Je me réveillai en sursaut. Ce bruit, qui m'avait réveillé des milliers de fois, m'avait réveillé une fois de plus.
Je me rallongeais mais ne me rendormais pas.
Dans la chambre d'à côté, j'entendais les ronflements de mes parents. Agréable…
Environ à sept heures du matin, je sautai du lit. Je me préparai rapidement, embrassait ma mère, grimpai sur ma mobylette.
La seule consolation que j'avais pour l'humiliation d'aller tous les jours à l'école sur un engin qui faisait petpetpetpetpetpetpeeettt,
c'était la, modeste certes, mais charmante moto qui dormait dans le garage.
Enfin bref, journée ennuyeuse avec le supplément des ragots.
L'un a trompé sa petite copine, l'autre a traité quelqu'un d'autre, un nouveau qui débarque…
Les gens semblent croire que le nombre de ragots que l'on a colporté durant nos études déterminera notre avenir.
Et pour certains, cela devient quasiment une activité extrascolaire!
Moi, je ne me fais pas remarquer ici, parce que c'est le seule endroit où l'on ne sait pratiquement rien de moi.
J'ai de vagues connaissances amicales… Mais pas de quoi écrire des petits mots sur la trousse.
De toute façon, on est là pour bosser. De réussir. J'ai l'intention de me tirer le plus vite possible de cette ville, de cette région et pourquoi pas le pays…
Voilà pourquoi je passai pour une fille sans intérêt, sans passion, sans personnalité et sans physique. (Mais ça, je n'en fais pas exprès).
Le soir, je rentrai et comme n'importe qui, je faisais mes devoirs. Mais après je m'en allai.
Mes parents ne savaient pas où j'allai et de toute façon ils ne voulaient pas savoir. Je les effrayais.
Parce qu'il y a une particularité chez moi, c'est que je ne parle jamais. En classe, les profs ne m'interrogent pas.
A la gueule que je tirai quand il y en avait un qui m'interrogeait, ils ont vite compris que ce n'était pas la peine d'insister.
Et puis à la maison, on ne peut pas dire que je sois souvent là. Je culpabilise souvent d'ailleurs.
En plus mes parents sont jeunes! Ils ont entre 30 et 35 ans! Mais c'est comme ça, j'ai horreur d'être à la maison.
Ma mère me couvre tout le temps, à croire qu'elle m'avait fait quelque chose d'atroce!
Quant à mon père… Lui c'est le contraire, à croire que je n'existe pas. La dernière fois qu'il s'est inquiété pour moi…
Je ne m'en étais même pas rendu compte… J'avais même des difficultés à l'appeler « papa ». On n'avait aucun point commun, que ce soit physique ou spirituel.
Il n'était pas très grand, râblé, les yeux bleus, les cheveux blonds, raides et fin.
J'étais une grande asperge molle, les yeux marron, les cheveux bruns bouclés et épais.
De caractère, il est extraverti et moi, je suis plutôt introverti. Etrangement, je ne ressemblai pas non plus à ma mère.
Entre elle et moi il y a un air de famille bien sûr mais bon pas de quoi se confondre.
Bref, à 18h je me tirai, sur ma charmante moto. Je sais, je n'ai pas l'âge requis!
Mais de toute façon, il y a tellement de gens qui n'ont pas l'âge requis et qui conduisent des motos que les flics ne réagissent même plus. Et puis là où je vais, les flics évitent le plus possible d'y aller.
Mais aujourd'hui, visiblement quelque chose n'allait pas. Quand je suis arrivée, les Mecs étaient déjà là. Sans exception.
- Bella, on a un problème ! annonça Jacob en guise de bonjour.
-Comment ça un problème ? Vous avez enfin réalisé que Paul a des goûts de chiottes?
- Que ! Tu vas regretter ce que tu viens de dire !
-Ok je te prends quand tu veux.
- Bon ça suffit vous deux là ! Vous êtes lourds à la fin !
-Seth a raison. On est dans les ennuis jusqu'au cou là. Alors oubliez-vous deux
minutes.
- Bon bah expliquez un peu pourquoi est-ce que tout le monde est déjà là alors ?
-Est-ce que tu connais James, le type qui a été envoyé en prison pour tentative d'homicide il y a trois ans ?
-J'en ai entendu parler, répondis-je, curieuse de savoir où il voulait en venir.
- Il sort dans deux semaines.
- Bah… Tant mieux pour lui. En quoi ça nous pose un problème à nous ?
- Il veut reconstituer un gang disparu. Qui… va être dangereux.
- Bon tu accouches Sam oui ou merde ? S'impatiente Paul. Arrête de la protéger, elle va s'en remettre !
Tout d'un coup, je fus saisi d'un énorme doute; pourquoi est-ce que Sam trainait tellement pour me dire le nom de ce fichu gang et pourquoi, en revanche,
Paul était si impatient que l'on me le dise? Un instant…
- Ne me dites pas que c'est CE gang là ! Hurlai-je au milieu d'un gros blanc.
- HIIIIIIIIIIIIIIIIII ! Hurlaient les Mecs, (c'est-à-dire une dizaine de garçons soi-disant «virils ») effrayés par mon changement de comportement soudain.
- Gagné Einstein! Sourit triomphalement Paul qui avait été le seul à ne pas hurler. Une peur irrationnelle tordit à peu près tout ce qui me constituait. Ainsi donc, ce
James a décidé de reconstituer les Black Demons.
Pendant que la terreur s'agitait en moi, je tachai de garder comme qui dirait mon sang-froid en extérieur.
Après je ne me souviens plus très bien de ce qui s'est passé. Ils ont parlé de qui se rallieraient à nous, d'une certaine fille…
Une seule question qu'un nouveau d'origine asiatique a sortie m'a sorti de ma léthargie intellectuelle:
- Eh mais c'est quoi le problème? Si ce mec veut refaire les Black Demons… Eh bah bonne chance pour lui! Tant qu'il ne vient pas nous emmerder on n'en a rien à faire, non?
Et puis d'abord, c'étaient qui les Black Demons? »
Tous se regardèrent, consternés. D'où il débarquait cet asiatique?
- Bah, du sud pourquoi ? répondit-il.
Tout le monde braqua son regard sur moi. Traduction: « C'est à toi de t'y collé ma vieille ». Je soupirai, agacée. Finalement, je me décidais :
- C'était un gang de motards qui régnait sur la ville. Ils étaient environ plus d'une centaine...
-Une…une cen… centaine ? Bégaya le nouveau, effaré.
-Oui, mais le chef est mort il y a trois ans et le gang s'est dissous. C'est tout.
-Bon! Et bien finalement, c'est moi qui vais raconter la véritable histoire parce que comme d'habitude, Bella a changé l'histoire à sa sauce.
Le chef de ce gang était le voisin de Bella. Lui, il avait un peu plus de 30 ans.
Il s'en occupait comme si c'était son rejeton : et que j't'emmène faire une balade en moto, et que j't'emmène à une soirée, et que j'te protège…
Mais, tu peux comprendre que en temps que chef du gang qui dominait toute la ville, il avait un certain nombre d'ennemis.
En particulier le gang d'une ville voisine à qui un jour les Black Demons avaient cassé la gueule.
Enfin, soupira-t-il d'un air faussement navré, un jour où Bella et lui étaient en moto, il y a eu une embuscade.
Une belle gamelle! Bella a eu le côté gauche écrabouillé par la moto. Et pendant que celle-ci pleurnichait tranquillement,
le chef était en train de se faire torturer et assassiner sous ses yeux! »
Il avait craché cette phrase avec tant de mépris et de méchanceté que la bile me monta à la bouche.
J'eus soudain une envie puissante de lui briser les bras, de lui casser le nez, de lui arracher les yeux, de détruire tout ce qu'il avait…
Un silence de mort accueillit ce charmant petit paragraphe que ce crétin avait dû répéter des milliers de fois devant son miroir.
Junyâ (le nouveau asiatique), extrêmement mal à l'aise (tu m'étonnes) posa la putain de question que je voulais à tout prix éviter :
- Mais alors… ça doit te faire plaisir que ce type veuille reconstituer ce gang dont tu faisais quasiment parti ?
Il déchanta rapidement en voyant nos têtes.
Et comme d'habitude, ma nature généreuse eut pitié de lui et de toutes les boulettes qu'ils venaient de sortir les unes après les autres.
- En fait, le souci, c'est qu'il veut TOUT refaire comme avant.
Et le chef avait une énorme bague , tu sais du genre qui te recouvres le doigt, où il était gravé les vœux, la volonté, les promesses et les principes des Black Demons.
Il avait aussi une moto, un modèle unique. Une V-MAX. James voudra surement les récupérer.
Et… Hésitai-je, on ne sait pas où ils sont. Ni la bague, ni la moto.
- C'est vrai? Demanda Junyâ.
- Oui et c'est pas tout. A la mort du chef, à peu près tous les gangs ont voulu la bague et la moto.
Mais, ne trouvant ni l'un ni l'autre, les gangs ont commencé à se soupçonner les uns et les autres de les avoir.
En plus, ce devint une véritable boucherie quand les Grands commencèrent aussi à s'en mêler.
Ceux qu'on appelle les Grands sont ceux qui vont jusqu'au bout. Quand ils te disent «On va te tuer» c'est pas pour t'effrayer.
Ils le font. Et avec James, qui les recherchera sûrement, les gangs vont reprendre la chasse.
Mais de toute façon, on ne les retrouvera jamais, achevai-je en regardant par terre, la gorge nouée.
Les Mecs eurent un grognement de compassion, pensant que si je baissai les yeux, c'était par chagrin et frustration, et non par honte de mentir à mes meilleurs amis.
-Qu'est-ce qui les a poussé a abandonné les recherches ?
- Il y a eu… des morts. Trop de morts. Tous les gangs de la région ont signé une sorte de …pacte.
Si jamais quelqu'un venait à découvrir qui les avait ou avait au moins un des deux, il devrait le faire savoir à tous ceux qui désirent ces deux symboles.
- Et… Qu'arriverait-il à la personne qui les avait ? demanda Junyâ qui n'avait pas vraiment l'air de vouloir savoir finalement.
-Il devra se battre contre tous ceux qui le ou les réclament. En gros, il sera tabassé à mort.
Les Mecs eurent un haut-le-corps à l'unisson et Paul ricana, bien qu'il ait considérablement pâli.
Quant à moi, j'avais raconté ça avec l'air de la nana qui n'avait rien à se reprocher. Alors que c'était le contraire. Vraiment le contraire…
Charlie avait été comme un père pour moi. Je demandais:
- Bon, qu'est-ce qu'on va faire ? Je veux dire, qu'est-ce qu'on va faire de James?
- On va le dissuader de faire ça. Répondit Sam avec détermination.
- Vous croyez qu'il va nous écouter? Demanda Quil, un autre nouveau.
- On n'a pas dit que nos arguments seront oraux. Par conséquent, il n'aura pas à nous écouter, rétorquais-je menaçante.
Un brouhaha d'approbation suivit ma tirade. Visiblement, personne n'avait envie de replonger dans cette histoire et ni d'y être mêlé.
-Dodo allez zou! Rigola Jacob. Demain j'ai un exam, et la fin de l'année approche, alors…
L'ambiance s'était considérablement détendue. Cependant, en nous disant salut, chacun savait dans quoi nous c'est-à-dire les Midnighters, nous embarquions.
OoOoOoOoOoOoOoO
Le lendemain, je continuais mon p'tit bonhomme de chemin.
En revanche, à 8 h, une fois installés en Maths (oui je sais à 8 h du matin c'est sadique) on nous présenta un nouveau.
Ah bon? Bah…J'ai dû zapper… En fait, quand je l'ai vu, j'ai tout zappé. Ouah ! C'est le plus beau mec que j'ai vu!
D'ailleurs, il y a eu de très grands soupirs féminins (et quelques uns masculins).
Franchement, que pouvez-vous faire d'autre quand vous voyez un type d'un mètre quatre-vingt-cinq,
les cheveux couleur bronze, des yeux d'un vert indescriptible, des dents et une bouche irréprochables,
formés pour l'instant en un grand sourire avec quelque chose d'inexplicable, découvrant de charmantes fossettes profondes?
Et bah, vous soupirez. Sauf moi, bien sûr ! J'ai suffisamment de self contrôle pour ne pas passer pour une cinglé.
D'ailleurs, à sa façon de froncer les sourcils il a dû s'interroger sur la santé mentale des 14 filles et des 3 garçons.
-Alors ! Où veux-tu te mettre, Edward ?
Bon, à la façon dont la prof le regardait elle aussi, il était clair qu'elle aussi craquait. Après tout, elle n'avait que 25 ans.
-Ben… Au fond à côté de la pâlotte.
Ok. C'est la guerre. Alors là, celui-là, je vais le faire chier encore plus que les autres.
J'ai la meilleure place, du coup tous les nouveaux se mettent à côté de moi.
Mais moi, en bonne adepte de la solitude, je leur fais mener une vie équivalente à une vie en enfer afin de retrouver cette solitude adorée.
Le lendemain ou le surlendemain, ils prétextaient un problème de vue ou d'audition.
- Très bien. Bella, enlève tes affaires de la chaise.
Dommage que je n'ai pas un clou pour que je le lui plante dans ses (charmantes je dois bien l'admettre) fesses !
- Salut ! Comment ça va ?
Pendant que j'imaginais des scènes de torture fortes alléchantes, il s'était approché de moi et avait commencé à installer ses affaires. Et m'avait dit bonjour.
-Grummf…
Les regards dégoutés que me jetèrent toutes les filles (y compris la prof) signifiaient tous : « t'es vraiment trop conne !
Le plus beau type que cet établissement n'ait jamais connu s'assoit à côté de toi, te sourit et te dit bonjour et toi, misérable pauvre tâche, tu lui grommelles à la figure ! »
Les filles ne furent pas les seules contrariées. Edward effaça son sourire et s'assit d'un air contrarié.
Qu'il conserva toute la journée. Quand à moi, je ne pipai mot, trop occupée à échafauder des plans machiavéliques à son encontre.
Malheureusement, je rencontrai quelques petites difficultés à me concentrer. Et pour cause : j'avais un ange à côté de moi.
C'est pourquoi à la sonnerie je me précipitai dehors. Week-end! Hourra !
Même le de ma mobylette me faisait l'effet d'une bénédiction. Et je n'avais pas de devoir à faire alors dès 17 h j'allai rejoindre Jack !
-Coucou Jack !
Ma joie immense et peu habituel l'avait visiblement effrayé.
-Pourquoi tu es aussi heureuse ?
- Parce que je viens de passer la journée avec un p'tit con prétentieux. Un nouveau. Il m'a traité de pâlotte !
Il me regarda, sidéré. Et éclata de rire.
-Arrête de rire ou sinon tu chialeras pour une autre raison !
Il perdit bien vite son air narquois. Dommage, je lui aurai volontiers cassé la gueule, pour me défouler.
- Bon ! On s'fait une course ?
- Ouaip ! Ça va me mettre de bonne humeur de te battre !
- Alors là tu peux toujours courir ma vieille !
- T'as raison. Je vais rouler !
Oui oui ça va je sais j'ai un humour déplorable.
Mais je ne répondis pas à la provocation et me contenta de démarrer.
Dès lundi, Edward changea de place en me jetant un long regard de mépris et de colère et ne me reparla plus.
Et pendant la semaine qui suivit, Edward se composa un fan club : la totalité féminine du lycée.
Mais Edward ne semblai distinguer aucune fille.
Je l'ai appris dans une scène typiquement américaine : quand on est aux toilettes.
L'héroïne (moi) est dans la cabine et deux filles (style Barbie) discutent justement d'un sujet très délicat :
-Nan mais franchement ! C'est quoi son problème à cette fille ? Le nouveau beau gosse du lycée a eu l'extrême gentillesse de s'asseoir à côté d'elle et elle, elle l'envoie promener ! s'indigna Barbie n°1
Barbie n°2 renifla d'un air dédaigneux :
-En plus, Edichou en a été très perturbé. Il en a rien dit mais… tu sais, entre lui et moi, c'est presque fusionelle. Pauvre chou…
Edichou ? Il a vraiment fallu que je me retienne pour éclater de rire. Mais Barbie n°2 poursuivit :
-Mais tu ne devineras jamais ! Cette fille bizarre qui a envoyé baladé Edichou, Bella, je croie qu'elle fait partie d'un gang.
- Ômondieu ! C'est pas vrai !
-Siiii ! J'te jure ! Mon cousin est flic et il y a un mois, il a arrêté un trafiquant de drogue.
Mais quelqu'un lui était déjà tombé dessus : mâchoire brisée, commotion cérébrale, côtes brisées et poigné droit brisé.
Par chance, il était gaucher et a pu donc décrire qui lui a fait ça. Et c'était une fille ! Une fille grande, mince avec des cheveux bruns et des yeux marron.
-Ne me dis pas que c'était…
-Si c'était Bella. Et en plus, elle était en moto avec un gang !
Aïe. Pour le coup, je n'avais plus envie de rigoler.
Non pas pour les flics, de toute façon, ils ont tellement d'affaires sur les bras qu'ils ont déjà laissé tomber les recherches de la grande brune.
Le souci, ce sont les deux pestes qui papotent en rajustant leurs coiffures, remettent du rouge à lèvres et s'assurent que leurs rembourrages de sous-tifs soient toujours en place.
Commères comme elles sont, dans deux heures, tout le lycée sera au courant pour les Midnighters et pour l'enfoiré de dealer que j'ai expédié à l'hosto.
Il était hors de questions que ces deux petites Barbies nombrilistes détruisent la protection que j'ai établie sur ce lycée.
J'ai fait en sorte que ce lycée soit un no man's land afin d'assurer la survie de ce lycée quoi que je fasse et quoi qu'il se passe.
C'est pourquoi j'inspirais un bon coup, tirai la chasse d'eau et sorti de la cabine.
Dehors, Barbie n°1 et 2 s'étaient figées dans des positions grotesques : n°1, la bouche grande ouverte et n°2, les mains sur la poitrine (sous-tifs rembourrés).
Elles avaient peur. Je décidai donc de me comporter en terreur sympa.
-Coucou ! D'après ce que j'ai entendu, vous connaissez mon prénom donc inutile de me présenter, lançai-je avec un sourire aimable.
-Qu'est-ce que tu veux ? Couina Barbie n°1.
Je ne répondis rien. J'attendis. Finalement, ce fut Barbie n°2 qui craqua :
-Mon cousin est flic et si jamais tu me faisais quoi que ce soit, j'irai lui dire que c'est toi qui a tabassé ce pauvre trafiquant et…
-Pauvre trafiquant ? Sifflais-je avec incrédulité en interrompant son flot d'avertissements. Ce sale type se faisait du fric sur la santé de mômes de 12 ans !
Pour le ton agréable, c'était raté. N°2 se recroquevilla mais trouva d'autres arguments :
-Je ne lui dirai rien mais ici, tout le monde fera une pétition pour que tu partes. Tu seras obligée de partir.
-Tu sais, si je pars, tous les gangs débarqueront ici pour posséder le lycée.
Elles échangèrent un regard paniqué.
-Comment ça ? Qu'est-ce que ça veut dire ?
-ça veut dire que c'est moi qui ai fait en sorte que personne ne règne sur ce bahut. C'est pour ça que vous avez la paix.
Jusqu'ici, je n'ai jamais rien demandé en échange, mais aujourd'hui, je vais vous demander que ce que vous avez dit dans ces chiottes restent dans ces chiottes, ok ?
N°2 souffla et répondit d'un air haineux :
-Très bien ! On vous couvre, toi et tes parasites de copains !
Et elle quitta la pièce en claquant la porte.
-C'est quoi son problème ? Demandai-je en fronçant les sourcils.
N°1, qui semblait ressentir pour moi un élan de gratitude, me répondit :
-Quand son cousin est arrivé dans la police, un gang de motard l'a menacé de tuer son petit frère s'il ne se soumettait pas.
Il ne les a pas écoutés. On a retrouvé son petit frère au fond d'un ravin. Mort.
Jessica adorait son petit cousin et depuis elle a simplement et tout bonnement détesté les gangs.
-Tous les gangs ne sont pas comme ça, Barbie N°1 ! Me défendis-je.
-Tu sais, je crois que quand on est triste comme elle, on n'essaie pas de faire la différence entre les gentils et les méchants. Rétorqua n°1, nullement offensée.
Elle s'avança vers la porte et ajouta :
-Au fait, je m'appelle Angela.
Sur ce, elle quitta la pièce.
