Bonjour à tous !
Vous avez atterri ici et vous ne savez probablement pas trop à quoi vous attendre alors, laissez moi vous éclairez : C'est un Univers Alternatif, c'est à dire hors du manga. Cette fic met en scène la (longue) mise en place du couple Naruto et Sasuke donc, pour les homophobes, c'est pas la peine de vous faire du mal… N'étant pas Masashi Kishimoto, vous trouverez sans doute les persos un peu OOC voire beaucoup mais j'essaie de rester dans les caractères autant que faire se peut dans l'esprit de cette fic.
Synopsis : On peut avoir des passés douloureux et choisir soit de s'en relever et d'avancer soit de s'y abandonner au risque de s'y perdre. Mais parfois, il suffit d'une rencontre et tout se remet en question... On peut alors envisager de guérir, de pardonner et peut-être même, d'aimer, malgré les préjugés et les difficultés...
Bon, petit rappel dont tous le monde se fiche : malgré mon attachement profond, les personnages qui seront martyrisés ici sont l'œuvre de Masashi Kishimoto…Pfff ! Toujours pas juste !
Important ! Le rating est justifié ! Et pas forcément à cause des lemons qui seront tardifs d'ailleurs, vous êtes prévenus…
Détails :
Les rewiews sont le carburant du stylo de l'auteur mais c'est donnant-donnant c'est pour cela que je réponds toujours aux rewiews :
□ Les membres inscrits par le système mis en place par le site.
□ Les anonymes directement sur mon profil.
Bonne lecture !
Merci à mes bêtas sur cette fic : Leeloo et occasionnellement, Kitsune no Kyuubi
Le survivant.
C'était une soirée douce et paisible dans ce quartier huppé de la ville.
La lune brillait haut dans le ciel étoilé, aucun nuage ne venait ternir son éclat. Calme, sereine , elle semblait veiller sur le monde, suspendue négligemment à la voûte céleste, astre isolé et inaccessible au commun des mortels, indifférente à leurs bonheurs comme à leurs drames.
Elle éclairait de sa douce lumière une belle demeure qu'entourait un vaste jardin. Dans les entrelacs dessinés par les parterres de fleurs et d'arbres, on pouvait sentir le soin particulier que les propriétaires accordaient à ce lieu. Les plantes, variées, n'étaient pourtant que peu présentes au sein de l'hiver. On ne pouvait que deviner leurs contours sous terre, prêtes à poindre et à semer leurs couleurs chatoyantes pour redonner vie à ce parc endormi par la torpeur de la saison morte. On distinguait, enfin, dans un coin abrité, sous le couvert d'un cerisier, la silhouette d'un solide portique de jeu en bois dont les balançoires se laissaient portées par la faible brise que soufflait l'un des descendants de Fūjin[1] dans la nuit.
Tout ce décor respirait la quiétude et le bonheur de la famille qui y vivait, image d'Epinal d'un foyer sans histoire, respecté de tous. Ces membres n'étaient pas connus autrement que pour leur modestie malgré leur position sociale remarquable. Ils étaient d'excellents voisins que l'on se plaisait à côtoyer et dont on vantait la simplicité. Ils ne faisaient jamais la une des journaux à sensation, rien de palpitant ou de sensationnel qui puisse ameuter la presse à scandale, rien d'exaltant. Une famille parmi tant d'autres, unanimement reconnue et appréciée, implantée dans une vie bien organisée et suivant un avenir tout tracé. La réplique de ce superbe jardin : trop beau, figé dans cette recherche d'absolue perfection, dans cette maîtrise de tout, du temps et de la nature.
A cet instant, l'ombre fugace qui courrait à perdre haleine dans les corridors de l'élégante résidence se fichait éperdument des opinions d'autrui, de sa position sociale ou du spectacle mirifique du parc au dehors, sa priorité étant de rendre sa présence la plus discrète possible. Hélas, le parquet qui grinçait sous le rythme de sa course effrénée ne l'aidait pas malgré sa retenue. Elle se stoppa net à un embranchement qui découvrait un escalier majestueux réalisé dans un bois précieux et fort coûteux.
Monter ? Descendre ?
Les yeux de la petite créature virevoltaient de droite à gauche, le long des accoudoirs en fer forgé, incapable de se décider.
Un appel retentit, chantant, doux mais cela ne fit que faire paniquer un peu plus l'ombre qui choisit finalement de dévaler la pente avant de s'arrêter de nouveau pour entamer une progression plus prudente, pas à pas, tentant de faire le moins de bruit possible.
Dans le silence imposant, chaque infime craquement faisait tressauter la respiration déjà haletante du fugitif. Les pas, mal assurés, se voulaient légers mais, malgré tous ses efforts, il ne parvenait pas à masquer totalement son avancée. Le fuyard lâcha un bref soupir de soulagement en atteignant enfin le bas des marches et accessoirement, le carrelage marbré sur lequel ses pieds nus ne risquaient plus de produire un quelconque son risquant de le trahir.
Il se rua sur la porte d'entrée.
Elle était fermée à clef.
Il pensa à ouvrir une baie vitrée pour s'échapper par le parc mais il se rappela que toutes les fenêtres étaient gérées par un système de verrouillage automatisé dont il ne connaissait pas le fonctionnement.
Découragé, la petite silhouette se laissa tomber sur le sol glacé, désemparée, ne sachant que faire ni où aller.
Un écho, auparavant lointain, résonna de nouveau, beaucoup plus proche, ramenant brusquement le fugitif à la réalité. Il se redressa vivement, balayant la pièce du regard. Il s'attarda sur le petit placard un peu en retrait sous l'espace vide crée par l'escalier.. Il savait qu'on pouvait le fermer de l'intérieur, une erreur de montage qui n'avait jamais été réparée.
La cachette idéale.
Il s'y précipita, laissant l'astre lunaire éclairer brièvement cette forme mobile que la peur avait rendue fébrile. Elle dévoila un petit garçonnet d'une huitaine d'année environ au visage angélique déformé par les larmes. Il s'installa rapidement dans le placard heureusement peu encombré, refermant précautionneusement la porte derrière lui dans un claquement bref, minime mais perceptible. Sa respiration se coupa un instant avant que le besoin de ses poumons ne le force à reprendre son souffle suivant un rythme erratique.
Tout les sens du petit être étaient tournés vers un seul objectif : localiser son poursuivant ou plutôt la distance le séparant de celui-ci, espérant qu'il se lasserait et abandonnerait la traque…
- Sasuke…
La voix, basse, traînante s'éleva dans le mutisme nocturne. La forme chétive se recroquevilla au fond de sa planque improvisée, tremblotante, cherchant à étouffer ses sanglots à l'aide de ses petites mains plaquées sur sa bouche.
- Où es-tu, petit frère ? Pourquoi t'es-tu enfui ?
La voix semblait désincarnée et l'intonation laissait percevoir un certain désappointement, comme si elle ne comprenait pas l'attitude de celui qu'elle recherchait. Une silhouette longiligne se glissait avec grâce dans les longs couloirs du spacieux logis dont il connaissait chaque recoin par cœur. On aurait presque pu croire à une étrange partie de cache-cache.
- Allons viens. Tu verras…Tout ira mieux après.
La voix était convaincue, rassurante dans son assurance, attirante afin de convaincre et de déloger l'enfant de son refuge. Lequel arrivait à peine à respirer maintenant. Les pas se rapprochaient. Lorsque le chasseur passa devant les carreaux d'une des nombreuses baies, un rayon de lumière blafarde vint illuminer un instant la forme gracile qui déambulait nonchalamment.
On put alors apercevoir un jeune homme mince, d'une quinzaine d'année à peine. Toute sa personne émanait la vénusté rehaussée encore par un visage qui semblait gravé dans le marbre. Le teint opalin, les traits juvéniles, fins et délicatement tracés accentuaient la profondeur de deux yeux semblant aspirer les ténèbres extérieures. Un visage séraphique, pur, encadré de longs cheveux d'ébène qui glissaient autour de lui avec la fluidité de la soie. Cette vision enchanteresse était altérée par une seule chose, un unique détail.
Le sang.
Il maculait les vêtements, les mains, le visage de l'adolescent et… le katana qu'il tenait négligemment, laissant effleurer la pointe sur le plancher, rayant de façon sinistre le parquet impeccablement ciré. Il atteignit enfin les marches et s'élança avec la souplesse d'une foulée assurée. Chaque enjambée laissait un bruit sourd qui se répercutait jusque dans l'antre où le petit bonhomme frémissait, sentant la présence redoutée trop proche, juste au dessus de lui, de son abri, maigre protection contre la détermination de son traqueur qu'il ne pouvait plus nier à présent.
Comme s'il avait pressenti du lieu où se cachait l'enfant, il se dirigea directement vers le placard. Il soupira longuement en constatant la résistance de la serrure qui ne tarda pas céder sous son insistance, découvrant le gamin, replié sur lui-même, roulé en boule, la tête à moitié relevée vers son bourreau. Ses yeux étaient écarquillés par une terreur infinie.
- Te voilà enfin! Gronda gentiment le jeune homme.
Il dégageait une aura de paix, comme s'il était satisfait, apaisé par sa découverte. Seule la lueur de folie qui dansait dans ses prunelles démentait cette impression tandis que son regard fixait avec avidité le visage contracté de son cadet. Ne pouvant que noter la paralysie manifeste de celui-ci, il se pencha doucement vers lui pour venir le chercher.
- Voyons, dépêche-toi. Il faut les rejoindre maintenant, Sasuke.
Toujours, le timbre mélodieux de la voix ne reflétait aucune animosité, juste une légère impatience.
Les mains, tâchées de sang encore humide, s'approchèrent de l'enfant qui s'oublia sur lui-même tant sa peur avait atteint son paroxysme. Lorsque les doigts le frôlèrent, imprimant sur son visage le sang de ceux qui n'étaient plus, il ne put réprimer plus longtemps le long hurlement qui était resté coincé dans sa gorge, le laissant exploser en une plainte déchirante où se mêlait souffrance et terreur jusqu à sombrer dans l'inconscience.
***
Tout était noir.
Il avait peur mais ne savait pas pourquoi. Il décida de chasser ses peurs qu'il jugeait ridicules. Il n'avait rien à craindre. Il avança dans la pénombre. Une porte apparue, doucement illuminée au cœur des ténèbres. Il l'ouvrit, curieusement impatient de découvrir ce qu'elle cachait. Lentement, il abaissa la clenche pour retrouver, avec surprise, le décor du dernier Noël qu'il avait partagé avec sa famille il y a quelques semaines. Il le reconnaissait bien, son père avait été particulièrement gentil ce jour-là et lui avait même proposé d'aller faire voler avec lui l'hélicoptère téléguidé qu'il avait reçu. Il regarda sa mère mais remarqua son regard peiné. Il se tourna vers l'objet de cette peine et vu qu'elle contemplait son père alors qu'il lui proposait de tester l'engin dehors. Puis, les yeux de sa mère dévisagèrent son aîné et ses traits se chargèrent de douleur.
Pourquoi ? Se demanda t'il. Soudain, il se rappela que, depuis peu, les relations entre son père et son frère semblaient tendues mais il n'y avait pas prêté attention alors que maintenant… Qu'y avait-il maintenant ? Il n'arrivait pas à se rappeler. Il se sentit émerger du sommeil ce qui le soulagea. Il oublia le rêve qu'il venait de faire. Il n'avait pas d'importance de toute manière. Comme tous les rêves. De toute façon, Okaasan[2] allait bientôt venir lui demander de se préparer avant de l'emmener à l'école. Il sourit dans les limbes de son semi-sommeil, confiant et insouciant.
Il s'éveilla dans une pièce inconnue, blanche et aseptisée. Il se sentit désorienté. Que faisait-il là ? Il resta quelques minutes sans comprendre, cherchant une explication logique au fait de se trouver dans ce qui lui paraissait être, sans conteste, une chambre d'hôpital. Pourtant, il ne se rappelait pas avoir été malade...Avait-il eu une brusque poussée de fièvre? Dans ce cas, où était 'Kaasan? Et Otousan[3] et son frère Itachi? Puis, en une nuée abrupte et qui lui parut interminable, les souvenirs lui revinrent de plein fouet. Le sang, la fuite, la peur…Il se mit à trembler et regarda frénétiquement autour de lui jusqu à ce qu'il se rende compte qu'il était seul. Seul et... en vie. Il se sentit alors vide, comme étranger à lui-même, empli d'une langueur qu'il ne chercha pas à combattre. Instinctivement, il se recroquevilla en position fœtale, sanglotant silencieusement dans le silence de la salle où on l'avait installé.
Enfin, une infirmière de passage se rendit compte de son réveil mais ne fit rien de plus, pas un geste, pas une parole pour l'enfant blessé dans son âme. La compassion n'est, hélas, pas souvent une priorité dans un métier régit par l'urgence et les horreurs quotidiennes. Elle se contenta donc d'aller prévenir le médecin de garde. Celui-ci vint le voir, l'examina brièvement avant de le rendre à son état semi-catatonique. Sasuke se laissa faire, incapable de réagir, de formuler une pensée cohérente. L'homme, de toute façon, ne se préoccupa pas de ce qu'il pouvait advenir de son état mental, ce n'était pas son rôle, il n'était pas payé pour ça. Il laissa donc l'enfant seul dans sa chambre, sans remord, avant de s'en retourner à son planning surchargé.
Un autre homme vint ensuite. Un officier de police d'après son uniforme. Sasuke essaya de se concentrer pour comprendre son discours las et blasé. Il ne réussit à en saisir que quelques bribes. Son frère avait apparemment perdu la raison et avait tué ses parents dans son délire avant de tenter de s'en prendre à son frère. Les voisins, alertés par les cris des adultes, avaient aussitôt prévenu la police qui était intervenue juste à temps pour le sauver de la lame meurtrière. Il n'avait pas écouté la suite sur le sort réservé à son meurtrier de frère. Le futur d'Itachi lui importait peu.
Il ne répondit pas aux questions non plus. Il s'en moquait, il se fichait du reste. Il savait maintenant, il en avait la confirmation.
Ce n'était pas un mauvais rêve. Sa mère ne le prendrait pas dans ses bras pour le consoler et le rassurer en lui chantonnant une berceuse. Il ne bouderait pas en faisant croire qu'il était trop grand pour ce genre de chose mais secrètement heureux qu'elle ne tienne pas compte de ses protestations.
A cause d'Itachi.
Son père ne serait plus là pour qu'il lui présente fièrement son bulletin de notes. Il ne lui ébourifferait plus distraitement les cheveux en guise de félicitations, ce qui lui aurait largement suffi comme marque de reconnaissance. C'était peu de choses mais comme son père n'était pas d'un naturel démonstratif, c'était donc à sa juste valeur qu'il aurait reçu ce témoignage modeste d'affection. Mais cela n'arriverait plus.
A cause d'Itachi.
Il était seul. Définitivement.
Alors, elle germa en lui, telle une graine qui ne fit que se développer au fur et à mesure que le temps, les secondes s'écoulaient, circulant dans ses veines, empoisonnant chaque fibre de son être, dictant chacun de ses actes, de ses pensées, de son esprit.
La haine.
[1] Divinité de la mythologie japonaise, Kami du Vent qui mourut dans le combat fratricide l'opposant à son frère jumeau, Raijin.
[2] Mot japonais se traduisant par « mère ».
[3] Mot japonais se traduisant par « père ».
