Les Matthews et les Knightley étaient deux couples qui se connaissaient depuis un bout de temps. Ils habitaient l'un à côté de l'autre,dans un quartier paisible qui se nommait Yellow Wood, dans la petite ville de Weybrige. Depuis cinq ans pour les Matthews et depuis trois ans pour les Knightley.

Mr et Mrs Matthews étaient deux personnes en apparence tout à fait normal, malgré leurs incroyable richesse, et leurs très probable sang aristocrate. Quant aux Knightley, eux, ils vivaient de manière très modeste dans un petit appartement, à côté du manoir de leur amis. Malgré leur différence sociale visible, les deux couples s'entendaient à merveille.

Mr Matthews tenait une entreprise d'édition, au centre de Londres, avec un nom peu connu. Il était assez grand, touchant facilement les un mètre quatre vingt dix, et avait une carrure plutôt svelte. Son visage creusé et perpétuellement souriant soulignait ses yeux d'un bleu azur. Il était toujours vêtu de costards, même chez lui, comme si c'était une habitude. Sa femme était plus petite que lui, mais arrivait sans soucis à mettre en valeurs les courbes de son corps avec des robes cintrées sur sa taille. Elle était écrivain, mais peu de gens de son entourage avait eu la chance de lire ses œuvres, comme si elle cherchait à cacher ce qu'elle faisait.

Ce jeune couple d'une trentaine d'années avaient tout l'air de mannequins. Ils avaient tout ce qu'ils désiraient, sans aucun soucis. Le couple avait déjà deux enfants, un garçon de trois ans nommé Aaron, et une petite fille d'un an qui s'appelait Abigail. Comme leurs parents, les deux enfants avaient des caractéristiques avantageuses, et la petite fille héritait déjà du sourire à pommettes de son père.

A côté de cette petite famille presque parfaite, il y avait les Knightley. Mr Knightley était un homme de taille moyenne, et plutôt fin. Il portait des lunettes de vue, et travaillait en tant que professeur dans un lycée. Toujours souriant, et toujours prêt à aider son prochain, c'était un homme qui incarnait la bonté et la gentillesse. Sa femme, une blonde aux yeux orangés lui ressemblait beaucoup moralement. Elle travaillait à mi-temps dans un magasin de vêtement, en tant que conseillère, mais était en congé actuellement depuis un an, se remettant de sa grossesse. Elle était plutôt petite en taille, et n'avait pas réellement de forme. Son visage restait enfantin, comme si les années ne passaient pas sur elle. Eux aussi avait une petite fille qui allait bientôt avoir un an, du nom de Norah. Elle avait les cheveux cendrés, et des yeux d'une étrange couleur rosâtre.

Les deux couples passaient le plus clair de leurs temps ensemble, soit chez l'un, soit chez l'autre, et jamais ils ne se disputaient. Mrs Knightley avait même été choisie pour être la marraine d'Abigail, qu'elle chouchoutait déjà. Et entre eux, il n'y avait aucun secret.

En effet, les Matthews étaient un peu spéciaux, tout comme leurs enfants. Les quatre possédaient des pouvoirs magiques, qui faisaient d'eux des sorciers. C'était tout naturellement que Mr et Mrs Knightley l'avait appris et accepté, trouvant cela fascinant. Ils avaient cependant gardé le secret pour les autres voisins, sachant que quelques personnes étaient encore assez vieux jeu. Souvent, lors de leurs soirées, les Matthews ne se gênaient pas pour utiliser leurs baguettes devant leurs amis, ce qui leur faisait un petit spectacle hors du commun des mortels.


Ce jour-là était un jour plus que banal pour les Knightley. Mr Knightley partit tôt au travail, laissant sa femme avec sa fille seules à la maison. La petite Norah était déjà curieuse de tout, et assez silencieuse. Parfois, le couple ne l'entendait même pas durant la nuit et cela les inquiétaient quelque peu, mais ils avaient fini par s'y habituer. Les Knightley étaient très attentionnés envers leur fille, qu'ils considéraient comme un trésor. En sortant de chez lui, Mr Knightley croisa son ami, Mr Matthews qui avait l'air ravi, comme si on lui avait appris une très bonne nouvelle.

- Bonjour, Julian ! S'enquit l'homme en fermant la porte de son immeuble, comment vas-tu en cette agréable journée ?

L'homme aux cheveux bruns, plaqué sur un seul côté regarda son ami par dessus la clôture qui séparait leurs deux habitations.

- Tout va pour le mieux, Peter, répondit Julian avec un énorme sourire qui découvrait ses dents parfaitement alignées.

L'homme aurait voulu expliquer à son homologue la cause de sa bonne humeur, mais il se disait que c'était inutile au final, Peter Knightley ne connaissait pas assez bien le monde des sorciers. Il entra dans son Aston Martin et partit jusqu'à son travail. Peter, quand à lui, fit un dernier signe à son ami, avant de prendre sa petite voiture familial, et de se dirigea vers son lycée.

La journée fut plutôt banal, et l'homme ne put s'empêcher de remarquer plusieurs groupes de personnes vêtue de manière plutôt singulière. De longues capes noires, parfois même des longues robes qui traînaient sur le sol. Cependant Mr Knightley avait décidé de ne pas y faire attention, peut-être était-ce une nouvelle mode ? Un nouveau moyen de se protéger du froid glacial de cette fin d'Octobre.

A la fin de sa journée, il rentra plutôt rapidement, ayant envie de profiter de sa femme et surtout de sa fille qui venait de fêter ses un an. Pour l'occasion, ils avaient invités les Matthews qui paraissaient avoir envie de leur dire absolument quelque chose. Mrs Matthews laissa Abigail dans le parc avec Norah, pour qu'elles jouent à deux et alla dans le salon, tout sourire.
Ellie Knightley servit à tout le monde un verre de cidre, et s'installa sur le canapé, à côté de son mari. Aaron était assis à côté, et jouait avec une petite voiture, sous l'œil avisée de sa mère, Lyäna.
Julian et Lyäna avait tout les deux le visage très souriant, comme si leur sourire ne s'enlevait pas de leurs lèvres. Peter entama en premier la conversation, racontant un détail marquant de sa journée.

- J'ai été surpris de voir le nombre de personnes qui portait une sorte de cape noir, aujourd'hui.

Sa femme acquiesça, elle en avait aussi aperçu en allant faire les courses.

Lyäna regarda brièvement Julian, avant de se tourner de nouveau vers le jeune couple.

- Ce n'est pas anodin, il s'est passé quelque chose de merveilleux aujourd'hui.

Julian fronça légèrement le visage, se demandant comment il pourrait expliquer cela à de simple Moldus.

- Le plus puissant Mage Noir de tout les temps a été vaincu , continua Lyäna, comme si elle se fichait de savoir si ses interlocuteurs comprendrait ou pas.

- Un mage noir ? Demanda Peter, légèrement surpris.

- C'est un très puissant sorcier, qui a tué énormément de personnes, autant de sorciers que de mol-, hm, personnes dépourvus de magie, reprit Julian. Il a imposé un véritable règne de terreur, et c'est enfin fini !

Ellie et Peter se jetèrent un regard furtif, n'étant pas sûr de bien comprendre.

- Je vois.. finit par murmurer Ellie, légèrement inquiète tout de même.

- Tout le monde dans le monde magique fête sa disparition donc, rajouta Lyäna sans cesser de sourire.

Les deux amants dépourvus de magie se regardèrent sans savoir quoi dire. Ils étaient vraiment déconnectés de ce genre de chose, puisque qu'après tout cela ne les concernait pas directement. Julian les fixa, se disant que cela ne servait à rien de s'étendre davantage sur le sujet. Il entama une autre conversation, et laissa la soirée se dérouler comme cela. Loin des préoccupations des Knightley, partout dans le monde des sorciers, beaucoup levèrent leurs verres en remerciant Harry Potter, le garçon qui avait survécu.


Quatre années paisibles s'écoulèrent. Ellie tomba de nouveau enceinte en Février, et accoucha d'un petit garçon nommé Elyjah le 28 Novembre 1985. Norah et Abigail avaient toutes les deux cinq ans maintenant, et passaient tout leurs temps ensemble. Aaron, lui, en avait sept, et préférait être seul dans sa chambre, à s'entraîner aux échecs. Il ne supportait pas Norah, qui était selon lui bien trop capricieuse.

Ellie et Peter avaient décidé de cacher l'existence de la magie et tout ce monde qui leur était méconnu à leurs enfants, et avaient donc demandés à leurs amis d'éviter de pratiquer la magie devant eux. Norah et Elyjah étaient normaux, des « Moldus » tout comme leurs parents, et ils ne voulaient pas qu'ils s'imaginent que la vie était simple ou fantastique, qu'ils pouvaient tout avoir d'un coup de baguette magique, parce que ce n'était pas le cas. Lyäna et Julian comprirent et acceptèrent le choix de leurs amis, ne pratiquant plus que la magie qu'entre eux. Aaron et Abigail étaient déjà destinés à devenir de grands sorciers, ils le savaient.

C'était le 31 Décembre, en début de soirée. Norah, Ellie et Elyjah étaient chez les Matthews pour le réveillon. Mr Knightley, qui avait pris un petit boulot en plus pour les vacances de Noël, travaillait de nuit, et avait dit qu'il serait présent peu après minuit. Les conversations allaient bon train, tout le monde mangeait beaucoup et avec appétit . Mr Matthews avait passé la journée à préparer le repas, avec l'aide de son fils et de sa fille, tandis que Mrs Matthews avait dressé la table. Ils ne s'étaient pas embêté et avaient décidé de faire quelque chose de simple. Mais seule Norah paraissait perturbée.

Elle ne souriait pas, et avait le regard perdu dans le vide, regardant chaque minute la grande porte d'entrée. Quand elle se retrouvait seule avec Abigail, elle ne jouait pas, et se contenter de fixer le vide, la bouche entrouverte. Au fur et à mesure que les heures passaient, son visage juvénile se décomposer de plus en plus. Mrs Knightley commençait à s'inquiéter, mais mit ça sur le coup de la fatigue.

« BONNE ANNEE 1986 ! »

Dans la rue, on entendit des feux d'artifices et des pétards. Une année complète s'était écoulée. Les Knightley et les Matthews se couvrirent d'embrassades, content de pouvoir passer une autre année ensemble. Mais la jeune Norah paraissait avoir l'esprit ailleurs, et même quand Aaron la dévisagea longuement, elle ne répondit rien. Abigail lui prit doucement la main, et afficha un sourire.

- ça va ?

- .. Papa.. Papa... articula d'une voix plaintive la jeune fille aux cheveux cendrés.

Ellie entendit la plainte de sa fille, s'approcha d'elle pour venir lui caresser la joue, essayant de la rassurer. Norah posa sa petite main sur la manche de sa mère, et serra le tissu.

- Papa va bientôt arriver, ma chérie.

- Non.. Papa.. Papa..

La fillette eut un haut le cœur, et regarda soudain sa mère, effarée, lâchant la prise qu'elle exercer sur le tissu en satin d'Ellie. Au même moment, le téléphone de Mrs Knightley retentit. A cette heure ci, cela devait sûrement être sa mère, une vieille femme rondelette, qui l'appelait pour les vœux. Ellie jeta un coup d'œil à Lyäna, et alla décrocher.

Son visage se décomposa peu à peu, pour devenir aussi livide que celui de sa fille. Elle balbutia quelque chose d'inaudible, avant de raccrocher. Les Matthews froncèrent le visage, tout cela ne présageait rien de bon.

- C'est Peter.. arriva en à articuler Ellie, il.. il a eu un accident...

Des larmes commencèrent à couler sur ses joues, la jeune femme blonde ne savait pas quoi faire. Elle déglutit bruyamment, avant d'attraper son manteau posé sur le canapé.

- Je .. je vais y aller, prenez soin de Norah ! Et allez vérifier que Ely' dort bien !

Mr Matthews attrapa aussi son manteau, et prit ses clé de voiture.

- Je t'accompagne.

Il faisait entièrement confiance à sa femme pour qu'elle gère les trois enfants, qui n'allaient de toute manière pas tarder à aller se coucher. Elyjah quand à lui, était déjà dans la chambre d'enfant des Matthews.

Dès qu'ils furent parti, Mrs Matthews ordonna à Aaron d'aller se coucher, et demander à Abigail d'aller dans sa chambre avec Norah, tandis qu'elle allait vérifier qu'Elyjah dormait bien.

La brunette ne lâcha pas la main de son amie, sentant qu'il y avait vraiment quelque chose qui n'allait pas. Elles montèrent au dernier étage, et se dirigèrent vers la chambre de cette dernière, qui était comme une chambre de princesse, avec meubles antique, et lit à baldaquin.

Norah, sans dire un mot, alla s'asseoir sur le lit, regardant toujours dans le vide. Abigail sortit deux petites robes de nuit, et en passa une à son amie.

- Ça va aller.. Change toi.

La brunette parlait de manière autoritaire, mais c'était dans sa nature. Norah retira doucement sa petite robe, et enfila la robe de nuit violette qu'elle lui avait tendu. Elle se mit dans les grosses couettes, suivit de près par Abigail, mais contrairement à son amie d'enfance, elle ne trouva pas le sommeil.

Des images sombres défilaient dans sa tête. Un loup se trouvait sur la route, assis patiemment sur le bord de la route. Les voitures passaient, rapidement. Le loup bougeait. Ses yeux d'un noir profond ne trahissaient aucune émotion. Un autre flash. Du sang. Beaucoup de sang. Une voiture partie dans le fossé. Le loup continuait de regarder ce qu'il s'était passé, avant de se tourner vers la forêt. Le corps gisait sur le bitume.

Norah ne cessa de bouger de toute la nuit, qui lui paraissait vraiment trop longue. Elle gémissait, tremblait, suffoquait. Tout son corps lui paraissait vraiment trop lourd. Son front était couvert de sueur. Elle se tournait et retournait, suffoquant encore et toujours, en continuant de voir les mêmes image défiler dans sa tête.

« Hey, Norah ! »

La voix claire et aiguë d'Abigail Matthews la sortit de sa stupeur. Dehors, il faisait encore nuit, mais il devait être cinq ou six heures du matin. Norah se redressa doucement, respirant à grosse bouffées.

- T'as pas arrêter de bouger cette nuit, No'.. se plaignit la petite brune.

Son amie ne répondit pas, fixant le bout du lit, comme si elle se remettait de ses émotions. Puis, soudainement, elle se leva, sortit du lit, et se précipita jusque dans le salon, où Mrs Matthews était assise sur le canapé, se tortillant les doigts, seule.

Ni son mari, ni Mrs Knightley n'étaient rentrés.

Quand la femme entendit Norah descendre, elle se tourna vers elle, et prit soudain une expression triste. Ses yeux étaient rougie et enflés, et ses joues encore trempés de larmes.

Elle le savait.

Norah s'approcha doucement d'elle, sentant tout ses sens s'affoler. Elle le savait.

- Oh, Norah.. Je suis désolée..

La fillette déglutit, attendant la suite.

- Ton père.. ton père est parti au paradis cette nuit.. balbutia Lyäna, en n'ayant aucune idée de comment annoncer ça à un enfant.

Norah la regarda longuement, plongeant ses yeux rosés dans les siens.

- Je sais, finit-elle par dire.

Ignorant l'expression interloquée de Mrs Matthews, Norah quitta la pièce pour aller pleurer la mort de son père, seule.


Quelques jours plus tard, les cloches de l'église du village sonnèrent gravement. Quelques personnes habillées de noires s'y approchèrent, pour un dernier hommage à Peter Knightley. Des collègues de ce dernier, des amis de longues dates, ses deux frères, son père et sa mère, les parents de sa femme, Ellie, Norah et les Matthews, qui avaient l'impression que leur petite vie parfaite venait de s'écrouler. Aaron, d'habitude, n'aurait pas hésité à embêter Norah, à la faire sortir de ses gonds. Mais ce jour-là, il se contenta simplement de la regarder de loin, une expression attristée sur le visage. La fillette ne pleurait pas, ne criait pas. Elle regardait les gens la saluait un par un, sans même broncher, ou sans même daigner leur répondre. Abigail , du haut de ses cinq ans, comprenait la situation, et tentait de rassurer son amie au mieux. Sans succès.

La fillette au cheveux beige aperçu une femme qu'elle ne connaissait pas, dans cette foule de personne. Grande, svelte, elle portait une robe cintrée, et ses cheveux blonds étaient remontés en un chignon strict. Elle n'alla voir personne, et se contenta de regarder le cercueil avec un air triste, avant de tourner les talons. Une seconde plus tard, elle semblait avoir disparue.

Le regard de la jeune fille se posa ensuite vers sa mère, qui avait terriblement besoin de réconfort. Réconfort que sa fille, à cinq ans, ne pouvait pas lui donner.

La journée était triste et affligeante, malgré que le soleil d'hiver tapait. Mrs Matthews avait préparé les amuses-bouches pour les invités à la fin de la cérémonie, ne désirant pas que son amie s'embête avec tout cela. Les Matthews ne pouvaient rien faire pour aider Lyäna, sa souffrance était trop grande.

Les mois passèrent lentement, et devenait de plus en plus dur pour les Knightley. Mrs Knightley devait gérer Norah et Elyjah, qui avait à peine quelques mois, seule. Quand ses enfants étaient couchés, elle pleurait longuement dans sa chambre, se rendant compte du vide que c'était. Elle avait perdu son mari. Peter avait eu un accident de voiture en roulant légèrement trop vite, et avait perdu la vie sur le coup. Parfois, elle le maudissait. Comment avait-il pu l'abandonner, elle et ses deux enfants ? Gérer les dépenses devenaient de plus en plus complexes, et les aides familiales qu'elle avait reçu commençait à ne plus suffire. La jeune femme commença à enchaîner les boulots et missions qu'elle trouvait, pour tenter de garder sa famille sur une bonne voie. Et pendant ce temps, Norah et Elyjah restaient chez leurs voisins, où ils passaient le plus clair de leurs temps.

Pour les cinq ans de Norah, les parents d'Abigail lui avaient payé des cours de violon, tandis que Abi suivait ceux de piano. Souvent, après l'école, elles allaient à deux à leurs cours, et la fillette aux cheveux bruns essayait toujours de faire sourire son amie. Mais rien n'y faisait, Norah s'était enfermé dans un mutisme dont elle semblait ne pas vouloir sortir. Plus aucun sourire ne s'affichait sur son visage juvénile. Ses fossettes ne se creusaient plus, ses joues colorés de taches de rousseur ne rougissaient plus. C'était comme si son âme l'avait quitté. Elle avait beau être très jeune, elle avait très bien comprit ce qu'il se passait. Chaque jour paraissait interminable, Norah voyait que sa mère avait de plus en plus de soucis, mais ne pouvait rien faire.

Et chaque jour, Ellie se réveillait en espérant que tout cela ne soit qu'un cauchemar. Elle ne pouvait pas élever ses enfants seule, et avait encore l'espoir que son mari rentre le soir, avant le dîner. Elle mit un bout de temps avant de préparer uniquement pour trois, et non pas pour quatre.

Norah paraissait de plus en plus nonchalante. Ses notes baissaient, elle faisait exprès de rester tard à ses cours, pour s'entraîner. Abigail l'accompagnait toujours au piano, leurs deux âmes s'accrochaient pour improviser totalement une douce, lente et profonde musique. Parfois, leurs voix cristallines s'élevaient au dessus des instruments, et chacune regardait leur doigts posés sur les touches, ou les cordes, et paraissait seule, alors qu'elles étaient ensemble.

Aaron, le fils aîné, continuait à taquiner Norah, comme s'il désirait revoir son sourire, ou rien qu'une expression sur son visage. Mais rien n'y faisait. Il n'avait droit qu'à un « Lâche-moi, Aaron », ou du déni.

Et la famille Knightley resta meurtrie, malgré les années qui passèrent peu à peu.