Note de l'auteur : Un petit entremet en attendant la suite de LYCANS. J'ai cette idée en tête depuis un moment mais je ne savais pas comment la mettre en forme. Ce qui est fait. Une suite pourra être envisagée en fonction de la demande et des reviews. Lasolitaire.

Consumée

Je me suis consumée. C'est ce qui résume le mieux l'ensemble des émotions que j'ai ressenti durant cette période. Cette mascarade funeste. Le sang n'avait plus d'odeur ni de couleur. Cette couleur rouge n'avait plus aucune signification pour moi. Ce n'était pas la couleur de la vie ou de la mort. Ce n'était même plus la couleur de mes yeux. Ce n'était rien. J'ai été consumée dans les flammes de l'enfer au moment même où je me suis rendue compte que mon masque ne suffirait plus. Que le masque ne servait à rien. La vérité est telle que tu me détestait. Ou plutôt que tu ne m'as jamais aimé. Même pas de l'amitié. Je n'étais rien pour toi. Juste un lien pour obtenir des informations. Pour te renseigner sur ce que tu détestais. La première division, le fait que tu sois une Hime ou tout simplement les raisons de ta condition. De ta sollitude. Si j'étais restée une étudiante sans ma position de présidente du conseil, jamais tu ne m'aurais parlé, salué ou même regardé. Pourtant je l'ai fait pour toi. Pour apaiser ta douleur. Pour te montrer que quelqu'un souhaite prendre soin de toi. Que quelqu'un est là pour toi. Et surtout, que quelqu'un a perdu son âme pour toi. Mais ça encore une fois, tu n'en a que faire. Jamais tu ne m'as proposé de parlé de choses futiles comme les adolescentes de notre âge. Jamais tu ne m'as invitée chez toi. Jamais tu ne m'as donné une infime partie de toi. Que ce soit une accolade, un baiser ou même un simple toucher. Alors je me suis consumée. Je t'ai alors détesté pendant l'espace de quelques secondes. Et ça était l'élément déclencheur de ma descente au enfer. J'ai tout perdu pour toi. Mon calme, mon rang et même ma dignité. Mais encore une fois, tu ne t'en es pas rendue compte. Ou peut-être que si mais cela t'étais bien égal. Et aujourd'hui je me rends compte d'une chose. Ton égocentrisme et ton égoïsme. Tu ne pense qu'à toi. Mais as-tu ne serait-ce une seule fois essayée de te mettre à ma place? De savoir ce que c'est d'aimer une personne au point de préferer mourir plutôt que de ressentir ce sentiment d'impuissance? Non probablement pas. Sinon tu n'aurais jamais embrasser un homme devant moi comme si c'était la chose la plus naturelle au monde. Et peut-être que ça l'est. Mais pas pour moi. C'est pour cette raison que je me suis consummée davantage. Shizuru Fujino n'existe plus aujourd'hui. Elle est morte depuis la fin du carnaval. Depuis trois ans jours pour jours. Aujourd'hui, je ne peux plus faire marche arrière. Je veux te faire souffrir comme tu m'as faite souffrir durant toutes ses années. Je veux détruire ton couple. Te priver de ton repos. Je veux que tu tombes pour moi Natsuki Kuga. Et crois-moi que je ne trouverais pas le repos avant d'être arrivée à mes fins.


Je suis là devant toi mais tu ne me vois pas. Tu es trop occupée à embrasser cet abruti qui te sert de copain depuis maintenant trois ans. Ce même abruti avec lequel tu t'envois en l'air alors que tu devrais obtenir ce plaisir avec moi. Moi qui ne cesse de vouloir te satisfaire depuis mes dix-sept ans. Moi qui ne cesse de redessiner dans mes rêves les plus fous, la moindre parcelle de ton corps. Ce corps dont j'ai pu admiré les moindres parcelles lors du carnaval. Ce corps dont j'aurais pu abusé et faire mien. Ce corps dont j'aurai dû abuser. Te réclamer mienne quitte à t'en faire souffrir. Cela n'aurait été que justice. Je chasse cette colère m'envahissant et te suis sans même que tu ne t'en rende compte. Avant même que je ne passe le pas de l'amphithéâtre, je sens l'ensemble des regards sur moi. Je souris intérieurement. Il semblerait que tout le monde souhaite obtenir des informations sur moi et même plus. Tous sauf toi. Je me fais alors interpeller par l'enseignante. Elle est très belle et sensuelle. Peut-être trop sensuelle. Une allumeuse. Une trainée. Pourquoi ce genre de femmes existent? Pourquoi ce genre de femmes ne m'intéressent pas? ça serait tellement plus simple. Avoir du plaisir avec une femme différente chaque soir. Non, mon être est marqué au fer chaud par une certaine beauté aux yeux émeraudes qui me fixe un instant puis reprend sa discussion avec Mai-san et Chie-san. Me reconnais-tu Natsuki? Tu n'as jamais pris le temps de me détailler alors probablement pas. L'enseignante rompt mon train de pensées en me demandant si je suis le nouvel étudiant de transfert. Oui je le suis. Elle me détaille légèrement et s'arrête un instant sur mon entrejambe. Que pense-t-elle y voir? Ce qui me confirme ma pensée du départ à son sujet. Une traînée. Une chienne en chaleur ne voulant que ce faire prendre par un mâle. Je ne peux m'empêcher de froncer légèrement les sourcils. Elle semble le remarquer car elle prend une position plus professionnelle. Elle s'adresse alors au reste de la classe. Mon regard se porte alors machinalement vers le fond de l'amphithéâtre. Là où tu te trouve Natsuki.

- Avant de commencer, j'aimerais vous présenter un nouvel étudiant Yoshi Viola. Quelqu'un pourrait lui montrer les environs?

Une succession de mains se lève d'un coup. Toutes les filles semblent être sous mon charme. Toutes sauf Natsuki. Comme quoi, ma beauté froide n'a pas changé depuis notre dernière rencontre. Depuis maintenant trois ans. L'enseignante pose alors une main sur mon épaule et murmure doucement à mon oreille.

- Monsieur Viola, je pense que vous aurez toute l'aide que vous souhaitez. N'hésitez pas à venir me voir si vous avez besoin de moi. Quelque soit le besoin.

Je me contente de me diriger vers ma place. Il est sur qu'un homme aurait eu une érection face à son sous-entendu et sa voix sensuelle. Et ce même s'il est en couple. Mais je ne suis pas l'un d'entre eux. Même si mon but est de le devenir pour Natsuki. Encore et toujours pour elle, je suis prête à devenir ce que je ne suis pas. Je me lève lorsque j'entends la sonnerie retentir. Je ne m'attendais pas à voir Chie-san bondir sur moi. Il semblerait que les années ne l'ont pas changé. J'envie cette jeune femme sans qu'elle ne le sache. Pourquoi? Parce qu'elle est avec la femme qu'elle aime. Qu'elle brave les interdits et surtout qu'elle ne se soucie guère du regard des autres. Pourquoi ne suis-je pas Chie-san et Natsuki, Aoi-san? Cela aurait été tellement plus simple. J'essaie alors de masquer mon malaise lorsqu'elle me présente sa main.

- Bonjour, je sais que vous avez du temps avant votre prochain cours alors puis-je vous interviewer?

Pour la première fois depuis le début des cours, je prends la parole de tel sorte que Natsuki puisse m'entendre. Il m'a fallu deux années entières pour y arriver mais mon kyoto-ben n'existe plus. Ma voix est certe claire pour un homme mais personne ne m'a jamais fait aucune remarque.

- Que voulez-vous savoir?

Chie-san s'installe dans la salle à proximité de Mai-san et Natsuki. Je distingue Mai-san murmurer à l'oreille de Chie-san. Toujours ce côté maternel.

- Tu pourrais le laisser respirer ...

- Le journal n'attend pas.

Mai lève les yeux en l'air tout en me présentant sa main.

- Je suis Mai Tokiha. Et elle c'est Chie Hallard. Quant à là-haut c'est Natsuki Kuga.

- Yoshi Viola. Enchanté de vous rencontrer Tokiha-san.

Je ne daigne pas regarder Natsuki. Elle ne porte d'ailleurs aucun intérêt à ma présence. Moi qui croyait que la maturité la changerait. Elle continue à être solitaire. Chie-san saisit alors son calepin et remet correctement ses lunettes. L'interrogatoire va finalement avoir lieu. Heureusement que toutes mes réponses sont faîtes.

- D'où venez-vous?

- D'Asahikawa.

- Pourquoi venir ici?

- J'ai été accepté.

- Vous avez des passions?

Je sais que ma réponse va attirer l'attention d'une personne en particulier.

- Le Kendo et la moto.

Chie désigne Natsuki jusque-là silencieuse.

- Son copain pratique aussi. Vous devriez faire un combat avec.

Je passe alors à ma première phase, la provocation.

- Je ne joue pas dans la cours des amateurs alors je ne pense pas que ce soit une bonne idée.

Natsuki prit la parole pour la première fois. Mon coeur s'assombrit d'autant plus lorsque j'entends sa réplique.

- Takeda est le capitaine de l'équipe. Il est loin d'être un amateur.

Alors elle l'aime au point de le défendre ? J'ai envie de vomir. Je l'imagine alors lui faire des choses défiants toutes morales. Assouvir la moindre de ses demandes. Serait-elle capable de se mettre à quatre pattes devant lui juste pour assouvir ses fantasmes? Probablement. Natsuki est peut-être aussi une chienne au final. Une chienne en laisse. Je dois répondre avant de laisser parler mes nausées. L'amertume suffira.

- Cela ne signifie rien. D'ailleurs ... Ce titre sera bientôt le mien. J'espère que votre ... Takeda n'est pas trop attaché à celui-ci.

Natsuki semble figée par le changement dans ma voix. Peut-être que j'ai laissé passer mon kyoto-ben sans m'en rendre compte. Ou peut-être sait-elle que je ne suis pas qui je prétends être. Non, elle est juste étonnée de ma répartie. Natsuki m'a déjà oublié. Après tout, je ne suis rien pour elle. Chie-san poursuivit ses questions.

- Vous avez de la famille dans le coin?

Kanin na Natsuki mais il est tant pour toi de repenser à ton passé. Ce cher passé qui est à l'origine de ma descente au enfer.

- Mon père a refait sa vie avec une autre femme quant à ma mère, elle est morte. Et ma soeur est morte à cause de l'amour.

Mai-san prend alors difficilement la parole.

- L'amour?

Ecoute Natsuki ce que tu m'as fait.

- Elle a aimé une personne égocentrique et égoïste qui la rejettait sans tact, sans rien. Oh si avec quelque chose pour l'achever.

Mai-san semble la seule à vouloir connaître la suite. Je n'attendais pas moins que ta froideur et ton indifférence Natsuki.

- Comment ça?

- Lorsqu'elle a avoué son amour à la personne qu'elle aimait, celle-ci est directement sortie avec une autre personne. Quelques jours après cela. Et devant ses yeux, comme pour lui faire encore plus de mal.

Mai-san s'approche de moi et pose une main sur mon avant-bras. Je reconnais là sa douceur. Peut-être que Reito-kun a vu ce que je n'ai pas pris le temps de voir. Ce qui explique son amour pour la rouquine.

- Je suis désolée. Personne ne devrait souffrir pour l'amour.

Je décide de changer de sujet.

- Je dois aller m'inscrire pour le club de Kendo.

Je suis surprise d'entendre une question de Natsuki.

- De quoi est morte votre mère?

- Natsuki!

Celle-ci fixe Mai sans comprendre sa réaction. Ara, il semblerait que le tact n'est pas une chose qu'à acquis Natsuki durant ses dernières années.

- Ce n'est rien Mai-san. Un accident de voiture. Je suis le seul occupant à avoir survécu.

Sur ce, je sors de la pièce mais distingue un léger murmure de la part de Natsuki.

- Je ne l'aime pas.

Mais tu ne m'as jamais aimé Natsuki. Pourquoi cela changerait-il aujoud'hui?


Je rentre dans mon dortoir. Enfin la journée est terminée. Je fixe machinalement mon téléphone et souffle malgré moi. J'appuie sur la touche rappel et attend patiemment que l'on décroche, ce qui ne tarde pas.

- Bonjour mon enfant. Comment a été ce premier jour?

Je souris légèrement et peux enfin laisser cours à mes émotions. J'accentue alors plus mes phrases et laisse couler mon Kyoto-ben.

- Bien Mère. J'ai réussi à me familiariser avec le lieu.

- Comme est La Floride?

Kanin na Mère pour vous mentir mais j'ai besoin de le faire avant de me perdre totalement.

- C'est parfait.

- Je suis heureuse de l'entendre. Votre père et moi avons hâte de vous revoir.

- J'essayerais de revenir à Kyoto le mois prochain.

- Bon. N'hésitez pas à nous appeler si vous avez besoin de quelque chose.

- Je vous remercie Mère. Saluez Père pour moi. A bientôt.

- A bientôt. Oh et Shizuru?

Ne m'appelez pas comme cela Mère. Shizuru n'existe plus ici à Fuuka.

- Oui Mère?

- N'oubliez pas que nous vous aimons. Gardez toujours cela à l'esprit.

Je préfère raccrocher. Je ne veux plus ressentir l'amour. L'amour qui m'a fait devenir un monstre. Je me dirige vers la salle de bain et saisis dans l'armoire une boîte de médicaments. Des anti-dépresseurs. Je me dévêtis pour me détendre dans un bon bain. Seule, devant le miroir, je passe ma main sur le bandeau compressant ma poitrine. Je le defais et mordille ma lèvre inférieure. Mes seins sont fermes et mon corps est sculté. Alors pourquoi tu ne me regardes pas Natsuki? Suis-je laide à tes yeux? Je soupire légèrement et retire mes lentilles. Mon regard brun devient alors rouge roi. Peut-être que mes yeux d'albinos sont à l'origine de ta haine à mon égard. Je pénètre dans ma douche et murmure doucement tout en laissant l'eau chaude couler sur moi. Peut-être pourra t-elle laver une partie de mes pêchers.

- Combien de temps te faudras-tu Natsuki pour tomber pour moi?


Je ne pouvais m'empêcher d'avoir de la haine pour l'homme devant moi. Lui qui avait été un camarade de classe dans nos plus jeunes années. Lui qui aujourd'hui couchait avec la femme que j'aimait. Lui qui aujourd'hui lui avait pris sa virginité. Lui qui la possédait. Takeda. Ma haine s'intensifia lorsque je vis Natsuki venir lui parler. Malgré que je m'échauffais, j'arrivais à distinguer leur échange.

- C'est rare que tu viennes me voir?

Natsuki porte son regard sur moi puis murmure. Pas assez pour que je ne l'entendes pas.

- Ce gars-là ... Yoshi Viola il ...

- M'a défié et j'ai accepté. Je vais m'échauffer encore un peu alors si tu pouvais me laisser.

Je vois Natsuki prendre place dans les gradins. Je ne peux pas m'empêcher de la suivre et de me placer à ses côtés. La tentation était trop grande pour ne pas encore une fois la provoquer.

- Tu as peur pour ton copain? Rassure-toi, je vais essayé de ne pas trop l'amocher. Tu pourras toujours le consoler ce soir si tu vois ce que je veux dire.

- Je n'ai pas peur. Il va gagné.

Au final ce commentaire m'avait frustrée. J'étais vaincue, à terre face à elle. Comme toujours. Mais cela me mettait davantage en colère. C'est peut-être pour cette raison que cette phrase m'a échappé.

- Je vois. Prépares-toi à voir et ressentir ce que c'est lorsque l'on ne maîtrise pas les choses comme on le souhaierait.

Katana en main, je m'avance vers mon rival. J'étais prête à lui faire payer toute cette souffrance qu'il m'avait indirectement causé. J'étais prête à montrer à Natsuki qu'elle méritait plus que lui. Plus qu'un perdant.

- As-tu encore besoin de t'entraîner?


Lorsque le salut final fut réalisé, Natsuki resta la bouche ouverte. Je ne pouvais que sourire face au regard de Natsuki. Moi la reine du Najinata ne pouvait pas perdre face à lui. Pas depuis que je m'acharne à perfectionner mon kendo pour atteindre un niveau exceptionnel. Takeda était au sol, légèrement pâle. J'essayais de masquer mon mépris pour lui mais en vain. Voir Natsuki s'avancer vers lui pour le réconforter ne pouvait pas m'aider à compatir face à sa souffrance. Lui se croyant invulnérable. Mieux que moi. Mieux pour elle.

- Takeda ...

Celui-ci se releva et chassa la main de Natsuki sur son épaule. Comment pouvait-elle aimer un être aussi détestable? J'aurais tellement aimé obtenir ce type d'affection de sa part. J'aurais volontier accepté son toucher. Je sors de ma rêverie lorsque Takeda explose de colère. Dieu seul sait ce qui serait arrivé si j'avais mon Najinata dans les mains. Je l'aurais décapité pour son manquement de respect à Natsuki. Et ce, sans état damne. Non, je ne peux pas replonger dans ma folie.

- Tu avais besoin de le défier de cette manière?

- Je ... Quoi?

- Il m'a dit que tu étais présomptueuse. Que pour toi, j'avais déjà gagné. Il m'a remis à ma place à cause de toi. Et en plus, il ne veux pas du titre de capitaine. Il ne veut même pas rejoindre l'équipe à cause de toi.

- De moi?

Takeda s'emporta alors sans prendre en compte que l'ensemble de son équipe le regardait.

- Tu as fait passé mon équipe pour des idiots avec ta certitude. Un gars comme lui aurait pu nous amener loin dans la compétition!

Sur ce, Takeda sortit de la salle en laissant en plan Natsuki qui essayait d'assimiler les informations. Tout en me dirigeant vers les vestiaires, je ne pouvais m'empêcher de laisser parler un peu de ma véritable personnalité.

- Ara Natsuki est toujours la même au final. Elle ne sait que blesser les gens qui l'aiment.

Pendant un instant, j'ai vu Natsuki le regard tourné vers ma précédente position. Peut-être avait-elle entendu mes propos. Ou peut-être essayait-elle de trouver un moyen pour se réconcilier avec son homme. Sûrement la deuxième solution était la bonne.


Quelle fut ma surprise lorsque je vis Natsuki devant l'entrée de ma résidence. Je ne devais pas lui faire face. J'avais donc décidé de poursuivre mon chemin prête à aller faire mon jooging quotidien.

- Hey!

Natsuki ne semblait pas d'accord avec cela. Je devais pour autant rester dans mon optique de la provoquer.

- Je ne suis pas ton chien. Si tu permets, j'ai autre chose à faire.

Natsuki me saisit le bras. S'en était trop. Il semblerait que Natsuki aime la violence chez un homme à voir le comportement primaire de Takeda. C'est peut-être pour cette raison que je l'ai bloqué contre un arbre. Cette proximité ... J'aurais aimé l'obtenir autrement. Que l'arbre soit remplacé par un lit et que je puisse prendre mon temps à lui administrer des caresses. A utiliser la douceur. Mais pas ici. Je devais apparaître comme un homme. Comme ce qu'elle désire.

- Alors tu es ce genre de fille? Le sexe violent avec un inconnu. C'est ça que tu veux?

Natsuki essaya de se defaire de mon emprise mais j'avais renforcé ma prise tout en m'approchant de ses lèvres. Dieu comme j'aimerais regoûter ces lèvres. Partager un véritable baiser. J'avais alors laisser parler ma féminité. Ma véritable personnalité.

- Où préfères-tu la douceur?

Elle ferma les yeux. J'avais alors senti une respiration régulière sur mes lèvres. Une respiration qui me donnait envie de prendre possession d'elles. De l'embrasser jusqu'à mon embrasement. Mais je ne pouvais pas le faire. Pas encore. Je voulais qu'elle m'appartienne.

- Je ne suis pas intéressé par des femmes trompant leur copain avec un homme qu'elles ne connaissent que depuis quelques jours. Si je veux prendre une femme contre un arbre, j'ai juste à me rendre un peu plus loin dans le parc. Y'a des prostituées qui doivent avoir plus d'expériences que toi ...

Une gifle m'arrêta dans ma taquinerie. Cette même sensation que j'avais ressenti lorsqu'elle m'avait giflé indirectement quelques jours après le carnaval. Lorsqu'elle m'avait annoncé qu'elle sortait avec Takeda. Pour autant c'est elle qui se décida à prononcer les paroles que j'avais en tête tout en s'éloignant de moi.

- Pourquoi j'ai l'impression de connaître cette sensation ...


Une aubaine. Voilà comment j'avais interprété la proposition de Mai. Celle-ci semblait m'apprécier bien que Natsuki l'avait dissuadé de me parler. Elle m'avait donc parler d'une de leur amie Ahn Luu. Elle m'avait parlé d'elle comme pour me demander indirectement si je pourrais être intéressée par elle. Ce qui amena donc vers une sortie où je pourrais rencontrer la jeune femme. Mais la jeune femme n'était pas ce qui m'intéressait.

Au soir, Natsuki était plus que tendue. Je l'avais remarqué bien avant qu'elle ne s'en rende compte elle même. Ce qui la dérangeait le plus était les sous-entendu assez mesquins de Nao. Ou plutôt la continuïté de ces provocations. Natsuki ne savait plus ou se mettre suite aux propos crus de Nao. Je dois dire que cela m'amusait et je prenais plaisir à poursuivre ses dires. Takeda s'excusa au bout d'un moment alors que Natsuki tenta de le retenir. Dieu savait-il la chance qu'il avait? Probablement pas à voir son air défait.

- Tu ne vas quand même pas t'en aller?

Celui retira son emprise et souffla légèrement.

- Pourquoi j'ai l'impression d'être directement visé à chaque insinuation sexuelle?

Natsuki préfera fixer ses chaussures. J'étais beaucoup plus attentive au reste de leur dispute. En partie car je ne comprenais pas pourquoi il était si gêné.

- Nous savons tous les deux pourquoi tu as voulu être avec moi. Mais aujourd'hui ... Peut-être que tout ceci ne rime à rien.

Natsuki se figea sur le coup. Et j'avoue avoir eu du mal à rester de marbre face à cette information. J'aimerais savoir à quoi il faisait allusion. Natsuki prononça alors les mots qui augmentèrent mon rythme cardiaque.

- Tu veux rompre avec moi?

Avant que Takeda ne puisse s'exprimer, je voulais saisir ma chance. Natsuki, je voulais te le faire payer. Alors grâce à cette réponse, je sais que tu me tueras ... Une seconde fois.

- Tu ne devrais pas être aussi dure avec elle Takeda. Le fait d'attendre n'est pas un problème si elle te dit je t'aime régulièrement.

Natsuki me foudroya du regard. Mon coeur se fissura d'autant plus mais je ne pouvais pas arrêter. Pas maintenant.

- Tu aimes Takeda n'est-ce-pas?

Takeda s'avança vers Natsuki. Pourquoi semblait-il aussi résigné?

- Je t'écoute.

Natsuki resta plusieurs secondes à fixer Takeda. Alors que tout le monde retenait son souffle, Takeda finit par lâcher le premier mot.

- Je vois ...

- Takeda at...

C'est alors que mon coeur rata un battement.

- Non! Maintenant que Fujino Shizuru n'est plus là ... Tu ... Tu t'es servie de moi pendant trois ans. Au départ ça m'allait mais maintenant ... J'en ai assez Natsuki.

Sur ce, il se retira laissant Natsuki aux yeux de tous ses amis. Celle-ci se rassie sans vraiment d'émotions. Ni de douleurs ... Ni de soulagements. J'essayais moi-même de ne pas m'éffondrer face à ce que j'avais entendu. Se pourrait-il que je me sois trompée? Ahn rompit légèrement le silence.

- Qui est Fujino-san?

Natsuki allait répondre mais je ne voulais pas l'entendre parler de moi. Que ce soit en bien ou en mal d'ailleurs.

- Je ne pense pas qu'elle souhaite en parler étant donné qu'elle a pris tant de mal à l'éloigner d'elle. Je pense que je vais rentrer.

Je ne pouvais pas rester ici. Sinon j'allais m'effondrer. La nuit porte conseil selon le dicton mais je ne pense pas pouvoir fermer l'oeil de la nuit.


Je n'avais pas réussi à dormir. La présence de Natsuki a quelques mètres de moi ne pouvait pas me rassurer. Surtout que je ne voulais que courir pour me vider la tête. Pour autant je décidais de m'arrêter et de m'avancer vers elle. A peine quelques pas nous séparez qu'elle essaya de se débarasser de moi. A quoi je m'attendais?

- Que fais-tu ici?

Je devais rester sur la défensive.

- C'est un lieu public non? Je n'ai pas à me justifier.

Natsuki secoua la tête et décida de reprendre sa route. Je ne pouvais pas la laisser partir. Pas sans savoir.

- Cette Shizuru ... Tu l'as faîte souffrir c'est ça?

Elle s'arrêta nette dans sa marche et me foudroya du regard.

- Tu ne sais rien de moi ni d'elle d'ailleurs alors laisse tomber.

Je rigolais alors amèrement. Bien sûr que si je connaissais tout d'elle et surtout de toi Natsuki.

- Tu te sers d'un mec pour te débarasser d'une femme qui t'aime. Pas commun comme plan quand même.

Natsuki explosa de colère. La réponse me laissa alors sans voix.

- Je ne voulais pas me débarasser d'elle.

Je ne sais pas si elle a remarqué mon trouble au vue de la manière dont elle me regardait mais elle poursuivit.

- Si tu veux vraiment savoir ... J'essayais de comprendre. Mais elle est partie alors ... Penses ce que tu veux de moi mais je l'aimais vraiment. J'ai jamais voulu la faire souffrir.

Je n'avais pu la force de courir. Ni quoi que ce soit alors je suis rentrée à mon dortoir. Je me fixais un instant dans le miroir et murmura douloureusement.

- Natsuki ...

Elle m'aimais. Mais comprend t-elle que je ne l'aime pas comme une simple amie ? Comme elle m'aime moi. Natsuki ne sait pas ce que veut dire aimer quelqu'un. Se pourrait-il que j'ai été aveuglée par ma haine au point de remettre en cause son amitié? Mais quelle amitié? Je secouais alors la tête pour ne pas sombrer dans la folie. Pas encore une fois. Je pris rapidement mon téléphone. Après une sonnerie, une voix claire m'accueillit. La seule chose que j'ai réussi à dire avant de pleurer fut.

- Mère ... Je veux rentrer à la maison. Je veux l'oublier à tout jamais.


Je ne savais pas quoi faire au moment même où son regard croisa le mien. Fuir dans ma propre demeure était impossible. Comment avait-elle obtenu mon adresse et surtout que faisait-elle ici?

Natsuki murmura doucement.

- Tu as teint et coupé tes cheveux et tu porte des lentilles?

Je ne pouvais pas lui expliquer. Malgrè qu'elle puisse comprendre elle même. Après tout, même de cette manière, il était difficile de ne pas faire le raprochement avec Yoshi Viola. Seule la poitrine était en plus.

- En effet. Si tu veux bien m'excuser.

Natsuki m'arrêta dans mon élan. En tant normal, j'aurais pu apprécié cette proximité ... Mais pas aujourd'hui.

- Pourquoi tu ... Bon dieu Shizuru!

Je me défis de l'emprise sachant où la conversation amènerait. Alors que je pensais pouvoir me détendre dans mon salon, Natsuki explosa de colère.

- Tu t'es faite passée pour un gars pour ... Mais qu'est-ce-que tu cherchais à la fin?

- Je voulais te faire souffrir comme tu m'as faite souffrir!

Natsuki semblait confuse face à ma prise de parole. J'avais mal et je pense que mon timbre de voix ne faisait qu'amplifier mon ressenti. Peut-être que si je lui dis tout, elle me prendra encore plus pour une folle et s'en ira. Ce qui est la meilleure chose après tout. Qui sait ce qui pourrait se passer si je laisse parler ma colère.

- Mon thérapeute m'a fait comprendre que tu ne m'aimais pas parce que j'étais une femme. Mais que notre amitié aurait pu évolué si j'étais un homme. Bien que je doute que tu m'ai un jour considérait comme ton amie. Et tu étais avec lui alors ... Sais-tu à quel point j'ai souffert de le voir t'embrasser? De l'imaginer te faire l'amour alors que je ne souhaitais que cela. Peut-être que j'aurais du te violer dans ton sommeil comme tu es convaincue que je l'ai fait. Pour au moins te réclamer mienne.

Natsuki se figea face à mon amertume. A quoi bon mentir là où de toute manière la vérité est claire.

- Je voulais que tu tombes pour Yoshi Viola. Et je voulais que tu comprennes à quel point c'est absurde de s'arrêter sur le sexe d'un individu. Mais tu restes Natsuki. Insensible, froide et concentrée sur ta personne. Alors je suis rentrée et j'ai accepté la proposition de mon père.

Natsuki fronça les sourcils. Cette mimique m'avait manqué mais à quoi bon repenser au passé.

- Quelle proposition?

- Je vais me marier avec une femme qui a environs dix ans de plus que moi.

Natsuki resta bouche bée. Je ne voulais pas de cette femme. Je ne voulais pas l'embrasser ou même qu'elle me touche mais ... Peut-être la maturité passe par l'acception de son échec.

- Mais ...

Je voulais me convaincre et surtout qu'elle s'en aille.

- Elle est gentille avec moi. Je pense que je pourrais faire comme toi et feindre de l'aimer.

- Mais tu ne peux pas faire ça!

- Et de quel droit tu te mêle de ma vie! Après tout tu ne m'as pas demandé mon avis pour sortir avec Takeda!

Natsuki secoua la tête.

- Je suis restée avec lui parce qu'il m'aimait mais ... Si tu avais été là je ...

- Non.

Pas encore une fois. Pas encore de faux-espoir.

- Non?

Je m'avançais alors vers elle.

- Tu n'as pas le droit de revenir comme ça et de me redire ses mots. Tu m'as tué la dernière fois que tu m'as dit que tu m'aimais. Alors c'est terminé. Je te laisse partir. Alors va-t-en.

Je ne pensais pas qu'elle me saisirait aussi fort le bras. Douleurs ... Voilà la seule chose dont tu es capable à mon égard Natsuki.

- Je n'avais pas le choix!

Ma détermination ainsi que ma colère disparurent d'un seul coup face à la douleur dans les yeux de mon homologue. Celle-ci reprit avec une voix cassée.

- Tu avais perdu l'esprit Shizuru ... J'avais perdu ma meilleure amie pour faire face à une femme qui me faisait peur. Je ne pouvais pas te laisser te détruire ... Surtout à cause de moi. J'ai voulu te sauver et te protéger tout comme tu la fais pour moi. Et ... Mourir avec toi était la seule solution que j'ai trouvé. Et ça m'allait parfaitement parce que nous étions emmurées ensemble.

Je caressais alors son visage et murmura le regard vide. Je ne pouvais pas me consummer une nouvelle fois dans la folie qui tapait à la porte de mon esprit.

- C'est trop tard Natsuki. Vas-t-en s'il te plaît.

Je m'éclipsais laissant seule Natsuki. Elle m'avait ouvert son coeur. Elle m'avait dit ce qu'elle ressentait. Ce que je voulais entendre depuis plusieurs années. Mais rien. Je ne pouvais plus lui ouvrir mon coeur ou mon âme. Parce que je savais pertinemment qu'elle ne savait pas ce qu'elle voulait. Et qu'elle s'en irait un jour où l'autre me laissant seule. Et là, je ne pourrais plus refaire surface. Je ne pourrais plus renaître de mes cendres comme je l'ai déjà fait. Je ne le supporterais pas. Voilà pourquoi je lui avais fermé mon coeur. Voilà pourquoi je me tournais vers une autre femme, une femme que je ne pourrais jamais aimé. Une femme qui devra se contenter d'une coquille vide. Une femme qui souhaiterait au plus profond de son être que je redevienne un être humain pouvant ressentir la joie, l'amour, la luxure ou même le désir. Mais tout ceci ne fait plus partie de moi depuis la fin du carnaval. Tout ceci ne t'appartiendra qu'à toi Natsuki Kuga.