Ceci est une fiction inspirée du manga de TOBOSO Yana et de l'animé écrit par OKADA Mari.

Je commence d'abord par m'excuser de n'avoir écrit pendant près de deux ans...-_-

すみませんでした!!!

Chapitre 1

Sebastian déposa le service à thé sur le plateau de transport ainsi que le journal quotidien et se dirigea vers la chambre du jeune comte. Il traversa le long et large corridor surchargé de toiles et sculptures qu'il connaissait par coeur. Sebastian était alerte, comme toujours, empli d'une concentration intense sur ce qui l'entourait ne lui permettant pas de s'égarer dans ses pensées. Il était si présent d'esprit, qu'il était vide. Il arriva dans le hall d'entrée et souleva le chariot d'une main avant de le déposer doucement sur le tapis après avoir sauté l'escalier majestueux. Il avait parcouru tout ce chemin en moins d'une fraction de seconde, comme à son habitude.

Il fronça les sourcils. Un sentiment d'irritation l'envahit creusant un gouffre dans son estomac. Il se sentait stupide ou peut-être voulait-il simplement vérifier, une dernière fois? Dans les deux cas, Sebastian sentit qu'il avait été inconsciemment submergé d'espoir et que cet espoir lui avait laissé un goût âcre, amer. L'odeur qu'il laissait pénétrer en lui et qui le submergeait d'une immense excitation s'était évanouie à jamais. La seule sensation que Sebastian avait ressentie du haut de l'escalier était celle d'une présence similaire à la sienne, immobile et pourtant agitée.

Reprenant le contrôle de ses mouvements, étouffant le goût âcre dans sa gorge, il fut troublé d'avoir acquis une routine. Il se rassura rapidement puisque c'était la dernière fois que cela allait arriver, car de toute façon, le comte allait quitter le manoir. Sebastian continua son chemin, arrivant rapidement devant la porte de Ciel et cogna faiblement avant de pénétrer dans la pièce. Sebastian croisa le regard de son maître en le saluant poliment. Celui-ci était couché dans son lit, réveillé. Il n'avait probablement pas dormi de la nuit, il n'en n'avait plus besoin. Les démons ne dormaient que lorsqu'ils étaient en jeûne.

Sebastian s'avança vers son maître et le redressa. Ciel restait silencieux, le fixant d'un regard rouge profondément moqueur. Sebastian s'approcha de la gigantesque armoire de cerisier et sortit les vêtements de son maître. Il revint vers le jeune héritier de la famille Phantomhive.

- Puis-je procéder?, demanda Sebastitan de sa voix profonde et calme en s'inclinant légèrement vers son maître, la main droite effleurant son coeur, s'il en avait un.

Ciel ressemblait à une statue de marbre. Il n'avait pas la mollesse d'un humain et sa droiture semblait irréelle. Sebastian replia la couverture qui cachait le comte assis et celui-ci se déplaça légèrement laissant ses petites jambes flotter au-dessus d'un épais tapis qui entourait les bords de son lit. Le grand majordome le dévêtit et lui enfila une nouvelle chemise, le boutonnant prudemment, avec exactitude. Il tira faiblement le pied de l'enfant vers le bas puis y glissa la première jambière de sa culotte, il répéta l'action une seconde fois et remonta le vêtement par-dessus la taille de Ciel qui s'était laissé lever de la main puissante de Sebastian. Il fit glisser la chemise habilement dans la culotte et enveloppa les pieds et les mollets de son maître dans des bas de soie retenus par des jarretières noires qui s'arrêtaient dessous le genou.

- Sebastian, as-tu toujours été un démon?, demanda le comte, toujours aussi stoïque à l'exception d'un regard fébrile et menaçant.

- Oui, mon seigneur, répondit Sebastian en tendant les bras de son maître dans les airs pour lui enfiler son veston.

- Des démons naissent donc... murmura Ciel dont la bouche s'inclina d'un faible sourire.

Ciel se tut et laissa Sebastian lui faire son noeud papillon, lui chausser les pieds, le lacer. Ciel sentait sa respiration d'une manière si puissante. Il sentait ses poumons s'emplirent d'air, il ressentait chaque alvéole interagir avec son sang. Les nuits d'insomnie qui lui avaient paru si longues autrefois ne correspondaient pas avec celle qu'il venait de passer. Il était resté allongé sans faire le moindre mouvement en analysant chaque partie de son corps. Il n'avait jamais été aussi conscient de lui-même. Il n'eut pas besoin de respirer non plus. Il pourrait tenir quelques heures sans le moindre souffle. Peut-être se lasserait-il de respirer ainsi, mais pour le moment il était enivré par la sensation que lui procurait l'air. Ciel se souvenait parfaitement d'être humain et cette nouvelle vie en tant que démon le troubla au plus au point. Il avait l'impression d'être constamment sur ses gardes sans avoir le sentiment d'être menacé. C'est comme s'il était conscient de chaque bruit, craquement, vibration de la chambre. Il savait précisément où se trouvait chaque meuble. Il avait toujours su où ils se trouvaient, mais la nouveauté de cette précision lui aurait probablement permis marcher dans le noir le plus total sans jamais accrocher un meuble. Il s'était esclaffé quand il eut pensé à cela puisqu'il ne pourrait plus être dans un noir total. Ses yeux étaient plus puissants qu'ils ne l'avaient jamais été. Le noir lui semblait aussi clair que le jour, peut-être même plus réconfortant et plus sécurisant que la puissante et cruelle lumière du Soleil. Ciel était si sûr de tout ce qui l'entourait et de tout ce qui se passait dans un rayon de quelques dizaines de mètres qu'il était empli d'une forme de sérénité. La confiance qu'il avait acquise lui semblait inébranlable, du moins dans ce monde-ci. Il savait qu'il aurait besoin d'entrainement avant de rejoindre le monde des démons et qu'il n'arrivait probablement pas à la cheville des Sebastian et des shinagamis, pour l'instant.

- Les tourments disparaissent avec l'humanité, souffla Ciel, de plus en plus perdu dans des réflexions métaphysiques opposant son ancienne et sa nouvelle condition.

- C'est que parce que vous n'êtes qu'un jeune démon, avec tout le respect que je vous dois, répondit Sebastian, un faible sourire au coin des lèvres.

- Quel est ton âge?, demanda curieusement Ciel, dont les yeux rouges sang annonçaient difficilement ses pensées.

- Je ne sais pas, je n'ai pas d'âge, mais j'ai déjà été moins grand, dit-il en redressant le jeune homme debout.

- Tu as mentionné, auparavant, que tu avais connu la momie dans le train du temps qu'elle était vivante, insista Ciel, intrigué, tendant ses mains à son majordome.

- C'est exact, mon seigneur, répondit Sebastian en lui enfilant ses gants, je suis honoré que vous ayez retenu cette remarque. La momie en question est le pharaon Smenkhkare, qui régna aux alentours du XIVe siècle avant Jésus-Christ selon votre calendrier actuel. J'en étais encore à mes premiers contrats, j'avais tout juste une centaine d'années à l'époque.

- Je vois, répondit Ciel en buvant la tasse vide qui lui avait servi Sebastian. Vous avez donc des parents?

- Je suis étonné de vous voir autant intéressé par mon passé, répondit Sebastian, vous n'avez jamais posé une seule question.

- Ta responsabilité n'est pas de réfléchir, seulement de répondre, annonça sèchement l'enfant.

- Bien sûr, répondit Sebastian en saluant faiblement son maître en guise d'excuse, cachant du même coup une vague d'irritation qui aurait pu teinter son regard, j'ai des parents, en effet, mais pas au sens que vous connaissez. Les démons, les anges et les shinigamis ont un rapport bien différent à la division des sexes. Nous pouvons changer, le choisir, il n'est pas fixe comme les humains. Mes parents sont peut-être une femme et un homme, deux femmes, deux hommes au moment où l'on se parle. Je n'en sais rien. Je ne l'ai pas vu depuis la fin de ma croissance. Il existe bien un lignage, des endroits qu'on pourrait apparenter à un patrimoine qui me permettrait d'entrer en contact avec eux, où du moins les retrouver, mais les démons sont généralement indépendants. Bien qu'il ne soit pas rare qu'ils aient de petits clans, ne dépassant jamais la dizaine, il est peu commun pour un démon d'être avec quelqu'un pour une longue durée.

- Ciel n'eut pour seule réponse, qu'un sourire profondément vilain et arrogant. Sebastian ne serait plus jamais indépendant.

Meyrin frappa doucement à la porte avant que Ciel lui permette d'entrer.

- Mademoiselle Midfort est arrivée, annonça poliment la servante.

Ciel, vêtu de noir, quitta sa chambre, suivi de Sebastian.

- Sebastian, dit-il simplement.

Le majordome répondit rapidement à l'affirmative et partit sur-le-champ remplir la mission que lui avait précédemment confiée son maître. Il devait remettre un présent d'adieu de la part de l'héritier Phantomhive au Prince Soma et à Lau: Une carte annonçant la mort de Ciel.

Il allait partir, sans le dire clairement à sa promise avec qui il dansait présentement. Bien qu'elle ne le questionna pas sur le port de ses habits de deuil, Lizzie savait bien quelque chose n'allait pas. Elle s'abstint de tout commentaire, ne sachant pas que c'était la dernière fois qu'elle toucherait Ciel, le regarderait, lui parlerait et l'enlacerait.

Quand Sebastian revint, Ciel était déjà prêt à partir.

Ciel ne voulait pas s'attarder. Il trouvait insupportable d'être entouré d'autant d'humains, mais il savait que sa condition humaine passée aurait voulu qu'il fasse des adieux proprement. Le Phantomhive qu'il fut était orgueilleux et trouvait un réconfort dans les convenances.