Hey ! Alors je reviens avec une histoire fortement - mais alors très très franchement - inspirée d'une tétralogie dont le premier tome est Entre Chiens et Loups de Malorie Blackman.

Je l'avais lue étant plus petite et l'avais vraiment appréciée - je l'aime toujours beaucoup aujourd'hui - alors j'ai tenté de l'adapter version Harry Potter. Donc évidemment c'est un univers alternatif - mais avec de la magie quand même. Pour le moment c'est un petit OS un peu chou, sans prétention, je ne sais pas encore si je ferai une suite. Mais pourquoi pas si ça vous plaît, alors n'hésitez pas à me le dire !

La bise littéraire.


Imaginez un monde où tout est noir ou blanc. Où tout ce qui n'est pas pur est néant. C'est un monde où les communautés sorcières s'affrontent à coups de lois racistes, de bombes et d'asservissement. Un monde où Draco et Harry n'ont pas le droit de s'aimer. Pourtant..

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Un rire venait de résonner dans la véranda, suivit d'un tintement de verre.

- Oh Lily, gloussa Narcissa Malfoy, vous n'avez pas osé.

La dénommée lui répondit, tout en finissant de préparer la limonade :

- Que vous croyez ! Évidemment que je me suis permise, j'ai dit : « James, c'est la dernière fois que je passe ma soirée entière à ranger la maison ! Je suis déjà femme de ménage la journée, alors je peux t'assurer que tu vas te mettre à la vaisselle et à la lessive, sinon ton nouveau lit, c'est le canapé. »

Narcissa Malfoy pouffa de plus belle, s'emparant du verre que lui tendait la femme rousse de ses doigts parfaitement manucurés, avec l'élégance qui lui était caractéristique.

- Vous êtes courageuse, moi je ne pourrai jamais… Mais vous savez Lily, vous êtes bien plus qu'une employée pour moi, vous êtes une amie.

- Vous aussi Narcissa, affirma doucement la jeune Potter.

Lily Potter, née Evans était une sorcière née-Moldue. Elle avait donc pénétré le monde magique avec un certain handicap et c'était un euphémisme. Sa vie n'avait jamais été un long fleuve tranquille, il avait toujours fallu qu'elle bataille pour être embauchée tout en gagnant une misère et qu'elle travaille mieux que les autres pour prouver qu'elle avait sa place. Mais c'était dans l'ordre des choses, depuis toujours. Elle n'était pas la seule dans ce cas. Un sang-mêlé ou pire, un né-Moldu, pouvait se faire renvoyer pour avoir commis ne serait-ce que la moitié du quart de l'erreur qu'aurait pu perpétrer un sang-pur.

Enfin, elle n'allait pas se plaindre. Certains autres - pas tous - du même statut qu'elle tuerait sûrement pour être à sa place. Puis, elle avait de quoi vivre - une maison très modeste certes, surtout comparée au manoir Malfoy -, un époux - fainéant mais qu'elle aimait plus que de raison -, deux garçons adorables, Jules et Harry et une fille, Luna. Et cela, c'était aussi grâce aux Malfoy qui avaient bien voulu la prendre à l'essai il y a plus de six ans, et qui l'avaient gardée contre toute attente, malgré leurs préjugés sur les nés-Moldus.

Son regard dériva vers la baie vitrée où elle put distinguer Harry et Draco - le fils Malfoy - s'amuser dans l'herbe. Ils s'étaient appréciés dès la première fois où ils s'étaient vus. Ils semblaient à des kilomètres de se douter que beaucoup de choses les opposeraient plus tard et qu'ils appartenaient à deux mondes qui se vouaient une haine intarissable.

Lily soupira.

- Qu'avez-vous ? S'enquit la maîtresse Malfoy.

- Rien, je me disais qu'Harry et Draco… Commença-t-elle avant de se raviser. Non laissez.

Elles étaient « amies » certes, mais qui sait ce qu'elle pouvait vraiment se permettre d'avouer.

Un bruit retentit dans l'entrée et Narcissa se leva hâtivement :

- Ce doit être Lucius, dit-elle.

Lily hocha la tête, sans rien ajouter. Elle savait bien que le maître de maison n'était pas aussi conciliant que sa femme.

Au bout de quelques minutes où elle arrosa diverses plantes, la jeune femme entendit des éclats de voix, puis vit Lucius sortir le pas digne, mais la mine quelque peu échauffée. Elle patienta quelques secondes avant d'aller retrouver Narcissa.

Quand elle pénétra dans le hall d'entrée, elle vit cette dernière accroupit, frottant son bras qui se verrait sûrement bientôt bleuir. Lily se précipita pour l'aider :

- Mais qu'est ce qui s'est passé ? Interrogea-t-elle inquiète. Vous allez bien ? Venez vous asseoir..

Alors qu'elle aidait Narcissa, Lily sentit un regard brûlant se poser sur elle. Elle se retourna et vit Lucius Malfoy qui se tenait dans le patio, une étrange expression sur le visage.

- Tout va bien Mr Malfoy ? S'enquit-elle.

- Non, mais je suis sûr que tout va s'arranger, répondit-il posément.

Il s'assit sur le fauteuil baroque, argent et blanc cassé de l'entrée tandis que Narcissa s'appuyait contre le battant de la porte. Elle semblait en alerte, ce qui rendit Lily nerveuse.

- Vous avez passé un bon moment, si j'ai bien compris, hier, lui lança le maître de maison.

- Hier ?

- Oui, hier soir, poursuivit-il.

- Et bien, c'était très calme en réalité, répondit Lily sans comprendre.

Son regard allait de Mr Malfoy à sa femme, qui la fixait intensément. Que se passait-il ? La température dans le jardin avait baissé de plusieurs degrés et le sourire accroché aux lèvres de Lucius ne parvenait pas à dissimuler sa rage. Une boule se forma dans la gorge de Lily. Avait-elle commis une erreur ?

- A quoi vous êtes vous occupée ? Continua-t-il.

- Pardon ?

- Hier soir, insista l'époux Malfoy.

Son sourire était très amical. Trop.

- Et bien... Nous avons fait une partie de bataille explosive tout ensemble et.. Et puis j'ai lu Les Contes de Beedle le Barde à mes enfants, répondit lentement Lily.

- Une agréable soirée familiale, commenta Lucius.

Elle acquiesça. Que pouvait-elle répondre ?

Puis Mr Malfoy se leva, dénué à présent de tout sourire et se dirigea vers Narcissa. Sans prévenir, il la gifla. La violence du coup la projeta contre l'encadrement de la porte.

Lily émit un petit cri horrifié tandis que Lucius jetait à sa femme un regard méprisant avant de quitter la pièce. Elle accourut et passa doucement la main sur la joue de la maîtresse de maison.

- Vous allez bien ?

L'épouse Malfoy la repoussa durement, lui lançant un regard noir :

- Vous m'avez laissée tomber !

- Quoi ?

Lily comprit enfin, Narcissa s'était servie d'elle pour se fabriquer un alibi et avait attendu qu'elle la couvre. Elle ne put que lui servir un regard désolé, mais l'autre la fixait avec hauteur

- Allez vous-en, assena-t-elle. Ne revenez plus.

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Huit ans plus tard

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Sur une petite plage privée, deux enfants étaient assis sur le sable.

Le vent caressait les vagues d'un bleu éclatant, presque brillant. C'était la mi-août et il devait être un peu plus de dix-neuf heures. Il faisait bon. L'air était doux, loin d'être étouffant et cela donnait aux deux garçons un désir d'éternité.

POV Harry

Je faisais jouer les grains de sable entre mes doigts, creusant des petits trous çà et là, tentant de ne jamais toucher le sable plus humide qui aurait pu s'accrocher de façon désagréable autour de mes ongles. J'étais tranquille, heureux de pouvoir profiter de Draco.

Ce dernier était tranquillement allongé à mes côtés, dans son impeccable pantalon en lin blanc, dans toute sa blondeur. Sa chemise en soie, que le sable lui-même n'osait pas frôler, était un peu remontée sur son flanc gauche. J'avais toujours essayé de ne jamais me sentir mal à l'aise dans mes vieux vêtements bon marché que je tenais même souvent de mon frère Jules, mais plus le temps passait, plus cela s'avérait compliqué.

Je soupirai de façon dramatique tout en regardant l'horizon, pensant attirer l'attention de mon ami. Ce fut un échec.

- Tu ne veux pas aller te baigner un peu ? Demandai-je finalement.

Mon interlocuteur leva un sourcil aristocratique avant de répondre :

- Je n'ai pas mon maillot de bain tu sais. En plus, il commence à être tard et je ne voudrais pas que mère me fasse une crise.

Je levai les yeux aux ciel, il en faisait toujours des tonnes.

- Mais on aurait pu se baigner quand même, on s'ennuie là, ronchonnai-je.

Draco eut un sourire espiègle.

- Tu t'ennuies parce que tu n'es qu'un gamin qui ne sait pas que c'est un bonheur de ne rien faire…

- Eh calme toi, ce n'est pas parce que tu vas avoir seize ans qu'il faut commencer à ne plus te sentir.

Il rit. J'aimais son rire, clair et doux.

J'avais dit cela en me moquant, mais au fond, moi qui n'aurai que quatorze ans à la fin de l'année, je craignais que notre différence d'âge lui fasse prendre conscience qu'il existait des amis bien plus intéressants que moi. Beaucoup plus purs aussi, peut-être… Même si pour le moment, il n'en était rien, Draco nous dédiait une grande part de son temps.

D'aussi loin que je me souvenais, on avait toujours été ensemble. Quand j'étais petit, je venais souvent jouer dans son immense manoir qui devait certainement faire vingt fois la taille de notre maison. Je me rappelle comme j'adorais son interminable jardin, où l'herbe y était si verte et où le potager regorgeait de légumes et de fruits de toutes les couleurs, certains mêmes dont je ne connaissais pas le nom. J'aimais faire la course dans les vignes, et parfois en fin d'été, chiper quelques grappes de raisins qui avaient chauffées au soleil. Souvent, on s'asseyait sur la petite butte de derrière avec Draco et on faisait le concours de celui qui recrachait ses pépins le plus loin. Je me défendais bien.

Mais ça faisait bien longtemps que maman ne m'emmenait plus chez les Malfoy.

Pourtant, ça ne nous avait pas empêché de continuer de nous voir. On se retrouvait, souvent en cachette, dans des parcs ou sur cette plage. La plage privée des Malfoy où je m'étais baigné tout l'été.

J'avais quand même le sentiment que c'était de moins en moins souvent… Mais peut-être était-ce moi qui demeurais trop exigeant ? Voir Draco tous les jours ne m'aurais pas dérangé, si j'avais pu.

- Je peux t'embrasser ? Entendis-je au loin, ce qui me fit sortir de mes pensées.

Je me retournai soudainement vers mon ami, pas sûr d'avoir bien compris. S'embrasser ? Pour quoi faire ?

- Ben pourquoi ? Lançai-je avec une mimique mi-surprise, mi-dégoutée.

Draco me regardait avec un petit sourire et haussa les épaules.

- Je ne sais pas, parce que j'en ai envie, répondit-il simplement.

Ah ces ados, vraiment bizarres… Est-ce que je voudrais passer mon temps à embrasser les autres moi aussi plus tard ? J'ose espérer que non, ce serait vraiment dégoutant.

Mon meilleur ami lui, continuait de me fixer de son regard trop expressif, attendant probablement ma réponse.

- Bon ok, mais pas longtemps alors, assenai-je. Et je te préviens, tu ne mets pas ta langue !

Il pouffa un peu avant de rapprocher sa tête de la mienne, si près que je pouvais distinguer ses minuscules taches de rousseur qu'il prétendait détester. C'était étrange quand même.

Toujours allongé sur le sable, il mit sa main sur ma joue et approcha ses lèvres. Soudain, mais sans aucune brusquerie, elles se posèrent sur ma bouche et j'attendis de voir. Je n'avais jamais embrassé personne et le contact n'était pas aussi horrible que je l'avais imaginé, sa peau était douce, c'était même assez agréable. Je fermai alors les yeux.

Je sentis les doigts de mon ami se déplacer dans mon cou, caressant au passage mes mèches de cheveux un peu trop longues. Ses lèvres commencèrent à bouger et je rouvris les yeux pour tomber sur son regard gris, si intense. Il me dévisageait alors que je sentais sa bouche s'ouvrir, ce qui me fit me reculer abruptement.

- Non je t'ai dit pas de langue Dray ! Râlai-je.

- Oh aller s'il te plaît… Juste pour essayer implora-t-il.

Essayer ? Mais essayer quoi ? Il allait juste me coller sa langue au fond du gosier et me refiler des microbes à tous les coups. Je tentais un regard noir, mais en voyant sa petite moue enfantine, je sus que j'allais craquer. En même temps, il en jouait cet idiot. Ce n'étais pas juste qu'il soit aussi beau, avec ses cheveux d'ange et ses yeux onyx, on ne pouvait rien lui refuser.

- Qu'est ce que je ne ferais pas pour toi… Déclamai-je.

Draco reprit mon visage dans ses mains avant de reposer sa bouche sur la mienne. Il se mit à faire des petits ronds sur la peau de mon cou avec ses pouces, ce qui était plutôt relaxant. C'est vrai que tout bien réfléchis, le baiser me plaisait, mais c'était sûrement parce que c'était pour Draco que je le faisais.

À nouveau, sa bouche s'entrouvrit et je sentis une masse chaude et humide effleurer ma lèvre inférieure. Son toucher m'envoya quelques frissons, je sentis Draco rapprocher son corps du mien. Sa langue caressait mes lèvres, semblant chercher la mienne comme si elle avait fait ça toute sa vie. Je n'étais pas très sûr de moi, mais comme c'était quand même bon, j'osais laisser ma langue rencontrer celle de mon meilleur ami, qui poussa alors un petit soupir de contentement.

Au bout d'une minute ou deux, je me reculai quand-même, rouvrant mes yeux qui tombèrent sur des joues rosies.

- Aller c'est bon maintenant, tu vas me passer toutes tes bactéries buccales, marmonnai-je un peu fébrile.

Il me sourit, posa sa main sur ma tête et frotta doucement mes cheveux. Il avait quand même l'air heureux. Tant mieux.

- Un Malfoy est tout ce qu'il y a de plus pur. Ne t'en fais pas, tu es clean, ironisa-t-il.

Ensemble, on avait l'habitude de plaisanter sur l'opposition entre les sang-purs et les sangs-mêlés - et les nés-Moldus - qui régissait notre réalité. On blaguait comme si on était au-dessus de ça, loin de cette guerre latente. C'était se bercer d'illusions, mais ça nous offrait un peu de recul, un coin tranquille où l'on pouvait profiter l'un de l'autre.

Mais ça aussi, plus on grandissait et plus ça devenait difficile à faire.

Je croisai son regard et vis que ses pensées devaient se rapprocher des miennes.

- On a qu'à marcher un peu sur la baie si tu veux crevette, avisa Draco.

- Tu avais promis d'arrêter de m'appeler comme ça, en plus c'est ridicule, je te signale que je rentre au lycée à la rentrée, raillai-je.

Oui, à peine quatorze ans et déjà lycéen. J'avais toujours été précoce et on m'avait fait sauter deux classes, pour le meilleur et pour le pire. Jusqu'à aujourd'hui, je n'avais jamais été réellement stigmatisé par mon sang, le collège où j'allais étant principalement peuplé de sang-mêlés. Malheureusement, j'appréhendais beaucoup ma rentrée en seconde. En effet, étant un élève prometteur, j'avais reçu une bourse qui me faisait intégrer le lycée de Draco. D'abord fou de joie, on m'avait vite rappelé que c'était un bahut qui n'accueillait quasiment que des sang-purs…

- Ça marche, crevette.

Il se leva nonchalamment et donna un petit coup de pied dans le sable mouillé qui s'étala sur mes vêtements, aussi vieux soient-ils. Puis, il me tira la langue et partit en courant vers la mer comme le gosse qu'il restait à bientôt seize ans.

J'avais toujours eu la sensation, malgré le fait qu'il soit de deux ans mon aîné, d'être aussi - voire plus - mature que lui. Peut-être me trompais-je, mais je pensais que l'environnement dans lequel j'avais évolué faisait grandir les enfants plus vite que la tour de verre qui avait abrité Draco du monde extérieur pendant toutes ces années.

Je m'empressai quand-même de le rejoindre en trottinant.

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Après une petite heure de promenade, de jeux sur le sable et de tentatives de plaquage, Draco me dit qu'il devait vraiment rentrer. C'était drôle parce c'était davantage moi qui devais respecter une heure pour le dîner. Mais c'était toujours lui qui mettait fin à nos escapades.

Je le raccompagnai donc sur le chemin - trop court - avant de voir se dresser devant nous les grilles du manoir. Ces grilles me mettaient mal à l'aise. Elles étaient trop grandes, trop infranchissables, comme pour me rappeler à quel point je ne pouvais pas faire partie du monde de Draco. Je ne me souviens même plus de l'époque où j'avais pu les franchir en enfant libre.

Draco ne comprenait pas toujours mes réticences, il ne voyait pas tout. Il n'admettait pas qu'on puisse être si opposables, il choisissait de l'ignorer. Mais c'était facile d'ignorer quand on avait tout.

Je lui fis un signe de la main et me retournai vite avant de le voir pénétrer dans son jardin. Je n'aimais pas qu'il me quitte, je préférais le quitter d'abord. Je me mis alors à dévaler l'escalier étroit tapissé de mousse, pour repasser derrière sa demeure et atteindre la forêt. J'en avais au moins pour une heure de marche puisque nous ne vivions pas - mais alors vraiment pas - dans les mêmes quartiers.

Mais ce n'était pas grave. C'était normal. C'était Draco et moi, c'était nos après-midi. C'était ce qui rythmait ma petite vie, mon quotidien terne de sang-mêlé. C'était ce qu'il y avait de plus constant dans l'inconstance. C'était ce qui durerait. Pas vrai ?


Bon voilà, j'espère que ça vous a plu ! Ceux qui ont lu le livre reconnaitront bien. En tout cas, j'ai beaucoup aimé l'écrire !