Prologue: Cauchemar

Ce monde est entièrement constitué de noir et de blanc... Noir comme les Ténèbres les plus profondes, l'obscurité la plus totale, l'impureté la plus sale et Blanc comme le Paradis le plus lointain, comme la lumière la plus éclatante, la pureté la plus propre. Je me retrouve au milieu de ce noir si abject et pourtant, là-bas, le blanc le plus immaculé. Combien de fois déjà ai-je essayé de me rapprocher le plus possible, ne serrait-ce que pour l'effleurer du bout des doigts et qu'il s'éloignait pourtant encore plus de moi ?

Derrière ce pont, du côté du bien, il y a un garçon de mon âge, plus grand que moi, les cheveux en bataille de la couleur des ailes d'un corbeau, mais ce qui m'attire surtout chez lui ce sont ses yeux, si verts, si intenses et si profonds. J'ai l'impression qu'ils sondent mon âme entière juste par le contact de nos yeux, c'est une étrange sensation, je ressens comme une douce chaleur envahissant mon cœur et en même temps un sentiment d'inconfort de douleur même, comme s'il me faisait une lente entaille avec un poignard bien aiguisé. Combien de fois ai-je crié encore et encore à m'en briser les cordes vocales pour qu'il vienne me sauver d'ici, combien de fois ai-je hurlé, pleuré, pour qu'il remarque à quel point je souffre ?

Mais c'est bien trop tard maintenant, on a grandi, j'ai grandi, et puis j'ai enfin compris qu'il ne me voyait pas vraiment, qu'il ne me regardait pas, alors je lui ai tourné le dos, j'ai fui son regard pour ne jamais revoir cette haine si horrible dans ses yeux si verts, pour ne plus souffrir, pour faire comme si cela ne me touchait pas. Je m'enfonce de plus en plus dans cet enfer, qui fera que je devienne sien un jour, pour ne plus jamais être tenté par cette lumière si douce et protectrice dans ma solitude glacée.

Tel le Yin et le Yang, deux éléments que tout oppose et qu'en même temps tout réunit. Je suis le Yin, il est le Yang. Je suis le noir, la Lune, la froideur de l'hiver et il est le blanc, le Soleil, la chaleur de l'été. Je suis Ténèbres, il est Lumière pour faire simple.

Et me voilà à refaire encore et toujours ce même rêve où il est là avec ses amis de Gryffindor, fier et victorieux, alors que je suis là, à ses pieds, à agoniser parmi mes ''amis'' de Slytherin et Mangemort, honteux et perdant. Et comme à chaque fois, je ne vois jamais la fin car je me réveille toujours dans un sursaut, en sueur et avec toujours cet arrière goût âcre dans la bouche mélangé à celui salé de mes larmes que je n'ai pu retenir.

Aujourd'hui, je fête mon seizième anniversaire seul, dans ce lit où je viens de me réveiller encore de ce ''rêve'', dans cette chambre si impersonnelle aux couleurs de ma maison . Aujourd'hui, je fête ma cinquième année de tortures autant mentales que physiques, je fête mon quatrième anniversaire de la douleur d'aimer quelqu'un à sens unique, mais pas n'importe qui, un Gryffindor, un homme, celui aux cheveux noirs en bataille et aux yeux couleur émeraude, à en damner un Saint.

Moi, Draco Lucius Angelus Malfoy, suis tombé amoureux de ma némésis, Harry James Potter et, cela, depuis notre toute première rencontre.