement sur ma course. Je dus d'ailleurs à un moment toucher un arbre qui avait brusquement craqué, alors que je n'avais rien ressenti.

J'arrivais rapidement devant chez moi. La vitesse était un des meilleurs avantages de ma nouvelle condition. Je sortis mes clés et rentrai dans la maison d'un seul mouvement. Des yeux humains n'auraient à peine pu me voir.

Je me précipitai devant le miroir de la salle de bain et me stoppai net.

Cette créature blanche ne pouvait pas être moi. On aurait plutôt dit une sculpture de marbre lisse. Seules touches de couleur sur mon corps. Le contour de mes lèvres et mes yeux. Tous deux d'un rouge sang.

Je compris tout de suite pourquoi mes lèvres étaient rouges : le puma. Je souris intérieurement : vu les traces de sang sur mes vêtements et le tour de ma bouche, je n'avais pas mangé très proprement.

Je posai alors mon regard sur deux yeux rouge sombre. Les miens.

Je retins un cri d'horreur.

Parmi tous les détails ahurissants qui faisaient ma nouvelle condition, c'était mes yeux qui me choquaient le plus. Attention, j'ai bien dit choquer, pas dégoûter – si l'on commençait à parler de dégoût, ma nouvelle alimentation arrivait loin devant.

Mes iris étaient rouge foncés, tirant un peu sur le noir, mais rouges tout de même. Je me perdis dans leur contemplation, incapable de bouger. Je ne sais pas combien de temps je restai immobile. Mes membres ne semblaient pas avoir le moindre besoin de bouger, ils n'étaient pas engourdis.

J'observai le reste de mon corps. Je n'avais pas réellement changé – mis à part ma peau blanche, lisse et dure et mes yeux rouges. Cependant, paraître "normale" serait très difficile. Je considérai l'excuse de l'albinisme. Elle était plausible, expliquait bien ma pâleur et la couleur de mes iris. Néanmoins, pour ma mère, ce serait une toute autre histoire.

Une vague de désespoir me submergea. Ma mère ne pouvait pas me voir comme ça. J'étais trop différente.

Un autre détail me traversa l'esprit : j'habitais Phoenix, une ville où le soleil jouait rarement à cache-cache avec les nuages. Et si, aux yeux des gens, – autres que ceux qui me connaissaient bien – une peau blanche pouvait avoir une explication, un épiderme recouvert de diamants n'en avait pas la possibilité.

Je devais trouver une solution. Il fallait que je parte, que je change d'endroit, un lieu où il n'y avait pas beaucoup de soleil, un lieu où je n'aurais pas à me cacher.

La réponse était si évidente que je me trouvais bête de ne pas y avoir songé plus tôt : Charlie. Forks. La pluie constante. La solution idéale.

Ça faisait un bon moment qu'il ne m'avait pas vue. Sa dernière visite datait de juin, trois mois avant le treize septembre, jour de mes dix-sept ans. Nous étions maintenant en novembre.

Six mois. C'était suffisant. On changeait facilement en six mois. Et le temps serait une bonne excuse pour ma pâleur. Pour ce qui était de mes yeux, ce serait une autre histoire. Des lentilles peut-être ? Ce n'était que des détails.

La seule chose que je ne pouvais me permettre de faire, c'était de demeurer en Arizona. Avec ce climat et ma mère. Non, rester ici était impossible.

Sortant de mes réflexions, je me dirigeai vers le téléphone, devinant que ma mère m'avait appelée. Je regardai le répondeur. Cinq messages.

On avait appelé cinq fois en une soirée ? C'était étonnant, les appels n'étaient pas si récurrents d'habitude. Je mis le répondeur en marche tout en allumant l'ordinateur (elle m'aurait sûrement envoyé des mails). C'était amusant de voir que je pouvais entendre le léger discourt tout en étant dans ma chambre.

J'écoutai les messages.

Le premier datait de mercredi – hier – soir. Il venait de ma mère et de Phil qui s'étonnaient de mon absence, mais qui me racontaient tout de même leur journée, me précisant parallèlement qu'ils me rappelleraient le lendemain soir – aujourd'hui. Tant mieux, j'avais encore du temps.

Le second message était d'aujourd'hui et venait encore de ma mère, un peu plus affolée cette fois. Elle n'arrivait toujours pas à me joindre. C'était étrange, elle avait dit attendre le soir pour me recontacter. J'allais devoir l'appeler pour arrêter ses inquiétudes – ô combien fondées.

Troisième message, toujours d'aujourd'hui. Mais du lycée cette fois, pour constater mon absence aux cours. Eh bien, ils étaient rapides ! Un coup d'œil à ma montre m'indiquait que je n'avais encore loupé que la matinée.

L'avant dernier message m'effraya, c'était de nouveau ma mère. Elle semblait hystérique, me demandant de lui téléphoner au plus vite, de jour comme de nuit. Elle était très anxieuse. Que lui était-il arrivé ? Elle ne pouvait décemment pas s'affoler comme ça en une nuit.

Je ne compris pourquoi qu'au dernier message.

Le lycée, encore. J'avais été manquante à l'appel… vendredi. Vendredi. C'était impossible. Quel jour étions-nous ? Je rapportai mon visage sur l'écran d'ordinateur, cherchant des yeux la date du jour. Samedi.

Je me pétrifiai.

Trois jours. Mon agonie avait durée trois jours. Trois jours où ma mère s'était inquiétée et avait cherché à me joindre.

Je me précipitai sur le téléphone, composant automatiquement le numéro. Elle décrocha aussitôt.

- BELLA ? hurla-t-elle.

- Maman, c'est moi, commençai-je, la tension de ma voix facilement percevable. Ne t'inquiète pas, je vais bien.

- Mais où étais-tu passée ? sanglota-t-elle. Nous nous étions morts d'inquiétude. Je m'apprêtais à reprendre l'avion pour…

- Non ! dis-je, peut-être un peu précipitamment. Je me calmai. Non, pas la peine de revenir, je vais bien. Je cherchai une excuse vraisemblable qui pourrait expliquer mon comportement. Dur ! J'optai pour la vérité… en partie.

Je débutai par le cours de sport et mon évanouissement de mercredi pour enchaîner sur ma ballade dans la forêt.

- … Mais je n'allais toujours pas mieux. Et je me suis évanouie.

- Qu… me coupa-t-elle.

Je ne pouvais permettre de la laisser parler. Je continuai.

- Un homme m'a vue dans le bois. Je me suis réveillée à l'hôpital – où je n'avais pas de téléphone, soit disant passant – et le médecin m'a demandé de rester au moins un jour de plus. Bénéfice, je ne suis rentrée que ce matin. Pas très sincères ces infirmiers, tentai-je de plaisanter.

Bon d'accord, cette plaidoirie était minable. J'étais une pitoyable menteuse. Heureusement, ma mère avait une foi aveugle en moi. Je ne lui mentais jamais – d'habitude – alors elle me crut.

- Mon dieu, j'ai été si effrayée. Tu ne peux pas imaginer à quel point, me dit-elle. Je m'en doutais un peu, connaissant ma mère.

Je continuais de la rassurer.

- Je vais bien, maintenant. Inutile de paniquer, tout va pour le mieux.

- C'est bizarre (Vraiment ? Quoi donc, pensai-je ironiquement), ta voix semble… différente ?

Je me pétrifiai. Bien sur que ma voix était différente, je chantais plus que je ne parlais.

Mince, je n'avais pas eu le temps d'imaginer une explication. Tous ses mensonges commençaient à me peser. Tant pis, pour la seconde fois, je lançai la première réponse qui me passait par la tête, priant ma bonne étoile.

- Tu sais, les lignes téléphoniques modifient toujours les voix, éludai-je. Mais je peux néanmoins t'assurer que ma voix va parfaitement bien.

- Oui, tu as sans doute raison, annonça-t-elle. En tout cas, ne me refait jamais ça ! Et, je t'en prie, fait attention la prochaine fois, je ne veux pas te perdre.

- Promis maman, mais tu connais ma malchance…

Elle pouffa. Bien, le ton était plus détendu, je changeai de sujet.

- Comment se passe la sélection de Phil ? demandai-je.

- Oh, tout se passe parfaitement…

Nous continuâmes sur le sujet un bon moment. Je tirais de son discours des éléments qui pourraient rendre mon départ plus facile, plus explicable.

Ils devraient sûrement rester un long moment en Floride : Phil avait été intégré à l'équipe presque aussitôt et ils devraient sans doute acheter une maison là bas, quitte à me rapatrier aussi (Je me figeai). Mais le lycée de Jacksonville n'était pas des plus réputés et…

Je sautai immédiatement sur l'occasion.

- Peut-être je pourrais aller habiter chez Charlie, déclarai-je lentement, laissant ma mère assimiler ces mots.

- Chez… Charlie ? A… Forks ? Mais… tu détestes cette ville, bégaya-t-elle.

- Oui, je sais, seulement, je pense qu'il est grand temps que j'apprenne à connaître Charlie. Je veux dire, c'est vrai qu'on ne s'est pas beaucoup vu ces derniers temps (Heureusement, sinon tous mes plans seraient tombés à l'eau).

- Et puis, ce n'est que pour deux petites années, continuai-je. Après, j'aurais fini le lycée et je pourrai vous rejoindre en Floride. On dit que les universités y sont plutôt bonnes.

- Je… je ne comprends pas, ma chérie. Pourquoi ce revirement ?

Parce que le soleil me transforme en diamant sur pattes.

- Je me suis juste rendue compte que je ne connaissais pas… très bien… Charlie, dis-je feignant une profonde tristesse.

Je continuais d'argumenter, utilisant ma voix la plus persuasive. La sentant plus proche à chaque seconde de céder.

Finalement, elle me dit :

- Tu as raison…

Je n'écoutais plus vraiment le discours de ma mère sur les modalités de mon déménagement.

J'avais gagné. Je pourrai aller à Forks, lieu où je n'aurais pas besoin de me cacher du soleil trop présent. Et cette excuse du climat serait parfaite – pour expliquer ma pâleur – lorsque je reverrais ma mère dans longtemps.

Longtemps. Se mot résonna dans ma tête.

Oui, je ne pourrais pas revoir ma mère avant longtemps. Ça me serait impossible. Et pourtant, cette révélation me désespéra plus que je n'aurais pu l'imaginer. Nous étions très proches, ma mère et moi. Et bien qu'elle voyage beaucoup, elle ne me laissait jamais seule plus de deux ou trois mois d'affilée; Cette séparation de deux ans serait dure, très dure, trop dure.

- Au revoir ma chérie. Et ne t'inquiète pas, je m'occupe de tout. Je t'aime.

- Je t'aime aussi maman.

Je raccrochai le téléphone.

Une vague de tristesse me submergea.

Douloureuse. Lancinante.

Je voulais pleurer. J'en étais incapable. Aucune larme ne coulait.

Si cela m'étonna, je ne relevai pas. Après tous ces changements, mon incapacité à pleurer ne devait pas me surprendre.

Je me laissai glisser au sol, laissant la peine m'envahir.

.o0o.

Le premier chapitre !!

J'espère que ça vous a plut !!!

A bientôt

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