Je me présente, Draco Malfoy. Prince des Serpentards et plus grand tombeur de Poudlard. Toutes les filles de 7ème et 6ème années sont passées dans mes draps, ou presque toutes. En tout cas celles de Serpentard, Serdaigle et Poufsouffle. En ce qui concerne les Gryffondors…je ne m'abaisserai jamais à ce genre de choses. Coucher avec une Gryffondor…Brrr, j'en ai des frissons rien que d'y penser. Mais ce n'est pas cette petite exclusion qui diminuera ma notoriété de Dieu de la luxure.

M'enfin, je dois bien reconnaitre que je commence à me lasser de toutes ces écervelées, c'est toujours la même chose, aucune innovation, ça devient trop répétitif, alors je suis en pleine remise en question sur mon orientation sexuelle. Peut-être que je devrais ouvrir mes horizons. Aller voir chez la gente masculine…pourquoi pas…

J'en étais là de mes réflexions, quand je me suis brutalement retrouvé ramené à la réalité par un puissant coup d'épaule qui m'envoya m'écraser contre le mur du couloir. Furieux d'être ainsi bousculé, je me retournai vivement pour pétrifier sur place l'insolent qui avait osé me toucher. Malheureusement pour moi, ledit insolent n'était autre que M. Grand-Héros-De-Notre-Temps-Potter. Je ne sais pas pourquoi, mais ce type n'a jamais été intimidé par moi. Cela s'annonçait compliqué. Tant pis, j'avais justement besoin d'un peu d'exercice et rien de mieux que Potter pour parfaire mes insultes.

"Alors Potter, tes lunettes ne te suffisent même plus pour regarder devant toi?"

Son regard s'est posé sur moi et je pus voir qu'il était ravi que j'entame une autre dispute, apparemment lui aussi voulait se défouler.

"Oh tiens, Malfoy. C'est vrai que je n'avais pas vu que tu étais là. Remarque, tu es tellement insignifiant, que ce n'est pas très difficile de t'ignorer."

Touché…comment cet avorton fils d'une sang de bourbe osait-il me dire ça, à moi, Draco Malfoy?

"Tu serais bien le seul à ne pas me voir, on ne peut pas en dire autant du reste de l'école…mais je ne t'en tiens pas rigueur, après tout comment pourrais-tu comprendre ce que beauté et richesse veulent dire. Toi, dont les amis sont des loqueteux et des sangs de bourbe."

Je vis ses yeux s'agrandir de stupeur sous l'insulte. C'était tellement prévisible, injurier ses amis, le meilleur moyen de le rendre fou.

Justement, le voilà qui sort sa baguette et la pointe vers moi, seulement j'ai été aussi rapide que lui et maintenant nous nous défions du regard. A celui qui capitulera le premier. Seulement, ce jour là, je pouvais voir une farouche détermination dans ses yeux trop verts. Une lueur de haine me fit comprendre qu'il avait bien l'intention de se battre.

Nous lançâmes notre sortilège en même temps, je ne sais pas lequel il avait choisi, pour ma part c'était un sectum sempra, oui, pour lui rendre la pareille à ce qu'il m'avait infligé en 5ème année. Toujours est-il que quand nos sorts se sont rencontrés, un étrange phénomène s'est produit, je me suis senti comme aspiré par un siphon et j'ai été projeté contre le mur, ce qui me fit perdre momentanément connaissance. La dernière chose que je vis, fut Potter s'effondrer sur le sol.

Quand je me réveillai quelques instants plus tard, le visage inquiet de Granger était penché vers moi et la première chose qui me vint à l'esprit fut "Je ne savais pas qu'elle avait d'aussi beaux yeux…"

"Harry! Tu vas bien?"

"Harry? Mais pourquoi elle m'appelle comme ça la née-moldue?"

"Harry?"

Une nouvelle tête était entrée dans mon champ de vision, celle du pouilleux Weasley. Vraiment, le roux, c'est affreux, surtout de près. Je ne pus dire qu'une seule chose:

"Foutez-moi la paix bande de bouseux."

Soudain, en entendant cette voix, je me figeai. Ce n'était pas ma voix, trop chaleureuse pour être la mienne. Mais qu'est ce qui m'arrivait?

A ce moment j'entendis de l'autre côté du couloir la voix de Blaise qui m'appelait:

"Draco? Bon sang, DRACO! Réveille-toi espèce de prince de mes deux! Si t'en es vraiment un tu ne devrais pas t'évanouir comme une de ces putains de Gryffondors!"

Hum, Blaise a toujours été d'une poésie rare…le seul problème c'est qu'il ne s'adressait pas à moi, mais plutôt à celui qui était étendu par terre et qui me ressemblait étrangement.

Soudain, je réalisai:

"Où est passé Potter?"

Les deux autour de moi me regardèrent comme si j'étais fou:

"Mais Harry" me dit Granger, "tu es là…", elle farfouilla dans son sac et me tendit un petit miroir.

Je me demandais vraiment pourquoi elle tenait à ce que je m'admire dans une glace, je le savais déjà que j'étais irrésistible.

Machinalement, je pris le miroir de poche pour découvrir avec horreur que mes cheveux, habituellement blonds et parfaitement coiffés, étaient devenus noirs et complètement en bataille. Mes yeux si gris et tranchants étaient désormais verts et brillants cachés par une affreuse paire de lunettes.

Stupéfait, je portai la main à mon front et sous mes doigts je sentis LA cicatrice, celle dont je m'étais tant moqué.

« Ce n'est pas possible, c'est forcément un mauvais tour que me joue cet abruti de Gryffondor ! »

A l'autre bout du couloir, celui qui me ressemblait se relevait péniblement et j'eus tout le temps de le détailler avec horreur. C'était moi que je contemplais en train de m'extraire des limbes. C'était moi sans l'être vraiment.

"Mais c'est quoi ce bordel ?"

C'était aussi ma voix, seulement ce n'était pas moi qui avais prononcé ces mots.

"C'est une blague, je suis dans le corps de Malfoy?"

La tête blonde qui n'était autre que la mienne me regarda avec ces yeux haineux et je ne pus m'empêcher de frémir. Je pouvais vraiment faire peur par moment.

Mais était- ce vraiment un frisson de peur? En sentant le corps réagir j'eus comme un doute…

Ne voulant pas être en reste je lançai:

"Et encore Potter, tu n'es pas le plus à plaindre, tu as atterri dans MON corps parfait, alors que moi je dois supporter d'être dans le tien qui est loin d'être vraiment attirant."

Je ponctuai ma phrase par une mine de dégout, enfin j'espérais surtout que ça en avait l'air, le contrôle des expressions de ce visage n'était pas encore au point.

"Malfoy" gronda Potter dans mon corps, "j'espère que c'est une mauvaise blague de ta part et que tu vas me rendre ce qui m'appartient tout de suite!"

"Franchement Potter, si c'était vraiment de moi, jamais je n'aurais fait en sorte d'être dans ce truc que tu appelles un corps…mais comment fais-tu pour te regarder dans un miroir?"

Furieux, Potter-Malfoy se jeta sur moi. Le spectacle devait être vraiment divertissant parce que j'entendais des rires tout autour de nous. C'est justement ce qui nous stoppa dans notre élan.

Surpris et passablement énervé contre mes amis qui osaient se moquer de moi, je les regardais se tordre de rire, essayant de reprendre leur souffle. Si on pouvait appeler ça des amis…

"Qu'est-ce qui vous fait rire comme ça, bande de bossus ?"

Toujours hilare, Blaise leva les yeux vers moi et m'avoua la cause de son hilarité:

"En fait, ce matin, Ron et moi avons versé dans votre jus de citrouille une potion d'échange que les jumeaux Weasley nous ont fournie. C'était pour les tester. Ils ne savaient pas ce qui déclenchait "l'échange". Maintenant on va pouvoir leur dire qu'il faut pour ça lancer un sort au même moment."

Complètement stupéfait, je regardai Potter faire la même tête que moi tout en fixant ses amis qui se tordaient aussi de rire.

"Blaise…" ma voix se fit menaçante, "j'espère pour toi que tu connais l'antidote parce que sinon je ne sais pas ce qu'il adviendra de toi dans un future très proche."

Il eut la bonne idée d'arrêter de rire et de blêmir sous son impeccable bronzage. Seulement cela ne dura pas longtemps, un éclat de malice traversa son regard et quand il le posa sur mon ancien moi, il repartit de plus belle. Et c'est Weasley qui répondit à ma question:

"En fait, mes frères ne connaissent pas non plus d'antidote…je crois qu'on va devoir demander à Rogue…ou alors vous restez comme ça le temps que l'effet se dissipe…"

"Ron, dis-moi que c'est une plaisanterie et que je vais bientôt me réveiller! Je ne vais quand même pas devoir rester comme ça jusqu'à l'obtention d'un remède! C'est bien la dernière chose que je souhaite, me retrouver bloqué dans le corps de CE Serpentard!"

"Je sais bien Harry, mais il n'y a pour l'instant aucun remède…vraiment, ça fait bizarre de parler gentiment à Malfoy, même si je sais que ce n'est pas lui…" et il repartit de plus belle dans un fou rire incontrôlable.

Le laissant se tordre sur le sol, tel la pauvre limace qu'il était, je me tournai vers Potter :

"Au fait, le balafré, il serait bon que tu me rendes ma baguette."

"D'accord Malfoy, mais rends moi la mienne alors."

"La confiance est reine à ce que je vois…"

Un sourire narquois se dessina sur ses lèvres

"Toujours avec toi…"

Je lui tendis la sienne et visiblement surpris que je ne fasse pas plus de manière pour la lui rendre, il me donna la mienne.

"Je me demande quand même si elles vont vous reconnaitre…" ajouta Granger "après tout, vous n'êtes plus vraiment vous-même."

L'idée que ma baguette me rejette et que je doive utiliser celle de Potter me retournait le cœur. Heureusement, elle n'en fit rien, même si elle m'obéissait moins bien qu'avant.

"Et maintenant, on fait quoi?" demanda Potter.

"Le mieux serait encore d'aller voir Dumbledore, Il connait peut être le contre sort…" lança Ron plein d'espoir.

"Si tu crois que tu vas t'en tirer sans problème Ron, tu te fais des idées. Dès que j'aurai récupéré la pleine puissance de ma baguette, tu vas la sentir passer ta blague foireuse…"

Le rouquin dégluti avec difficulté. Potty serait-il rancunier? Un trait de caractère typiquement serpentard.

Arrivé devant la gargouille qui gardait l'entrée du bureau directorial, notre petit groupe se retrouva bloqué.

"Est-ce que quelqu'un connait le mot de passe?"

Tous se tournèrent vers moi.

"Pas la peine de me regarder. J'ai pas pour habitude de trainer avec le vieux fou…"

"Ha oui, c'est vrai que c'est Malfoy qui est dans Harry" murmura Ron.

Cette simple petite phrase me provoqua des images particulièrement délirantes à l'esprit et je dus faire un effort surhumain pour que rien ne paraisse sur ce visage trop expressif.

Soudain, mon moi se tourna dans ma direction et me regarda avec des yeux horrifiés.

"Malfoy, c'est quoi ce truc que je viens de voir apparaitre dans ma tête?"

"De quoi tu parles Potty?"

Il fronça le nez en entendant son surnom.

"Je parle des images qui sont apparues dans mon esprit sans qu'elles ne soient à moi. Je veux dire, ce n'est pas moi qui y ai pensé."

"Alors ça voudrait dire…"

"Que leurs esprits sont encore reliés à leurs corps et que donc celui qui l'occupe perçoit ce que pense son propriétaire réel." Termina une voix connue de tous.

Dumbledore les toisaient de son regard pétillant de malice.

"Alors comme ça M. Potter a pris la place de M. Malfoy et vice versa? Hum, c'est pour le moins…original."

Derrière sa barbe, je pouvais voir se dessiner un petit sourire.

« Ne me dites pas que le vieux va se mettre à rire de cette situation lui aussi? »

Heureusement, il avait plus de self contrôle que ceux qui me servaient d'amis. Si tant est qu'on peut appeler amis des personnes qui vous font des blagues aussi nulles. D'un autre côté, cela allait me permettre de m'amuser aux dépends du Gryffondor. Voilà l'occasion rêvée de ternir l'image du parfait héros.

"Malfoy, je t'interdis de faire n'importe quoi avec mon corps. Et arrête de penser aussi fort!" tempêta Potter.

Dumbledore se tourna vers moi et me toisa de son regard perçant. Celui qui vous donne l'impression d'être passé aux rayons X.

"M. Malfoy et M. Potter. Le temps que la potion fera effet, je vous saurai gré de ne pas tenter de coup bas à l'encontre de la propriété de votre camarade. En l'occurrence, son corps. Pour cela, je vais vous jeter un sort, qui vous empêchera de faire du mal à ce qui ne vous appartient pas. Et également un sortilège d'entrave, au cas où l'un de vous tenterait de donner une mauvaise image de l'autre. Me suis-je bien fait comprendre?"

"Oui Monsieur."

"Bien, en attendant que le professeur Rogue et les jumeaux Weasley mettent en place l'antidote. M. Malfoy et M. Potter, vous échangerez vos dortoirs et programmes de cours. Je ne tiens pas à ce que toute l'école soit au courant de cet incident. Vous devrez donc vous comporter comme celui dont vous avez pris la place. Pour ce qui est de vos amis respectifs, je les invite à faire preuve de discrétion et à bien avoir en tête que M. Potter est dans le corps de M. Malfoy et inversement. Tout préjudice moral sera également sanctionné. Pour cela, je m'adresse aux farceurs. Enfin, et M. Weasley. Vous aurez comme sanction de vous montrer courtois et de soutenir votre nouveau camarade. En clair, s'il arrive le moindre problème à ces deux jeunes gens, vous en serez tenus pour responsables. Les autres, qui j'en suis sûr ne sont pas complètement innocents, vous me rendrez pour demain une rédaction sur les avantages et les inconvénients de ce genre d'échange et un rapport complet chaque jour sur l'évolution de cette potion. »

Seule Hermione était ravie par sa sanction. Tous les autres se plaignirent. Seule Hermione comprit quel était le but de cette punition et elle seule rendit des rapports complets sur ce que désirait vraiment savoir Dumbledore.

OoOoO

En arrivant dans la salle commune des Gryffondors, je me rendis compte que le rouge et l'or étaient vraiment partout, certes l'ambiance était chaleureuse mais écœurante de convivialité. Comment j'allais faire pour vivre là dedans pendant les semaines à venir ?

Mon désespoir dût se voir sur mon visage Ô combien trop expressif, car la miss-je-sais-tout tenta de me rassurer.

«Tu sais, tu pourras toujours changer la déco de ton lit si ça te dérange tant que ça, mais pour ce qui est de cette pièce, il va falloir t'y faire. Le plus simple serait encore que tu y passes le moins de temps possible, mais il faudra quand même que tu te comportes un minimum comme un Gryffondor et pour ça il va falloir faire preuve d'amabilité avec tes colocataires. »

Son petit sourire amusé ne trompait personne et sûrement pas moi, je m'apprêtai à lui répondre vertement lorsqu'une voix que je ne connaissais que trop bien s'insinua dans ma tête :

«Change de place ne serait-ce qu'un cadre photo et je charge Ron de te faire la peau dans ton sommeil Malfoy !»

«Charmante entrée en matière, je croyais que les Gryffondors étaient aimables.»

«Ils le sont, c'est juste un traitement de faveur que je te réserve, tu devrais en être heureux.»

«Alors dans ce cas je me dois d'être tout aussi gentil envers toi. Ne te fais pas de soucis Potter, je ne changerai pas d'un iota tes affaires. J'espère juste que tu auras la présence d'esprit de faire de même, car une fois que j'aurai retrouvé ce qui m'appartient, je me ferais un plaisir de reprendre les bonnes habitudes.»

«Parfait…on se voit en potion, et bonne chance pour subir Rogue pendant ce cours, il a beau savoir que tu es moi, il ne pourra pas se permettre de changer radicalement de comportement. J'en ris d'avance…»

Malheur, le cours de potion. Moi qui me délectais de voir Potter se faire assassiner par Rogue, j'allais vite déchanter…

Mon trouble dût se voir, car Granger posa des yeux inquiets sur moi.

«Tu viens de discuter avec Harry, n'est-ce pas ? »

Ce n'était pas vraiment une question, mais j'y répondis quand même.

« Oui, et il a eu l'amabilité de me rappeler ce que Rogue lui faisait endurer et cette perspective ne me réjouit guère. »

Malgré la détresse dans laquelle je me trouvais, un immense sourire se dessina sur les lèvres de celle que je commençais à trouver sympathique. Je la fusillai du regard, croyant qu'elle se moquait de moi et de mon malheur à venir.

Furieux, je partis vers les escaliers qui montaient aux dortoirs mais elle me rattrapa avant que je n'atteigne la dernière marche.

« Attends Dra…Harry, je ne me moquais pas de toi, c'est seulement que tu as une façon de parler assez aristocratique et ça fait vraiment bizarre d'entendre Harry parler comme ça. Si tu veux que l'illusion persiste, il va te falloir adopter un langage un peu moins… »

« Châtié ? »

Un éclat d'hilarité traversa ses yeux, mais elle retint son sourire, ce pour quoi je lui fus reconnaissant.

« Oui, c'est ça. Garde en tête qu'Harry a vécu avec des gens simples et particulièrement vulgaires envers lui. Bon, je ne te demande pas de parler comme un môme de la banlieue, mais essaie d'éliminer ton vocabulaire soutenu et ton expression de supériorité quand tu parles ou marches. »

Devant ma tête plus que catastrophée, elle s'empressa d'ajouter :

« Dis-toi que Harry doit faire le travail inverse, lui qui a toujours détesté qu'on le réprimande pour sa tenue, je ne pense pas qu'il va s'amuser avec Blaise et Pansy… »

Son petit sourire en coin la rendait particulièrement craquante, si je n'avais pas été aussi sélectif dans mes critères de choix de partenaire, j'en aurais peut-être fait une de mes conquêtes. M'enfin, maintenant que je me trouvais bloqué dans ce corps, je ne pouvais rien tenter avec elle, ni avec qui que ce soit d'ailleurs. Potter est une vierge innocente qui n'a jamais découché et se réserve pour son grand amour…

Comment je sais ça moi ?

Avant de monter les escaliers, je me tournai vers ma nouvelle amie :

« Hermione, comment se fait-il que je sache certaines choses sur la vie…sexuelle de Potter, alors que je l'ignorais avant notre échange ? »

Elle me fixa un moment, l'air de réfléchir à ce que je venais de lui dire, quand elle se décida enfin :

« J'imagine que corps et esprit ne sont pas deux entités complètement différentes, on en a la preuve étant donné que Harry et toi pouvez communiquer par pensées sans être dans la même pièce. D'une certaine façon, le corps d'Harry doit « garder » des informations le concernant, comme ce qu'il fait de son…sexe. Si tu restes trop longtemps dans son corps, tu vas finir par croire que tu es vraiment lui et donc… »

« …Que lui est vraiment moi. On finira par échanger complètement nos identités sans s'en rendre compte…mais c'est affreux ! Je ne veux pas devenir Harry Potter ! Il doit y avoir une solution, quelque chose, n'importe quoi ! »

« Calme-toi ! Ce n'est pas la fin du monde et puis, ça doit prendre des années avant que ce genre de phénomène ne se produise et comme le professeur Rogue et les jumeaux Weasley travaillent ensemble pour trouver l'antidote, ça ne devrait pas prendre plus d'une semaine ou deux, donc pas la peine de paniquer comme ça. Maintenant dépêche-toi de monter voir ta nouvelle chambre et tache de faire bonne impression en tant que Harry Potter. Il faut que les autres croient que rien ne s'est passé. »

« Attends, si jamais ils me demandent des choses que j'ignore ou que… »

« Ne t'en fais pas, Ron sera avec toi pour éviter ce genre de problèmes, sinon tu peux toujours demander à Harry via le lien que vous avez entre vous… »

Voyant la tête que je faisais à cette idée elle s'empressa d'ajouter :

« …Ou tu peux faire confiance à son corps pour te donner quelques informations, mais tu ne pourras pas répondre à tout dans ce dernier cas…il va quand même falloir discuter avec Harry…je te laisse monter. »

Avant qu'elle ne parte, je murmurai un petit « merci » que je suis sûr qu'elle entendit car elle souriait.

Trop occupé à pleurer sur mon sort, je ne vis pas Dean sortir du dortoir et on se percuta suffisamment violement pour m'envoyer au tapis.

Choqué, oubliant où et surtout quel visage j'avais, je lui balançai à la figure :

« Bon sang Thomas ! Tu ne peux pas vérifier s'il n'y a pas quelqu'un derrière la porte que tu ouvres ! Ou alors c'est que tu es trop bête pour ne serait-ce qu'y penser, tous les mêmes ces Gryff… »

« Harry ! Mais qu'est-ce que tu fais par terre ? »

Voilà le rouquin qui déboulait, pour une fois, j'étais plutôt content de le voir lui, un peu plus et je grillais ma couverture. Pas que je me souciais vraiment de la réputation de Saint Potter, mais je ne voudrais pas avoir à subir un des sorts de Dumbledore, et Merlin sait ce qu'il peut être créatif en matière de sortilèges.

Me relevant péniblement, je me tournai vers mon « meilleur » ami :

« Ce n'est rien, Thom… Dean ne m'avait pas vu en sortant et il m'a carrément envoyé contre le mur. Rien de grave. »

Je fis un petit sourire au noir qui était resté bloqué sur place, comme s'il avait vu passer la vierge. Ce qui en soit, n'est pas tout à fait faux étant donné que Potter n'a jamais…

« Tu vas la fermer Malfoy ! J'en ai marre de t'entendre radoter sur le fait que je sois vierge. T'as vraiment que ça en tête ! »

« Potter, ça faisait longtemps tiens. Au moins l'avantage pour toi d'être dans mon corps, c'est que j'avais des habitudes plus…libertines. Tu pourrais être surpris de certaines réactions de mon corps à l'avenir. Si j'étais toi, je me tiendrais prêt à faire face à des situations particulièrement gênantes pour un…novice. Hahaha ! »

Un frisson me parcouru le dos, mais pas un frisson de peur ou de froid, plutôt de…désir ?

« Brrr, Malfoy, même en pensée ton rire me fait froid dans le dos… »

« Froid dans le dos ? En es-tu bien sûr Potter, ce n'est pas ce que ton corps m'a dit en tout cas… »

Un grand silence s'installa dans ma tête et je pouvais presque le voir rougir de la tête aux pieds.

« Le grand Harry Potter est gay ! Si ça ce n'est pas un scoop, heureusement pour toi que ton ami Dumbledore nous a empêché de nuire à la réputation de l'autre, sinon dès aujourd'hui tout Poudlard saurait que tu préfères les hommes. Mais ce n'est pas grave, il va juste falloir que je patiente un peu… »

« Tu es vraiment une ordure Malfoy, mais ne te réjouis pas trop vite, je trouverai bien un cadavre dans ton placard un de ces jours. »

« C'est encore une de tes expressions moldue pour dire que tu trouveras un défaut dans mon image de perfection j'imagine. Eh bien il ne me reste plus qu'à te souhaiter bonne chance, tu vas en avoir besoin. »

« Va te faire voir Malfoy, et arrête de regarder Hermione comme une conquête, elle est beaucoup trop bien pour toi. »

« Hmpf, peut-être, mais elle est aussi mon amie maintenant et plus la tienne. Au fait comment tu t'en sors avec l'apprentissage d'un langage correct ? Blaise et Pansy peuvent être charmant n'est-ce pas ? »

« Va au diable Malfoy ! »

Souriant de toutes mes dents, j'entrai dans le dortoir des lions. Comme leur salle commune, il était rouge, or et chaleureux. On était bien loin de l'atmosphère morose des cachots. Hé oui, j'avais beau être un Serpentard, vivre sept ans dans le vert, ça finit presque par vous donner la nausée.

Le rouquin passa devant moi et discrètement m'indiqua lequel était mon lit. Je dis discrètement, car Londubat et Finnigan étaient dans la pièce.

Ce fut presque avec un soupir de soulagement que je me laissai tomber sur le lit, si ça ne tenait qu'à moi, je passerai le reste de la semaine dans les couvertures en attendant que l'antidote soit prêt. Mais bien entendu, il fallait que je joue le rôle de cet hyperactif et studieux Potter. Vraiment pas de quoi se réjouir. La seule chose qui me remontait un peu le moral, c'était de me dire que Potter devait souffrir au moins autant que moi en cet instant. Las de mes réflexions, je me levai pour me rendre dans la salle de bain commune du dortoir.

« Cet idiot de Gryffondor n'a pas été capable d'être préfet en chef, du coup, je dois partager la salle d'eau, quelle plaie… »

« Hey Harry ! » m'interpella Finnigan, « n'oublie pas que tu ne dois pas utiliser la cabine de douche du fond, je ne crois pas que Dean ait fini de la réparer, alors évite de t'y installer. »

Prenant sur moi, je lui décochai un sourire et le remerciai avant de m'engouffrer dans la pièce.

Une fois seul, je pus enfin laisser tomber ce masque que je m'étais obligé à porter pour sauver la réputation de Potty. Etant devant un miroir, j'en profitais pour détailler ce visage qui finalement n'était pas si repoussant. Bien au contraire… Trop occupé à me regarder dans la glace, je ne vis pas Weasley entrer. Ce n'est que quand il parla que je sursautai et fusillai du regard son reflet.

« Malfoy, arrête donc de te dévisager, Harry se regarde à peine dans les miroirs, il va falloir que tu t'empêches de t'admirer. »

« Pour ta gouverne Weaslaid, je ne m'admirais pas, mais je me disais qu'il est encore plus moche de près. Un peu comme toi en fait. »

Retenant une insulte, il soupira de colère et ajouta :

« J'étais venu te dire que Dean ne va pas tarder à revenir pour terminer la réparation de la douche, alors si tu veux encore profiter de ta solitude, je te conseille de passer sous l'eau tout de suite. Dean est gay et a des vues sur Harry et ce dernier a toujours fait en sorte de l'ignorer et de ne jamais se retrouver seul avec lui. Donc, comme je n'ai pas particulièrement envie de me laver avec toi, mais comme je ne veux pas subir un des sorts de Dumbledore, je vais me contenter de jouer au garde du corps. Alors dépêche-toi. »

« Ça va, ça va. Pas la peine de me hurler dessus. »

J'entrai dans une cabine apparemment fonctionnelle et pendant que je me déshabillais, je continuais la conversation :

« Au fait, qu'est-ce qu'elle a cette douche pour que Thomas doive la réparer ? »

Retenant un rire à l'évocation de ces souvenirs, il me relata l'histoire :

« C'est simple, Dean ne cherche pas de relations stables, tout ce qu'il veut, c'est assouvir ses besoins sexuels. Alors le mieux, c'est encore de changer de partenaire assez souvent pour que ce ne soit pas monotone. En fait, il est comme toi, sauf que lui, c'est les mecs qui l'intéressent. »

Je ne pus m'empêcher de soupirer et de lever les yeux au ciel, ce qui n'arrêta pas le rouquin :

« Un jour il s'est ramené avec trois mecs, tous des Serpentards. Ils se sont enfermés dans la salle de bain et trop pressés ils n'ont pas pensé à mettre un sort de silence, de sorte que tous ceux qui étaient dans le dortoir ont pu en profiter. Et je peux te dire que ça a été assez violent. Je te passe les détails, je tiens à garder mon déjeuner. Enfin, quand ils se sont décidés à sortir, Dean était vraiment dans un état lamentable. Il n'a pas pu s'asseoir sans gémir de douleur pendant une semaine ! »

Là, mon nouvel ami rit de bon cœur. Au bout d'un moment, il reprit son souffle pour terminer son histoire :

« Comme Dean n'a pas été assez malin pour mettre un sort de discrétion, il ne pouvait pas nier être le responsable de l'état de la cabine de douche et pour se venger, on a tous insisté pour qu'il la répare sans utiliser la magie. Ça c'est Harry qui a eu l'idée, je crois qu'il en a profité pour occuper Dean un moment avant qu'il ne revienne à la charge. »

Rigolant sous cape, je me dis que ce genre de comportement était typiquement Serpentard. Pas si saint que ça le petit Potty. J'en fis la remarque à mon garde du corps et celui-ci eut du mal à retenir un sourire.

« En fait, on dirait pas comme ça, mais Harry est celui qui a toujours les meilleures blagues. Il sait se montrer particulièrement inventif en matière de gages aussi. Il pourrait faire concurrence à mes frères. Par moment je me demande si le Choixpeau ne s'est pas trompé… Bon, en attendant, si tu as fini de faire ta diva devant le miroir, suis-moi, on doit retrouver Hermione dans la salle commune. Elle veut encore nous traîner à la bibliothèque pour finir ce foutu devoir de potion… j'l'ai même pas commencé ! » S'exclamât-il sur un ton très théâtral. J'en aurais presque ri si ça n'avait pas été tant pathétique.

Ce devoir, ça faisait belle lurette que je l'avais fini et je suis sûr que ce feignant de Potter n'avait même pas écrit la première ligne… Prenant sur moi pour ne pas me moquer de Ron, nous sortîmes enfin de la salle de bain. Jetant un œil dans le dortoir, je constatai qu'il était vide et m'autorisai un petit sourire narquois à l'idée de devoir passer du temps ici.

Nous rejoignîmes donc Hermione dans la salle commune. Elle dut trainer son presque petit ami à la bibliothèque, il tenta même de m'amadouer en me proposant un match amical de quidditch. Malheureusement pour lui, je ne suis pas Potter et ce genre de ruse, ça ne prend pas avec moi.

Une fois installé à une table, je sortis les parchemins du sac et me mis en quête du devoir. M'attendant à ne trouver qu'un bout de papier griffonné seulement du titre, je fus agréablement surpris de trouver l'ensemble de la dissertation rédigé et prêt à être rendu en cours le lendemain.

Je fus encore plus surpris de voir que le style de rédaction et le point de vue adopté par Harry étaient des plus pertinents et des plus intéressants. Avec ce genre de travail, c'était impossible qu'il ait une mauvaise note, Severus ne pourrait pas mettre moins qu'effort exceptionnel.

Je m'en ouvris à Hermione, mais cette dernière ne partagea pas mon étonnement. Elle fut d'avantage surprise que je considère Potter comme un fainéant.

« Mais Harry est très loin d'être mauvais en cours, au contraire, il a toujours eu de très bons résultats. Tous ses devoirs, il les termine dans les temps. La seule chose, c'est que Rogue s'acharne sur lui depuis toujours et il fait en sorte qu'Harry ait de mauvaises notes. C'est d'ailleurs pour ça qu'il a beaucoup travaillé les potions, pour obliger Rogue à lui reconnaître ses efforts. »

« En ce qui concerne les potions, je veux bien te croire Hermione, mais dans les autres matières, à chaque fois qu'on a des cours communs, je vois Potter en train de dormir ou alors il gribouille sur son papier sans écouter un seul mot du prof. »

Souriant tristement, elle m'avoua à demi-mots :

« Tu sais, depuis qu'il a appris qu'il est sorcier, Harry a travaillé pour combattre Voldemort, de fait, il a suivi un entrainement particulier. Du coup, tous les sorts d'attaque, de défense, ou encore la métamorphose, tout cela il l'a déjà étudié, appris et utilisé, alors c'est normal qu'en cours il ne soit pas attentif, il s'ennuie. »

Surpris et ne pouvant empêcher ma curiosité, je demandai encore :

« Mais alors, qu'est-ce qu'il fait à Poudlard cette année ? S'il a déjà tout appris, pourquoi est-il revenu en septième année ? »

Elle hésita à me répondre, j'imagine qu'il ne doit pas lui être facile de dévoiler les secrets de son meilleur ami, alors j'ajoutai :

« Tu sais, c'est vrai que je suis curieux vis à vis de Potter, mais c'est aussi que j'y suis contraint. Si je te demande tout ça, c'est pour mieux le comprendre, pour faire un Potter plus crédible… »

Je ne sais pas ce qu'elle comprit dans ce que je venais de lui dire, mais en tout cas je vis clairement un éclair d'amusement passer dans son regard.

« Très bien, si c'est pour mieux le comprendre je veux bien te le dire alors. Il se trouve que Harry est obligé de terminer sa scolarité, autrement il n'a pas le diplôme qui lui permettra d'aller poursuivre ses études. De plus le ministre de la magie ne le reconnaît pas comme un sorcier à part entière. C'est comme si Harry était une arme dont il se serait servi pour abattre le mage noir, c'est vraiment dégradant comme image et ça lui a fichu un coup au moral quand il l'a su… »

« Je veux bien te croire, je ne l'ai jamais vraiment porté dans mon cœur, mais je dois reconnaître qu'il est un grand sorcier et que personne n'a le droit de lui retirer ça. »

Encore une fois, l'éclair traversa son regard et elle ne put retenir un léger sourire de fleurir sur ses lèvres.

« Pour te dire, il était tellement mal, qu'il a refusé de sortir de sa chambre de tout l'été. Quand Dumbledore l'a su, il est venu le voir et l'a convaincu de venir finir ses études, ne serait-ce que pour voir du monde et ne pas s'enfermer dans sa morosité. »

« Oui, mais il faut dire qu'au début de l'année il n'a vraiment pas été facile à vivre, » ajouta Ron qui écoutait d'une oreille notre conversation.

« Il a eu du mal à ne pas se sentir responsable de la mort de beaucoup d'entre nous. Aujourd'hui encore, lors des repas, les places vides lui rappellent ceux qui sont disparus. C'est particulièrement déprimant de le voir aussi déprimé, mais heureusement, ça n'arrive pas tous les jours. »

Sur ces mots, mes deux nouveaux amis replongèrent dans leurs occupations précédentes, et moi, je plongeais dans mes pensées, évaluant tout ce que je venais d'apprendre sur Potter.