Le temps était sec et chaud dans le village Crypton. Les plantes des alentours formaient une harmonie à l'unison lorsque le vent venait tourbilloner dans ces dernières. Les cigalles ne se faisaient pas entendre - il ne faisait probablement pas encore assez chaud - mais c'était cependant une belle journée digne d'un printemps peu capricieux. Le village était calme et pour cause, les plus jeunes se trouvaient à l'école tandis que les plus vieux étaient aux champs. C'est dans cet univers si calme, apaisant et unique qu'une certaine jeune fille se reposait sur le toit de son lycée. Alors qu'elle était alongée sur un banc du toit, les bras croisée derrière sa tête, fredonnant quelques notes de musiques, le vent fit virvolter ces cheveux pastels dans tous les sens. Cela ne la dérangait pas le moins du monde, au contraire le vent ne la faisait que se sentir mieux en symbiose avec son environnement si relaxant et paradisiaque.

Le charme fut rompu lorsqu'une brunette furibonde ouvrit la porte du toit d'une manière si fracassante que le bruit que la porte fit en percutant le mur résonna profondément dans cette athmosphère auparavant si calme. La fille s'avanca rapidemment vers l'autre en grommelant diverses injures plus ou moins vulgaires montrant ainsi son stade d'énervement.

« - Qu'est-ce que tu fous à encore pioncer sur ce putain de toit présidente ! gueula la jeune brune énervée, tandis que la plus grande ouvrait à peine les yeux pour examiner son interlocutrice.

- Pourquoi devrais-je te répondre alors que tu ruines mes moments de calme qui me sont si rares, répondit l'adolescente allongée, imperturbable »

L'autre fille l'était en revanche beaucoup moins et les couleurs lui montaient au visage, symbole de son haut niveau d'énervement comme prête à exploser. Elle n'explosa cependant pas - et heureusement - mais sa colère était telle qu'elle continua à hurler son mécontentemrnt sur la fille qui se tenait allongée devant elle.

« Pourquoi ?! Pourquoi, dis-tu ?! Tu rates les réunions du conseil, tu ne te présentes pas aux déjeunés des élèves, et tu oses demander pourquoi ?! Cria la brunette qui en avait visiblement assez. »

La plus grande finit par s'asseoir sur le banc puis tourna la tête dans la direction de la plus jeune d'un air sérieux sans cependant croiser son regard.

« En te voyant si faible, nous crions en coeur aller debout monstre sans valeur...murmura la fille aux cheveux pastels. »

Elle leva les yeux vers la plus jeune et d'un ton ferme lui prononça ces quelques mots :

« Laisse moi Meiko, personne ne me contrôlera, personne ne me manipulera, ni même toi. »

Ayant prononcé ces mots, la grande fille se leva pour se diriger vers la porte du toit, s'engager dans la cage d'escalier et rejoindre la salle du conseil.

En effet la cage d'escalier reliait les couloirs des classes au toit, et le toit à la salle du conseil des élèves. Cette dernière était située dans la tour de l'horloge du lycée et était le plus haut point accessible du bâtiment. La salle du conseil était large et bien décorée. Tout d'abord, un magnifique tapis rouge ornait l'entrée de la salle, juste derrière une grande porte en ébène. Deux grands canapés spacieux en cuir étaient situés au milieu de la salle, l'un en face de l'autre, et séparés par une table basse en verre ornée d'un dessus de table en dentelle. Sur les bords de la salle on trouvait, à gauche, diverses armoires destinées au rangement des archives et des documents utiles au conseil, puis, à droite, une table avec le nécessaire d'accueil pour pouvoir servir un quelconque invité dans les règles de l'art. On y trouvait un set à thé, une cafetière, de la verrerie, et un évier pour laver la vaisselle. Enfin, au fond de la pièce se trouvait le bureau du Président du conseil. Un drapeau était disposé à côté représentant l'emblème du lycée, une fleur de lys entourée par des fleurs de cerisier. La lumière entrait dans la pièce grâce aux vitres derrière le bureau. Pour finir, une porte fenêtre était située sur la droite de la salle afin qu'on puisse accéder au balcon donnant sur l'ensemble scolaire.

C'est dans cet univers proche de la définition même des deux mots "parfait" et "travail" que Megurine Luka, troisème année au lycée Yurinosakura, et Présidente actuelle du conseil des élèves, pénétra.

Point de vue, Megurine Luka.

Que faire de cette société, de ce poste, et même de ce monde qui m'entoure ?

Les élèves de ce lycée sont tous les même. Ils attendent patiemment que quelqu'un vienne les nourrir, tel un oisillon attendrait sa mère.

Pourquoi avait-il fallu, par toutes les coïncidences possible dans ce bas monde, que mes parents fussent se qu'ils sont? Personne n'a jamais entendu parler au moins une fois de la "grande" famille Megurine. Luki Megurine était un grand homme d'affaire multi-milliardaire ayant fait forturne dans l'import/export de divers matériaux, et avait fait construire un lycée afin d'y mettre à sa tête sa femme, Miki Megurine, et y assurer l'enseignement de leur fille, moi, Luka. J'étais l'héritière, et il était alors naturel que je sois initiée à tout, de l'arrangement floral aux cours d'économies en passant par la musique. Les gens me qualifiaient de génie, de fille exceptionelle aux talents incomparables. Je devais me présenter à toutes les fêtes que mon père organisait lorsqu'il inaugurait un nouveau produit ou une nouvelle méthode de forage, de transport sécurisé... Ainsi en grandissant en "petite fille parfaite", les gens me respectaient, et je fus nommée à la tête du conseil des élèves le jour de mon admission en première année. Depuis, certaines m'admirent, d'autres me detestent. Je suis Megurine Luka ou également "La Princesse Intouchable", surnom que mes admiratrices utilisent pour s'adresser à moi.

Je m'approchais de mon bureau, celui du Président, et fracassa mon point contre sa surface. Comment était-il possible que je sois élu à l'unanimité Présidente du conseil et ce, le premier jour de ma vie au lycée. J'étais certaine que mon père s'était débrouillé pour falcifier les résultats de cette soit disant élection. Deux ans après le sujet me faisait toujours enrager.

«Influence familiale pourrie, pensais-je à haute voie »

Que savaient-elles de moi au fond, toutes ces personnes qui étaient ma convoitise ? Ce rendu extérieur, ce masque magnifique que mes parents m'avaient donné à ma naissance me disant tout bas "Une Megurine tu seras, énormément tu souffriras", qu'était-il pour eux, au fond ?

Je m'écroulais intérieurement et je devenais de plus en plus négative. Cette bulle dans laquelle je m'enfermais se resserrait de plus en plus sur moi et m'oppressait. Meiko avait raison, je ne faisais presque plus rien pour le conseil.