Chapitre 1 : Une boulette de papier

En entrant ce soir là dans la grande salle, Scorpius Malefoy comprit plusieurs vérités qui, sans bouleverser sa vie à jamais, allaient du moins bien changer le regard qu'il portait sur le monde. En effet, à peine avait-il mis les pieds sous le ciel magique illuminé de bougies que le garçon remarqua les yeux insistants de ses camarades. Des murmures avaient envahi la salle, emplissaient à son approche avant de se taire si Scorpius se trouvait assez près pour les entendre. Quelque chose clochait. Bien sûr, le garçon avait l'habitude d'être observé (et même décrié) par les élèves des autres maisons, mais cela ne le bouleversait pas le moins du monde. Cependant, en s'asseyant il reçut une boulette de papier ce qui constituait une première, car s'il avait l'habitude d'être dénigré par ces imbéciles de gryffondor, Malefoy junior était à l'instar de son père suffisamment craint pour que les attaques en restent à des messe-basses.

La rage l'envahit, froide et capiteuse. Il releva la tête à la recherche de son agresseur mais tous les regards étant braqués sur lui, il ne put en déceler un plus coupable qu'un autre. Par quelle plaisanterie s'autorisaient-ils tous à lui manquer de respect en le foudroyant unanimement du regard ? La première vérité qui s'imposa à Scorpius fut de se dire qu'il n'avait peut être pas été des plus judicieux de céder à la facilité de ressembler à son père. D'autant plus que la guerre avait suffisamment changé ce dernier pour qu'il tente d'imposer une éducation plus respectable à son fils. Peine perdue, Scorpius avait davantage passé de temps à traîner avec des amis lui contant la réputation des Malefoy à Serpentard, et plus largement dans tout Poudlard. Et cela n'était-il pas nettement plus amusant que de suivre les préceptes de bonne conduite imposés par son père ?

Après une moitié d'année relativement calme, Scorpius était devenu le petit diablotin fidèle à la mémoire familiale. Il aurait été puéril de penser que la guerre et ses douleurs n'ait pu calmer la haine entre les Malefoy, les Potter et les Weasley. Toutefois on ne pouvait nier qu'un certain mépris subsistait malgré toutes ces années et ainsi Scorpius avait souvent entendu les rouquins critiqués au sein du Manoir. Comme une bonne partie des Serpentards, Scorpius ne louait pas les mérites de Harry, ni même n'évoquait son rôle dans la destruction du mage noir. Ces histoires, volontairement mises sous le tapis, restaient à la discrétion de leurs pères qui regrettaient d'avoir toujours la marque en signe distinctif dans leur vie de tous les jours, mais pas assez pour se réjouir tout à fait de la chute de Voldemort.

La seconde vérité apparut à Scorpius en ouvrant la boulette de papier qu'il avait reçu. Une lente sueur froide lui coula le long du dos, ses oreilles bourdonnèrent. Quelque chose le traversait, qu'il ne sut pas directement identifier, n'y ayant jamais été soumis. De la honte. Étroitement mêlée à la peur égoïste qu'un autre que lui puisse lire ce qu'il y avait marqué sur la feuille froissée.

Mais lorsqu'il releva la tête une fois encore, les joues rouges et les yeux exorbités, Malefoy se rendit compte de la cruelle vérité : tout le monde avait lu le papier. Et tout le monde le regardait avec la même expression à la fois horrifiée et pleine de curiosité.

Se replongeant dans l'effroyable lecture, Malefoy rumina la vérité qui s'imposait à lui : la célébrité était une chose pathétique et il aurait du l'éviter lorsqu'il en avait l'occasion. Sans ses frasques, jamais ce bout de papier n'aurait pu réellement l'impacter.

La dernière vérité qui s'imposa à lui fut peut être la plus difficile de toutes : il fallait reconnaître que les moldus avaient de l'imagination... Scorpius déglutit avec toutes les peines du monde cette abominable révélation. Pire encore : il devait en faire part à son père. Et s'il pouvait être sûr d'une chose, c'est que Drago Malefoy prendrait très mal l'affront qui lui était fait.

Prenant le peu de courage qu'il avait (définitivement, prendre les traits de son père n'avait pas été une de ses plus brillantes idées), Scorpius quitta la Grande Salle le plus rapidement possible pour se diriger vers la volière. Alors qu'il marchait, l'idée le traversa de simplement brûler le papier. Une fois encore il parcourut les premières lignes.

Dramione Fanfiction rating M /!\ contient lemon et violence, pas pour rire !

Le reste de la lecture était au dessus de ses forces.