Disclaimer : Rien n'est à moi. Les phrases entre guillemets et en italique sont extraites de l'épilogue du tome 7.
« Mais tu connais bien Neville... »
Jamais Ginny Potter n'avait eu autant raison.
« En dehors de l'école, oui, mais en classe, c'est le professeur Londubat, tu comprends ? Je ne peux pas entrer en cours de botanique et lui transmettre des amitiés… »
Et jamais James Potter ne s'était autant trompé.
Tout d'abord, cette histoire devrait être composée d'une dizaine de chapitres, cinq sont déjà écrits. A titre informatif, les trois premiers chapitres servent principalement à établir le contexte de l'histoire, ce ne sont clairement pas les plus intéressants.
La publication devrait se faire à raison d'un chapitre par semaine, sans doute le jeudi, sauf empêchement.
J'essayerais de respecter le canon autant que possible.
Je réponds à toutes les reviews, c'est même ma priorité avant la publication.
Je tiens à préciser qu'une relation entre un élève et son enseignant n'est pas quelque chose d'anodin et que je ne le cautionne pas. Je n'écris pas sur ce sujet parce que c'est « cool » et qu'ils « pourraient faire un beau couple » comme on n'en voit souvent sur ce site (bien que j'apprécie de lire ce genre de choses). J'écris sur ce sujet car je tiens à faire réfléchir. Réfléchir au fait que l'amour peut nous faire faire des choses stupides. Pour mieux comprendre mon point de vue, je ne peux que vous inviter à lire.
Malgré tout, sachez que cette histoire et son contexte me tiennent tout de même particulièrement à cœur et qu'ils sont issus d'un « délire » strictement personnel que je ne vais pas expliquer ici car j'en serais incapable.
Dernière chose, je tiens à remercier KeanaB pour m'avoir donné envie de faire de cette histoire une histoire longue car à la base elle ne devait faire que trois chapitres et finalement certaines des scènes qui me tiennent le plus à cœur sont celles que j'ai ajouté. Alors si tu passes par là, merci à toi^^
IMMORALITE
CHAPITRE 1: Eveil
James Sirius Potter traina des pieds alors qu'il entrait dans la salle de classe de botanique, en avance, comme à chaque premier cours de cette matière de chaque année scolaire.
—Maman te souhaite le bonjour, dit-il en prenant place à un bureau.
Son professeur de botanique, Neville Londubat, le remercia comme à chaque fois d'avoir fait passer le message.
Il y avait une chose que James détestait chez sa mère. C'était cette habitude qu'elle avait depuis sa première année à Poudlard de lui demander à chaque rentrée de vacances de transmettre ses amitiés à Neville Londubat.
Et James se détestait encore plus d'obtempérer à chaque fois, même s'il prenait ses précautions pour que les autres ne le sachent pas. Parce qu'au fond, il savait qu'il appréciait ça et ça l'agaçait profondément.
Il était fier que sa mère le lui ait demandé cette année encore, parce que son frère, Albus, était désormais à Poudlard et elle aurait très bien pu lui confier cette tâche, car Albus ne se plaignait jamais de devoir faire quoi que ce soit – James se plaisait à dire que son frère était bien trop gentil pour son propre bien.
Mais non, Ginny Potter avait confié cette tâche à James encore une fois – et il aimait penser qu'il s'agissait d'une marque de confiance, même si c'était d'une absurdité sans nom.
—Comment va Hannah ? Maman a dit qu'elle avait attrapé l'éclabouille.
Neville releva la tête des papiers qu'il triait jusque-là sur son bureau et le fixa avec un regard indéfinissable – comme s'il se demandait pourquoi diable James lui demandait ça.
—Mieux, merci, fit-il d'une voix hésitante. J'ai dû la remplacer au Chaudron Baveur pour ne pas qu'elle la transmette.
James eut un petit rire.
—J'aurais aimé voir ça.
Neville sourit en retour.
—Oh j'en suis sûr. Je n'avais jamais vu autant de monde dans cet endroit. C'était comme si tout le monde s'était donné le mot pour m'embarrasser.
Oui, décidément James aurait adoré être là pour pouvoir se moquer de son professeur. Oh, il l'aimait bien, mais s'il avait appris une chose à propos de Neville Londubat depuis qu'il le connaissait, c'était que l'homme se mettait dans des situations très embarrassantes très facilement et que c'était souvent à mourir de rire.
Par exemple, James se rappelait parfaitement de la fois où Neville avait essayé d'apprendre à Albus, son filleul, à monter sur un balai. Personne ne lui avait rien demandé et le pauvre s'était mis dans tous ses états quand l'enfant de huit ans s'était retrouvé coincé en haut d'un arbre. Et le voir bafouiller, s'excuser… Cela resterait à jamais gravé dans sa mémoire. Le Neville qu'il connaissait à Poudlard – le seul Neville qu'il connaissait désormais – était tellement passionné par la botanique qu'il émanait de lui une assurance débordante.
Mais James ne s'en plaignait pas, parce qu'il adorait les cours de botanique. Non pas qu'il aimait la botanique – ça non, il préférait de loin les Sortilèges ou les Potions – mais il était littéralement captivé par son professeur. Il parlait avec tellement de passion que même s'en rien y comprendre, James pouvait l'écouter pendant des heures entières.
Quand ses amis le lui faisaient remarquer, il se défendait toujours en arguant que le Professeur Londubat était le seul professeur de Poudlard à montrer autant d'intérêt pour sa matière. Leur hochement de tête n'avait jamais l'air convaincu, pourtant, c'était la vérité !
—James ?
L'interpellé sursauta et se tourna vers son professeur.
—Oui ?
—Tu sais comment Albus a réagi à sa répartition ? demanda Neville avec une certaine hésitation.
Malgré lui, James grimaça et il se moquait bien de l'air réprobateur qui se peignit sur le visage de son ainé.
Il ne savait pas comment son frère avait réagi, ça non, mais il s'avait comment lui, avait réagi. Il avait été d'une humeur massacrante durant tout le banquet et était monté se coucher directement après. OK, il avait pris un malin plaisir à enquiquiner son frère en lui disant qu'il allait finir à Serpentard et il s'était amusé de la frayeur qu'il avait provoquée. Mais en aucun cas James n'avait pensé que cela arriverait. Alors non, il n'avait pas bien réagi. Parce que c'était son frère et qu'il l'aimait et qu'en dépit de tout ce que son père pouvait bien dire sur à quel point il serait fière si un de ses enfants allait à Serpentard, James avait peur de perdre Albus, son Albus. De le perdre à cause de l'éloignement d'être à la fois si prêt et si loin. De le perdre à cause de toutes ces influences qui pèseraient sur lui, parce que son frère était d'une naïveté sans nom.
Mais plus que ça – et James se détestait de ressentir ça car il aimait son frère – il en avait assez. C'était toujours Albus. Neville n'avait que ce nom à la bouche. Albus par-ci, Albus par-là. D'accord, c'était son filleul, mais qu'est-ce qui l'empêchait au juste de se préoccuper un peu de lui ?
Parce que depuis trois ans qu'il était à Poudlard, jamais Neville ne lui avait accordé plus d'attention qu'à un autre de ses élèves. C'était tout à son honneur, mais James ne pouvait s'empêcher de sentir la jalousie le gagner quand il voyait tous les efforts qu'il faisait pour attirer son attention et pour avoir de bonnes notes dans sa matière. C'était sans doute pour ça qu'il obéissait gentiment à sa mère quand elle lui demandait de transmettre ses amitiés à Neville. Car c'était un moyen de communiquer comme un autre.
Parce que c'était son seul moyen de communiquer.
—Il n'avait pas l'air traumatisé, répondit-il amèrement. Au contraire, il s'amusait bien avec Scorpius Malefoy quand je l'ai vu.
Un autre point qui lui avait fait grincer des dents pendant tout le petit déjeuner. Il s'inquiétait de perdre son frère parce qu'il était à Serpentard, et lui s'amusait avec… Merlin, il ne le supporterait pas s'il perdait Albus au profit d'un Malefoy.
Un regard vers son professeur lui apprit qu'il pensait la même chose.
—Je ne pense pas qu'Harry apprécie ça.
—Tu plaisantes, j'espère ? Papa n'arrête de nous bassiner sur à quel point il ne faut pas se fier aux rumeurs qui courent et aux préjugés que l'on pourrait avoir.
Neville sourit.
—C'est vrai, j'oublie parfois à quel point il a changé.
Son professeur retourna à sa paperasse et un coup d'œil à sa montre apprit à James que ses camarades de Serdaigle et de Griffondor de troisième année ne devraient plus tarder. Et même si cette conversation ne lui était pas des plus agréables, il ne put s'empêcher de sentir son cœur se serrer.
X
Le midi, James descendit dans la Grande Salle avec tous ses camarades d'une bien meilleure humeur que depuis qu'il était arrivé à Poudlard. Son cours de botanique lui avait fait un bien fou et, par Merlin, il avait même pris des notes complètes ! Quelque chose qui n'arrivait plus depuis bien longtemps car en temps normal, il se plongeait complètement dans le discours de son professeur et récupérait ensuite le cours de quelqu'un d'autre.
Le petit groupe prit donc place à la table de Griffondor, totalement plongé dans un grand débat sur les sélections de Quidditch de cette année. Deux d'entre eux – dont James – ambitionnaient d'obtenir un poste de poursuiveur. Un seul poste était à pourvoir et les amis essayaient donc de déterminer lequel des deux avait le plus de chance d'être pris, sans aucune considération pour le fait que les deux concernés étaient présents, bien entendu. Pour le moment, ils semblaient tous tomber d'accord sur le fait que James n'avait aucune chance.
James s'en fichait. Au contraire, ce serait encore plus appréciable de leur montrer à quel point ils avaient tort une fois qu'il serait dans l'équipe – ce qui allait arriver, son père disait qu'il était très doué.
Non, jusque-là, tout allait vraiment très bien. Tout commença à dérailler pour de bon quelques minutes après alors que le petit groupe sortait de la Grande Salle pour aller en cours de métamorphose. Dans le hall, plus précisément.
—James ! L'interpella-t-on.
Il n'avait pas eu besoin de se retourner pour savoir qui l'avait appelé. Mais il l'avait fait quand même. Il avait contemplé son frère, Albus. Celui-ci était tout rouge et avait le souffle court, comme s'il avait couru pour le rejoindre. Il baissait les yeux pour éviter son regard.
Lâche.
Ce fut la seule chose qui réussit un tant soit peu à traverser son esprit.
Ils se fixèrent un long moment.
Albus, incertain de la marche à suivre, dans son uniforme aux couleurs de Serpentard, attendait patiemment qu'il lui réponde.
James ne ressentait aucune gêne à se tenir là, comme ça. Il fixait simplement son frère, attendant. Attendant quoi ? Il n'en savait rien. De parler ? Qu'Albus parle ?
—Tu viens, James ?
Il tourna la tête. Julius, un de ses amis de Griffondor, l'attendait devant les marches de l'escalier principal.
—Oui, j'arrive.
Sans même hésiter, sans même se retourner, il tourna le dos à son frère bien-aimé et partit sans un regard en arrière.
Lâche.
C'était lui, le lâche.
X
Jusque-là, James aurait pu affirmer que sa troisième année n'avait clairement pas bien commencé.
Et par la suite, il put affirmer qu'elle ne se finit clairement pas bien. Comme celles qui suivirent à vrai dire.
Parce que le pire était arrivé. Son frère – son si cher frère – l'avait abandonné pour ce Malefoy. Oh, James ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même, il le savait parfaitement. C'était lui qui, le premier, avait commencé à ignorer Albus. Et Albus et sa naïveté. Albus et sa tendance à la solitude qui n'avait pas pu comprendre – qui n'avait pas voulu comprendre – que, peut-être, James avait pu avoir peur de le perdre, qu'il aurait pu avoir peur de ne pas réagir correctement et de tout faire foirer, comme toujours. Alors Albus était rentré en opposition avec le monde entier. Il se disputait avec tout et tout le monde, avec leur père, avec lui, avec les autres élèves. Et James avait la certitude que c'était à cause de lui, que s'il avait parlé ce jour-là, rien de tout cela ne serait arrivé.
Oh, bien sûr, ses amis n'avaient pas vu la différence. Ils n'avaient pas vu qu'il passait de plus en plus de temps dans ses pensées, parfois à broyer du noir, parfois à penser tout simplement. Ils n'avaient pas vu non plus que ses blagues qu'il affectionnait tant devenaient bien plus fréquentes comme le seul refuge qu'il possédait.
Malgré tout, tout allait bien et James vivait une vie d'adolescent vraiment normale.
Jusqu'à sa sixième où il se rendit compte que sa situation familiale pouvait être pire encore.
Car durant sa sixième année, Albus et Scorpius – son meilleur ami – avait commencé à dérailler. Ils avaient fugué juste avant la rentrée. Et alors que James était persuadé que leurs parents allaient lui passer un savon et le punir pour les années à venir, il avait découvert qu'ils s'étaient réconciliés. Et même qu'ils s'estimaient.
Et ce n'était pas le pire. Non, le pire dans tout ça restait sans doute que James, lui, ne s'était pas réconciliés avec son frère. Par Merlin, il ne savait même pas ce qu'il lui était arrivé ! Pourtant, à Noël, son père le regardait avec yeux tellement nouveaux qu'il devait forcément y avoir eu quelque chose.
Désormais, en plus d'être tenu à l'écart par son frère, James avait donc l'impression d'être tenu à l'écart par ses parents. Et c'était particulièrement agaçant.
Il passait son temps à y penser. En cours, pendant les repas, pendant son temps libre.
James fut tirer de ses pensées quand quelqu'un s'assit lourdement sur le fauteuil en face du sien, dans la Salle Commune de Griffondor.
Il dévisagea Julius, son meilleur ami, qui s'était étalé sans aucune grâce sur son siège.
Celui-ci lui rendit un sourire goguenard et finit par se pencher en avant, plongeant son regard dans le sien.
—Devines d'où je viens ? fit-il avec une excitation à peine contenue.
James sourit.
Au moins un qui a passé une bonne soirée.
—Je suppose que tu vas t'empresser de me le dire.
—J'étais avec Finnigan ! S'exclama-t-il à voix basse.
—Mary ?! S'étouffa James.
Un grand sourire aux lèvres, Julius acquiesça.
—Mais… protesta James en se penchant un peu plus pour que personne ne l'entende. Je croyais qu'elle préférait les filles ?
Julius haussa les épaules et balaya la remarque d'un geste de la main.
—Visiblement pas.
James observa un instant le visage de son ami.
—Et maintenant ? demanda-t-il.
—Quoi « maintenant » ?
—Tu vas sortir avec elle ? Insista James.
Deux jolies petites taches rouges gagnèrent les joues de son ami et il détourna la tête.
—Je ne sais pas, avoua-t-il en passant une main dans ses cheveux blonds.
—Si tu veux mon avis, dit James en se réinstallant confortablement dans son fauteuil, ça te ferait du bien d'enfin te caser.
—Peut-être, lui accorda Julius qui avait la fâcheuse réputation de sortir avec beaucoup de filles pas beaucoup de temps - ce qui en soit était parfaitement faux, il avait juste la fâcheuse tendance de faire son numéro de charme à beaucoup de filles.
Son regard se fit soudain vague, comme s'il envisageait cette éventualité très sérieusement. Puis il releva soudainement la tête, faisant craquer sa nuque tellement fort que cela fit frissonner James.
—Et toi alors ? Tu vas enfin te décider à me dire qui est l'heureuse élue ?
Cette fois-ci, ce fut au tour de James de piquer un fard.
—Je t'ai déjà dit que ça ne te regardait pas... Marmonna-t-il mal à l'aise en détournant les yeux.
—Parce que ça n'arrivera jamais ! Oui j'ai compris ! Le coupa Julius avec une moue agacée. Mais on est ami, non ? Tu sais que je ne moquerais pas alors pourquoi est-ce que tu persistes à ne jamais rien me dire?
James se leva brusquement.
—Je t'ai dit que je n'étais pas prêt à parler de tout ça, alors n'insistes pas.
Énervé, il se dirigea donc vers l'escalier en colimaçon qui menait au dortoir des garçons. Il allait monter la première marche quand son ami l'interpella.
Prenant sur lui pour garder son calme, James se retourna vers lui. Il se tenait à seulement deux pas de lui afin d'éviter que d'autres les entendent.
—Tu sais, commença Julius d'une voix hésitante, s'il s'agit d'un garçon... ça ne me dérange pas...
James fixa son ami quelques instants en se mordant la lèvre inférieure de nervosité. Puis finalement, il haussa les épaules et s'engagea dans l'escalier, laissant un Julius dépité derrière lui. Dès qu'il fut dans le dortoir des sixièmes années, il se jeta sur son lit.
Il avait menti à Julius. Enfin la vérité était plutôt qu'il lui mentait depuis longtemps maintenant. Et d'une certaine façon cela le rongeait doucement.
James n'était pas amoureux d'une personne avec qui il ne pourrait jamais être comme il le faisait croire depuis toujours à ses amis. Ceux-ci s'amusaient d'ailleurs parfois à imaginer toutes les explications possibles et inimaginables, mais ils se lassaient rapidement pour retourner à leurs propres histoires de cœur.
La vérité était que James n'était pas gay comme Julius semblait le soupçonner. A vrai dire il s'en fichait comme de ses premières bombabouses. Il ne savait pas si c'était le cas, mais le cas échéant, cela ne lui poserait aucun problème. Son père lui avait appris la tolérance et à ne pas prêter attention au regard des autres.
Non, ce qui préoccupait tant James, c'était justement qu'il ne savait pas.
Les histoires d'amour, la sexualité. Tout ça lui passait littéralement au-dessus de la tête.
Là où ses amis parlaient filles, lui détournait le regard et songeait à autre chose.
Là où ses amis regardaient les filles avec un œil appréciateur ou dépréciateur, lui ne voyait rien, sinon une effroyable banalité - un banal morceau de chair.
C'était ce qui l'avait poussé à s'intéresser aux garçons. Pendant des semaines, James avait observé les membres de la gente masculine avec des yeux nouveaux. Et la vérité, terrible, lui avait sauté aux yeux. Il n'était clairement pas intéressé par les hommes.
Il ne comprenait pas.
S'il n'était attiré ni par les hommes, ni par les femmes, c'était qu'il y avait un problème, non ?
Au début, James avait mis ça sur le compte de l'âge. Peut-être qu'il s'agissait d'une chose normale, peut-être que cela n'importait pas. Mais par Merlin, il allait avoir dix-sept ans maintenant ! Il ne pouvait plus se cacher derrière cette excuse.
James ne se trouvait pas normal. Il n'arrivait pas à mettre un nom sur ce qu'il ressentait, alors comment aurait-il pu en parler à ses amis ? C'était beaucoup plus simple de leur mentir, de leur dire qu'il vivait un amour impossible à sens unique.
Il ne s'imaginait pas que cela changerait bientôt. Que cela ne serait plus un mensonge. Parce que ça allait se passer.
X
Cela se passa le troisième samedi du mois de janvier. Comme chaque samedi après-midi – sauf jour de match de Quidditch – se tenait un club de duel auquel James se rendait avec assiduité depuis sa troisième année et qui était dirigé par leur professeur de Défense Contre les Forces du Mal, Monsieur Harvey.
C'était une activité comme une autre qui permettait à James de se changer les idées, de s'évader. Quand il pratiquait le duel, il ne pensait plus à tous ses problèmes – il n'en avait pas le temps – et ça lui faisait un bien fou, tout en lui permettant d'évacuer ses frustrations et son trop plein d'énergie.
Mais plus que ça, ce club de duel avait en plus une visée éducative, de quoi permettre à tous les participants d'améliorer leur niveau en défense.
Ce jour-là, en entrant dans la Grande Salle vêtu d'une tenue de sport purement moldue – une obligation pour participer – James ne pensait pas qu'il se passerait quelque chose de différent.
Et qu'il s'était trompé.
Il avait tout de suite vu qu'il y avait quelque chose de différent.
A côté du Professeur Harvey se tenait le Professeur Londubat, tous les deux vêtus à la moldue.
James s'en étonna. En général, les séances de duel ne nécessitaient qu'un seul enseignant puisqu'il n'avait qu'à passer voir les binômes qui s'exerçaient.
Mais son étonnement fut vite balayé alors qu'un sourire amusé se dessinait lentement sur ses lèvres. S'il y avait bien une chose qui n'avait pas changé chez lui avec les années, c'était cette jubilation qu'il tirait de voir Neville mal à l'aise. Et il n'y avait pas d'autre mot pour qualifier l'attitude de Neville présentement. Il était pâle comme un linge et semblait prêt à décoller à la moindre occasion. En plus de ça, le fait qu'il soit habillé d'un simple jogging et d'un T-shirt cintré n'aidait clairement pas à cacher les légers tremblements qui agitaient régulièrement sa main gauche.
De quoi pouvait-il avoir peur ? Le Neville sûr de lui qu'il connaissait tirait ça de sa passion pour la botanique. Mais aussi, parfois, de son passé durant la Deuxième Guerre des Sorciers.
Et les pièces s'emboitèrent d'elles-mêmes dans l'esprit de James avant même que le Professeur Harvey ne le dise quelques instants plus tard. Neville allait participer à la séance et surtout à un duel avec son collègue. Pour montrer ce qu'était un vrai duel.
D'où la nervosité. Tel qu'il le connaissait, James supposait que son professeur n'avait pas confiance en ses capacités. A vrai dire, James n'était pas sûr d'avoir confiance dans les capacités de Neville. Sauf si cela concernait la botanique. Ou s'il était sous pression – mais pas trop non plus.
Pendant un instant, James se demanda s'il devait s'inquiéter pour son professeur. Son père lui avait un jour raconté à quel point Neville avait été brave et héroïque durant la dernière année de guerre. Il n'avait jamais dit qu'il avait été doué. Par contre, il était certain d'avoir déjà entendu son oncle Ron dire à quel point Neville avait été maladroit avec une baguette entre les mains et sur le coup, cela l'avait amusé.
James secoua la tête. Peu importait. Il verrait bien assez tôt si son professeur savait se battre en duel.
Quelques instants tard, leur professeur de défense monta sur l'estrade qui avait été mise en place pour l'occasion dans la Grande Salle, vite rejoint par Neville, et leur demanda de former un cercle autour d'eux.
—Je vous demanderais, commença-t-il, de bien faire attention au cas où un sort serait perdu, comme d'habitude. J'attends de vous que vous reteniez autant de détails que possible.
Puis, d'un commun accord, les deux professeurs s'éloignèrent l'un de l'autre et se retournèrent l'un vers l'autre avec un parfait synchronisme.
Et le duel commença.
James était complètement captivé. Il n'avait jamais vu ça de sa vie et se demanda à quel point le professeur Harvey devait trouver ridicule leurs petits duels.
Les deux sorciers se mouvaient avec une facilité déconcertante et faisaient des mouvements amples que l'on pouvait parfaitement distinguer sans leurs larges robes. Il ne passait pas un instant sans qu'un sort ne soit lancé ou bloqué. C'était vraiment impressionnant.
Et dire que Neville avait eu l'air stressé. James en aurait presque ri.
Mais cela n'occupa son esprit que quelques secondes à peine.
En fait, James était littéralement subjugué par son professeur. Pas par Harvey, non. Par Neville. C'était comme avec la botanique, mais en différent. Parce que cette fois-ci, James voyait son corps. L'homme semblait totalement libéré de l'emprise de son cerveau et de ses nerfs fragiles.
Il se mouvait avec une grâce et une assurance tellement hors-normes venant de lui qu'on aurait pu croire à une autre personne. En fait à bien y réfléchir, James avait déjà vu son père se battre comme ça, un jour où ils avaient été attaqués sur le Chemin de Traverse.
Mais James n'avait clairement pas envie de songer à son père pour le moment, parce que ce qu'il voyait, ce n'était pas le talent de Neville pour le duel, ça non.
C'était plutôt les courbures de son corps sous ces vêtements moldus. C'était plutôt les muscles de ses bras pourtant très fins qui roulaient sous son T-shirt alors qu'il faisait divers gestes de baguettes. C'était plutôt la sorte de sensualité qui se dégageait de chaque geste de son professeur et qui faisait que le cœur de James battait plus vite et que son souffle s'intensifiait.
Non, clairement, James ne comprenait pas pourquoi voir Neville en plein duel faisait se diffuser cette chaleur en lui. Ni pourquoi il le trouva beau. Ou attirant.
Car il n'était pas beau et attirant.
Le corps de Neville projeté à l'autre bout de la pièce brisa l'étrangeté du moment. Ou presque. Parce que James sentit comme une vague glacée le traverser. Parce que Neville ne s'était pas relevé immédiatement. Parce qu'il s'inquiétait pour son professeur. Ce qui était stupide en soit car un simple Expelliarmus et un vol plané n'auraient jamais pu lui faire plus que quelques bosses et contusions.
Et pour cause, Neville se releva en se frottant le dos à peine quelques instants plus tard.
Si James laissa échapper un soupir de soulagement, ça ne dura qu'une fraction de seconde. Parce que ses pensées, ses réactions précédentes lui revinrent subitement à l'esprit avec l'effet d'une gifle.
Discrètement, il s'enfuit de la salle.
Il n'avait clairement pas l'esprit à pratiquer le duel.
X
Dans les jours qui suivirent, James ne sut pas quoi penser. Dans un premier temps seulement.
Il avait passé le week-end entier enfermé dans son dortoir à penser à ce qu'il s'était passé, en dépit de la curiosité et de l'inquiétude de ses amis.
Si au début l'adolescent n'avait pu mettre un mot sur ce qu'il avait ressenti, cela s'était vite imposé à lui.
Attirance.
Plus que ça même. Désir.
Enfin, ce dernier ne vint que plus tard. Quand il se surprit à se toucher en songeant à son professeur. Et par Merlin, que ça avait été bon ! C'était la première fois qu'il faisait ça, la première fois qu'il en avait eu envie, même. Et il savait que c'était à cause de Neville.
Il avait réfléchi. Il avait recommencé en songeant à d'autres personnes et cela n'avait clairement pas eu le même effet.
Alors James avait cherché à comprendre. Il avait observé son professeur aussi souvent que possible. Et il en était venu à la même conclusion. Il le trouvait attirant.
James était même tellement perdu qu'il avait envoyé un hibou à sa tante Fleur, de loin la plus sensible et celle avec qui il s'entendait le mieux. Bien sûr, James ne lui avait pas dit qu'il ressentait des choses pour son professeur. Non, il avait été vague.
Et Fleur lui avait dit qu'il fallait toujours écouter son cœur et laisser de côté les conséquences pour n'avoir aucun regret, comme elle quand elle s'était engagé avec Bill et par extension dans la guerre.
Elle lui avait dit de foncer et qu'elle était de tout cœur avec lui.
Il savait que c'était mal, malsain, mais d'un autre côté cela le rassurait, le faisait se sentir tellement normal qu'il n'arrivait pas à trouver ça mal. Oui, il était attiré par Neville Londubat, son professeur de botanique, et peut-être même qu'il l'aimait, mais il s'en fichait. Après tout, son père lui avait toujours dit que l'amour était la chose la plus importante au monde, qu'elle pouvait triompher de tout.
Alors James écouta sa tante.
Il fonça, sans réfléchir, et se retrouva un beau-jour devant les appartements de Neville.
Voilà, le premier chapitre est terminé, j'espère sincèrement que cela vous a plu.
En attendant, voici un extrait du chapitre suivant :
«—Est-ce que ça va ? Tu as l'air préoccupé.
James sursauta. Il ne l'avait pas vu revenir.
—Je ne sais pas.
—Pourquoi ?
—J'ai l'impression d'être une personne horrible, soupira le jeune Potter »
