Lorsque on perd ce que l'on a de plus cher au monde, il est dur de retourner à la vie normal, de redevenir un citoyen actif comme dirait certain. Moi, Lilyella, 17 ans, je venais de perdre mes parents dans, quoi de plus banal, un accident de voiture. J'avais été la seule rescapée de ce drame, mes parents eux, avaient péris, c'était il y a 4 mois. Ce jour là, trop fatigué pour conduire, j'avais laissé mon père prendre le volant pour nous mener jusqu'à un restaurant où nous devions fêter ma « victoire »au bac. L'ambiance était joyeuse ; mes parents, fiers, m'emmenaient dans un des meilleurs restaurants de la ville. Au bout de 10 minutes, nous prenions le dernier rond-point, le champ libre, mon père s'engagea, puis, tout allant trop vite, une camionnette arrive à fond et nous percuta de plein fouet.

Il y avait une chose que je n'expliquais pas ; j'avais vu la scène, oui mais, au même moment où tout s'était passé, j'avais entendu un grognement, venant de je ne sais où, quelque chose de dur m'avait propulsé hors de la voiture. A partir de ce moment là, mes souvenirs sont troubles, allongé sur le trottoir, deux voitures prennent feux, dont celle de mes parents, je crie, une main froide me touche, je tourne la tête puis plus rien. Je me suis endormie. Je n'ai vu que ses yeux, déformés par la rage et le chagrin. Des yeux à la fois verts et or, envoûtants et magnifique. Son visage hanta mes rêves tout le long de ma convalescence. Plus tard je me réveillais par un bruit lacinant, un « bip » insupportable, à vous en donner un mal de crâne, chose que j'avais déjà. Ouvrir les yeux avait été pour moi le parcours du combattant. Mes paupières, endolories, refusaient tout simplement de se plier. Etant de caractère têtu, je déployais toutes mes forces et finit par gagner la bataille. Là, la vérité me sauta aux yeux, comme dans un mauvais film. J'étais dans un hôpital, entourée de murs blancs, de machines dont le nom m'échappait et empêtrée dans un dédale de fil, tous reliés à ces machines diaboliques. Ma respiration se fit saccadé, je paniquais ; à ce rythme là, mon cœur finirait par lâcher d'ici peu. Une satanée machine s'emballa elle aussi et pour clore le tout, une douleur dans les côtes m'arracha un cri de martyr, j'avais l'impression qu'on m'enfonçait un couteau pour me découper en long comme dans une boucherie. Des infirmières entrèrent en trombe dans la chambre, je refusais de penser « ma » chambre, tripotèrent des boutons et me firent une piqûre dans l'avant bras droit.

Vous devez vous calmez sinon la douleur s'empliffira.

Bonne nouvelle ! Je décidais de quand même les questionner.

Où sont mes parents, comment vont-ils ?

Les deux infirmières se regardèrent d'un air entendu et sortirent de ma chambre. J'en restée bouche bée. Elles étaient sorties comme ça, sans explication ni crier gare ! Quel culot ! Je décidais alors de les sonner, que ça leur plaise ou non. J'appuyais donc sur le petit bouton au dessus de ma tête, celui ci s'éclaira d'une petite lumière verte. Au bout de 5 bonnes minutes, une infirmière daigna enfin venir, je pensais qu'on avait le temps de mourir d'ici a ce qu'elle se décide a venir…

Vous avez sonné ?

Son air m'agaçait au plus haut point, je lus sur son étiquette qu'elle s'appelait Martine et qu'elle n'était qu'une étudiante.

Je voudrais voir le médecin qui s'est occupé de moi et de mes parents, pourriez vous lui dire de venir le plus vite possible s'il vous plait ?

Son petit air s'effaça et ses traits se tordirent légèrement :

Je le préviens tout de suite.

Enfin quelqu'un qui voulait bien entendre ce que j'avais à dire… Je commençais à croire que la politesse n'était pas de mise dans cet hôpital. Alors que, fatigué je commençais à m'endormir, quelqu'un entra brusquement dans ma chambre, je le reconnus de suite. C'était Armand, mon parrain, âgé d'a peine 7 ans de plus que moi et si je dis cela c'est parce qu'il était amoureux de moi, alors que moi, pas du tout, enfin c'est un peu compliqué. Lui travaillait déjà pour une grande boîte international, gagnait aisément sa vie et à chaque fois que l'on ce voyait il tentait de me le prouver un peu plus. Toujours à mes petits soins, il ne manquait jamais de me faire un cadeau à chaque fois qu'il me rendait visite. Aujourd'hui, il avait la barbe des 3 jours, le visage tordu par la tristesse, vêtu d'un simple jean foncé style délavé et d'une chemise noir, je le trouvais plus beau que jamais, mais je me gardais bien de le lui dire puisque c'était tout ce qui me plaisait en lui : son physique. Il avait les yeux bruns incandescents, des joues creuses, des lèvres fines mais charnues, le teint de peau poupin, ses cheveux toujours coiffés étaient aujourd'hui en bataille ou plutôt d'un style effet décoiffés. Il s'approcha de moi, maîtrisant ses pas et se composant un sourire sur les lèvres, chose que je haïssais. De derrière son dos jaillit un bouquet de fleur, plus précisément des roses de toutes les couleurs, il devait bien y en avoir une cinquantaine. Alors je lui dis :

Les fleurs sont interdites dans les hôpitaux.

Toujours aussi douce avec moi Lily… Mais enfin, comment te sens-tu ?

Son ton était celui de quelqu'un qui se maitrisait et je finis par me douter de quelque chose.