Title: Mentir est un jeu auquel on joue pour gagner
Couple(s): Arthur et Morgana (et un peu d'Arthur et Gwen)
Synopsis: AU. Après des années de mariage, l'union d'Arthur et Morgana est sur le point de s'effondrer. Quand ce-dernier ose inviter sa nouvelle maîtresse et la plus grande rivale de sa femme, Guinevere, à la Cour de Camelot, Morgana refuse de subir cette humiliation sans broncher. Elle réalise bientôt qu'il y a plus que son honneur et son mariage en jeu puisque Guinevere semble comploter contre sa vie afin de prendre sa place sur le trône. De plus, le couple doit faire face à un événement tragique qui menace de faire sombrer leur mariage encore un peu plus. Avec l'aide de son confident, Merlin, Morgana va se battre pour garder sa place au sein du royaume. Alors qu'Arthur lutte pour choisir entre la femme de ses rêves et l'amour de sa vie, il doit également affronter des ennemies extérieurs lorsque la guerre éclate à Camelot...
A/N: Hey ! Ceci est ma première Fanfiction et je la dédie à ArMor ! Je suis tombée amoureuse de ce duo dans la saison 1 et j'ai été très décue du choix scénaristique faits pas les créateurs (frère et soeur, sérieusement ?). Bref, je suis légérement perfectionniste donc il me faudra surement pas mal de temps pour poster un nouveau chapitre, mais s'il vous plait soyez patients :) Je sais à peu près vers où se dirige cette histoire mais si vous avez des suggestions je serais ravie de les lire. J'espère vraiment que vous aimerez et que vous passerez un bon moment car je me suis beaucoup impliquée. Pour vous :) Je tiens aussi à vous dire que cette histoire est également disponible en anglais et si vous comprenez cette langue, alors je vous invite à la lire en anglais.
Bonne lecture !
Morgana se trouvait sur une petite route reliant le château à l'un des villages environnants. Elle ne savait pas comment elle était arrivée ici, ni où elle se rendait. C'était le matin, ça elle en était certaine. Elle reconnaissait le parfum, et la brise fraiche des matins d'hiver à Camelot. Elle essaya désespérément de regarder autour d'elle mais était complètement aveuglée par la brume. Elle fit quelques pas dans une direction aléatoire – dans l'espoir de trouver quelqu'un pour l'aider – quand, soudain, elle trébucha sur quelque chose. Quelque chose d'imposant, et de froid. On aurait dit du métal. Oui, c'était du métal. Une armure.
Toujours étendue sur le sol froid, elle tourna la tête pour regarder le mystérieux objet. En moins d'une seconde elle était debout, tremblant de tous ses membres et criant. C'était en effet une armure, une armure avec un corps mort à l'intérieur. Après quelques minutes, elle réussit enfin à se calmer et regarda le cadavre. L'homme lui était étranger, mais elle reconnut son emblème, car elle ne le connaissait que trop bien. Un dragon doré. Il devait être un des chevaliers d'Arthur, elle pensa. Mais ce qu'il faisait là, elle n'en avait aucune idée.
S'agenouillant sur le sol près du mort, elle vit la plaie béante allant de son épaule droite au côté gauche de sa hanche, et elle vit le sang, dégoulinant et chaud. Il n'était pas mort depuis longtemps. Morgana pris une profonde respiration, et avec toute sa force elle parvint à se lever et à se tenir sur ses jambes faibles. Elle ne bougea pas pendant un moment et continua de scruter la charogne alors qu'elle essayait désespérément de trouver un sens à tout ça. « Que s'était-il passé? Comment était-elle arrivée ici? Où étaient-ils tous passés ? »
Elle avait été tellement concentrée sur ses pensées qu'elle n'avait même pas remarqué que la brume avait presque disparu maintenant. Elle détourna ses yeux du chevalier et regarda droit devant elle. Le choc causé par ce qu'elle vit alors lui donna l'impression d'un poignard dans le cœur et elle manqua de tomber au sol. Des corps, partout. A perte de vue. Et du sang. Oh bon Dieu, tellement de sang. Elle voulait crier mais aucun son ne parvenait à sortir de sa bouche. Elle voulait courir mais ses jambes ne pouvaient plus la porter.
Elle réussit malgré tout à faire quelques pas en arrière, mais fut stoppée lorsque ses talons rencontrèrent un autre cadavre. Elle se retourna instinctivement pour examiner l'obstacle. Rassemblant toute ses forces, elle tenta de faire abstraction du sang et du fait que la tête du chevalier était pratiquement détachée du reste de son corps, et se concentra sur quelque chose de bien plus important. L'emblème. Cette fois, il ne s'agissait pas du dragon porté par les chevaliers de Camelot, mais du long serpent noir orné de points dorés que les chevaliers d'Escetia arboraient.
Escetia était un puissant royaume dirigé par le roi Cenred et partageant une frontière commune avec Camelot. Bien que les deux royaumes fussent officiellement en paix, ils étaient en réalité plus ennemis qu'amis et la relation entre les deux rois était tout sauf chaleureuse. Morgana savait pertinemment qu'Arthur ne faisait pas confiance à Cenred et possédait quelques informateurs à sa cour. Et elle suspectait fortement Cenred d'en faire de même. Comme Arthur lui disait souvent : « Tu ne peux faire confiance à personne. Quand tu es Roi, tu n'as pas d'amis, seulement des rivaux. »
Elle fut arrachée à sa rêverie par un douloureux hennissement suivi par le bruit de sabots rencontrant le sol froid et dur. Avant même qu'elle ne puisse réaliser ce qui se passait, le cheval la frôla et continua de galoper en direction des bois sombres et épais. Après quelques brèves secondes, l'animal était hors de vue, mais Morgana pouvait tout de même entendre son chant qui lui déchirait les entrailles. Pour la première fois de sa vie, elle réalisa à quel point le hennissement d'un cheval était similaire à un cri humain.
Morgana ressentit le besoin de rentrer chez elle, du moins ce qu'il en restait. Camelot se tenait là, juste devant elle, mais le château auparavant solide et fier n'était plus qu'une ruine maintenant, l'ombre de ce qu'il était, et une légère fumée s'échappait des décombres. « Le citadelle est imprenable, » ne cessait de dire Arthur. Elle aurait probablement ri en pensant à l'ironie de la situation si elle n'était pas totalement vidée de toute énergie. Elle se contenta de sourire vaguement à la place et commença à marcher en direction du château.
La route n'était pas aisée, Morgana devait cheminer entre les corps et elle trébucha sur sa longue robe quelques fois. Bien qu'elle n'eut marché qu'une heure, elle avait l'impression que ça faisait des jours, et la faim et la soif l'affaiblissaient d'autant plus. Elle avait maintenant atteint la ville-basse et la citadelle n'était plus très loin. Bientôt, elle pensa, tout irait mieux, elle verrait Arthur et il lui expliquerait tout. Même s'il y avait de grandes chances qu'il eut fui le château ou, pire, qu'il eut été tué dans la bataille, elle s'accrocha à l'idée qu'elle serait bientôt avec lui, car à ce moment précis, cette idée était le seul espoir qui lui restait.
Elle était complètement absorbée dans ses pensées lorsqu'un bruit venant de derrière la fit sursauter. « Morgana… » murmura une voix. Elle se retourna rapidement mais il n'y avait rien à voir.
Elle ouvrit la bouche, et avec une voix tremblante demanda: « Qui est là? Montrez-vous. » Aucune réponse ne se fit entendre.
Morgana se dirigea vers le corps le plus proche, et avec un bras tremblant, elle s'empara de l'épée placée dans la main du chevalier mort. Il y avait du sang dessus, mais elle n'y prêtait pas attention. Elle se sentait mieux dorénavant, plus confiante. Elle était douée avec une épée, elle pourrait se protéger. Elle refusa de perdre plus de temps, et se remit à marcher.
« Tu n'as rien entendu. Il n'y a personne ici. La soif te fait halluciner, c'est tout, » elle tenta de se convaincre. Mais tout de même, elle avançait plus lentement maintenant, faisant attention à chaque détail, à chaque bruit, et prête à se défendre si quelqu'un l'attaquait.
Elle était dans la cour de la citadelle quand elle entendit la voix pour la seconde fois. « Morgana…» disait-elle. Elle en était certaine cette fois, ce n'était pas la soif, ni la faim, ou la fatigue qui parlait. Il y avait quelqu'un. Tous ses membres tremblaient, mais elle était prête à se battre si besoin était. Son épée était levée et elle avait adopté une solide posture.
« Qui est là ? » réussit-elle à dire. « Cessez de vous cacher, je sais que vous êtes là. »
Elle tendit l'oreille, dans l'espoir d'obtenir enfin une réponse. Mais seul le vent se fit entendre.
Elle était sur le point de monter les marches situées devant l'entrée du chanteau quand elle se sentit soudain envahie par un sentiment étrange. Elle sentit comme une présence, comme si quelqu'un l'observait par derrière. Elle se retourna lentement, son épée toujours fermement emprisonnée dans sa main, pour faire face à quiconque se tenait là. Morgana pensait qu'il s'agirait d'un chevalier, ou d'un bandit, mais elle ne s'attendait pas à ça.
« Bonjour, Morgana, » dit la vielle amie.
« Guinevere ? » demanda Morgana, surprise. « Que fais-tu ici? »
Les deux femmes ne s'étaient pas vues depuis des années, six plus précisément. Guinevere était la fille unique du plus proche ami et du confident d'Uther, Sir William More, et avait vécu à Camelot pendant toute son enfance et son adolescence. Bien qu'elles eurent passé énormément de temps ensemble plus jeunes, les deux filles se détestaient. Il y avait toujours eu une espèce de compétition malsaine entre elles, en particulier pour l'affection d'Arthur, et cela devenait de plus en plus évident au fur et à mesure qu'elles grandissaient. Finalement, à la grande joie de Morgana, Arthur l'avait choisie et ils s'étaient mariés. Hélas, elle avait eu peu de temps pour savourer sa victoire puisque, seulement deux semaines après leur mariage, Sir More était mort et Guinevere avait quitté Camelot. D'après ce que Morgana savait, elle avait passé les six dernières années au royaume des Francs, dans le but d'apprendre leur langue et de contracter un mariage stratégique. Et maintenant, elle se tenait là, dans la cour de Camelot, tenant une magnifique coupe dans sa main.
« Morgana, tu dois boire, » dit Guinevere, puis elle tendit le bras de façon à ce que le verre ne fut plus qu'à quelques centimètres de Morgana.
Elle eut alors la chance de mieux examiner l'objet : le calice était en or et orné de saphirs et de rubis. C'était réellement une œuvre magnifique.
« Qu'est-ce que c'est ? » demanda Morgana.
Guinevere ignora la question et répéta simplement « Tu dois boire, » tout en lui adressant un sourire timide.
Elle ignorait pourquoi mais Morgana se sentait attirée vers la coupe, et semblait ne pas être capable de détourner son regard. Elle tendit la main pour saisir l'objet et plus ses doigts s'en rapprochaient mieux elle se sentait. Elle était submergée par un étrange mais merveilleux sentiment de liberté et de paix.
Plus rien n'avait d'importance elle oublia le monde autour d'elle et se concentra sur le calice. Ses doigts le touchaient presque maintenant, mais avant qu'elle ne puisse caresser le métal froid, une voix familière se fit entendre depuis l'entrée du château.
« Ne buvez pas. »
Morgana sursauta, surprise, et baissa son bras rapidement. Elle faisait maintenant face à un petit garçon d'environ cinq ans : son fils. Ses grands yeux bleus regardaient droit dans les yeux émeraude de sa mère, et des larmes coulaient sur son visage. Le sentiment de joie qu'éprouvait Morgana quelques instants auparavant s'effaça peu à peu, et peu importait à quel point elle avait essayé de s'y raccrocher, il avait disparu.
La réalisation que son fils de cinq ans se tenait juste devant elle, au milieu d'un champ de bataille, en pleurs, lui fit l'effet d'une gifle et elle monta les quelques marches qui les séparaient. Dès qu'elle l'atteignit, elle le prit dans ses bras et le serra. Elle le serra comme si une tornade risquait de l'emporter si elle ne le faisait pas. Elle lâcha enfin prise et l'inspecta de la tête aux pieds.
« Tommy? Que fais-tu ici? » demanda la mère à son fils. « Chéri, est ce que ça va? Es-tu blessé? »
Le garçon ne répondit pas mais continua de fixer sa mère avec des yeux remplis de larmes. Elle posa sa main sur sa joue et le contact la fit frissonner. Sa peau était si froide, froide comme la mort.
« Où est ton père? » Morgana demanda doucement, espérant toujours retrouver son mari.
Quand le mot « père » sortit de sa bouche, elle vit quelque chose dans les yeux de son fils. C'était un étrange mélange de tristesse, de colère, et quelque chose d'autre aussi. Quelque chose qu'elle ne parvenait pas à identifier. De la compassion, semblait-il. Oui, de la compassion.
C'est alors qu'elle comprit, son fils n'avait pas encore répondu, mais elle avait compris. Elle aurait juré avoir senti son cœur se briser en milliers de petits morceaux, comme de la glace. Sa vision était brouillée par les larmes qui se formaient dans ses yeux mais elle fut tout de même capable de voir ce que son fils fit ensuite.
Sans détourner les yeux de sa mère, Thomas Pendragon tendit son bras et pointa du doigt quelque chose derrière Morgana. Elle rassembla son courage et se retourna. La seconde qui suivit, elle dévala les marches et courra à travers la cour.
Sa course prit fin quand elle atteignit le corps froid et inerte de son mari et s'agenouilla à ses côtés. Elle laissa échapper un cri qui brisa l'insupportable silence laissé par les corps sans vie qui l'entouraient. Les larmes dégoulinaient sur sa joue et laissaient un gout salé sur ses lèvres.
Arthur avait été poignardé dans le ventre mais à part cela, il n'était pas trop abimé. Son visage, en particulier, était intact, et si on se concentrait sur cela, et cela uniquement, on aurait pu jurer qu'il dormait.
Ses yeux étaient fermés, et Morgana en était reconnaissante, elle n'aurait pas pu supporter de les voir si vides, si éteints, si… morts. A chaque fois qu'il lui avait demandé ce qu'elle préférait chez lui, elle avait toujours répondu ses yeux. Et quand il lui avait demandé pourquoi, elle avait dit : « Parce que quand je les regarde, je ne vois pas un Roi, ou un Chevalier. Je vois un petit garçon dans le corps d'un homme. » Il détestait ça.
Elle posa délicatement sa main sur la joue d'Arthur et approcha son visage du sien pour déposer un doux baiser sur ses lèvres froides. Le dernier, pensa-t-elle.
Le bruit d'une épée quittant son étui lui glaça le sang, elle sentit son cœur s'arrêter et pendant une seconde elle laissa la peur s'emparer d'elle. Une seconde, c'est tout ce qu'elle lui laisserait. Quand enfin elle se releva et se retourna, elle vit un homme au visage caché, debout derrière son fils, tenant une épée à sa gorge.
« Ne buvez pas, mère, » Morgana l'entendit dire.
Elle courra vers lui, voulant à tout prix empêcher ce qui était sur le point de se passer mais le mystérieux individu fut plus rapide et caressa le coup de Thomas avec son épée. Du sang jaillit de la plaie et Morgana vit son monde s'écrouler autour d'elle.
« NON! » cria-t-elle alors qu'elle tombait au sol, incapable de tenir debout.
Elle ne pouvait supporter de voir le corps de son fils, alors elle se contenta de fermer les yeux et de pleurer, en priant Dieu de mettre fin à ses souffrances.
Morgana n'avait jamais été une personne croyante. Elle se souvenait que quand ils étaient plus jeunes, Arthur et elle avaient dû aller à l'église et apprendre tout ce qu'il y avait à savoir sur le Christianisme avec un vieux prédicateur. Son nom était Père Lewis, et ils le détestaient. Il n'avait de cesse de répéter à Morgana qu'elle serait punie pour ses péchés un jour et que quoiqu'elle fasse elle ne trouverait jamais l'absolution. Bien qu'elle eut toujours cru qu'il s'agissait d'un tissu de mensonges, Morgana commençait à se dire qu'il avait peut-être raison.
Quand elle rouvrit enfin les yeux, après ce qui avait paru des heures, elle remarqua que rien n'avait changé autour d'elle, excepté que le soleil tapait fort désormais.
« Quel gâchis… » résonna la voix de Guinevere derrière elle.
La femme était assise au côté d'Arthur, et lui caressait les cheveux comme pour y mettre de l'ordre. Morgana sentit une pointe de jalousie mais elle se sentait trop vide pour opposer une quelconque résistance.
Guinevere se releva et, après s'être assurée que sa robe n'était pas trop froissé, marcha vers Morgana, tenant toujours la coupe dans sa main. Quand les deux femmes ne furent plus qu'à quelques centimètres l'une de l'autre, Gwen offrit son autre main à son amie d'enfance qui l'accepta.
Elles étaient maintenant toutes les deux debout, face à face, mais aucune d'elles ne parlait.
Morgana brisa le silence et entre deux sanglots dit : « Je ne comprends pas. Que se passe-t-il? Qu'attends-tu de moi? »
« Je suis ici pour t'aider. Tu dois boire. »
Morgana demeurait dubitative mais la coupe semblait exercer une sorte de pouvoir sur elle.
« Qu'as-tu à perdre? »
Elle avait raison, tout ce qui comptait pour elle était soit détruit, soit mort. Morgana se retourna pour regarder le corps de son mari, puis celui de son fils. Thomas avait essayé de la mettre en garde, mais peut-être s'était-il trompé.
« Si tu bois, tu seras avec eux à nouveau. Je te le promets, » continua Guinevere.
Tout d'un coup, Morgana s'empara du calice et la voix de Guinevere résonna dans sa tête « Qu'as-tu à perdre? » Mais il y avait une autre voix également, une voix amicale, et elle disait « Ca va vous tuer. » Merlin.
Merlin était l'un de ses plus proches amis et un très bon conseiller pour Arthur. Sa position au sein de la cour n'avait jamais été réellement établie, mais il ne semblait pas s'en soucier. Certains pensaient que c'était un servant, d'autre un chevalier, et d'autre pensaient que c'était un puissant sorcier travaillant pour le roi. Pour Morgana, c'était juste son ami Merlin.
La reine porta la coupe à ses lèvres et but, ignorant les prières de son fils et les avertissements de Merlin. Après tout, n'avait-elle pas passé les dernières heures à pleurer et à prier Dieu de lui ôter la vie?
Elle prit une gorgée, puis une seconde, et une troisième. Quand le verre fut vide, elle le laissa choir au sol et attendit. Elle attendit mais rien de se passa. Elle jeta un regard à Guinevere qui souriait maintenant, mais son sourire était tout sauf amical. Morgana fit quelques pas en arrière.
« Qu'est-ce que tu m'as fait? » demanda-t-elle à sa rivale.
Respirer semblait plus difficile maintenant, et chaque inspiration était plus douloureuse que la précédente. Instinctivement, elle porta sa main à sa gorge mais elle ne pouvait rien faire, plus maintenant. Et alors qu'elle sombrait peu à peu dans l'abysse, elle entendit le rire de Guinevere retentir. Bon sang, elle détestait ce rire.
La dernière chose qu'elle aperçut fut le ciel sans nuage et puis, plus rien. L'obscurité. Mais elle pouvait encore entendre la voix de Merlin qui l'appelait. « Morgana » disait-il, « Morgana! »
La voix était plus forte désormais, comme s'il se tenait à côté d'elle. La douleur avait disparue, elle réalisa, et le soleil n'était plus si chaud dorénavant.
« Morgana ! » cria Merlin, et elle sentit quelqu'un la secouer.
Quand elle rouvrit les yeux, le ciel n'était plus là, mais avait été remplacé par un plafond en pierres. C'était le plafond de sa chambre.
« Ma Dame, êtes-vous réveillée? » dit Merlin, toujours en train de la secouer légèrement.
« Merlin? » réussit-elle à demander.
« Vous faisiez un cauchemar, Morgana. Je passais par hasard dans le corridor quand je vous ai entendu crier, j'ai donc jugé bon de vous réveiller. »
Il fallut un moment à Morgana pour bien enregistrer ce qu'il était en train de lui dire, mais dès qu'elle comprit, elle se releva en position assise sur son lit, maintenant complètement réveillée. Toujours un peu secouée par son rêve, son cœur battait dans sa poitrine et sa tête la martelait.
Morgana se retourna vers la droite mais découvrit que l'autre côté du lit était vide.
« Où est Arthur? » demanda-t-elle doucement à Merlin, à moitié réveillée, à moitié endormie.
Morgana ressentait le besoin de partager chacun de ses rêves avec Arthur, car c'était la seule personne qui pouvait la comprendre, et c'était la seule personne qui savait, tout aussi bien qu'elle, que c'était toujours plus que des rêves, même s'il ne l'admettrait jamais.
« Un conseil, » répondit timidement Merlin, parfaitement conscient que cette réponse ne satisferait jamais sa reine.
« Au beau milieu de la nuit? » rétorqua Morgana alors qu'elle se levait de son lit.
Merlin tentait désespérément de trouver le meilleur moyen de répondre à cette question, mais il savait que quoi qu'il dirait, elle partirait à la recherche d'Arthur quand même.
Il optât pour un simple « Oui, des affaires importantes. »
Morgana le regarda avec un petit sourire et releva l'un de ses sourcils.
« Tu n'es vraiment pas doué pour ce genre de choses, tu sais, » dit-elle alors qu'elle passa près de lui et se dirigea vers la porte.
Merlin savait qu'il devait l'empêcher de quitter ses quartiers. Les ordres d'Arthur étaient clairs : « Je me fiche de ce que tu fais, mais assure-toi que Morgana reste éloignée de la salle à manger, distrais-là, » avait-il dit. Mais c'était sans espoir, Morgana faisait ce qui lui plaisait et personne ne pouvait la commander.
Merlin abandonna il ne comprenait même pas pourquoi Arthur lui avait demandé ça en premier lieu. Ce n'était pas comme s'il était avec une de ses maitresses, il avait réellement un conseil. Et après des années au service du couple royal, il avait pu remarquer que Morgana avait toujours été très impliquée dans la politique de Camelot et assistait à une bonne partie des réunions. Il ne voyait aucune raison pour garder celle-ci secrète. A moins qu'il n'y eut des choses qu'Arthur ne voulait pas que sa femme sache.
« Il n'y a rien que je puisse dire pour vous empêcher d'y aller? » essaya-t-il une dernière fois.
« Tu sais bien que non, » répondit-elle.
Puis elle franchit la porte, pieds nus et ne portant rien d'autre que sa chemise de nuit.
Les couloirs étaient vides, et le seul bruit qui se faisait entendre était les pas de Morgana sur le sol froid.
Toujours un peu secouée par son rêve, elle décida de faire un détour par la chambre de son fils. Elle devait s'assurer qu'il allait bien. « Ce n'est jamais que de simples rêves, » pensa-t-elle.
Quand elle atteignit la porte, elle l'ouvrit doucement et fit attention à ne pas le réveiller. Il y avait très peu de lumière mais elle pouvait néanmoins le voir. Il semblait dormir paisiblement. Morgana ressentit le désir de le serrer dans ses bras mais elle s'abstint. Au lieu de ça, elle le regarda pendant un petit moment.
Ça n'avait pas d'importance que son mariage soit un désastre, Arthur et elle avait au moins réussit à faire quelque chose de bien. Il était la prunelle de ses yeux et elle ne l'aurait échangé pour rien au monde.
« Ne t'inquiètes pas, je ne laisserai jamais rien t'arriver, » murmura-t-elle doucement, si doucement que c'était à peine audible.
Après quelques minutes, elle s'éloigna et ferma la porte sans un bruit.
Morgana se dirigeait maintenant vers la salle à manger où la plupart des conseils avaient lieu, voulant à tout prix découvrir ce que Merlin avait essayé de lui cacher. « Probablement une autre maitresse, » pensa-t-elle. Elle y était habituée maintenant, après six ans. Et bizarrement, elle appréciait le fait qu'Arthur fasse toujours de son mieux pour faire en sorte de garder ses liaisons secrètes.
La salle à manger se trouvait au croisement de deux couloirs formant un « T ». Morgana n'était plus très loin – la pièce se trouvait sur sa droite à quelques mètres de là – et alors qu'elle s'approchait, elle remarqua que les portes étaient ouvertes et elle ralentit pour tenter d'entendre la conversation qui se tenait à l'intérieur. Bien sûr, à cette distance, les voix étaient presque inaudible – c'était plus un bourdonnement – mais comme elle se rapprochait lentement, elle fut capable d'identifier certaines d'entre elles. Il y avait trois hommes, peut-être quatre, et elle reconnut facilement Arthur parmi eux. « Il avait donc réellement un conseil, » pensa-t-elle.
Elle tendit l'oreille et comprit quelques morceaux de conversations : « … postez-les à la frontière… », « … ne faites rien tant que je ne vous le dis pas… », « … ne doit pas sortir de cette pièce… »
Morgana s'arrêta de marcher quand elle atteignit la salle, et elle tourna la tête vers la droite pour jeter un coup d'œil à l'intérieur.
Il y avait en effet quatre hommes, dont Arthur qui était, comme à son habitude, assis sur sa chaise royale à l'extrémité de la table. Elle reconnut deux des hommes qui l'accompagnaient : l'un d'eux était Sir Godwin, le plus influant membre du conseil du roi l'autre était Sir Ellis, l'informateur en chef à la cour de Cenred. Le troisième homme lui était inconnu mais il arborait l'emblème de la maison Pendragon. De mystérieux documents et ce qui semblait être une carte étaient posés sur la table.
Les trois chevaliers regardaient tous Arthur, comme s'ils attendaient qu'il parle, mais le roi demeurait silencieux, pensif, son dos reposant sur le dossier de sa chaise, son coude droit sur l'accoudoir, et son index caressant le haut de sa bouche. L'inconnu se tenait à sa gauche, tandis que Sir Ellis était assis sur une chaise du côté droit de la table. Sir Godwin avait une main posée sur l'accoudoir droit du roi et se penchait vers lui pour lui murmurer à l'oreille.
Morgana avait un nœud à l'estomac et la peur prit le contrôle. Elle n'aimait pas ça, pas du tout.
Soudain, Arthur leva les yeux vers elle. Il fut suivi pas Sir Godwin, puis l'étranger et, pour finir, Sir Ellis tourna sa tête pour la regarder, mais elle continua de fixer son mari et celui-ci ne détourna pas le regard non plus. Bien entendu, la conversation avait cessé la seconde où il s'était aperçu de sa présence et l'atmosphère était maintenant palpable.
Le couple continua de se regarder pendant encore quelques seconde jusqu'à ce qu'Arthur se leva de sa chaise et marcha vers elle. Quand il l'atteignit, il lui adressa un vague sourire avant de poser ses mains sur chaque côtés de la porte à double battants et de la fermer, isolant sa femme à l'extérieur.
Alors, qu'est ce que vous en dites ? Je sais que le fait que l'intégralité du chapitre soit un rêve est un peu décevant car l'histoire n'avance pas. Mais je vous ai laissé plein de petits indices en ce qui concerne le future de cette fic (Gwen, la guerre, et d'autres choses que je ne révèlerai pas pour ne pas gacher le plaisir xD) Bref, s'il vous plait, laissez moi une review, ca me ferait très plaisir :)
