Tu passes dans ma vie comme un feu d'artifice.
Illuminant mon âme et réchauffant mon coeur d'un délice de couleurs.
A moins que ce ne soit plutôt comme le pense ma soeur.
Aveuglant mes sens et brûlant mes espoirs dans un brasier de douleur.
Lunatique comme un tournesol qui préfèrerait offrir ses pétales aux étoiles ?
Ou versatile à dessein comme la figue de Barbarie. N'oublie pas le cactus qui l'a vue naître.
Ne dispenses-tu pas ce parfum si entêtant que pour mieux m'empoisonner une fois la nuit tombée ? Pourtant c'est au crépuscule que je viendrai te humer.
Le rose que j'aime tant des fleurs du cerisier doit-il provenir du sang des innocents répandu à son pied ? Pourquoi la couleur du sang teinté de nacre me plaît-elle ?
Tu flambes si fort que tous les insectes qui te frôlent te restent attachés. Ils meurent en une poignée de cendres argentées. Les papillons se consument. Je suis le phalène aux grandes ailes dorées que ta lumière a attiré. Mon vol timide et discret m'a-t-il mené vers toi ? Ou bien as-tu dirigé ton faisceau envoûtant dans ma direction pour captiver mes gestes ? Je me suis approché de toi plus près que tu ne le voulais. Et mes ailes se sont soudain embrasées dans le ciel d'été. Les braises enflammées chutaient indéfiniment dans l'azur qui m'entourait. Dans une semi-conscience je les voyais tourner et jouer dans le vent. Tandis que je me noyais dans un abîme de souffrance et de soulagement. Je n'ai plus jamais volé. Mais dans ma prison de flammes, à travers les barreaux qui projetaient des ombres dansantes sur mon corps cloué au sol, j'ai enfin connu la liberté. Tu dégageais une fumée opiacée qui a fini par m'étouffer. Mais je n'oublierai jamais l'arc-en-ciel ardent qui est né ce jour là de l'éclipse du soleil couchant dont tu masquais les rayons. Je ne peux m'enfuir de l'île où je suis tombé et dont tu es le maître. Mais dans mes songes où je te retrouve toujours, je deviens la luciole qui éclaire tes pas. Qui peut te quitter mais ne s'envole pas. Soucieuse d'enfin brûler pour toi. Mais je brille trop peu pour un oiseau de proie... Et tu sembles ne pas avoir besoin de moi.
Alors je te tue. Pour effacer nos tourments.
Je t'arrache les ailes et je vole avec, le plus haut possible...
Jusqu'au firmament.
