Chapitre 1 :

Sa vue se troublait au fur et à mesure que sa respiration saccadée accélérait. Des gouttes perlaient sur son front, dégoulinant le long de ses tempes. Plus les secondes passaient, plus l'oxygène venait à manquer. Plus il respirait, plus il avait l'impression de s'étouffer. Il entendait des bruits de pas, du mouvement autour de lui mais était dans l'incapacité de réagir, position de faiblesse ultime qui lui était si rarement arrivée de subir...

La dernière fois que cela se produisit, n'étant alors âgé que d'une douzaine d'année, il était tombé gravement malade. A cet époque, seul rescapé avec Hashirama de sa fratrie, il avait du de nouveau lutter pour exister. Seulement cette fois, l'ennemi ne provenait pas d'une menace externe, elle était en lui. Il ne se rappelait que de peu de choses, de cet épisode après les quelques années qui s'était écoulées. Il revoit le visage halé de son frère penché sur lui, ses prunelles foncées teintées d'une angoisse sans fond, cachée derrière son regard bienveillant qui le caractérise tant. Il faut dire que son aîné n'a jamais été bon menteur, la preuve étant que ses petits rendez vous avec l'autre Uchiha n'avait pas demeuré longtemps clandestins.

Toutefois, Tobirama savait à quel point son frère tenait à lui. Il l'avait, à l'occasion de cet épisode malheureux, veillé nuit et jour, de sorte qu'une fois rétabli on se demandait lequel d'entre eux avait réellement été malade. Par la suite, il avait appris fortuitement, que leur père avait intimé l'ordre à Hashirama de demeurer loin de lui, de crainte de perdre ses deux fils, du fait du caractère viral de la maladie. Il avait esquissé un sourire en découvrant cela, son idiot de frère ne changerait donc jamais. Enfin …

C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il se retrouvait dans cette situation actuellement. A force de vouloir fonder les alliances pour promouvoir son monde de paix, Hashirama avait négligé un détail d'envergure : l'insatiable soif de pouvoir qui caractérise les hommes. Ainsi, le clan Aburame avait entreprit une attaque de nuit, sans doute sous la tutelle de ces maudits porteurs de Sharingans, trop heureux de pouvoir envoyer d'autres affaiblir leurs sempiternels ennemis. En l'atteignant lui, le second du chef du clan Senju, ils avaient réussi leur entreprise.

Leur groupe, bien que comportant quelques rares guérisseurs, n'avait que peu de ressources dans des cas d'empoisonnement, notamment ceux où étaient impliqués une espèce rare parmi les insectes que contrôlait les Aburame, les ōsuzumebachi. Bien que ceux là fussent de grosses tailles et visibles, et de ce fait, des cibles facilement éliminables pour tout bon shinobi qui se respecte Tobirama avait eu l'occasion de s'apercevoir de l'incohérence de cette description avec ceux qui l'avait attaqué. Il s'agissait davantage de sorte de guêpes certes, mais de couleur foncée et bien plus véloces et petites. En revanche, il leur reconnaissait leur efficience. C'est d'ailleurs ce qui lui avait fait penser à une manigance des Uchiwa. Toutefois, il devait admettre que la méthode était efficace : en quelques heures, Tobirama se trouvait à l'article de la mort.

L'agitation autour de lui semblait s'être calmé. Peut être avaient-ils abandonné l'idée de pouvoir le sauver ? A moins que ce ne soit lui qui, doucement, soit arraché au monde des vivants, les sons lui parvenant de moins en moins de l'autre côté du voile. Quelque part, il voulait se battre, continuer de fouler la terre en compagnie de son imbécile de frère. Il fallait quelqu'un pour veiller constamment sur lui, et malgré ses nombreuses remarques, plus ou moins acerbes, l'estime, la loyauté et l'affection qu'il éprouvait à l'égard d'Hashirama étaient indiscutables. Malheureusement, à son sens, son frère, lui, avait trop tendance a confié sa vie les yeux fermés, trop emplit d'assurance en l'humanité. Tobirama ne le trahaïrait jamais mais qu'en serait-il de quelqu'un moins proche ou mal intentionné ?

Le jeune homme déglutit difficilement en écho à cette pensée, cette peur. Il est vrai qu'il ne l'avouerait jamais de vive voix, mais cette idée le terrifiait, en réponse à quoi Tobirama s'appliquait à être méfiant et stratège pour deux, envers le reste du monde. Enfin … en temps normal, quand il pouvait bouger et n'était pas mourant.

D'autre part, la perspective de rejoindre le reste de sa famille, et surtout de ne plus être constamment dans la crainte d'une atteinte à sa vie était alléchante. Le bléssé esquissa un sourire en coin. Manifestement … la fièvre commençait réellement à le faire délirer.

Une main le secoua fermement. Après un effort qui lui parut surhumain, Tobirama ouvrit difficilement les paupières. La lumière lui brûlait les yeux, qu'il plissa. Le visage d'Hashirama était planté à quelques centimètres du sien, il vit ses lèvres bouger :

- « Fais pas … Va aller … Elle … chercher des plantes »

« Elle ? ». Il ne comprit pas de suite. Tobirama sentit que d'autres personnes pénétrait dans la pièce où ils étaient. Le mourant tourna péniblement la tête, et ses yeux croisèrent des prunelles émeraudes. Il lui fallu quelques instants pour reconnaître de qui il s'agissait : la fille aux cheveux roses qu'il avait croisé juste avant l'attaque.

Soudain, il sentit des mains se poser sur lui et le maintenir de façon ferme.

- « Calme toi … Elle … pas hostile ... »

Visiblement, il avait du s'agiter, pour que son frère l'entrave physiquement. Il repensa au fait qu'encore une fois, son aîné faisait confiance à une inconnue, sauf que ce coup-ci sa vie elle même se trouvait subordonnée à ce choix. En même temps, cette fille, bien que sortant de nulle part, et par ''coïncidence'' se trouvant dans les environs lors de l'assaut (rien que pour cela Tobirama était déjà plus que suspicieux), était au milieu de leur clan. Le moindre geste suspect serait aussitôt sanctionné.

La fille aux cheveux rose se rapprocha. Elle releva ses manches et ses mains s'illuminèrent d'un chakra vert, disposées pour le moment à une distance raisonnable de son abdomen. La jeune fille, tourna la tête :

- « Je vais commencer par … ne pas bouger … douleur … plusieurs jours ».

Tobirama crut entendre la voix de son frère, mais n'y prêta pas plus d'attention. De toute façon, les bribes de mots qu'il lui parvenaient n'étaient pas suffisants pour comprendre l'intégralité du message, bien qu'il fut le premier concerné.

C'est sur cette réflexion, qu'une douleur le traversa de part en part. Il retint un gémissement et nota, l'augmentation de la pression qu'on exerçait sur son corps.

Décidément, cette journée allait être compliquée ...