« Je m'en vais. »

Lorsque tu m'as dit ça, au premier abord, j'ai souri, je n'y croyais pas.

Je ne pensais pas que tu m'abandonnerais comme ça, les bras ballants, après la survie, après l'amour, après la haine et après la mort.

Tu es sorti, par la grande porte. Seul, sans ton équipement, sans rien, juste un cheval et quelques provisions, ainsi qu'un couteau de chasse. Je savais que tu pourrais t'en sortir, seul, mais ils sont là, eux aussi.

Eux, les titans. Eux qui peuplent notre terre, qui nous réduisent à l'état d'oiseaux en cage.

Dès que j'ai appris la nouvelle, j'ai foncé, je suis allé voir Erwin. Lui aussi était effondré, même si il ne le montrait pas, son ton avait changé, son regard, aussi. Il t'aimait tant. Je le sais bien, je l'accepte, aussi. Parce que comment peut-on ne pas t'aimer, alors qu'on sait ce que tu caches au plus profond de ton être, hein. Alors, nous avons discuté, de tes chances de survie, notamment. Il m'a aussi raconté que tu lui avais dit partir « en éclaireur, en quête d'un lieu non colonisé par les titans ».

Tu t'es foutu de lui. Tu sais très bien, comme moi, comme tous en ces murs, que ces monstres ont colonisé la planète. Entière.

Alors me voilà, là, assis sur le lit que nous partagions depuis maintenant trois ans. Éberlué. Je ne peux pas croire ça. Tu m'as abandonné, toi, que tu as pourtant sauvé, soutenu, et maintenu en vie.

Même après avoir appris que j'étais moi même un titan, tu n'as rien dit, tu t'es contenté de me frapper et d'accepter ma présence, de me malmener sans cesse pour que je m'améliore encore plus, plus que les autres, pour assurer ma légitimité entre tes bras, et dans ton corps d'exploration.

Et maintenant, tu oses me faire ça. Alors que je t'ai tout dit, tout donné. Je sais bien qu'avant de partir en quête de ces terres d'utopie, tu passeras par Shingenshina. Tu essaieras de récupérer cette foutue clé. La clé de la salvation, la clé qui pourrait, entre de bonnes mains, comme celles d'Hanji, sauver l'humanité, ou ce qu'il en reste. Mais je ne peux que te conjurer, en pensée, de t'en approcher. Si il t'en prenait l'envie, tu signerais ton arrêt de mort. Et je ne pourrais pas l'accepter.

Merde ! Tu aurais pu au moins prendre ton équipement, au cas où, tu te feras bien alpaguer à un moment ou un autre, non ?!

Et voilà, je pleure, seul sur notre lit, parce que je ne sais pas où tu vas, où tu es, et comment j'aurais pu faire pour t'en empêcher.

L'homme que j'aime, Levi Ackerman, est considéré mort, traître, et déserteur. L'avis plaqué sur tous les murs le dit bien. Tu es considéré mort, dévoré, et déserteur qui plus est, toi, le héros de cette guerre sans fin. Toi, mon amour, mon amant.

Adieu. Je t'ai tant aimé.