Bonjour à toutes et à tous,

Cette fic me tient tout particulièrement à cœur et j'aime le rappeler. Ce fut la toute première fanfiction à plusieurs chapitres que j'ai écrit. Elle met en scène mon couple préféré Minos/Albafica.

Au début je ne faisais que des OS, je n'aurai jamais cru être capable de mener une intrigue plus approfondie et de visiter la psychologie de personnages plus affirmés. Mais j'ai aimé les faire évoluer dans l'univers que je leur ai crée.

J'ai fais du chemin depuis, mais cette histoire restera « mon bébé », ma toute première, donc une nostalgie subsistera ici, dans cet écrit.

Je la mets à jour en la corrigeant entièrement. Tous les chapitres seront – sont – remaniés.

Univers alternatif : Notre époque est le XXIème siècle. J'ai mélangé les personnages de TLC aussi puisqu'Albafica en fait parti. J'ai essayé de respecter les caractères IC mais ils pourront évoluer pendant le déroulement de l'histoire (surtout pour Minos).

Disclaimer : L'univers ainsi que les personnages de Saint Seiya appartiennent à Masami Kurumada. Et les personnages de The Lost Canvas appartiennent à Shiori Teshirogi.

Merci à toutes les lectrices, lecteurs qui l'ont lu et encore plus à mes fidèles reviweuveuses. Leurs commentaires m'encourageaient chapitre après chapitre.

Bonne lecture aux futurs lecteurs en quête de romance.

PerigrinTouque.


Chapitre 1

Un homme perfide


Minos fut tiré de son sommeil par l'alarme tonitruante de son réveil. Il n'était déjà pas homme à être agréable de nature, mais le matin était le pire. Il ne fallait pas le croiser, ni lui parler avant qu'il n'ait bu une gorgé de son café très serré.

Machinalement il regarda l'heure, six heures quarante cinq, il lui fallait du temps pour se préparer et gagner son lieu de travail. Il sortit à reculons de son lit douillet et se dirigea dans la cuisine pour se faire réchauffer une tasse de son précieux nectar. Il se grattait la tête en pensant à ce soir… Ce soir… Pfff… Quelle mascarade encore ! Il devrait se forcer à être « gentil » dans la mesure du possible, pour son amant… Oui, ce soir était l'anniversaire de leur relation. Cela faisait une année entière qu'il entretenait une liaison tumultueuse et dépravée avec son employé. Il l'avait bien évidement rencontré sur son lieu de travail. Il avait été amusé par l'air renfrogné de son subordonné, il semblait inaccessible, distant avec tout le monde. Il c'était donc donné le défi au départ de le séduire, le faire redescendre de son piédestal pour pouvoir le rabaisser plus bas que terre…

Et il y était parvenu à merveille ! Comme toujours, Minos, homme cynique obtenait tout ce qu'il désirait, que ça soit une promotion, de jolies choses, de belles voitures, un somptueux appartement, des vêtements hauts de couture et même les hommes qu'il convoitait… Minos obtenait toujours tout et ressortait seul gagnant de ces petits jeux malsains.

Il se dépêcha de boire son café pour sauter sous la douche. Sous celle-ci ses pensées vagabondèrent encore sur cette foutue soirée ! Il était bel et bien avec son amant mais pas comme ce dernier l'aurait voulu. Minos n'appartenait à personne, ni n'avait jamais éprouvé quelconque sentiment envers qui que se soit. Il possédait le corps de ses partenaires, point barre. Il ne savait pas ce que le mot « aimer » signifiait, il n'avait jamais rencontré une personne qui le fasse vibrer à s'en perdre soi même. Mais pour satisfaire sa libido, il devait être conciliant pendant toute la journée et porter une attention particulière à Rune. Donc, il devait se forcer et il détestait ça !

Une fois sortit de la douche matinale il descendit sur le parking et s'assit dans sa voiture pour se rendre à son travail. Il était juge d'instance et siégeait au Tribunal de grande instance, il adorait son métier et lui vouait une passion sans nom. Il avait bataillé comme un forcené pour arriver à son rang et se faire respecter des plus anciens. Mais il y était parvenu grâce à sa ténacité. Il était fier de sa position sociale, elle lui conférait bons nombres de privilèges. Il possédait une réputation de juge sadique, intransigeant mais juste cependant. Il gara sa berline et rejoignit son bureau au sein du palais de Justice.


Encore ce matin un monticule de paperasse débordait de partout. La journée promettait d'être longue est pénible, encore plus la soirée… Il s'activa donc à sa tâche de magistrat. Il ne vit pas son amant de la journée, trop occupé lui aussi par son devoir. Tant mieux, pensa t'il, il ne serait pas obligé de jouer des mièvreries pour rien !

« Qu'il me foute la paix jusqu'à ce soir. » On ne pouvait pas dire que se fût le romantisme qui l'étouffait, notre juge. Tout le contraire.

Le déjeuner se passa comme habituellement, en compagnie de ses confrères et amis, Rhadamanthe et Eaque juges eux-aussi. Il ne côtoyait que le gratin et des personnes haut placées comme lui. Il aimait rire et plaisanter, mais seulement avec ses amis qui pensait digne d'être vu avec lui. Oh, son humour n'était pas bonne enfant, il était sarcastique, acide, tranchant, comme sa personnalité. Mais ses compères l'appréciaient tel qu'il était. De toute façon ils avaient le même grade, ils n'avaient rien à craindre de lui ni de ses sombres colères… Ses employés s'en souvenaient longtemps, quand ils avaient à faire à une réprobation de leur supérieur. Cela faisait mal, extrêmement mal.

Ils discutèrent de tout et de rien, de leurs affaires en cours, des problèmes d'administration qu'ils rencontraient, de leurs vies, leurs sorties du week-end. C'est souvent qu'ils se retrouvaient pour faire des soirées entre mecs. Sortir dans les bars, les clubs branchés, restaurants derniers cris, vacances en tout genre. Ils étaient inséparables, et aimaient par-dessus tout comparer leurs dernières conquêtes. Il faut dire que ces trois bellâtres affolaient bien des demoiselles au palais de Justice et pendant leurs sorties. Même les hommes dans leurs soirées spéciales. Ils en jouaient, prenaient, jetaient, piétinaient les sentiments de leurs pauvres victimes… Quand on détient un certain pouvoir, on en abuse un peu trop, malheureusement.

Le sujet dévia immanquablement sur la relation de Minos.

— Je ne comprends pas pourquoi tu restes avec lui depuis un an ? T'en as pas marre, tu ne t'es pas lassé ? Il y a tant d'autres jeunes hommes à satisfaire ! s'indigna Eaque.

— Mais bien sûr que si mon pauvre Eaque. Et alors ? Je ne suis pas marié, ça ne m'empêche pas d'aller voir ailleurs ne t'inquiètes pas, répondit l'argenté.

— Ah, tu me rassures ! Pendant une minute tu m'as fait peur ! J'ai cru que tu t'étais rangé et que tu étais fidèle, railla le brun.

— Tu veux rire ? Tu m'insultes là. Non, j'aime bien rester avec Rune pour le moment… C'est une vraie chaudière tout compte fait ! Et il fait tout ce que je lui demande. Je ne vais pas me priver d'un amant pareil.

Rhadamanthe intervint à son tour.

— Oui c'est sur que c'est bien de s'amuser, mais c'est encore mieux de trouver quelqu'un pour se poser au bout d'un moment.

— Ecoutez-le moi celui là ! Tu deviens fleur bleu toi maintenant !? Tu te ramollis mon bichon ! se moqua Eaque.

— Mouais… Tu ne nous cacherais pas quelque chose toi… ? se renseigna Minos.

— Moi ? Euh… Non… Je dis ça comme ça c'est tout ! Il vaut mieux avoir un seul amant canon qu'une dizaine lamentables, vous n'êtes pas de mon avis ? se défendit Rhadamanthe.

— Si, si… Bien sûr papi. Si tu en trouves un aussi formidable, surtout présente-le moi ! En attendant je dois prendre sur moi et jouer les gentils petits-amis pour que Rune cède ce soir…

— Mais tu ne viens pas de dire que c'est tout cuit avec lui ? Qu'il fait tout ce que tu veux ? s'enquit le blond.

— Oui oui. Mais ce soir cela fera un an « qu'on est ensemble » genre… Il faut que je marque le coup, que je lui fasse croire que nous vivons un truc spécial quoi. Et je n'ai pas d'idée…

— Alors là, je ne peux pas t'aider… Moi je n'ai pas besoin de ce cinéma, je donne juste mon corps, c'est le plus beau des cadeaux pour mes mecs ! Conclut Eaque dans un rire joyeux.

Décidément son confrère népalais avait un sens de l'humour qui n'appartenait qu'à lui. Mais tout ceci ne l'aidait pas à trouver un cadeau pas trop coûteux mais marquant le coup tout de même, pour son partenaire… Et en plus il s'y prenait à la dernière minute, mais quel abruti ! Il avait tellement de dossiers à gérer encore, combien de temps cela allait-il lui prendre ? Il sortirait le dernier du tribunal à ce rythme et toutes les boutiques seront fermées. Et ciao la partie de jambes en l'air.


Il voyait l'heure qui tournait, qui tournait et qui tournait encore, et lui toujours coincé dans sa paperasse. Il fulminait de plus en plus, s'il en avait marre de ce cinéma à la noix ! Il ne pouvait tout simplement pas l'appeler, qu'il le rejoigne chez lui, qu'il s'amuse et hop après qu'il rentre chez lui ? Bordel ! Je me sers, je te jette, point ! Ce n'était pas son genre à faire tant de simagrées pour ses partenaires, mais il fallait avouer que le petit Rune se débrouillait plus que bien au lit. Qui l'eut cru ? Certainement pas lui. Sous ses airs de ne pas y toucher, en fait se cachait une vraie petite chienne en chaleur… Minos pouvait s'adonner à ses fantasmes les plus lubriques avec lui. Il ne lui refusait absolument rien ! Tellement épris de son beau juge, il concédait à toutes ses lubies, plus malsaines les unes que les autres… Minos possédait des penchants très particuliers en matière de sexe et peu de ses ex-amants tinrent le coup… Mais Rune si. Il restait, pour lui. Par amour, mais ça, Minos s'en fichait totalement. Seul comptait son petit plaisir à lui.

Il se délectait déjà des sévices qu'il allait faire subir à son soumis ce soir… Mais voyant l'heure défiler il stoppa son travail, il n'allait pas y passer le nouvel an non plus. Il sortit de son tribunal et s'installa au volant de sa voiture.

« Merde déjà dix huit heures ! Où je vais trouver un cadeau moi ? Mais pas cher du style je tiens à toi sans tomber dans le pathétique… »

Pendant qu'il réfléchissait en conduisant, il aperçut dans le quartier une boutique de fleur encore ouverte. Il fit demi-tour et se gara devant, pour voir ce qu'il pouvait trouver comme bouquet. Voilà, ça fera l'affaire, des fleurs, hop on en parle plus. En plus à cette heure-ci il n'y a plus personne, parfait.

Il entra d'un pas pressé dans cette boutique. Il questionna la jeune fille présente sur ce qu'il voulait, mais ne savait pas trop quoi prendre – les fleurs il n'y connaissait rien et s'en foutait par la même occasion. La jeune fille fut interloquée par le charme ravageur du jeune homme qui se trouvait en face d'elle.

Une allure distinguée, classe au possible, habillé d'un costume chic, noir qui faisait ressortir son teint pâle, aristocratique. Déferlait dans son dos une magnifique chevelure gris-argentée, presque blanche… Il portait des lunettes de soleil – juste pour la frime – qu'il enleva à l'intérieur pour découvrir deux prunelles grises anthracite dures comme la roche. Froides, tranchantes. Ses yeux sombres laissaient transparaître une sensation de malaise, on se sentait mal en sa présence pourtant il dégageait un tel charisme. Sa bouche, fine, étirée en un sourire complaisant, presque vicieux accentuait cette impression.

La jeune employée mal à l'aise balbutia.

— Je… Je… Je suis désolée, monsieur… Je ne suis que stagiaire… Je vais vous chercher le patron… Veuillez m'excuser, j'en ai pas pour longtemps…

Elle partie aussitôt s'enquérir de sa tache.

Minos riait intérieurement, quelle petite idiote ! Cela l'amusait de voir l'effet qu'il produisait sur la gente féminine. Elles étaient si facilement influençables, ces femmes… Elles qui croyaient pouvoir alpaguer un éphèbe tel que lui. Personne ne l'avait jamais possédé ? C'est lui et lui seul qui avait ce privilège, lui il ne se donnait à personne. Il soumettait les autres, c'est tout. Il commençait fortement à s'impatienter dans cette boutique. Comment est-ce qu'on osait le faire poireauter comme cela ?

Il trépignait de plus en plus, ne pouvant plus contenir sa colère. Il cingla d'un ton sec.

— Oh hé ! Y a quelqu'un dans ce boui-boui !? Je suis pressé !

Il entendit des bruits de cartons tomber, puis une voix calme, posée lui répondre.

— Oui ! J'arrive ! Je vous prie de m'excusez, je suis à vous.

Minos se retourna pour regarder les fleurs disposées ça et là. Quand une voix proche le fit sursauter dans son dos, l'homme lui dit.

— Pardon de vous avoir fait attendre… En quoi puis-je vous aider ?

— Ah c'est pas trop tôt… Je…

Il se retourna au même moment pour faire face au vendeur. Il ne put terminer sa phrase. La vue qui s'offrait à lui, lui cloua le bec. Cet homme qui se tenait devant lui était… Il était tout simplement magnifique, splendide ! Le cœur de Minos fit un bond malgré lui dans sa poitrine tant la vision était enchanteresse. Celle-ci se resserrait à chaque battement.

C'est le vendeur qui reprit la conversation.

— Oui, vous désirez ?

— Euh… Oui, je voudrais acheter un bouquet de fleur.

— Je vois oui, ça c'est normal vous êtes chez un fleuriste. Mais je voulais dire quoi comme fleur et pour quelle occasion ?

Cet homme osait se fiche de lui ! Quel toupet sans blague. Quel culot ! Il n'était pas con, il savait où il se trouvait. Et puis ça ne le regardait pas du pourquoi du comment. Minos rétorqua toujours avec son ton sec.

— Mais j'en sais rien moi quelle fleur ! Je n'y connais rien ! Et ça ne vous regarde pas pourquoi !

— Vous m'avez mal compris… On n'offre pas n'importes quelles fleurs pour n'importe quelle occasion… Vous n'allez pas offrir des roses rouges pour un enterrement par exemple, ça serait déplacé… Et si c'est pour l'élu de votre cœur, pareil, il y a des variétés à ne pas offrir… C'est pour ça que je vous demande, pour ne pas faire d'impair… Je ne veux pas être indiscret.

— Ah, je vois et bien c'est pour offrir ce soir en fait. Pour une occasion spéciale, je vais fêter les un an d'anniversaire de relation.

— Ah…Oui… Je vois… Je sais ce qu'il vous conviendrait… Un bouquet de roses rouges, si vous voulez je peux y inclure d'autres variétés pour faire un joli bouquet composé ?

— Et ça signifie quoi les roses rouges ?

— Les roses de la passion, l'amour éternel.

— Quoi !? Non pas ça ! Je ne veux pas lui dire ça !

Le vendeur en resta stupéfait. Que cet homme était étrange, son air hautain, son parlé sec comme s'il était un déchet, puis là il désirait offrir un présent à sa petite amie mais sans lui avouer son amour… Comme s'il n'éprouvait rien… Pourquoi se donner tant de mal alors ?

— Vous avez raison, trancha le vendeur vexé. Mes roses ne s'offrent pas n'importe comment et par n'importe qui ! Je vous prierais de rester poli avec moi monsieur ! Votre attitude arrogante m'insulte. Si vous n'avez rien à faire ici je vous prierais de sortir.

Minos en resta coi. Jamais au grand jamais quelqu'un ne lui parla sur ce ton. Il ne semblait pas charmé, ni impressionné par sa personne. D'habitude il pouvait garder son attitude désobligeante avec n'importe qui, vu qu'il possédait un sex-appeal à toute épreuve, mais là… Là cet homme en face tellement arrogant, fier, ne semblait pas plier. Il se résigna à courber l'échine pour obtenir son dû, lui Minos second juge du district.

— Pardonnez-moi, c'est que je suis pressé et j'ai peur d'arriver en retard, je n'aurais pas dû vous parler sur ce ton. Vous voulez bien me renseigner s'il vous plait ?

L'homme en face se radoucit, il répliqua.

— Mais demandez comme ceci, bien évidement cher monsieur… Alors, reprenons, vous voulez offrir des fleurs à votre petite amie mais ne pas lui avouer vos sentiments… Je ne vois pas quel genre de fleur je pourrais vous conseiller…

— Ce n'est pas ma petite ami, mais un… Et en fait… Je sors avec lui mais je n'ai pas de sentiments, voilà, donc je voudrais des fleurs simples qui n'évoquent pas l'amour éternel et toutes ces conneries.

Quel homme odieux ! Abominable ! Comment jouer autant avec les sentiments des gens ? C'était impensable de voir ça. Quel manipulateur il devait être. Le fleuriste semblait répugné. Minos le vit il s'impatienta.

— Bon, je vois que je vous ai choqué… Si vous ne voulez pas me servir appelez-moi votre patron tout de suite, je n'ai pas de temps à perdre !

— JE SUIS LE PATRON ! Cher monsieur et vous ne m'avez pas choqué, je suis ici pour servir mes clients, vous en faites parti. Je vais faire de mon mieux pour vous contenter. Attendez-moi quelques minutes, je vais composer un bouquet qui n'évoquera rien.


Le patron s'en alla de ci, de là piocher dans ses bouquets pour en créer un nouveau, il passa derrière le comptoir et s'affaira à sa tâche. Pendant qu'il était occupé, Minos lui n'en revenait pas de la verve de son interlocuteur. Il dégageait une telle assurance et une telle véhémence dans son intonation de voix. On pouvait lui concéder qu'il avait de la verve ce fleuriste précieux. Il osait défier l'homme froid en face de lui. Cela irrita Minos au plus haut point. Mais aussi cela l'intrigua fortement. Il dévisagea cet impertinent tout le temps du travail. Pendant tout cet entretient malgré son air désagréable, au fond de lui ce trouble persistait, sourd… Son cœur qui battait la chamade, une espèce de chaleur oppressante qui l'envahit, un étau qui ce créait dans sa poitrine, un sentiment de rouleau compresseur qui passait sur ses organes vitaux. Son cœur, ses poumons, laminés.

Minos ne pouvait détacher ses yeux de l'homme qui le toisait. Un simple fleuriste. « Qu'est-ce que j'en ai à faire de ce qu'il pense de moi ? Il ne représente rien. »

Le vendeur revint vers lui son bouquet à la main et le tendit dans sa direction. Tout sourire ayant disparu de son si beau visage.

— Tenez… J'espère que votre ami sera content… Malgré votre duperie.

— Merci, je n'ai pas de compte à vous rendre, surtout à un simple fleuriste.

— Non, mais ce sont mes fleurs qui vont exprimer un mensonge et ce, voyez-vous ça m'attriste, car c'est moi qui les fait pousser, elles ne sont pas destinées à servir de vils plans comme vous avez l'air de projeter. Je vous prierais de ne jamais revenir dans ma boutique dorénavant. Vous me devez quarante cinq euros et merci.

Minos vexé comme un pou qu'on puisse lui balancer ses quatre vérités en pleine face, lança les billets sans ménagement sur le comptoir et lança.

— Vous pouvez garder la monnaie et ne vous en faites pas, je n'ai pas l'intention de revenir dans votre boui-boui qui sent le patchouli ! Bonne soirée !

Il remonta dans sa berline allemande et maugréât tout le long du trajet.

« Mais quel prétentieux ce type ! Il se prend pour qui merde ? La huitième merveille du monde ou quoi ? Personne ne me parle comme ça ! Ce n'est qu'un pauvre fleuriste de bas étages, il n'est rien. Il n'a pas à me juger avec ses grands airs. Quel précieux, quelle chochotte. S'il était entre mes mains il ne ferait pas le malin… Il me supplierait d'arrêter ou de continuer, je le ferais crier comme une fille moi ! »

Il t'empesta jusqu'à l'arrivée de son appartement, il ne parvenait pas à se sortir cet homme de la tête. Il se dirigea dans sa salle de bain pour reprendre une douche réparatrice et pour se préparer à l'arrivée de Rune. Rune… Quelle poisse putain ! Son envie de le voir disparut comme par enchantement.

Il devait faire avec, peut être qu'une nuit bien agitée lui remettrait les idées d'aplomb… Après une demi-heure de préparatif il entendit la sonnette retentir, il ouvrit la porte et vit son courtisant un sourire béat affiché aux lèvres, comme l'idiot du village qui vient de trouver une sucette. Il le fit entrer et s'assit sur son canapé en allumant une cigarette. Il servit deux verres de whisky et commença à fixer son compagnon. Celui-ci se sentit gêné, même si au bout d'un an il avait l'habitude des manies de son « copain ». Cela ne le surprenait plus guère. Mais là, ce soir il le regardait vraiment bizarrement, comme s'il cherchait quelque chose dans les traits de son visage… L'œil lubrique de Minos scintilla quand il fit dans son esprit la comparaison avec ce fleuriste et son amant. Ils ne se ressemblaient absolument pas.

Rune portait lui aussi une longue chevelure blanche comme la neige, des yeux clairs, mauve, translucides où ne transparaissait pas d'émotion. Il se tenait toujours droit, avec une posture digne, rigide. Rigide comme son caractère. Il était discret, parlait peu, sérieux. Il possédait un beau visage aussi, mais pas comme l'autre… Ce n'était pas comparable.

L'autre, il en avait eu le cœur retourné tant sa finesse, sa séduction était disproportionnée. Comment est-ce qu'un homme pouvait être aussi attirant ? Bon dieu, quel homme ! Il avait une allure noble lui par contre, royale carrément. Un port de tête princier, il incarnait la grâce même. Tous ces gestes étaient un appel à l'adoration. Son visage, délicat, ses traits fins, sa bouche sensuelle, sa peau blanche… Ses yeux, d'un bleu profond comme il n'en a jamais vu avant, des iris incendiaires aigue-marine, des pierres précieuses venues du fin fond de l'océan… Ses iris rageurs qui le foudroyaient, lui.

En repensant à ses yeux il sentit un frisson de désir lui parcourir l'échine. Puis sa chevelure, lisse, tombante sur ses épaules, jusqu'à sa chute de rein… Une chevelure bleu azure comme le ciel d'été, comme les vagues d'une mer tropicale. Aussi pure… Et son parfum, si envoûtant… Minos n'en pouvait plus, malgré lui le désir le submergea d'un coup. Il ne pouvait plus contenir sa bestialité et c'est Rune qui en pâti.

Après des préliminaires plus que bâclés, son bouquet offert, quelques baisers passionnés, il le se rua sur lui, là sur le canapé. Il n'avait pas prévu de dîner romantique, ni de coupe de champagne, ni même une mise en scène romantique dans sa chambre, rien. Il le prit sur le canapé tel un furibond. L'amena dans sa chambre pour pouvoir donner libre court à ses lubies les plus tordues.

Toute la nuit Minos se déchaina sur son amant, lui procurant milles humiliations et supplices et ce, en pensant à chaque seconde à cet inconnu de la boutique de fleur. Il ne voulut pas le reconnaître mais ce type l'excitait comme jamais auparavant quelqu'un l'avait fait. A la place du visage de son ami il vit celui de l'impertinent bleuté. Il avait éprouvé un plaisir énorme en fantasmant sur lui, sa nuit avec Rune fut des plus torrides.


Au petit matin il se prépara comme d'habitude sans un regard pour son amant allongé. C'était samedi et il avait prévu quelques sorties avec ses amis, donc Rune devenait gênant. Il lui signifia son intention de sortir sans lui et qu'il fallait qu'il déguerpisse. Le pauvre amant écondui tenta de le convaincre de rester mais sans succès. Le juge implacable avait parlé, basta ! Il devait allez s'éclater le soir dans une nouvelle boîte à la mode qui venait de s'ouvrir et il avait bien l'intention de faire quelques nouvelles conquêtes…

Le samedi fut fort divertissant en compagnie de Rhadamanthe et d'Eaque. Ils se retrouvèrent pour le déjeuner dans un restaurant branché, passèrent une partie de l'après-midi à la salle de muscu, puis l'autre à une exposition d'art contemporain dans le musé de la capitale. Le soir rebelote, resto chic, bar tendance et enfin le lieu de perdition tant attendu…

Ils étaient passablement éméchés, Eaque enchainait les conquêtes sur la piste, au bar, sur les banquettes moelleuses sans même se soucier des prénoms des prétendantes qui défilaient dans ses bras. Rhadamanthe quant à lui, jeta son dévolu sur un jeune homme fort plaisant, tellement jeune, est-ce qu'au moins il était majeur ? Le juge s'en foutait royalement, parce que le petit séducteur l'aguicha le premier, il allait voir ce qu'il allait voir… Minos lui aussi passait de bras en bras. Il avait séduit deux, voir trois jeunes filles, après un bref ébat au détour des toilettes – noblesse quand tu nous tiens –, il s'enticha d'un homme désinvolte. Il était fin, le corps élancé, divinement bien proportionné. Il palpait ses fesses menues avec délectation et constata une vague ressemblance avec… Avec… Toujours le même en somme… Le fleuriste épineux.

L'homme de la boîte disposait des mêmes attributs physiques que l'autre. Une peau blanche, des cheveux en cascade bleu clair, mais ondulés. Des yeux bleus, il pouvait toucher son fantasme du bout des doigts. Mais son attitude trahissait la tromperie, parce qu'il n'affichait pas un air arrogant, fier, offusqué. Dans ses yeux ne brillaient pas la même lueur de défi… Lui était aguicheur, séducteur, superficiel, une magnifique coque vide. Mais pour la nuit il serait bien utile, pensa Minos… Il embarqua chez lui cet Apollon bleu pour une danse endiablée comme il les aimait.

Toute la nuit Minos put combler à loisir son fantasme. Toute la nuit il put toucher, embrasser, asservir, faire souffrir, faire jouir son bel amant éphémère. Il voulait se repaitre de cette présence à peu près similaire, de cette peau si douce… Posséder ce corps tentateur, s'engouffrer en lui. Encore cette fois-ci, il fit la comparaison avec l'autre, décidément cela virait à l'obsession ! Il le prit encore et encore, jusqu'à ce que le bleuté rendre les armes, épuisé.

Au petit matin, Minos se leva seul, il était parti. Il vit cependant un mot posé sur son bar dans la cuisine.

« Eh beau mâle, j'ai passé une nuit torride. Tu es un amant très doué, le meilleur que j'ai rencontré. Si tu veux remettre ça, n'hésite pas à m'appeler, mon petit nom c'est Aphrodite. Je te laisse mon num au cas où : 06… »

Il sourit, il n'avait pas l'intention de le revoir, mais au cas où… Au cas où il aurait besoin de s'adonner à sa lubie il garda le numéro de cet inconnu qui c'était offert à lui.

Le dimanche fut plus morose, il n'eut pas le cœur à sortir et il fallait qu'il se remette de sa nuit de débauche. Il resta bien sagement à la maison, l'esprit lourd, mais ne sut pourquoi… Il c'était éclaté mais il restait un je ne sais quoi d'amer. Etrange sensation.

(suite...)