Loneliness

Chapitre I : Le couloir

Allen était dans ce couloir, LE couloir ! Malgré ses carreaux blancs sales de crasse et cette odeur de renfermé dû à la salle de biologie d'à côté, ce couloir était celui qu'Allen préférait, et que, paradoxalement, il fréquentait le moins souvent. Ses écouteurs roses dans les oreilles qui rejetaient la dernière chanson « hype » de son iPod n'arrivaient pas à lui faire oublier ce type borgne, avec ses cheveux roux en bataille et son œil vert magnifique, qui se trouvait en face de lui et qui, de toute façon, ne lui prêtait pas la moindre attention. En fait, c'est ce type la raison pour laquelle il aimait ce couloir, parce que c'est le seul endroit où il peut le croiser. Allen traversa donc ce fameux couloir pour se rendre dans cette fameuse salle de biologie avec cette fameuse odeur de renfermé, et, magistralement, gracieusement et magnifiquement, se prit les pieds dans le sac du rouquin et tomba sur le sol sale, se blessant les mains et se salissant son jean qu'il avait enfilé à peine une heure plus tôt. Le rouquin l'aida à se relever, et lui fit des excuses, chose que toute personne qualifiée de normale ferait :

« MERDE, désolé, fit le rouquin.

-C'est pas grave, vraiment, répondit Allen. »

Et alors qu'Allen trouvait le courage d'engager une conversation concrète avec la personne qu'il admirait secrètement, une grande perche brune avec des mensurations de mannequin et une voix de crétine shootée à l'hélium lui dit avec un sourire qui pourrait foudroyer une trentaine de personnes en même temps :

« ALLEZ LAVI, BOUGE TES FESSES, On a un cours de Français ! Et l'autre cocotte va nous demander pourquoi on est en retard, et puis on saura pas quoi lui répondre, et alors on ira chez le directeur, et on se fera exclure du collège, et on rentrera chez nous à pieds, et on se fera écraser par une femme en instance de divorce !!!

-D'accord j'arrive Leenalee !!! Bon, désolé, je dois y aller !

-Non, c'est pas grave, on se reparlera plus tard… Ah, et je pense qu'il faudrait que tu lui dises d'aller voir un psy, ton amie a l'air de faire une petite dépression nerveuse, répondit Allen avec le sourire.

-J'y penserais, dit Lavi avec un sourire »

Cette conversation aussi courte soit-elle lui avait au moins appris le Nom du rouquin qu'il cherchait depuis longtemps, et le nom de ce qui avait l'air de sa meilleure amie, la brune shootée aux amphétamines.

Allen rentra enfin dans sa salle de classe, où il dût expliquer son retard de 10 minutes, mais heureusement, la professeure était de bonne humeur et il ne se fit ni exclure ni écrasé par une femme en instance de divorce. Tout ce à quoi il pensait n'était pas la dissection du cœur de bœuf que Mme Bailey exécutait au devant de la classe mais le nom du magnifique rouquin, avec qui il allait essayer de communiquer, enfin.

Fin du chapitre I