Note de l'auteure : Le vrai titre de ce (petit) machin est en réalité « Alliance à Distance pour l'Augmentation du Savoir de l'Humanité », mais nous nous sommes dit que ça ferait trop long, et trop pédant, d'ailleurs, ce n'est pas nous qui l'avons inventé, mais Alphonse (vous verrez à quelle occasion) et nous déclinons toute responsabilité. Bon, W étant à l'état larvaire, c'est à moi seule, M, de faire la présentation. Ceci est notre version du casez Edward et Winry ensemble, sponsorisé et organisé par Alphonse Elric bien entendu, en je-ne-vous-dis-pas-combien-de chapitres, parce qu'il faut bien conserver un peu de suspense, que diable. Mais rassurez-vous, le tout est déjà terminé, vous ne risquez donc pas d'attendre 30 ans que le chapitre suivant soit écrit si d'aventure vous jugez ce misérable tas de mots digne de votre attention... vous n'aurez qu'à attendre 30 ans qu'on poste la suite, grande différence, vous nous l'accorderez bien.
Sur ce je vous laisse à votre lecture. Je signale tout de même que ce premier chapitre est très classique, mais j'ose espérer que les autres le sont moins... N'hésitez pas à laisser des commentaires. Et bien sûr, aucun des personnages de ce chapitre ne nous appartient.
Alliance à Distance (pour l'Augmentation du Savoir de l'Humanité)
Chapitre 1 : Où le facteur A est découvert.
Le chat était étrange. La fourrure entièrement noire, à l'exception de son oreille gauche qui semblait avoir été plongée dans un pot de peinture blanche. Alphonse s'efforça de demeurer immobile. L'animal était farouche, il avait déjà pris bien une demi-heure pour se risquer hors de sa cachette – derrière l'arbre à l'autre bout du jardin – et atteindre le pied de l'escalier menant à la porte. Alphonse, habitué à attendre sans bouger pendant les longues heures de la nuit, ne s'impatientait pas. Inutile d'effrayer la pauvre bête avec le léger grincement qui accompagnait chacun des mouvements de son armure. Il se demandait d'ailleurs pourquoi, puisqu'il n'avait pas d'oreilles, il les entendait. Ces cliquettements continus lui tapaient sur les nerfs qu'il n'avait pas. Heureusement qu'il était d'un tempérament calme...
Il releva soudain la tête, sans plus se soucier du chat – qui pourtant lui montrait, par son impassibilité à voir une armure bouger maintenant qu'il avait décidé de s'asseoir devant les marches, que son soin à jouer l'armure vide qu'il était n'avait servi à rien. En effet, la découverte était d'importance. Il allait la consigner soigneusement, argumentant de façon infaillible sa thèse, la présenter au monde entier, la breveter et finir célèbre, riche, vénéré même par les habitants du village le plus reculé de Xing. On s'agenouillerait devant lui, et il se servirait de son pouvoir pour faire en sorte que plus aucun chat ne soit condamné à vivre dehors, sous la pluie. Superbe plan. Et qui allait sans doute marcher, car sa thèse était décisive pour l'avenir de l'humanité : il avait enfin trouvé la raison profonde du caractère toujours tendu d'Edward ! Des années d'études psychologiques sur son frère avaient enfin abouti, le noeud inextricable s'était dissout comme par magie. Edward était sans cesse sur les nerfs à cause des cliquettements de ses automails et de l'armure de son frère. Raison de plus pour qu'ils retrouvent vite leur corps, ce serait fâcheux que la cocotte minute sous pression explose. Il ne pourrait plus sauver les chats.
D'ailleurs en parlant de chat, il remarqua que le dernier qu'il avait observé avait décidé que sa jambe en métal était le meilleur coussin du monde, sans doute chaud et moelleux, car il s'y était installé comme chez lui, roulé en boule, et ronronnait doucement. Après le succès que sa thèse De l'Explication Rationnelle de l'Existence de la Cocotte Minute à Pression en Cape Rouge Nommée Edward Elric, Alphonse allait se lancer dans une autre, autrement plus complexe, qu'il intitulerait sans doute Du Confort des Chats, avant de changer le titre parce que celui-ci était trop court, ça ne faisait pas assez savant. Le lieutenant Hawkeye l'aiderait sans doute – même s'il se méfiait d'elle depuis qu'elle avait adopté Black Hayate, avouant son crime au monde entier, c'est-à-dire préférer les chiens aux chats, car une fois Alphonse lui avait demandé de s'occuper d'une chatte rousse et elle avait refusé, quel monstre, encore pire qu'Edward ! -, et comme ça il aurait en plus dans son titre une allusion à une bataille illustre que tel tireur d'élite avait permis de remporter. Rien que de réjouissantes perspectives.
Enfin, s'il réussissait à quitter cet endroit. Edward avait encore abîmé son bras droit, Alphonse savait qu'il avait de grandes chances de finir seul face à une seconde tombe. Il n'aurait pas le courage de continuer son voyage et ses recherches sur les chats si son premier sujet de thèse disparaissait, d'autant plus que les relations du second avec les premiers étaient un perpétuel sujet d'étonnement. Alphonse regarda le chat qui somnolait sur ses genoux. Allait-il faire partie de la catégorie de ceux qui, au lieu de se jeter sauvagement sur Edward pour le griffer, s'enfuyaient en courant et miaulant comme s'il était la chose la plus redoutable qu'un chat puisse redouter ? Alphonse avait d'ailleurs remarqué que les chats semblaient n'avoir peur de rien, la preuve étant avec celui-ci, qui le trouvait si confortable. Edward devait représenter leur seul prédateur connu, provoquant peur, haine ou indifférence totale. Peut-être cet étrange représentant de l'espèce, avec son oreille blanche, était-il un cas d'exception ? Peut-être allait-il se lever et se précipiter sur Edward, non pour le griffer, mais pour se frotter contre ses bottes comme si elles étaient non pas un mélange douteux de cuir usé et de boue, mais le plus doux velours qui soit ?
Toutes ses espérances naissantes sur une nouvelle découverte qui révolutionnerait le monde furent réduites à néant en un seul instant. Le chat n'était pas différent des autres car il sursauta et s'enfuit à toute allure en miaulant comme si le diable était à ses trousses quand la porte s'ouvrit et que le sujet d'étude numéro un sortir d'un pas lourd, une tasse dans la main et une clef à molette dans la tête. Alphonse soupira. Briser ainsi ses rêves, c'était vraiment méchant de la part de l'animal. Il ne pouvait en vouloir à Edward, il était trop heureux de le revoir en vie, après avoir dû accepter de rester à l'extérieur de la maison jusqu'à qu'il revienne. Edward semblait de plus en plus vouloir épargner des spectacles qui pourraient perturber Alphonse, et c'était vrai que voir son frère se faire étrangler et réduire en bouillie par une Winry furieuse était une scène d'une rare violence. Cependant, n'ayant pas de coeur, Alphonse ne pouvait avoir une crise cardiaque en voyant ce traitement sauvage. Ne pouvant dormir, il ne pouvait avoir de cauchemars. Son frère le protégeait vraiment trop. Et il le faisait se sentir lâche, à attendre sur le pas de la porte que l'ouragan soit passé et d'entrer quand il serait sûr de ne voir que des sourires – mais en fait, les sourires de Winry quand elle venait de tabasser Edward étaient limite pires que toutes les scènes censurées.
« Alors ? » demanda Alphonse d'un ton avide, sans trop savoir ce qu'il attendait.
Edward répondit avec son habituelle précision à couper le souffle.
« Comme tu vois, » dit-il en secouant son bras gauche pour montrer que 1) il était encore en vie et pouvait encore bouger, et 2) qu'on ne le lui avait pas arraché. Il termina son geste en portant la tasse à ses lèvres, pour se rendre compte qu'elle était vide. Dans son geste, il avait gracieusement répandu le contenu sur le sol – et sur Alphonse, qui espéra que c'était du thé et non du café, car le café collait toujours plus et laissait davantage de traces.
« Et ça devrait prendre combien de temps à réparer ? » continua Alphonse pour maintenir cette palpitante conversation (mais il avait davantage l'impression de répéter un rôle, était-ce lui ou ce dialogue avait déjà eu lieu au même endroit, avec la même tasse dans la main d'Edward et la même clef à molette plantée dans son crâne ?).
Edward sirota un instant sa boisson, ou plutôt fit comme s'il sirotait sa boisson, puisqu'il n'avait plus rien à boire, à moins d'être suffisamment assoiffé pour lécher le sol – dans ce cas il devrait se dépêcher car le sol était en bois et absorbait très rapidement l'humidité. « Bah, comme d'hab', » dit-il au bout d'un moment, renforçant le sentiment de déjà-vu.
« Pas trop mal à la tête ? » Alphonse n'avait même pas besoin de penser aux questions, ils avaient tellement répété que la réplique venait toute seule.
« Hein ? » s'exclama Edward, puis il sembla se rendre compte qu'une clef à molette avait décidé de tenir compagnie à sa mèche, à la verticale sur sa tête. « Ah ! Ben, heu, non ça va. C'est ma tête, chuis habitué. »
Il était vrai qu'à force de casser son automail, Edward avait développé une insensibilité remarquable dans cette région du corps, si bien que même Greed pouvait l'envier. Il était d'ailleurs en voie de passer au niveau supérieur, à savoir améliorer ses capacités quand on le frappait, ce qui était encore mieux et constituait le contenu de la quatrième sous-sous-sous partie de la seconde sous-sous partie de la cinquième sous partie de la troisième partie de la thèse dont il était le sujet. Une partie vraiment passionnante, mais délicate à prouver, peut-être Alphonse aurait-il besoin d'une démonstration pratique pour que le jury y croie.
Cependant, il n'entrait pas dans son rôle de se montrer réjoui à voir son frère en situation d'insensibilité cérébrale quand un outil mécanique lui farfouillait le cerveau. Non, son rôle était se soupirer et de dire d'un air raisonnable (comme s'il pouvait – ou même voulait – raisonner Edward ! D'ailleurs, ça réduirait toute son entreprise à néant) « Tu devrais faire plus attention, Nii-san. » (pourquoi devait-il dire ça dans son script, ça faisait tellement artificiel ! Et il parvenait à le dire naturellement, il devrait recevoir un prix pour la maîtrise de son rôle. Et à ceux qui objecteraient, il leur demanderait de rendre une armure vide aussi expressive que la sienne. Sa victoire serait alors garantie. Il pouvait être riche et vénéré comme ça aussi, c'était une autre idée.) Puis il devait ajouter : « Si on veut retrouver nos corps, tu dois rester entier, et on dirait que tu fais exprès de casser ton automail. »
Comme Alphonse était bien élevé, il joua son rôle à la perfection.
Et comme Edward refusait d'être bien élevé, il décida soudain que cette scène s'était répétée une fois de trop et de modifier le script. Au lieu de hausser les épaules et de retourner dans la maison en grommelant : « Le dîner est prêt, Winry et Granny t'attendent. Je te rappelle que tu ne les as pas encore vues » (et ce d'un ton qui soit faisait monter la culpabilité d'Alphonse, soit lui faisait se demander pourquoi dans ce cas son frère l'empêchait de rentrer en même temps que lui), il riva soudain les yeux sur son frère et s'exclama :
« Comment ça je fais exprès de le casser ? Et... et pourquoi je ferais ça, d'abord ? »
Alphonse leva son regard vers lui. Dans la nuit, il ne voyait que vaguement le visage de son frère, mais le ton de sa voix avait suffit pour qu'il devine qu'il y avait anguille sous roche. Et une grosse. Peut-être même avec des yeux rouges et des pois bleus. Quelque chose de hors du commun. Une nouvelle partie pour sa thèse !
Il resta interdit quelques instants, retournant des phrases dans son esprit, essayant de trouver la bonne qui lui ouvrirait les voies de la connaissance. Dans le silence du soir, il entendait son frère haleter doucement, comme à chaque fois qu'il venait de hurler (à croire qu'il suscitait des muscles inconnus des autres hommes, et pourtant il devrait être habitué, vu la régularité avec laquelle il s'entraînait à crier sur autrui), et il percevait également l'infinité des bruits à peine perceptibles de la campagne : le bruissement des bruns d'herbe et du feuillage sous l'effet d'un vent léger ou du pas d'un rongeur, parfois au loin un hennissement... Aucun bruit de moteur. Aucun cliquettement. Si, celui des doigts de l'automail d'Edward. Ils bougeaient légèrement dans le vide, signe qu'Edward pensait (contrairement à son poing serré, qui indiquait beaucoup plus fréquemment qu'Edward ne pensait pas et allait / était en train de / venait de frapper) et que ses pensées le travaillaient.
Jugeant que son hésitation avait été assez longue, Alphonse se risqua à demander : « Tu ne fais tout de même pas vraiment exprès ? »
Comme d'habitude, Edward sauta en l'air comme sous l'effet du mot « petit » ou « nabot », et comme d'habitude il agita les bras avant de crier. « Et pourquoi je ferais exprès, hein, je te le demande ! Bien sûr que je fais pas exprès ! J'suis pas... »
Mais il n'acheva jamais sa phrase car en lançant son bras gauche trop brusquement, il avait laissé échapper sa tasse vide qui avait pris son envol, non vers la liberté mais vers le mur de la maison où elle s'écrasa avec un cri à fendre le coeur, avant de tomber au sol, brisée. Edward laissa échapper un juron, partageant avec Alphonse l'idée que casser la vaisselle n'était pas le meilleur moyen de retourner dans les bonnes grâces de Winry et d'obtenir à manger ce soir. Avant que la lourde armure ait pu trouver le courage de se lever après sa longue immobilité, Edward s'était agenouillé près de la pauvre victime, avait claqué dans ses mains et commencé la transmutation. Dans la lumière bleue qu'elle provoqua, Alphonse nota quelque chose : Edward avait les joues rouges. Non pas rouges comme lorsqu'il mourait d'envie d'écrabouiller le Colonel Mustang, quand celui-ci avait habilement tourné une phrase pour y faire paraître dans l'ordre les mots « alchimiste », « métal », « petit » et « minuscule » sans pour autant faire aucune allusion directe au FullMetal ni sembler avoir dévié le moins du monde de son sujet (même si Edward détestait ça, Alphonse ne pouvait s'empêcher d'admirer cette capacité chez le Colonel, et tentait d'en prendre de la graine). Non, Edward n'arborait pas ce rouge-ci, il était plutôt écarlate. Pour avoir consacré une partie de sa thèse au teint variable de son frère, Alphonse en connaissait les moindres nuances – ou pensait les connaître. Cet événement lui montra qu'il se trompait, comme toujours quand il pensait avoir tout découvert sur une parcelle de la personnalité du sujet de thèse numéro un, ou Cocotte Minute sous Pression.
La tasse était redevenue une tasse après son douloureux passage par la case tas de fragments de porcelaine. Alphonse y vit un bon augure pour son propre destin. Il était actuellement encore au second stade, celui de tas de fragments de métal (mais lui avait l'avantage de pouvoir les bouger, ce que la tasse n'avait pas), mais Edward trouverait un moyen aussi simple et peu dangereux qu'un claquement de mains et il retournerait à son état initial. Il avait confiance. Il regarda son frère se relever et poser délicatement la tasse à côté de la porte, comme s'il la mettait en sûreté. Toute agressivité semblait l'avoir quitté. Alphonse soupira intérieurement. Edward n'aimait pas faire souffrir les autres (sauf tous ceux qui pensaient même très indirectement qu'il n'était pas aussi grand qu'il était en réalité – c'est-à-dire presque tout le monde - , car Edward avait décidé qu'il était grand et que c'étaient les gens qui voyaient mal, et que quelques coups ne pouvaient que les aider à retrouver une bonne vue – et le pire était que cela marchait, beaucoup de gens se retrouvaient à répéter qu'Edward était grand avec la plus grande conviction après ce traitement miracle), au fond c'était un tendre, même quand il s'agissait d'une simple tasse qui ne contenait même plus de thé (ou de café, mais Alphonse priait pour que ce soit du thé, il ne voulait pas être collant). Pourquoi dans ce cas les chats ne l'aimaient-ils pas ? Cela restait une intrigante énigme.
Pendant qu'Alphonse songeait, Edward avait laissé la tasse près de la porte et s'était assis à l'autre extrémité des escaliers. Il le discernait à peine, la nuit étant tombée un peu plus complètement (et l'ampoule extérieure ayant décidé de faire grève, mauvaise influence de Centrale qu'ils avaient dû ramener involontairement), et pourtant il savait que son frère avait les joues toujours aussi enflammées. Lorsqu'il était rouge, il mettait en général longtemps pour redevenir normal. Il remarqua même un changement dans sa silhouette, qu'il ne parvint pas à identifier.
« Mais non je fais pas exprès, » répéta Edward, comme pour renforcer ses précédentes affirmations, et Alphonse sut que son anguille sous la roche devrait se tenir à carreau, car elle risquait de vexer Edward si elle continuait de grossir aussi vite.
Il resta silencieux, c'était souvent ce qui marchait le mieux. Il perçut un mouvement au niveau des mains d'Edward, et compris soudain quel était le changement qu'il avait remarqué quelques instants plus tôt : la clef à molette avait dû se disputer avec l'antenne de cheveux car elle l'avait quittée pour rejoindre la main d'automail – union qu'Alphonse présageait heureuse mais sans enfants car ce serait trop compliqué.
« Enfin pas vraiment exprès, » continua Edward un ton plus bas, avant de gigoter nerveusement sur les marches. Alphonse se contenta de tourner la tête. L'avantage de l'obscurité et de son armure était qu'elles laissaient tout loisir à son frère d'imaginer l'expression qu'il cherchait à arborer. Alphonse ne savait jamais de laquelle il s'agissait vraiment, mais à chaque fois Edward choisissait gentiment celle qui marchait le mieux pour lui faire cracher le morceau (d'habitude, il s'agissait de reconnaître qu'il avait eu tort de frapper ce type en plein marché juste parce qu'il annonçait joyeusement une promotion de 500 cenz sur les petits pois parce qu'il y en avait beaucoup cette semaine). Il se demanda ce qu'il était censé exprimer quand son frère se mit à s'agiter de nouveau, tourna la tête vers la route, renifla, s'appuya un instant sur son coude, tapa du talon sur la marche la plus basse, puis soupira. Vaincu.
« Bon, d'accord, je le fais peut-être un tout petit peu exprès, » murmura-t-il.
Et il se mit a regarder intensément la clef à molette qui tenait maintenant fermement dans sa main, comme si elle allait lui révéler le secret de la pierre philosophale. Alphonse ne put tenir sa stratégie jusqu'au bout (il ferait un bien piètre militaire, il devait renoncer à cette carrière pour la richesse et la célébrité).
« Un tout petit peu exprès ? » s'exclama-t-il avant de pouvoir s'en empêcher.
« Ouais... Non ! Enfin, si ! Mais pas vraiment ! » répliqua Edward avec sa légendaire absence de contradiction. Il se remit à étudier attentivement l'outil qu'il tenait maintenant du bout des doigts. « Disons que peut-être que je ne fais pas tous les efforts possibles et imaginables pour éviter qu'il soit un peu abîmé accidentellement pendant les combats. C'est pas comme si ma vie était en jeu. »
Alphonse resta de nouveau longuement silencieux, tirant les conclusions de ce qu'Edward venait de lui dire. Il savait qu'il lui avait fallu beaucoup d'imagination pour que la vision de l'expression hypothétique d'Alphonse le force à laisser échapper ça. Il semblait si gêné qu'Alphonse en avait presque mal. Il n'avait pas à être gêné, pas devant son frère. Et pas sur ce genre de choses. Edward, s'il le désapprouvait totalement pour des raisons d'instinct de conversation personnelle, ne se moquait pas du faible qu'il avait pour les chats. Quoique, ce n'était pas non plus tout à fait comparable. Alphonse aurait voulu trouver les mots qui feraient disparaître cette gêne, Edward semblait en avoir vraiment besoin. Finalement, il laissa échapper un soupir.
« Mais si ta vie est en jeu. Être réduit à un prétexte pareil... Si elle a ne serait-ce qu'un soupçon, elle te tuera, c'est sûr. »
Il entendit Edward grommeler faiblement. « Qu'est-ce que tu veux, ça ferait vraiment con de venir comme ça... sans rien... Et puis je t'ai dit que je ne faisais pas vraiment exprès, d'abord ! » acheva-t-il, retrouvant un peu de sa hargne.
Même s'il était censé ne rien sentir dans son armure, Alphonse fut persuadé de percevoir un pic de chaleur à côté de lui.
« Qu'est-ce que vous faites, là, le dîner va être froid. »
Alphonse aurait aimé être au grand jour pour voir exactement comment Edward avait réussi à se retourner en sursautant pour atterrir sur le derrière, en bas des escaliers, face à la porte. Une petite silhouette avec les cheveux remontés en épi de maïs (coiffure qui avait poussé Alphonse à faire des recherches généalogiques pour prouver un lien de parenté entre Pinako et Edward, en vain) se tenait dans l'encadrement, les mains sur les hanches.
« Ah, c'est toi qui a la clef à molette, je l'ai cherchée partout, » dit-elle à Edward sans se soucier de l'effet qu'elle avait produit chez lui. « Il faudrait dire à Winry d'arrêter de l'oublier sur ta tête. Et bienvenue à la maison, Alphonse. Tu ne devrais pas rester dehors tout seul sans bouger, il commence à faire froid et je n'ai pas envie de devoir encore déloger une famille de rongeur récemment installée dans ton pied gauche. »
Sur quoi elle tourna les talons et retourna à l'intérieur, laissant la porte ouverte, ce qui était un signe suffisant pour les pousser à la suivre sans discuter. Alphonse ne voulait pas qu'Edward prenne davantage de coups. Il se leva, lui tendit la main et l'aida à se relever, avant de le pousser vers la porte. Sa chute semblait avoir mis ses neurones en panne.
« Qu'est-ce que ça aurait fait si ça n'avait pas été Granny ? » lui demanda-t-il à mi-voix, espérant le réveiller. Ce qui ne marcha pas aussi bien que prévu.
« Qu'est-ce que tu veux que j'en sache ? » répondit Edward. « C'est difficile à imaginer, je ne crois pas en l'au-delà. »
Et il laissa Alphonse le remorquer jusqu'à la cuisine.
A Suivre...
