Titre : Le dernier Horcruxe

Résumé : 1992. Harry Potter meurt assassiné par Lucius Malfoy. 20 ans plus tard, des rumeurs courent : le Survivant aurait été aperçu dans les rues du quartier magique de Londres. Qui est cette personne ? Et quel est son lien avec les divers meurtres qui sévissent à Londres ?

Disclaimer : L'univers d'Harry Potter appartient à JKR. Je ne prétends à rien en réutilisant ses personnages.

Nombre de chapitres : 9

Nda (pour ceux/celles qui lisent les blabla d'auteur.e.s) :

Me revoilà avec ma toute première longue fiction ! Elle est bien évidemment terminée, donc pas de risque d'abandon. Je publierai un chapitre par semaine :)

Pour la petite anecdote, j'ai longtemps pensé que cette histoire ne dépasserait pas les 5000 mots et que je publierai un OS… Arrivé à 25 000 mots il a bien fallu que je me rende à l'évidence : ce n'était plus un OS. Et elle est maintenant plus proche des 50 000 mots. Un record pour moi !

Voilà, je m'arrête ici pour le blabla..

Bêta : Merci à AudeSnape et EpsilonSnape pour leur relecture :) Vous avez empêché à de nombreuses incohérences de survivre ! Z'êtes des amours !

Bonne lecture à toutes et à tous :)

Chapitre 1

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1992

§ § §

Un rayon vert, reconnaissable entre tous, éclaire les couloirs de Poudlard.

Albus Dumbledore se lève subitement de sa chaise, une rare lueur de terreur dans les yeux. À grands pas, il sort de son bureau. À quelques mètres de lui, Lucius Malfoy, la baguette levée, les traits déformés par la rage. Aux pieds du blond, Dobby l'Elfe de Maison, les yeux écarquillés par la peur. Aux pieds de Dumbledore : le corps inerte d'un jeune étudiant, son regard est vide.

Harry Potter vient de mourir.

§ § §

2012

20 ans plus tard

§ § §

- Maman ! C'est qui sur la photo ? Avec tonton Ron et toi ?!

La femme que l'enfant venait d'appeler "Maman" lâcha le torchon qu'elle avait dans les mains et attrapa la photo que tenait le garçon. Un sourire triste s'afficha sur son visage. Elle passa ses doigts sur le papier jauni, effleurant le visage du garçon brun assis entre Ron et elle. Une unique larme roula sur sa joue. Elle l'essuya et rendit la photo au garçon avant de le prendre dans ses bras.

D'un pas tranquille, elle se dirigea dans le salon. Là, elle s'assit sur le canapé, le petit Théo sur ses jambes. D'un coup de baguette elle fit venir à elle un album photo. Elle marmonna quelques mots et celui-ci, de prime abord vert, devint aussi rouge que le sang. Elle passa une main sur le revêtement de cuir. Cela faisait tellement d'années qu'elle n'avait pas ouvert ce vieil album. La dernière fois, elle devait être enceinte de Théophile, il y a six ans. Elle tourna la première page, et son fils, qui jusque-là était resté immobile et silencieux, comprenant qu'il se passait quelque chose de très important, pointa une nouvelle photo du doigt.

- C'est lui là ?

Elle hocha silencieusement la tête. Ils passèrent quelques minutes à tourner les pages de l'ouvrage et les seuls sons qui se faisaient entendre venaient du petit Théo qui, de temps en temps, poussait des exclamations en reconnaissant sa mère ou son oncle sur une photo. Quand ils tournèrent la dernière page, l'attention d'Hermione revint sur la photo que tenait son fils. Elle plongea son regard dans les deux orbes vertes rieuses.

- Alors ? C'est qui ?

- Il s'appelait Harry. Harry Potter, répondit tristement la jeune femme. On était ensemble à l'école. Tonton Ron, lui et moi, nous étions devenus amis dès notre première année.

Elle se tut, cherchant les mots adaptés pour un enfant de six ans.

- Harry.. Harry n'avait pas eu une vie facile. Il vivait chez des gens horribles et ne savait pas qu'il était un sorcier. Quand il est arrivé dans le monde magique, il a fait la rencontre de la famille de papa et il est immédiatement devenu ami avec tonton Ron. Un peu plus tard dans l'année, je suis aussi devenue leur amie, après qu'on eut battu un troll ensemble.

Le garçon regarda sa mère avec les yeux d'un enfant qui découvre son héros.

- Vous avez battu un troll, un vrai de vrai ?

- Oui mon chéri, un vrai troll.

Un sourire orna ses lèvres à ce souvenir. Elle se rappelait encore très bien l'air gauche de son meilleur ami qui tentait un Wingardium Leviosa pour faire voler la massue de la créature. Elle rit franchement en se remémorant l'issue du combat.

- Ton oncle a assommé le troll pour me sauver. Mais un tout petit peu avant, Harry, dans un geste sûrement désespéré, avait enfoncé sa baguette dans son nez. Elle était recouverte de morve de troll quand il l'a récupérée.

Son fils fronça le nez de dégoût et fit entendre un beurk bien senti. Hermione rit de nouveau et ébouriffa les cheveux de son petit roux. Mais son visage redevint rapidement sérieux.

- Mais Harry avait des ennemis, aussi jeune fut-il. Tu sais mon chéri, il y a dans le monde des gens vraiment, vraiment très très méchants. Et le plus méchant de tous s'appelait Voldemort. Voldemort pensait que tous les gens qui avaient des parents moldus ne méritaient pas leur pouvoir magique. Alors un jour il a décidé de.. tous les faire disparaître.

Hermione fit une pause dans son récit, s'assurant que son garçon suivait toujours.

- Mais un jour, une sorcière fit une grande prédiction : un petit garçon allait naître. Et il serait capable de battre Voldemort. Après cela il se passa beaucoup de choses compliquées, et le petit garçon se retrouva orphelin. Sans papa. Ni maman.

Elle fit de nouveau silence et se perdit dans ses pensées. Ses propres parents avaient failli mourir quelques années auparavant d'un accident de gaz, et elle en gardait un souvenir atroce. Une main fraîche sur son visage la ramena au présent. Deux grands iris bleus l'observaient.

- Le garçon… c'était Harry ?

Hermione hocha la tête.

- Oui, c'était lui. Par un miracle, ou peut-être seulement par magie, Voldemort n'avait pas réussi à faire disparaître le bébé qu'était Harry. Et c'est lui, le méchant, qui disparut. Bien des années plus tard, à cause de cela, Harry avait des ennemis très puissants. Des gens qui ne l'aimaient pas, des gens qui avaient aimé Voldemort.

- Mais ! l'interrompit Théo, ils aimaient le méchant ?

Sa mère sourit devant tant d'innocence.

- Oui mon chéri. Ils préféraient le méchant. Et parmi ces gens, il y avait Lucius Malfoy, grand serviteur de Voldemort. Un jour, sans que personne ne sache pourquoi, il…

Hermione retint les larmes qui lui montèrent aux yeux. Elle se racla la gorge.

- Il.. il fit disparaître Harry. C'est pour ça que tu ne le connais pas mon chéri. Il avait douze ans quand c'est arrivé.

§ § §

Hermione était installée dans le canapé, songeuse, une tasse de chocolat chaud dans les mains. Son fils était retourné jouer dans sa chambre. Il était resté silencieux un premier temps, comprenant que ce que lui avait raconté sa mère était important mais sans vraiment savoir pourquoi, puis son jeune âge l'avait rattrapé et elle entendait désormais des cris joyeux à travers les murs de la maison. Elle sourit en l'imaginant jouer aux pirates, un bandeau sur les yeux et une vieille baguette inutilisable en guise d'épée. C'était mieux ainsi. Il y a certains poids de la vie que les enfants ne devraient jamais avoir à porter. Elle resta un moment sans bouger, plongée dans ses pensées. Ce fut une voix joyeuse qui la sortit de son état morose.

- C'est moi ! Papa est rentré !

Un nouveau sourire, franc cette fois-ci, vint orner le visage de la brune. Elle entendit les petits pas de son garçon qui courait rejoindre son père et se leva pour les retrouver. Tout va bien, se dit-elle en voyant les deux hommes de sa vie jouer dans l'entrée. Un jour Théophile comprendrait réellement qui avait été Voldemort et qui avait été Harry Potter. Mais pas aujourd'hui. Elle s'approcha des deux roux et embrassa son mari.

- Bonjour toi. Comment s'est passée ta journée ?

Fred lui offrit un grand sourire avant de commencer à lui raconter sa journée. Il fit grimper son fils sur ses épaules et, tous les trois, se dirigèrent vers le salon.

Oui.

Tout allait bien.

§ § §

2013

§ § §

La Gazette des Sorciers

« LE SURVIVANT NE SERAIT PAS MORT ! »

Selon diverses sources, un homme pour le moins ressemblant à Harry Potter aurait fait son apparition dans plusieurs quartiers magiques d'Angleterre.

Harry Potter (31 juillet 1980 – 24 mai 1992 (lire Harry Potter, sa (courte) biographie, page 1 de notre édito spécial)), fils de Lily et James Potter, dit Le Survivant, qui avait survécu au grand Mage Noir Vous-Savez-Qui, après que ce dernier eut tué ses parents la funeste nuit du 31 octobre 1981, a été assassiné par le Mangemort Lucius Malfoy en mai 1992 dans l'enceinte du château de Poudlard (lire Un étudiant assassiné à Poudlard, page 3 de notre édito spécial).

Cet acte, qui avait entraîné la destitution de l'ancien directeur de Poudlard, Albus Perceval Wulfric Brian Dumbledore (lire La déclaration d'Albus Dumbledore à propos de la mort d'Harry Potter, page 4 de notre édito spécial et Severus SNAPE, nouveau directeur de Poudlard, page 5 de notre édito spécial), avait marqué la fin célèbre et tragique du garçon, déjà connu de toute la communauté sorcière d'Angleterre et d'Outre-Manche.

Pour ceux qui ne s'en souviendraient pas, Narcissa Black (anciennement Malfoy – lire De Malfoy à Black, page 6 de notre édito spécial), qui avait déclaré ne pas cautionner les actes de son époux, avait emporté son fils Draco et renié son affiliation à la famille Malfoy tandis que son ex-mari, jugé et condamné, recevait le Baiser du Détraqueur.

Cette histoire, vieille de déjà 20 ans, refait surface alors que plusieurs témoins affirment avoir aperçu Harry Potter, techniquement décédé, dans divers lieux. L'homme porterait des cheveux longs et bruns, une paire de lunettes derrière laquelle on peut apercevoir deux yeux vert émeraude mais surtout, il porterait la très fameuse cicatrice en forme d'éclair du Garçon-qui-avait-survécu.

Au-delà du fait qu'Harry Potter est mort, peut-on réellement reconnaître une personne disparue depuis 20 ans ? Harry Potter est-il réellement vivant ou avons-nous affaire à un fan qui aurait copié les traits de son idole ?

Venez lire notre édito spécial Le retour d'Harry Potter pour découvrir les interviews, les photos et(re)découvrir les événements d'il y a 20 ans.

§ § §

Ron Weasley jeta furieusement le journal sur son bureau, s'attirant un regard de la part de ses collègues. Ce genre d'articles paraissait tous les deux ou trois ans, faisait esclandre dans le monde magique avant de retomber aux oubliettes. Et s'il savait pertinemment qu'il ne s'agissait que d'un torchon d'âneries, il savait aussi qu'ils étaient très douloureux à vivre pour Hermione.

Hermione… il ferma les yeux un instant. Sa meilleure amie ne s'était jamais vraiment remise de la mort d'Harry. Ils avaient beau avoir été très jeunes au moment des faits et amis depuis à peine deux ans, Hermione avait gardé un souvenir très précis du garçon. Contrairement à lui. Oh oui, il se souvenait d'Harry, mais un peu comme un ami d'enfance qu'on a perdu de vue. En vingt ans il avait eu le temps de faire son deuil et cela faisait déjà des années que ses premiers souvenirs de Poudlard s'étiolaient.

Il rouvrit les yeux et porta son regard sur le journal, on y voyait la photo d'un jeune garçon bien connu, prise à son insu alors qu'il mangeait dans la Grande Salle de Poudlard. À ses côtés, une jeune fille aux cheveux auburn et ondulés riait aux éclats. En face d'elle, un garçon roux qui menaçait le brun d'une fourchette, le visage cramoisi. Il se leva brusquement et appela son assistant. Un jeune homme apparut dans le pas de la porte.

- Oui Monsieur Weasley ?

- Jume, je n'ai pas de dossier important à traiter aujourd'hui n'est-ce pas ?

- Non Monsieur, répondit hâtivement Jume, le dernier dossier classé A concernait l'affaire Greyback et je l'ai transféré aux avocats ce matin.

Ron parut satisfait de la réponse. Il attrapa sa cape et sa baguette, posée sur son bureau.

- Bien. Je prends ma journée. Contactez-moi uniquement en cas d'urgence.

Il n'écouta pas la réponse de son assistant et sortit du bureau commun des Aurors. Un transplanage et plusieurs minutes plus tard, il se trouvait devant la porte d'entrée du Briquet, maison de Fred et Hermione. Il frappa et attendit qu'on vienne lui ouvrir. Il savait que sa meilleure amie ne travaillait pas le mardi après-midi, c'était pourquoi il n'était pas allé la chercher sur son lieu de travail. Cependant, elle pouvait très bien être de sortie. Il n'eut pas à se poser de questions trop longtemps, il vit la clanche bouger et une tête brune apparut dans l'encadrement de la porte. Hermione fit un grand sourire en voyant son invité surprise.

- Ron ! Qu'est-ce qui t'amène ?

Elle le fit entrer et referma la porte derrière lui. Ron se débarrassa de sa cape, parcourant la pièce du regard. Il aperçut sur la table du salon un exemplaire de La Gazette. Il se retourna vers son amie, juste à temps pour voir une première larme couler le long de sa joue droite. Il grimaça intérieurement, il détestait la voir pleurer. Il ouvrit les bras et Hermione vint s'y loger silencieusement. Ils ne parlèrent pas, et Ron ne répondit pas à la question de son amie. Elle savait très bien pourquoi il était ici.

Elle savait que, comme à chaque fois, qu'un article de la sorte était publié, il avait quitté ce qu'il faisait sans une hésitation. Elle savait que la première personne à qui il avait pensé après avoir lu l'article, c'était elle. Et elle savait qu'elle n'aurait rien à lui dire, que lui aussi savait. Il savait qu'elle n'avait pas pu s'empêcher de lire l'article. Il savait que, malgré toutes les années, elle avait espéré une preuve tangible. Et il savait que son cœur avait battu trop fort en voyant la photo. Oui tout ça, ils le savaient. Parce que c'était la même scène qui se jouait depuis des années.

§ § §

Quand Fred Weasley rentra en début de soirée, il trouva son épouse et son petit frère en pleine préparation du repas dans la cuisine. Un regard jeté sur la table du salon lui suffit pour comprendre la présence de Ron ici. Il était en couple avec Hermione depuis près de onze ans, marié à elle depuis maintenant sept ans. Il avait appris à la connaître, elle et chacune de ses qualités. Chacun de ses défauts, ses peurs et ses attentes. Neuf ans de vie commune qui lui avaient permis de comprendre l'attachement qu'elle avait porté, et qu'elle portait encore, au défunt. Alors il s'était habitué à voir Ron auprès d'Hermione dans ces journées-là. Il les observa un moment, avant de les rejoindre. Il se glissa furtivement derrière Hermione. Elle sursauta quand elle sentit deux mains se poser sur ses hanches, puis sous le regard moqueur de son meilleur ami, elle se retourna et embrassa tendrement son mari.

- Comment s'est passée ta journée ? demanda-t-elle souriante.

Fred soupira, alla embrasser son frère, sur les joues cette fois-ci, avant de répondre.

- Épuisante !

Il s'adossa à la table de la cuisine tandis que les deux autres retournaient à leur préparation.

- Un client a essayé de nous voler un sac de Bombabouses, sauf que dans la précipitation, il s'est étalé par terre…

Il se massa les tempes en évoquant son souvenir et une grimace déforma son visage.

- L'entièreté des bombes a explosé.

Ron explosa de rire tandis qu'Hermione se retint de justesse. Il n'était pas difficile d'imaginer les dégâts causés par un sac entier de Bombabouses.

- C'est pas drôle, protesta Fred, mais il n'avait pu empêcher un sourire de fleurir sur ses lèvres. Heureusement qu'Angelina était là pour nous aider ! On a passé toute l'après-midi à nettoyer la boutique, l'odeur.. raaah ! C'était atroce !

- Et vous avez attrapé l'idiot-responsable ?

- Même pas ! s'exclama Fred. Il y avait une telle puanteur dans le magasin qu'on a dû évacuer en vitesse tous les clients.

En voyant les deux plus jeunes continuer à rire, Fred fit semblant de se vexer. Il sortit de la cuisine, et avec un ton théâtrale déclara :

- Bande d'ingrats ! Vous ne comprenez pas le martyre d'un homme qui travaille durement.

- C'est ça, lui répondit Hermione. Eh bien, Monsieur le Martyr, pensez-vous être capable de mettre la table ou est-ce trop vous demander ?

Fred lui tira la langue bien qu'elle ne put le voir. D'un mouvement de baguette, il sortit quatre assiettes d'un meuble, avant de se rappeler que son fils était chez les parents d'Hermione. Il renvoya une assiette et disposa les trois autres sur la table. Il fit ensuite voler les couverts et trois verres jusqu'à lui.

- Tu es allée déposer Théophile chez tes parents ou ils sont venus le chercher ?

- Ils sont passés le prendre ce midi, par poudre de cheminette.

Quelques années plus tôt, le gouvernement avait assoupli la loi concernant les Voies de Cheminées. Les foyers Moldus, normalement exclus du réseau, pouvaient désormais être reliés magiquement à la seule condition qu'au moins un enfant soit un sorcier majeur. Il suffisait alors à ce dernier de faire la demande auprès du Service des Transports Magiques. Les cheminées Moldues ne pouvaient être reliées qu'à une seule autre cheminée, évitant ainsi quelques situations dérangeantes qui étaient arrivées lors des premiers essais – on avait en effet retrouvé une famille Moldue dans l'Allée des Embrumes – et tout déménagement devait être signalé afin que la cheminée soit refermée.

Fred et Hermione avaient donc fait une demande pour relier la maison des Granger à la leur. Après de longues heures de persuasion auprès de ses parents (- Oui maman, les Moldus peuvent utiliser la poudre sans risques. - Non papa, tu ne risques pas de te retrouver au Guatemala... ni de te cogner dans quelqu'un d'autre en chemin.), Jean et Maria Granger avaient finalement accepté d'être reliés au réseau magique, non sans déclarer :

- Très bien ma fille ! Tu pourras utiliser ta poudre de cheminette ! Mais jamais ta mère ou moi n'entrerons là-dedans tant que tu vivras en Angleterre.

Un an plus tard, Fred et Hermione déménageaient avec Théophile au Briquet, en Islande. Et les Granger avaient dû se faire une raison : s'ils voulaient voir leur petit-fils, il leur faudrait utiliser la voie magique. Depuis il n'était pas rare de voir les Moldus au Briquet et ils passaient désormais prendre leur petit-fils par cette voie, évitant le déplacement à leur fille et/ou leur beau-fils.

Fred rit tout seul en se remémorant le premier passage par cheminée de ses beaux-parents. Si Maria s'en était sortie avec les honneurs, Jean, lui, s'était emmêlé les pieds en « atterrissant » et avait fini le nez sur le carrelage, le visage verdâtre. Fred finit de dresser la table avant de regagner la cuisine.

- Qu'est-ce que vous nous avez préparé de bon ?

- Un chili con carne revisité, s'exclama joyeusement Ron.

Fred haussa les sourcils.

- Et en quoi est-il revisité ?

- Hé bien, commença Ron le plus sérieusement du monde, tout d'abord, il nous manquait du bœuf, du coup on a pris un peu de poulet pour faire le complément.

A ce moment Fred aperçut du coin de l'œil Hermione qui commençait à rire et une douce terreur s'insinua chez lui.

- Ensuite, comme vous avez pas d'haricots rouges ici, on s'est dit que des verts feraient l'affaire.. après tout il n'y a que la couleur qui change !

L'horreur se peignit peu à peu sur le visage de Fred, et quand il vit Hermione partir dans un réel fou rire, il se douta que c'était loin d'être fini. En face de lui, Ron tentait tant bien que mal de garder son sérieux.

- Est venu le moment de faire la sauce. Bon déjà, on avait les tomates et les poivrons, mais... manquait le piment, alors on l'a remplacé par du cumin et du curry. Un mélange succulent j'en suis sûr. Et enfin en accompagnement, on a fait des patates, y avait plus de riz !

Le plus âgé observa tour à tour son petit frère et son épouse, mi-horrifié mi-amusé. Quelle monstruosité avaient-ils cuisinée ?

- En quoi est-ce encore un chili con carne Ron ? demanda finalement Fred.

- Ben… y reste le poivron et les tomates…

C'en fut trop pour Hermione qui se plia en deux dans un nouveau fou rire. Ron essaya d'afficher un air innocent sans résultat, et bientôt, il joignit son rire à celui de la brune. Ils sont fous, pensa Fred, complètement fous. Cependant il ne pouvait s'empêcher de sourire aussi, regardant amoureusement la femme de sa vie. Il avait toujours aimé son rire, il disait parfois que c'était de ça dont il était tombé amoureux en premier.

Quelques minutes plus tard, les deux fous calmés, ils étaient installés autour de la table et trois paires d'yeux fixaient le plat principal avec doute.

- Bon.. finit par déclarer Hermione, quand faut y aller.

Elle servit les deux roux puis se versa quelques cuillères de patates et chili con carne revisité dans son assiette

- Euh… bon appétit ?

Le résultat se révéla finalement potable, et si aucun d'entre eux ne se resservit, les assiettes furent vidées. Ron se levait pour aller chercher les desserts quand une voix se fit entendre. Ils se tournèrent tous trois vers la cheminée et virent la tête de Blaise ZABINI qui était apparue dans les flammes.

- Fred ? Hermione ? Vous êtes là ?

La brune se leva et vint se placer devant l'âtre.

- Blaise ? Un problème ?

Celui-ci secoua la tête négativement.

- Le Ministère cherche à contacter Ron, mais comme mon cher et tendre mari n'a, visiblement, pas jugé important de me prévenir de son absence ce soir, je me demandais s'il était avec vous.

Fred se tourna vers son petit frère. Ron était blafard. Il se demanda quand il avait pris cette teinte. Était-ce quand l'ex-Serpentard avait prononcé froidement les mots « cher et tendre mari » ou bien Ron avait blêmi bien avant cela ? Le roux posa sur la table les assiettes sales qu'il s'apprêtait à emmener dans la cuisine. En quelques pas, il fut aux côtés d'Hermione et s'agenouilla.

- Hey ! Blaise ! Comment s'est passée ta journée ?

Le regard froid que lui jeta son époux valait toutes les réponses du monde. Ron se passa la main dans les cheveux et se racla la gorge.

- Hum.. que voulait le Ministère ?

Blaise garda le silence quelques secondes avant de répondre, il soupira puis transmit le message qu'on lui avait confié.

- Ta présence en tant que Chef des Aurors est requise. Le plus rapidement possible. J'en sais pas plus.

- Ok, s'ils te recontactent, dis-leur que je suis en route.

Il se dirigea vers l'entrée à grands pas. Il sembla hésiter un moment, prit sa cape et se retourna.

- Ecoute Blaise je..

- On parlera de ça plus tard.

Ron lui jeta un regard désolé. D'un geste de la main, il salua son frère et Hermione et transplana directement au Ministère. Il parcourut rapidement les quelques étages qui séparaient la zone de transplanage du bureau des Aurors. Sur le chemin, il repensa à Blaise. Tous les deux s'étaient mariés un peu plus tôt dans l'année. La loi légalisant le mariage homosexuel du 17 juillet 2013 chez les Moldus avait trouvé écho chez les Sorciers, et ils avaient ainsi pu réaliser un de leurs rêves. Cependant, depuis quelques semaines déjà, sans que Ron sache exactement quoi, il y avait quelque chose qui n'allait pas dans leur couple. Il n'eut pas le loisir d'y réfléchir plus longtemps, alors qu'il arrivait dans le couloir il se heurta à Kingsley Schacklebolt.

- Monsieur le Ministre de la Magie, veuillez m'excuser.

L'homme balaya les excuses de Ron d'une main. Des plis soucieux barraient son front.

- Bonsoir Auror Weasley, je suis soulagé que vous ayez pu venir aussi rapidement.

- Que se passe-t-il Monsieur ?

Ils reprirent leur marche.

- Dans votre bureau Monsieur Weasley. Ce que j'ai à vous dire ne doit pas s'ébruiter. En tout cas, pas tant que nous n'aurons pas plus d'informations.

Ron hocha la tête silencieusement. Depuis qu'il avait obtenu le poste de Chef des Aurors, quatre ans plus tôt, il n'était pas rare que ce genre de discussions ait lieu. Arrivés devant son bureau personnel, il poussa le pan de bois et laissa entrer le Ministre de la Magie. Il fut surpris de voir qu'un homme attendait déjà dans la pièce. Ron lui donna dans les vingt ans. Ce dernier se redressa et s'inclina respectueusement.

- Mr Weasley. Mon oncle.

Les deux hommes le saluèrent à leur tour puis ils s'installèrent autour du bureau. Schacklebolt prit la parole.

- Mr Weasley, comme vous l'aurez compris, voici mon neveu, Liam Schacklebolt. Il a.. quelque chose à vous montrer.

D'un mouvement tête vers son neveu, il lui indiqua qu'il pouvait parler. Liam se racla la gorge.

- Avant toute chose Monsieur Weasley, vous devez savoir que je suis photographe professionnel, diplômé de l'Ecole Magique de Photographie de Paris. Et, pour autant que vous le croirez, je ne m'intéresse aucunement aux ragots de la presse.

Il sortit de sa pochette une photo qu'il fit glisser jusqu'à Ron. Ce dernier la prit et l'observa attentivement, tout en écoutant son interlocuteur.

- Je me promenais sur le Chemin de Traverse quand je l'ai aperçu.

Un tressaillement imperceptible traversa Ron quand il comprit de qui parlait le jeune homme. Dans le coin supérieur gauche de la photo, il le remarqua.

- Vous auriez une photo plus proche ?

Liam hocha la tête et sortit une dizaine de clichés de sa pochette. Ron les observa un par un. On pouvait apercevoir, selon l'orientation du photographe, la silhouette plus ou moins détaillée de l'individu, jusqu'à la dernière photo pour laquelle Liam avait réussi le tour de force de n'avoir que son visage. Cette fois-ci, le tremblement de sa main ne passa pas inaperçu auprès des Shacklebolt.

- Vous êtes sûr que c'est lui ? Ça pourrait être un sort d'illusion ou je ne sais quoi…

- Non, répondit le garçon. Enfin oui, c'est sûr que c'est lui et non ça ne peut pas être un sort d'illusion. Mon appareil est muni de divers contresorts.

- Alors c'est lui hein ?

- Vous comprenez, Auror Weasley, déclara le Ministre, pourquoi nous devons garder le silence sur cette affaire. J'aimerais que vous recherchiez cet homme et que vous confirmiez son identité.

- Bien Monsieur le Ministre.

Le sorcier dut estimer que l'entrevue était terminée car il se leva. Ron l'imita.

- Monsieur le Ministre, puis-je en parler ne serait-ce qu'à une personne ?

Schacklebolt le regarda, surpris, puis son visage se fit sérieux.

- Personne ne doit savoir Monsieur Weasley, pas même Hermione Granger, car je suppose que c'est à elle que vous pensez. Tant que nous ne saurons pas qui il est et ce qu'il fait ici, personne ne doit savoir que Harry Potter est vivant.

Et sur ces paroles, il quitta le bureau, Liam à sa suite. Ron se laissa retomber sur son fauteuil dans un soupir. Ses yeux sondèrent les différents clichés sur lesquels apparaissaient systématiquement un homme d'une trentaine d'années, brun, les yeux verts. Le roux gémit en pensant aux journées – et aux nuits – qui l'attendaient. Ce n'était pas encore aujourd'hui qu'il pourrait régler ses problèmes avec Blaise. Il fit apparaître un dossier classé A sur son bureau et y rangea les photos. D'un mouvement de baguette, il alluma sa cafetière.

La nuit allait être longue.

Voilà pour le premier chapitre de cette nouvelle histoire !

J'espère qu'elle vous a plu et que vous lirez la suite :)

N'hésitez pas à laisser une review pour donner votre avis, ça fait toujours plaisir.

A la semaine prochaine !

Pauu.