le souffle de la vie
Chapitre 1
-Sakura ! Rejoins, les lignes d'attaque ! cria l'Hokage tout en exécutant une série de signe destinée à l'ennemi.
L'Akatsuki avait lancé une attaque contre Konoha. Cela durait depuis plus de cinq jours à présent. Malheureusement pour le village du feu, les derniers membres de l'organisation étaient vraiment puissants, et montraient une force encore jamais connue du monde des ninjas. Des chakras tellement sombres et sinistres que plus un son ne provenait de la nature. Seuls les cris agonisants des corps lacérés, le son des armes s'entrechoquant ou encore le cri des combattants animaient la scène. Alors que l'organisation semblait pouvoir continuer ce rythme de combat pendant encore plusieurs jours, du côté du village, le bilan était grave. Il ne restait plus qu'une poignet de shinobis toujours en vie, tentant désespérément de sauver ce qu'il restait du village. Jamais dans toute l'histoire de Konoha, une bataille avait été si importante. Les incantations et invocations fusaient de toute part. Le sol était recouvert d'un tapis humains. Des tonnes de cadavres calcinés, démembrés, pourris.
Sakura Haruno, âgée maintenant de vingt ans, savait que si son maître la sollicitait pour rejoindre la ligne d'attaque, c'était que la tournure que prenait la guerre était critique. Combien de ses amis étaient encore en vie ? Elle n'aurait su le dire. Elle ne préférait pas y penser. La douleur qu'elle ressentait pour son village à présent détrui lui détruisait les entrailles. Tous ses souvenirs, tous les endroits où elle se réfugiait, tout ce qu'elle avait vécu durant toutes ses années venait de se briser en quelques jours à peine. Comme tout les autres encore en vie, elle devait supporter la douleur d'un passé détrui. Mais tant que cet enfer ne serrait pas fini, elle mettrait toute cette douleur de côté, et se contenterait de la transformer en rage pour continuer à pouvoir se battre.
La jeune femme avait beaucoup mûri, autant mentalement que physiquement. Son visage fin d'une couleur laiteuse uniforme mettait en valeur ses yeux d'un émeraude envoûtant. Son regard dégageait un soupçon d'agressivité, démontrant une certaine assurance. Son nez fin se raccordait à la perfection à ses lèvres délicates. Ses cheveux roses étaient d'une souplesse déconcertante malgré les heures de combat et la sueur accumulée. Ils retombaient gracieusement au creux de son cou fin et agréablement dessiné. Elle se mouvait avec souplesse entre les macchabées, évitant au maximum de les enlaidir plus qu'ils ne l'étaient déjà. Son habituel haut bordeaux avait été remplacé par une veste à manche mi-longues, plutôt large, qu'elle laissait ouverte pour plus de liberté dans ses mouvements. Un simple débardeur noir couvrait son buste, dévoilant ses formes généreuses. Ses main étaient couvertes de gants noirs s'élevant jusqu'à hauteur de son coude et laissant apparaître une partie de ses longs doigts fins. Une jupe blanche fendue sur le côté droit surmontait un short noir, lui arrivant jusqu'à mi-cuisse. Elle était d'une beauté pure et sauvage, agressive et douce à la fois.
Sa vie sentimentale avait été laissée de côté, se concentrant sur ses entraînements, destinés à la rendre plus forte. Pourtant, le rapprochement qui avait eu lieux entre elle et Naruto depuis ces dernières années, prouvait qu'il y avait plus que de l'amitié entre ces deux amis d'enfance.
Ce dernier était d'ailleurs à présent énormément respecté et n'aurait pas tardé à devenir Hokage. Cependant sans village l'Hokage n'existe plus.
- Sakura qu'es que tu fais là ? cria une voie que la jeune femme ne connaissait que trop bien.
Lui aussi avait grandit. Il semblait être devenu la copie conforme du quatrième Hokage. Même carrure, même visage. Un charisme et une prestance incroyable. Une beauté envoûtante, même Sakura avait succombé à son charme.
De son côté, les conquêtes s'enchaînaient. Lui qui avait toujours était rejeté ne pouvait à présent plus combler toutes les attentes de ses prétendantes. Sa dernière conquête avait été Hinata. Devenue une jolie jeune femme, ils étaient restés ensemble deux mois. Sakura avait ressenti pour la première fois de la jalousie, sentiment qui ne dura pas longtemps puisque le jeune homme décida de rompre, considérant la brune trop ingrate envers Sakura. En effet, cette dernière n'avait pas été très agréable envers la fleur durant cette période. Tentant de la tenir loin de son homme, elle en était venue jusqu'à contrôler ses appels.
C'est Tsunade qui m'envoie !
Elle avait crié pour qu'ils puissent l'entendre tous, en évitant des parchemins explosifs, lancés par des fantômes ninjas, armée invoquée par l'ennemi.
- C'est totalement stupide, il ne reste plus que quelques médecins, s'énerva le blond.
- Dans ce cas, du côté des ninjas encore vivants, les effectifs ne doivent plus être énormes, répliqua t-elle.
Elle le vit grogner de mécontentement avant de s'élancer sur quelques assaillants. La jeune femme soupira puis fit de même. Alors qu'elle assénait un coup meurtrier à l'un de ses adversaires, elle reconnut les corps de quelques uns de ses amis. Malgré la vague de chagrin qui s'était emparée d'elle, elle ne fit rien, se reconcentrant du mieux qu'elle le put sur son combat. Elle n'avait ni le temps, ni la force de les pleurer.
Elle qui connaissait le code des ninjas par cœur était la mieux placée pour savoir que les sentiments n'ont pas leur place dans un combat comme celui-ci. Elle savait qu'ils avaient tout donner, et qu'ils étaient morts de la plus belle des manières. Ceux qui resteraient en vie après cette bataille seraient considérés comme des faibles et des lâches. Ils allaient tous mourir, elle en était sûre. Quelques optimistes continuaient à croire en leur bonne étoile. Ils allaient tomber de haut. C'était la fin, mais quoi qu'il arrive, elle combattrait jusqu'au bout, pour ses principes, pour son village, pour ce qu'elle était, pour que son nom fasse parti des plus belles histoires. Pour que les quelques villageois qui ont pu s'enfuir racontent aux générations suivantes comment Konoha était tombé, et comment les ninjas s'étaient battus jusqu'au bout pour sauver au maximum ce village natal. Oui, elle voulait que lorsque l'on parle des « derniers combattants de Konoha », son nom en fasse aussi parti.
Au fur et à mesure que le temps passait, la fatigue se faisait plus intense et la jeune femme comptait sur le bout des doigts le temps qu'il lui restait à tenir debout. Bientôt, ses réserves de chakra seraient épuisées, et elle tomberait. L'un des fantômes viendrait alors prendre sa vie, elle l'attendrait, son seul regret aura été de ne pas mourir avec Naruto. Lui devait vivre. Contrairement à elle, il avait encore tant de choses à accomplir, et la première était de retrouver son meilleur ami, son « frère ». Il y arriverait, elle en était certaine.
Elle sentait ses forces la quitter peu à peu. La terre qu'elle fissurait de plusieurs dizaines de mètres, n'allait pas plus loin que deux mètres à présent. Elle pesta contre elle-même. Elle sentait Naruto qui la surveillait. Jamais il ne pourrait la laisser se débrouiller seule. C'est sans doute ce côté surprotecteur qu'elle aimait le plus chez lui. Ce genre d'attention la comblait. Perdue dans ses pensées, et considérablement affaiblie, elle ne sentit pas l'ennemi se glisser derrière elle. Pour éviter de se prendre l'attaque en plein poumons, elle positionna ses bras en croix devant elle. Le choc fut violent et la chaire de son bras fut entaillée sur tout le long. Elle laissa échapper un cri de douleur qu'elle ne put contenir. Puis elle se sentit projetée à une vitesse folle contre un arbre. Le coup fut tellement violent qu'elle se mordit brutalement la langue. Lorsqu'elle s'effondra au sol, une douleur épouvantable déchira ses côtes. Elle sentit un liquide chaud couler le long de ses doigts. Elle ouvrit les yeux, pour découvrir une arme profondément enfoncée dans son foie. Elle aurait très bien pu se laisser mourir, mais son instinct de survie semblait vouloir la tenir en vie le plus longtemps possible. Elle procéda à une opération rapide, juste de quoi retirer l'arme. Lorsqu'elle eut fini, elle cracha tout le sang qui s'était accumulé dans sa bouche. Sa langue saignait abondement et lui causait une douleur insupportable. Elle tenta d'apercevoir son agresseur. De toute évidence, il l'avait considéré comme morte et l'avait laissé agoniser. Tant mieux ! Elle n'aura pas eu à sentir son cœur s'arracher lentement de son organisme. Car en effet, ces fantômes de l'ombre ne se battent qu'à une condition, il faut des cœurs palpitant en échange. Et en ce moment, pour eux, c'était buffet gratuit. Voilà pourquoi la plupart des cadavres n'avaient plus leur cœur.
Elle tenta de se relever. Elle finit par constater avec horreur que ses jambes ne répondaient plus. Les kunais avaient donc été empoisonnés, voilà pourquoi il l'avait laissé emporter son organe vital. Elle pesta. Si elle ne faisait pas vite, tout son corps allait l'abandonner. Si elle ne trouvait pas rapidement une solution pour créer l'antidote, elle allait y passer. Elle avait des capacités d'analyse vraiment développées, et en toute circonstance, elle savait toujours quoi faire. C'était l'une des raisons pour lesquelles elle s'entendait bien avec Shikamaru. A quelques centimètres d'elle se trouvait un rat entrain de se délecter des boyaux d'un mort qui empestait la charogne. Elle ne sentait plus vraiment cette odeur. Cela faisait plus de cinq jours qu'elle vivait avec à présent. Allongée au sol, elle composa une série de signes destinés à libérer une partie de son âme. Généralement, cette technique était utilisée pour réanimer une personne mourante au cours de missions. La jeune femme posséda le petit rongeur, vu sa taille, elle n'aurait pas de mal à le contrôler. La petite bête suivie les ordres mentaux donnés par la jeune femme. Plusieurs minutes après, il revint, traînant derrière lui une petite fiole, ainsi que quelques herbes. Elle s'empressa de libérer le petit être de son emprise et d'avaler son antidote du mieux qu'elle le put.
A présent, elle ne pouvait plus rien faire. Soit elle survivait, ou alors elle y laisserait la vie, se ferrait dévorer par les vers avant de servir d'engrais. Sa vision diminuait de plus en plus. Bientôt, elle ne distinguait plus que des formes noires et floues. Une larme perla le long de sa joue à présent crasseuse, le mélange de la boue et du sang l'avait rendu sale. Elle ne pleurait pas pour ça, non, être sale elle sans foutait royalement, à vrai dire. Étonnamment, elle avait peur. Peur de connaître ce qu'il y avait après la vie, pensant à se qu'elle ferait à ce moment si tout ce massacre n'était jamais arrivé. Elle serait sûrement entrain de lire, ou de flânée avec Naruto. Oui, il devait être près de six heures, elle serait donc au parc avec Naruto, allongée dans l'herbe, sa tête posée contre ses genoux. Elle, elle regarderait le ciel et caresserait doucement son visage.
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Une présence. Une aura diabolique, extrêmement obscure et sinistre. Un frisson parcouru son échine. Etait-elle en enfer ? Pourquoi l'atmosphère autour d'elle était-elle si lourde et funeste ? Une perle d'eau glacée éclata contre son visage. Il commençait à pleuvoir. Rapidement, elle se fit violente, mélangeant l'odeur de la mort à la charogne mouillée en décomposition. Si elle avait pu, elle en aurait vomi. Mais elle n'avait pas la force. Elle sentit la présence lugubre s'accroupir à ses côtés. Ses paupières la tiraillaient, mais elle voulait voir. Elle ne put que les ouvrir à demi. Pour seul témoin de ce paysage tragique, la lune. Elle éclairait toute la surface de combat, la pluie faisant office de larmes comme pour pleurer la folie de l'homme. Puis à côté de cette lumière, une silhouette, de carrure imposante, un homme. Comme par instinct, elle tenta dans un effort ultime de tendre son bras en direction de la forme. Elle tremblait fortement et son bras n'arrivait pas plus haut qu'à la hauteur de son ventre. Comme pour l'empêcher de produire le moindre mouvement, elle sentit une pression au niveau de son poignet. L'homme avait reposé son bras le long de son corps. Elle tenta de le détailler. Elle ne put rien voir d'autre que la forme de ses vêtements trempés. Elle eut beau froncer les sourcils, elle ne vit pas eut un sursaut de surprise lorsqu'elle sentit la main chaude de l'inconnu se poser contre sa joue. Rien que le peu de chaleur apportée lui procurait une sensation de bien être immense. Elle ferma les yeux pour profiter pleinement de cette sensation. Elle suivait attentivement chaque mouvement de sa main, son pouce passa sur ses lèvres avant de descendre vers son menton. Elle devina qu'il essuyait le sang collé à sa bouche. Elle entendait le son de la pluie s'abattre durement contre le sol. Ses vêtements lui collaient à la peau, procurant une sensation désagréable. L'homme passa l'un de ses bras sous ses cuisses tandis que l'autre glissait le long de son cou. Elle se sentit se faire soulever. La jeune femme cala sa tête contre son torse. Elle écouta les battements de son cœur. Calmes et réguliers. La dernière question qu'elle se posa fut à propos de cette homme.
Comment pouvait-il être aussi calme alors que la situation était aussi abominable ?
