Genre : Aventure/Drama
Nombre de chapitres : C'est censé être un OS mais bon, il est plutôt conséquent donc je sais pas trop comment qualifier ça...
Disons que c'est un OS parce-que j'ai écrit ça pour le plaisir, sans chercher à trop fouiller l'histoire, et que le travail reste de surface.
Signalétique : -14
Particularités : C'est un crossover entre Glee et Hunger Games.
Etant donné que c'est un crossover, vous vous doutez bien qu'il y a des spoilers sur les HG. Je n'ai lu que le premier tome, donc je ne tiens pas compte de la suite de la trilogie. Il y a simplement des spoilers sur le premier tome, donc si vous voulez pas savoir, bah lisez pas^^
De plus, par respect pour ceux qui n'ont pas lu la suite (et POUR MOI haha), je vous demanderai de ne poster de spoiler sur Catching Fire et Mockingjay sous aucun prétexte dans vos reviews, merci !
Bonne lecture !
(MàJ de The Cave demain)
(j'ai essayé d'aérer un peu, dites-moi si c'est encore trop serré et j'essayerai de faire mieux pour TC demain)
Playlist :
Deep Shadows - Tying Tiffany (scènes d'action)
Love And Hate - Santiago Laserna (scènes plus émouvantes)
Abraham's Daughter - Arcade Fire Cover (dernières pages)
Tomorrow Will Be Kinder - The Secret Sisters (idem)
« Bienvenue, bienvenue, pour ces nouveaux Jeux de la Faim ! Je suis Caesar Flickerman, et je vous accompagnerai pendant toute cette édition ! J'aurai l'honneur de commenter les moindres faits et gestes de nos candidats avec mon complice, Claudius Templesmith !
- Bonjour !
- Vous qui êtes tous agglutinés devant vos écrans, je devine votre excitation ! Et ah, que je vous comprends ! Cette édition promet de belles choses, et je ne tiens pas en place moi non plus !
- Mais d'abord, rappelons les règles des Hunger Games, voulez-vous bien Caesar ?
- Tout à fait mon cher Claudius ! Selon le Traité de la Trahison, les Hunger Games ont été créés pour punir les districts après leur soulèvement, il y a de cela plusieurs années. Chacun des douze districts doit remettre au Capitole un tribut garçon et un garçon fille après un tirage au sort portant le nom de Moisson, ce qui porte le nombre de participants aux Hunger Games au nombre de vingt-quatre. Ooh, que c'est palpitant !
- La règle des Hunger Games est simple : vingt-quatre participants, et un seul vainqueur. Si vous ne gagnez pas, la seule issue possible est la mort.
- Nos tributs vont devoir se battre vaillamment pour survivre et il me tarde de voir ça ! Un coup de canon annonce la mort d'un participant aux autres tributs, ainsi ils sont un minimum au courant de combien ils sont encore en lice. Après la désastreuse édition de l'année dernière, qui prenait place dans des montagnes escarpées...
- Et où la moitié sont morts de chutes mortelles ou d'insolations...
-... le Capitole a cette année décidé de revenir à une bonne vieille recette : la forêt ! Son relief diversifié, sa végétation feuillue et sa fraîcheur nocturne est un théâtre idéal pour les combats et les parties de cache-cache auxquelles -je suis sûr- les tributs se livreront allègrement !
- Mais outre la survie, ils ne doivent pas oublier de plaire au public.
- Eh oui, c'est exact ! Les sponsors sont sur le pied de guerre cette année, et celui qui effectuera les performances les plus impressionnantes, en plus de s'attirer la sympathie du public, récoltera de quoi survivre un peu mieux dans cette impitoyable arène.
- Un baume ou un couteau sont toujours extrêmement utiles.
- C'est un fait, mon cher Claudius, c'est un fait. Mais voilà que le décompte vient de commencer... nous sommes à trente secondes du lancement de ces Hunger Games ! Oouh, j'en frémis d'impatience !
- Les concurrents viennent d'émerger de leurs piédestaux. Ils ont tous l'air fin prêts, de bons petits guerriers.
- Et voilà le top départ qui va être donné... 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1...
- Puisse le sort leur être favorable ! »
...
...
...
Jour 1 :
[16:34]
Elle n'est ici que depuis six heures et elle a déjà oublié ce que cela fait de penser à autre chose qu'à sa propre survie.
Katniss le lui avait bien dit. Ne cherche pas à attraper le matériel disposé près de la Corne d'abondance et cours aussi vite que tu le peux. C'est ce qu'elle avait fait pour ses propres Hunger Games et elle avait gagné. Doublement.
Elle l'a écoutée. Fuis et cherche un coin d'eau. Cela ne l'a pas empêchée d'assister au bain de sang. Les plus faibles terrassés par les plus forts, les plus entraînés, les plus hargneux. La gamine qui n'avait même pas douze ans a été parmi les premières à tomber. Elle avait tout pour réussir pourtant. Un score de 7 sur 12 à l'issue des quatre jours d'entraînements, une bonne condition physique favorisée par le district d'où elle venait. Mais elle a été la première à tomber et de la plus violente des manières : un des carrières - c'est ainsi que sont appelés les plus redoutables, ceux qui proviennent des quartiers où on prépare les enfants dès leur plus jeune âge pour les Jeux de la Faim- l'a décapitée avec une impressionnante hache disposée jusque-là soigneusement dans l'herbe.
Elle n'aurait jamais cru qu'autant de sang puisse jaillir d'une si petite personne. Elle a à peine senti son cœur se glacer dans sa poitrine à ce moment-là car la brûlure de ses jambes, qu'elle était en train d'actionner hâtivement pour atteindre un coin à couvert, l'a emportée sur tout le reste à ce moment. Mais l'effroi, le dégoût. L'incompréhension. Ils étaient bien là.
Et cela faisait déjà un tribut de moins pour le District Trois.
Elle s'est jetée dans un taillis et comme le cerveau humain est inexplicablement attiré par tout ce qui est morbide, elle a regardé le bain de sang se poursuivre. Le même carrière s'est occupé d'un autre, plus âgé que lui mais moins vigilant, et un autre tribut, qu'elle avait trouvé pourtant sympathique à l'entraînement, a éventré un garçon aux cheveux frisés à l'air passablement perdu.
Elle a détourné les yeux à la quatrième victime et s'est empressée de s'enfoncer dans la forêt, le misérable sac à dos qu'elle avait réussi à attraper en chemin sur l'épaule.
Un bruissement l'arrache à ses pensées et elle se retourne vivement. Elle a du mal à se concentrer depuis plusieurs minutes. Elle a faim et soif et la peur la tétanise. Mais il n'y a personne, et son angoisse grandit encore. Si elle les voyait au moins, elle saurait. Mais elle ne sait pas. Où ils sont. Ce qu'ils font. S'ils la cherchent.
Elle a eu un bon score à la fin de la période d'entraînement. 9. Ce n'est pas suffisant pour être traquée dès le début. N'est-ce pas ?
...
...
[20:01]
Elle a essayé de grimper à un arbre mais elle a failli se rompre le dos en tombant, après que son pied ait dérapé sur une branche. Elle n'est pas Katniss Everdeen, elle n'a pas son agilité, sa dextérité.
Alors elle se terre sous un tas de feuilles, espérant qu'ils ne la trouveront pas cette nuit. Son souffle secoue les tiges qui pendent au-dessus d'elle et sa respiration lui paraît bien trop forte. Mais elle ne peut rien faire.
A travers les feuilles qui la recouvrent toute entière, elle aperçoit les hologrammes qui sont soudain projetés dans le ciel noir d'encre, tandis que l'hymne du Capitole retentit dans l'arène. Ce sont les morts de la journée.
Il y en a dix. Elle ne les connaît pas particulièrement et c'est tant mieux. La simple pensée de leur mort lui retourne l'estomac, elle n'ose pas imaginer ce que cela serait si elle s'était attachée à eux.
On ne s'attache pas dans les Hunger Games, c'est stupide.
Elle remet de l'ordre dans ses pensées. Ils ne sont plus que quatorze. C'est si peu par rapport au nombre de départ et beaucoup trop si elle prend en compte ce chiffre par rapport à ses chances de survie.
Elle se demande ce qu'elle ressentira lorsque viendra pour elle le moment de tuer son premier tribut. Car elle doit s'y préparer, cela arrivera bien assez tôt.
...
...
[23:54]
Ils l'ont retrouvés. Elle doit fuir.
Elle court, elle se prend les pieds dans une branche, elle se demande ce que les gens pensent d'elle là-bas, à Panem. Elle doit paraître ridicule. Elle n'aura jamais de cadeaux des sponsors. Elle se débrouillait mieux à l'entraînement.
Elle se rappelle qu'elle était la préférée de Katniss et cela lui donne un semblant d'assurance. Elle n'est pas aussi douée à l'arc qu'elle, mais elle se débrouille. Elle a une chance sur deux de se casser la colonne vertébrale en commençant l'ascension des hauts arbres de l'arène mais quand elle y arrive, elle y parvient sacrement vite.
Elle enjambe de justesse une racine, se jette dans des fourrés, rampe jusqu'à un tronc, qui se révèle assez grand pour l'accueillir. Là, elle est bien cachée. Mais s'ils l'ont vue, s'ils la trouvent, elle est coincée. Ils la saigneront comme un porc, elle l'entend à la détermination qui sourde de leurs cris, alors qu'ils se rapprochent.
Par chance, ils passent l'endroit où elle se terre.
Ils ont formé une alliance. Si jamais elle retombe sur eux, elle est fichue. Elle retombera sur eux.
...
...
...
Jour 2 :
[7:12]
Le jour s'est levé brusquement. La peur qui lui nouait l'estomac et lui liquéfiait les jambes s'est volatilisée. Elle ne ressent plus rien. Plus rien sinon la tenace envie de ne pas mourir sans se battre. Elle sort précautionneusement de son tronc. Le nez encore à moitié dans la terre, elle se sustente de ses mains tremblantes. Une barre de céréales sans goût. Un peu d'eau. C'est tout ce qu'elle a. Il va lui falloir retrouver un coin d'eau bien vite. Des provisions aussi. Elle se sent incapable de chasser.
Elle se redresse lentement, précautionneusement, réajuste son sac sur son dos et scanne les alentours d'un regard vigilant en renouant précipitamment sa queue de cheval. Il n'y a pas un bruit, si ce n'est les bruissements des feuilles autour d'elle. Cela l'inquiète. Elle lève la tête, se rend compte qu'ici les arbres sont suffisamment rapprochés pour pouvoir se déplacer de branche en branche. Suffisamment hauts pour mourir sur le coup si elle venait à tomber aussi.
Elle ne peut plus fuir, elle doit agir. Elle ne passera pas la journée si elle continue de se terrer. Et la tétanie a quitté son corps, elle a retrouvé un peu de confiance en elle, en ses propres capacités.
Elle grimpe sans trop de problème, et cela la surprend vu les difficultés qu'elle avait simplement à courir la veille. Elle n'était peut-être pas la petite protégée de Katniss pour rien après tout.
Cela lui donne confiance. Elle peut le faire. Pas gagner. Mais survivre.
...
...
[11:08]
Un coup de canon retentit, sourd, effrayant. Elle sursaute, manque de tomber de sa branche, mais heureusement reprend bien vite son équilibre. Des geais moqueurs s'envolent autour d'elle, et elle se demande qui. Un carrière peut-être, et l'espoir qu'elle ressent lui donne envie de vomir. Mais elle ne peut se permettre une quelconque humanité ici. Tuer ou être tué.
« Ils sont pas près de recoller les morceaux ! » s'exclame une voix.
Quelqu'un s'esclaffe en réponse.
Elle se plaque contre son tronc et prie pour qu'ils ne la voient pas. Ils passent en-dessous de là où elle est perchée sans même prendre la peine de s'arrêter. Osant un coup d'œil par-dessus les feuilles qui la cachent, elle les observe. Ce sont les mêmes que sont qui l'ont poursuivie, mais ils sont plus. Il y a toujours ce grand type, aux dix kilos de muscle, à l'air goguenard. C'est le genre à s'amuser avec ses victimes ou à les achever bien brutalement, mais toujours avec la même jubilation. Avec lui cette fille à l'air redoutable, et dont elle a deviné, en croisant son regard une fois, qu'elle n'aime pas particulièrement l'idée de tuer mais qu'elle le fera sans rechigner et avec de plus en plus de plaisir au-fur-et-à-mesure. Les deux sont du même district, le Deux. Ils s'entendent trop bien pour ne pas représenter une menace. Déjà que séparément, ils la terrifient plus qu'elle ne voudrait bien l'avouer, à deux ils sont déjà estampillés finalistes.
Elle repense au tribut avec qui elle a été choisie dans son district. Elle met plusieurs secondes à se souvenir de son prénom. Sam. Il s'est révélé taciturne, solitaire, laconique, alors qu'il lui apparaissait comme doux et amical. Elle a compris à la seconde où leurs regards se sont croisés, sur l'estrade de la Moisson, qu'il s'était tout simplement résigné à l'idée de perdre toute humanité. Pas elle.
Si elle gagne, elle continuera de vivre le plus normalement possible. Elle s'en est fait la promesse.
Elle revient à ses adversaires, en contrebas.
Une autre fille s'est jointe à eux. Elle la reconnaît aussitôt, pour avoir été désemparée par son regard débordant d'innocence, son visage inoffensif. Elle est du district Quatre, de la pêche. L'image de ses grands yeux bleus brillant de vie à l'entraînement lui reviennent en même temps que son prénom. Brittany.
Aussitôt, l'incompréhension la submerge. C'est une brebis pour les deux tributs du District Deux, alors pourquoi les suit-elle, pourquoi est-elle alliée à eux ? Elle le comprend lorsque la fille du Deux se tourne vers Brittany et lui fait un signe de tête. Aaussitôt, Brittany s'approche d'un arbre, et en escalade le tronc avec agilité.
C'est un véritable écureuil et elle, elle est morte.
Brittany a atteint les plus hautes branches en à peine quelques secondes et de son côté, elle, fuyante tribut du District Douze, se plaque contre l'écorce rugueuse de son propre arbre. Mais elle est découverte.
Les iris bleus se heurte à l'ambre effrayé.
Elle va le faire. Elle va leur crier qu'elle est là. Elle n'a pas d'arc, elle n'a rien pour se défendre.
Et elle crie.
« Il y en une là ! »
Elle déguerpit. Elle saute de branche en branche, et Brittany est derrière elle. Elle gagne du terrain, elle va la rattraper. Elle n'est pas armée mais elle va la pousser pour que les autres puissent l'achever en bas. Alors, en une fraction de secondes, elle a pris sa décision.
Elle fait volte-face et c'est le moment où Brittany arrive sur la même branche qu'elle. Elles ont à peine le temps de s'entreregarder.
Elle tend les bras, la pousse de toutes ses forces, et Brittany tombe.
« BRITTANY ! » hurle la fille du District Deux d'une voix stridente.
Le coup de canon ne retentit pas quand elle chute. Elle n'est pas morte, pas encore. Alors elle poursuit sa route et disparaît, profitant de la diversion produite par la chute de Brittany.
...
...
[16:32]
Elle n'a toujours pas d'arme et en plus maintenant, elle a soif. Elle s'étonne d'être toujours en vie.
Du coup elle est retournée à la Corne d'abondance, le lieu de départ des Jeux. Il n'y a plus rien, mais elle se souvient qu'en partant d'ici et en continuant vers le nord, il y a une mare. La soif lui brûle la gorge alors elle n'hésite pas plus. Bien sûr, elle ne traverse pas la plaine comme cela. Elle n'est pas stupide. Les embuscades fonctionnent de cette manière, et elles sont d'autant plus favorisées lorsque la proie est stupide.
« QUINN ! »
Son sang se glace dans ses veines, elle se jette d'instinct au sol et attend, écoutant avec effroi les battements erratiques de son cœur dans sa poitrine compressée.
« QUINN ! »
Elle reconnaît la voix de Sam. Quel imbécile. Ou bien non. Peut-être que c'est un piège. Qu'il va l'attirer dans un piège et la tuer. Le fait qu'ils soient du même district n'a rien à voir. Cela ne change rien, ils sont ennemis de toute façon.
Milieu du deuxième jour et elle n'est toujours pas armée, que peut-elle faire ?
« QUIIIINN ! »
Le cri, plus fort, plus agaçant. Elle grince des dents, rampe au sol, s'écorchant légèrement la paume des mains sur des ronces qu'elle n'avait pas vues. Les cris semblent provenir de l'autre côté de la plaine.
Elle se retourne et soudain se trouve face à un tribut qui s'apprêtait à bondir sur elle. Elle a l'impression de se liquéfier toute entière, puis dans un réflexe, lui assène un coup de poing en plein dans la mâchoire. Un craquement, il titube en arrière, et elle a le temps de se relever. Elle le frappe de nouveau, et encore plus fort parce-qu'elle a vu le scintillement d'un couteau dans sa main. Il le lui faut. Il saigne abondamment et il est étourdi. Elle ne sait pas ce qui lui a pris d'essayer de la prendre par surprise parce-qu'il ne fait pas le poids, c'est une évidence. Il essaye de repasser à l'assaut mais elle lui envoie son genou dans l'entrejambe et lui fracasse le nez.
L'adrénaline et l'envie de lui faire mal, de lui faire payer pour ce qu'il s'apprêtait à lui faire la submerge toute entière. Et elle se noie dedans, car autrement, son humanité la perdra.
Il réussit à lui érafler la joue avec la lame de son couteau, et alors qu'un filet de sang dégouline dans le creux de sa nuque, Quinn se rend compte qu'il est diablement bien affûté. Il le lui faut vraiment.
Elle l'empoigne par les épaules, l'envoie valser contre un arbre, et il parvient à lui planter la lame dans le bras. Elle pousse un cri de douleur et pense en même temps qu'il est idiot, parce-que maintenant il n'a que ses poings pour se défendre. Parfait.
Elle se jette sur lui, lui assène un nouveau coup aux tempes et avant d'avoir à croiser son regard effrayé, lui plante le couteau au niveau du cœur. Un cri meurt dans sa gorge tandis qu'elle plaque une main sur son visage noir de terre et couvert de sang. Elle le presse contre le tronc derrière lui, en même temps qu'elle appuie plus profondément à l'endroit où elle l'a embrochée. Son agonie paraît lente et laborieuse. Une tâche de sang, de plus en plus grande, de plus en plus impressionnante, se forme au niveau de la lame, mais Quinn continue de le fixer dans les yeux, de ce même regard froid, décidé.
Elle étouffe son dernier cri et il s'affaisse. Le coup de canon retentit presque au même moment. Sa première victime.
Quinn essaye de se concentrer sur la frénésie tueuse qui l'a prise alors qu'elle retire le couteau du cadavre et qu'elle l'essuie contre une plante. Elle fouille méthodiquement le corps, trouve quelques provisions, de l'eau, un couteau plus grand et une couverture qui lui sera utile vu le froid qui règne chaque nuit ici. Elle fourre tout ça pêle-mêle dans son sac, et part sans se retourner.
Elle a passé à un cap. Elle est devenue une participante à part entière des Hunger Games.
...
...
[19:59]
Sa plaie au bras ne s'est pour l'instant pas infectée grâce aux cataplasmes qu'elle a trouvés dans les affaires du tribut qu'elle a tuée. Son éraflure à la joue la pique un peu, mais ce n'est rien de grave, et la faim dont elle n'avait même pas conscience jusque-là est un peu moins pressante maintenant qu'elle a mangé une pomme. Elle se rationne.
La voix de Sam a retenti encore. Elle l'a ignorée. Elle s'affaiblit, elle est éraillée, mais Quinn l'ignore. C'est sans doute un piège. Et si ce n'en est pas un, elle n'est pas tenue de venir à sa rescousse. Chacun pour soi dans l'arène.
Les hologrammes s'affichent dans le ciel soudain obscurci, l'hymne retentit, et les morts se font anormalement lentes dans cette édition des Hunger Games, puisqu'il n'y a que la victime de Quinn.
Ce tribut était du District Neuf. Il s'appelait Blaine.
Elle s'en fiche.
...
...
[22:24]
Des cris, des bruits de lutte. Quinn, malgré la pénombre, grimpe aussitôt à l'arbre le plus proche. Elle se cachait jusque-là dans un buisson, taillant un pieu avec sa toute nouvelle acquisition pour s'empêcher de piquer du nez.
Elle ne voit rien alors elle tend l'oreille, espérant qu'elle est hors d'atteinte, et se préparant à tout instant à entendre le bruit d'un coup de canon. Mais rien ne vient.
« Pas question, hors de question ! » chuchote une voix furieuse.
Un grommellement lui répond et Quinn devine un poing qui s'écrase contre une joue.
« Dégage de là, putain. »
Les bruits de lutte s'atténuent, seuls des halètements résonnent dans l'air.
« On est dans les Hunger Games je te rappelle. Même nous on devra s'entretuer à la fin du jeu. Mais pour l'instant, on fait comme on a dit. Et ça, ça ne faisait pas partie du plan.
- On peut le changer ce plan, rien ne nous en empêche.
- J'ai pas confiance.
- Moi si.
- T'es complètement débile.
- On ne la tuera pas ! »
Des bruits de lutte de nouveau, et l'arbre sur lequel Quinn est perché tremble tandis que l'un plaque l'autre contre le tronc, brutalement.
« Regarde-moi. »
L'autre se débat.
« Regarde-moi, » répète-on.
L'autre se calme.
« Le sentimentalisme, c'est pas le moment. Vingt-quatre participants, un survivant, tu te souviens ? On sait déjà de sûr qu'on sera séparés par la mort, que ce soit moi qui te bute ou toi qui me bute, alors pas la peine de s'attacher à quelqu'un d'autre, ok ?
- Je ne m'attache pas, grommelle l'autre. Elle est utile. Elle sait grimper aux arbres. Elle a repéré la fille du District Douze je te rappelle.
- Ouais, et cette salope l'a faite tombée, et maintenant elle est blessée. C'est un fardeau pour nous.
- Plus pour longtemps. Demain on va trouver quelqu'un à buter, un carrière, et les sponsors nous enverront de quoi la soigner.
- C'est nous qu'ils sponsorisent, pas elle.
- Et alors ? Ils voient qu'on protège un autre tribut, ça va les toucher, non ?
- Les histoires d'amitié ça ne les intéresse pas. Ils veulent du sang, du spectaculaire. Tuons-la et on recevra un truc des sponsors, pour nous, pour la suite du jeu.
- Je m'en fous de la suite du jeu. C'est de maintenant qu'on a besoin de ce remède. »
Un silence. Quinn se penche car elle a peur de rater une miette de la conversation.
« Tu t'es vraiment trop attachée à elle, hein ? finit-on par chuchoter.
- Tu la tues, je te tue, réplique l'autre avec aplomb. Fin de la discussion, maintenant on va dormir et demain on part en chasse. »
Et les deux tributs du District Deux repartent vers l'est. Quinn sait maintenant où est Brittany, où ils sont, et elle a toute la nuit pour réfléchir à ce qu'elle pourrait bien faire de cela.
...
...
[23:43]
Elle a décidé de les laisser continuer leur chemin. Ils sont trop malins pour ne pas la remarquer à un moment ou à un autre, et elle trop peu douée en filature pour ne pas immédiatement se faire repérer.
Mais l'information s'est frayée un chemin dans son esprit.
La tribut du District Deux tient à Brittany. C'est étrange, mais elle sait que cela va lui être utile pour la suite.
...
...
...
Jour 3 :
[02:32]
Quinn se réveille en sursaut, et elle ne comprend tout d'abord pas très bien pourquoi, jusqu'à ce qu'elle devine la sensation froide d'une lame contre son cou. Ses poils se hérissent sur sa nuque, son cri s'étouffe dans sa gorge et dans la pénombre, quelqu'un lui chuchote de ne pas bouger.
Ils restent comme ça jusqu'à ce qu'il fasse jour, et Quinn se demande si c'est pour s'assurer une audience plus importante que l'autre attend l'aube pour la tuer.
Mais dès que le soleil se lève, brusquement, actionné par les Juges, elle se rend compte que celui qui est accroupi à côté d'elle, avec la lame de son arme pressée contre sa peau trempée de sueur, c'est Sam. Il a le visage tuméfié, et le regard vide qu'il pose sur elle l'effraie.
« Tu m'as pas entendue quand je t'ai appelée ? » grommelle-t-il.
Il a du mal à parler tant il a la mâchoire gonflée. Quinn comprend à cet instant que sans sponsor, aucun d'eux ne s'en sortira. Elle ne répond pas.
« Ils m'ont dit de crier encore plus fort et je l'ai fait, mais tu ne venais pas. Alors ils m'ont relâché, pour que je parte à ta recherche et que je les mène à toi. Mais ils ont oublié un détail : on n'est pas une équipe. »
Elle le fixe de ses yeux écarquillés et il sourit d'un air sombre.
« Et toi tu t'en fous de moi, vu que t'es pas venue. Tant mieux, ils t'auraient butée, puis moi, et ç'aurait été embêtant... je suppose.
- T'avais l'air plus sympa de loin... » ne peut-elle s'empêcher de grommeler.
Quelque-chose vacille au fond de son regard métallique et il fronce les sourcils.
« On peut être difficilement sympa pendant les Hunger Games... dit-il après un moment.
- Les tributs du District Deux ont décidé de faire équipe jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'eux. La preuve que si.
- C'est pas de la sympathie, c'est une stratégie.
- Appelle ça comme tu veux, mais au moins ils s'entraident. Ils peuvent compter l'un sur l'autre. On pourrait faire pareil.
- Et risquer que tu me plantes dès que j'aurai le dos tourné ? réplique Sam avec une colère rentrée. Tu rêves ! »
Quinn soupire. Il a raison.
« Bon, d'accord. »
Il la dévisage avec attention, désemparé par sa placidité.
« Vas-y. Tue-moi. Mais tranche bien là où il faut, ça m'arrangerait de ne pas souffrir. »
La main de Sam se resserre autour du couteau, il appuie contre sa peau, mais après un moment, il se relâche et retire l'arme du cou frémissant de Quinn.
« J'y arrive pas, lâche-t-il avec un mélange de frustration et de désespoir. C'est pas dans ma nature, je peux pas... T'es un être humain, je suis un être humain, je peux pas...
- Tu vas mourir si tu ne parviens pas à tuer, lui fait remarquer Quinn en s'asseyant précautionneusement, des fois qu'il change d'avis.
- Je sais. C'est pour ça. Je sais que je vais mourir depuis le début. Pas parce-que je suis le plus faible ou le plus stupide. Mais parce-que j'ai pas ça dans le sang. Même dans l'urgence, je serais capable de me faire déchiqueter... »
Quinn soupire et se relève. Elle a vraiment peur qu'il change d'avis.
« Si je prenais cette pierre pour te fracasser le crâne, demande-t-elle en le fixant avec intensité, tu ne réagirais pas ?
- Non.
- Comment est-ce que tu as tenu aussi longtemps ? » s'étonne-t-elle, perplexe.
Il hausse les épaules.
« Le premier jour, je suis resté caché dans un arbre, pas trop loin de la Corne d'abondance. J'avais réussi à attraper un sac plein de provisions alors j'avais prévu de me débrouiller avec ça pour au moins une semaine. Mais il y en a un qui m'a débusqué, un tribut du District Cinq, et il était sur le point de me tuer quand cette autre fille est arrivée, tu sais, celle qui tirait super bien avec les couteaux à l'entraînement...
- Harmony ? bredouille Quinn avec un haussement de sourcils. Et elle t'a laissée vivre ?
- Elle a vraiment été impressionnée par tes performances à l'entraînement, explique Sam. Tu représentes un vrai danger, Quinn, alors elle voulait te débusquer pour te buter une bonne fois pour toutes... et vu qu'on était du même district, elle a dit à l'autre garçon...
- Ils ont fait une alliance ?
- Oui. Bref, elle lui a dit que je serais plus utile vivant, alors ils m'ont emmené bien en vue dans une clairière et ils m'ont dit de crier. Ils m'ont... forcés à crier à vrai dire. »
Quinn serre les poings, gagnée par une horreur qu'elle préférerait ne pas ressentir.
« Ils t'ont torturé ?
- Oui...
- Et il n'y a personne qui est venu ?
- Non. »
Quinn ne se sent pas coupable. Elle n'en a pas le droit. Tuer ou être tué. C'est cela la règle. Rien d'autre.
« Donc ils t'ont relâché... pour que tu me mènes à eux ? »
Sam hoche la tête.
« Où ils sont alors ? demande-t-elle en regardant autour d'elle.
- Je les ai semés, explique-t-il avec un haussement d'épaules.
- Mais... comment ? » bredouille-t-elle.
Elle repense au sourire éclatant qu'Harmony a affiché pendant les quatre jours d'entraînement, même lorsqu'elle envoyait ses couteaux en plein dans les cibles. Sam n'aurait jamais pu leur échapper.
« Ils ont rencontré un autre tribut en chemin et ils ont commencé à se battre. J'en ai profité pour me tirer.
- Je n'ai pas entendu de coup de canon.
- Je sais. Il doit être en train d'agoniser dans un fossé à l'heure qu'il est. Ou Harmony. Ou l'autre tribut. On n'en sait rien après tout. »
Quinn défait sa queue de cheval, relâchant ses cheveux couverts de poussière et de crasse. Sam la regarde sans mot dire, avant de se relever à son tour.
« Qu'est-ce qu'on fait alors ? demande-t-elle avec un sourire ironique. On s'entretue ? Ça va être long, j'ai un tout petit couteau de rien du tout et le tien est à peine plus gros. Ça irait plus vite si je t'écrasais un rocher dessus, ou le contraire, comme tu veux.
- J'ai une idée, dit Sam avec une ombre de sourire.
- Vas-y...
- On va faire équipe, mais juste pour quelques heures, histoire de se procurer des armes convenables... Comme ça on fera honneur à notre District jusqu'à la mort, d'accord ? Pendant ce laps de temps, interdiction de se planter des couteaux dans le dos.
- Au sens propre et au sens figuré ?
- Oui. »
Quinn hésite un instant.
« Bon. D'accord. »
Ils se serrent la main.
...
...
[10:42]
Cela fait une éternité qu'ils sont là lorsqu'enfin quelqu'un approche. Ils n'attendent pas.
Ils se jettent en avant, sortant des buissons où ils se terraient jusque-là. Sam attrape le tribut par la taille, tandis que Quinn lui tord le cou. Elle oublie qu'elle est humaine un instant, pendant que Sam ferme les yeux, comme elle le lui a dit. De cette façon, ce sera comme s'il ne participait pas à la mise à mort.
Le tribut s'effondre et Quinn est ravie que cette manière de tuer lui épargne les éclaboussures de sang. C'est plus propre, cela laisse moins de trace. Parfait.
Un coup de canon retentit au loin, et elle fait signe à Sam afin de commencer à fouiller le corps.
Lorsqu'ils retournent le cadavre, flasque et tiède, ils se trouvent face au visage blême et amaigri de Finn, du District Dix.
Et Quinn se souvient de son nom parce-qu'il est du même district que cette fille, petite et brune, qui l'a grandement impressionnée par ses performances en camouflage.
...
...
[20:00]
Trois morts aujourd'hui.
Finn, du District Dix.
Sugar, du District Huit.
Joe, du District Un.
Les deux premiers sont des victimes de Sam et Quinn. Ou de Quinn plutôt, vu qu'elle a respecté le choix de Sam de se préserver un maximum. La mise à mort de Finn a été un jeu d'enfant comparé à celle de Sugar, et peu importe combien de fois elle s'est lavée les mains, Quinn voit encore le sang dessus à chaque fois qu'elle les regarde. Elle sait que cette image ne la quittera jamais.
Elle s'est séparée de Sam après avoir tué Sugar, parce-que celle-ci avait un arc et un carquois plein de flèches avec elle. Du coup chacun a trouvé son compte, sachant que Sam a emporté avec lui l'épieu de Finn.
Vers la fin de l'après-midi, elle a reçu une capsule des sponsors, enfin, et si le baume dedans a été bien utile pour la blessure à son bras qui commençait à sérieusement s'infecter, c'est plus le mot à l'intérieur qui a attiré son attention.
''Continue de chercher et tu trouveras.
- K. ''
Mais chercher quoi ?
...
...
...
Jour 4 :
[08:11]
Quinn n'arrive pas à croire qu'elle ait tenu jusque-là sans arc. Elle peut chasser et le sentiment de sécurité que cela lui prodigue n'a pas de prix.
Cela fait une heure qu'elle est perchée dans cet arbre, à observer les tributs du District Deux discuter autour de leur feu de camp, qui n'est plus que braises maintenant. Ils ont eu le remède qu'ils voulaient, et Brittany somnole tranquillement au pied de la fille. Quinn suppose qu'ils ont tué Joe pour ça, et elle en est bien contente, parce-que c'était un des plus redoutables carrières.
Mais elle ne comprend toujours pas pourquoi ils ont pris Brittany sous leur protection.
Le garçon non plus visiblement, car il relance le sujet pour la énième fois depuis qu'elle les observe.
Et pour la énième fois, la fille lui jette un regard dur avant de reporter son attention sur les braises rougeoyantes qui continuent de grésiller devant elle.
Quinn réfléchit.
Elle a dix flèches dans son carquois, soit largement assez pour tous les tuer. Mais il suffit qu'elle en tue un pour qu'ils se trouvent tous immédiatement en alerte, et elle n'est pas assez adroite pour tirer sur des cibles en mouvement.
Elle passe ses victimes potentielles en revue.
Le garçon est costaud, dangereux, impitoyable. Si elle l'achève maintenant, elle se débarrasse d'un adversaire de taille. Mais la fille, elle, est plus menaçante encore, car en plus de sa hargne et de son absence de pitié évidente, elle a Brittany. Le public apprécie ce genre d'histoires d'amitié entre les tributs, parce-que cela montre qu'ils sont plus que des machines à tuer, et ils deviennent forcément attachants. Le Capitole aussi, car c'est toujours un plaisir de les briser dans le feu de l'action, des combats. Cela ajoute du tragique, du palpitant, et cela rend des Hunger Games déjà excitants absolument fascinants.
Et si Quinn tue l'une ou l'autre, elle se fera haïr par au moins deux Districts. Sans compter les sponsors qui l'abandonneront.
Mais Quinn ne peut pas se permettre de penser comme cela. Se faire apprécier ou se faire détester, c'est toujours plus insignifiant que de se faire tuer.
...
...
[10:54]
Ils sont toujours là et Quinn commence à se sentir engourdie sur sa branche. Son carquois, allié à son sac, pèse lourd sur son dos.
Les tributs du District Deux n'ont pas l'intention de bouger d'ici tant que Brittany ne va pas mieux.
Et Quinn ne comprend pas.
Ils sont encore dix.
Moins elle et les trois en dessous, cela fait six autres tributs dans la nature. Elle peut enlever Sam du compte car elle ne pense pas qu'il essayera quoi-que-ce-soit contre elle, pas maintenant. Donc cinq. Harmony est un danger potentiel. En plus, elle la cherche. Il y a la petite brune extrêmement douée en camouflage. Le garçon qui provient du même district que Brittany, avec son air patibulaire et ses gros bras. Pour le reste...
Quinn aurait dû les observer avec plus d'attention pendant les quatre jours d'entraînement, mais son appréhension et sa confusion étaient telles à l'idée d'entrer bientôt dans l'arène que toutes ses idées se sont embrouillées à ce moment-là.
Elle se maudit et repense au mot laissé par Katniss dans sa capsule.
''Continue de chercher et tu trouveras.''
Mais quoi ?
...
...
[12:31]
Ils ont enfin levé le camp, mais vu que Quinn n'a jamais été douée en filature, elle n'a par extension jamais été douée pour la discrétion, alors ils la repèrent dans la seconde qui suit, quand elle est descendue à bas de son arbre pour essayer de partir ailleurs sans se faire repérer.
Elle court à en perdre haleine mais elle sent les pas lourds du garçon derrière elle, et son souffle menaçant à chaque inspiration qu'il prend. Il est assez loin pour lui éviter de se prendre sa faux dans la gorge, mais aussi beaucoup trop près pour que la panique la libère et lui permette d'accélérer.
Brittany et l'autre fille essayent de la prendre en tenaille, l'une quelque-part à sa gauche, l'autre à sa droite. Quinn sait qu'elle est perdue.
« Elle est coincée, il y a une descente à cent mètres ! » hurle la fille du District Deux à l'intention de Brittany, et celle-ci acquiesce tout juste, son attention pleinement dirigée sur Quinn.
Elle s'approche mais Quinn l'éloigne d'un coup d'arc à la tempe, qui la fait tout juste grimacer. Les effets du remède que les deux autres lui ont administrés l'immunise encore contre la douleur et Quinn grince des dents.
Elle aperçoit le bord de la descente dont la fille a parlé. Le sol devient simplement vraiment pentu, et si elle trébuche, elle est sûre de se retrouver piégée par les autres. Et étant donné à quel point le niveau est incliné, c'est une certitude. Elle est fichue.
Mais il est hors de question qu'elle se stoppe net au bord et attende que le garçon vienne lui enfoncée la lame tranchante de sa faux dans le gosier. Quinn a encore l'espoir de rouler jusqu'en bas et de réussir à se relever sans problème, même s'il est illusoire. Ou bien même de réussir à garder l'équilibre malgré le relief.
Mais elle glisse sur un tapis de feuilles et il n'y a plus de bas ni de haut. Elle fait un douloureux roulé-boulé, reçoit d'épaisses racines dans le dos, le ventre, et dévale la pente sous les exclamations satisfaites des tributs du District Deux.
C'est la fin. Ils vont la cueillir en bas. Elle est déjà trop étourdie pour se rappeler pourquoi est-ce qu'elle a décidé de se battre à la base. Plus rien n'a de sens. Elle entrevoit le visage fatigué de Katniss, qui lui sourit et lui dit qu'elle fera de son mieux pour l'aider à survivre. Puis celui de sa mère, qui lui dit de prendre soin d'elle et de ne jamais oublier qu'elle la regarde. Et enfin, c'est la faux du garçon, qui lui lacère la gorge, et le sang qui sort à gros bouillons brûlants d'un amas de chairs qui ne lui appartient plus.
Elle se stoppe net, bloquée par un arbre. Elle a l'estomac retourné, elle a aussi perdu toutes ses flèches en route. Son arc et son carquois lui ont lacérés le dos. Qu'ils viennent et finissent tout ça.
« On va y aller bien doucement, blondasse, t'inquiète pas ! » s'écrie la fille du District Deux avant d'éclater de rire.
Qu'ils ne viennent pas en fait. Qu'ils aillent chercher d'autres victimes. Qu'ils aillent chercher Sam. Quinn peut mourir de froid et de faim ici, cela n'a pas d'importance. Mais qu'ils lui épargnent la lente agonie qu'ils lui préparent.
Une main tiède et palpitante surgit de nulle-part et l'attrape par la cheville. Quinn n'a même pas la force de se débattre. Ses jambes ne lui répondent plus. Elle se laisse tirer, lentement, sur les feuilles qui crissent et qui se frottent contre ses plaies. Une deuxième main vient s'enrouler autour de son autre cheville, avant d'agripper ses genoux, ses cuisses puis sa taille pour la retourner, presque avec douceur. Et Quinn ne comprend pas ce qui lui arrive, car d'un coup tout est noir et elle se trouve plaquée contre quelque-chose de chaud et de réconfortant.
« Pas de bruit. » lui souffle une voix à l'oreille.
Quinn obéit. Que peut-elle faire d'autre ? Un rai de lumière lui parvient, et il lui semble bien être enfouie quelque-part sous terre. Elle distingue les pieds de la fille, puis du garçon, et enfin de Brittany, qui déambulent.
« Mais enfin, elle est passée où cette pétasse ? » s'agace la fille aux yeux redoutables.
Le garçon grommelle pour manifester son mécontentement et ils continuent de chercher, désemparés.
« N'aie pas peur, ça va aller, » lui glisse encore la voix, et Quinn sent les mains qui se resserrent autour de sa taille.
Elle se laisse aller contre cette personne qui l'a sauvée et qui lui fait se sentir en sécurité ici. Elle pourrait la tuer. La poignarder. L'étrangler. L'éventrer. L'écharper.
Quinn ne sent plus son corps, il est gourd et blessé. Elle ne peut rien faire, alors elle est une proie facile. Mais l'autre personne ne fait rien et elles attendent que les autres partent.
« Putain, mais elle est passée où ? s'exclame encore la fille.
- Laisse tomber, elle a dû avoir de l'aide de ses sponsors, marmonne le garçon avec une déception évidente.
- On devrait collecter toutes les flèches, elles pourront nous être utiles, » dit Brittany, sereine.
C'est ce qu'ils font, et cinq minutes plus tard, ils sont partis.
Mais Quinn et son protecteur ne sortent pas pour autant, ils attendent. Un quart d'heure, puis deux. Enfin, il y a toujours le même calme autour, alors les mains quittent sa taille et d'un coup elle est de nouveau à l'air libre. Des feuilles volettent autour d'elle et elle reste un instant assise, étourdie.
Elle est vivante.
Elle se retourne lentement et se trouve face à un visage couvert de vert, de brun et de jaune, habillement mêlés pour donner l'illusion d'un tapis de feuilles.
La petite brune du District Dix.
...
...
[13:12]
Elle l'observe à la dérobée tandis qu'elle dévore l'écureuil avec précipitation. Quinn remarque que la petite brune s'est considérablement amaigrie depuis la dernière fois qu'elle l'a vue, autrement dit près de la Corne d'abondance. Elle se demande si c'est parce-qu'elle a passé tout son temps terrée plutôt que de chercher à subvenir à ses besoins. Après un moment d'hésitation, elle formule sa question à voix haute. La petite brune lève les yeux vers elle, et la fixe de ses iris chocolat bouillonnant d'une vie si furieuse. Quinn en a un instant le souffle coupé.
« Oui, je ne veux pas tuer, explique l'autre très rapidement. Alors je me cache autant que je peux et j'essaye d'ignorer quand j'ai faim et soif... »
Elle hausse les épaules.
« Quand j'aurai vraiment faim, je ferai plus d'efforts je pense.
- Quand tu auras vraiment faim, tu n'auras plus assez de forces pour faire des efforts, » fait remarquer Quinn avec un haussement de sourcils.
Elle est surprise par la moue boudeuse dont la gratifie l'autre. Elle est elle aussi innocente, mais pas dans le style de Brittany. Elle n'est pas faite pour l'arène, mais elle, elle s'en est accommodée. Elle s'est résignée à ne pas tuer.
« Comment tu as fait pour tenir jusque-là ? demande Quinn après un instant passé à l'observer se lécher les doigts avec gourmandise.
- J'ai mangé des feuilles, de l'écorce, explique Rachel de ce même ton urgent, comme si elle avait tellement de choses à dire en trop peu de temps. Deux fois, j'ai réussi à prendre des carrières en filature et je les ai suivis jusqu'à ce qu'ils aient trouvé d'autres tributs à tuer... »
Elle détourne les yeux, mal à l'aise.
« J'ai fouillé les corps. »
Quinn la contemple sans mot dire.
« C'est normal, tu sais. De prendre tout ce que tu peux. Tu ne survivrais pas autrement.
- Je sais, murmure l'autre. Mais je me sens coupable malgré tout.
- Tu t'es empêchée de tuer. C'est déjà bien. Moi, je n'ai pas pu faire autrement.
- Tu as déjà fait combien de victimes ? lui demande la petite brune d'une voix hésitante.
- Trois, » répond-elle, d'un ton indifférent.
Et elle regrette aussitôt, parce-que l'autre la contemple avec un mélange d'horreur et de confusion. Elle devine le mouvement de recul qu'elle s'empêche de faire.
« C'est bien pour les sponsors, dit Quinn d'une voix qu'elle veut impassible. Plus tu tues, plus tu impressionnes, plus tu reçois de choses. Tu n'as rien reçu, toi ? »
La petite brune secoue la tête de droite à gauche, lentement.
« Finn en recevait lui, il se débrouillait très bien, finit-elle par dire. Puis il est mort. »
Elle ne paraît pas affectée mais Quinn comprend qu'elle refoule toute trace d'émotion pour ne pas lui apparaître comme une proie fragile. Elle se retient de lui dire que c'est elle qui a tuée son compagnon de district.
« Ouais, c'est dommage... » dit-elle avec un haussement d'épaules.
La petite brune pose un regard d'envie sur l'écureuil qui git à côté d'elle. Quinn ne parvient pas à manger parce-qu'elle a l'estomac noué par la peur, après être passée si près de la mort tout à l'heure. En plus, les blessures qu'elle s'est ramassée dans sa longue chute lui font un mal de chien. Elles ne sont pas insupportables, mais fortement gênantes.
Avec une ombre de sourire, Quinn jette l'animal à la petite brune. Celle-ci se retient de la remercier et l'attrape précipitamment en détournant les yeux. Quinn sent sa terreur depuis qu'elle lui a dit qu'elle a tué trois tributs. C'est peut-être mieux comme ça. Mais en même temps, la petite brune a l'air absolument inoffensive, alors elle finit par déclarer, d'une voix reconnaissante :
« J'ai une dette envers toi. »
La petite brune consent enfin à la regarder de nouveau en face. Et Quinn a encore cette étrange impression quand leurs iris se croisent. Comme si la vie qui bouillonnait au fond de la petite brune était bien plus conséquente que ce qu'elle en laisse voir.
« Oh non, ce n'était rien, dit l'autre après un moment de silence. Tu étais juste devant moi, je n'allais pas te laisser mourir. Je sais qu'on va tous s'entretuer à la fin, mais c'est toujours bien quand j'arrive à sauver quelqu'un, tu comprends ? Ça m'aide à me sentir mieux. Je sais que ce n'est pas exactement ce que le public attend de moi mais... je préfère ça.
- Tu es consciente que j'aurais pu en profiter pour t'égorger ? demande Quinn d'une voix mesurée.
- Jusqu'à maintenant, pas vraiment... murmure la petite brune en fronçant les sourcils. Alors tu vas en profiter pour me tuer dès que j'aurai fini de manger ?
- Si j'avais vraiment voulu te tuer, dit Quinn, ç'aurait été avant que tu me dépossèdes de deux écureuils particulièrement croustillants... »
C'était dit comme une plaisanterie mais l'autre trésaille.
« N'aie pas peur de moi, je ne te tuerai pas. »
Pas maintenant.
« Je ne veux pas me faire détester parce-que j'ai buté celle qui m'a sauvée la vie.
- Alors tout est une question d'apparence ? Ma vie repose sur ce que les gens voient de toi dans les districts, sur leurs avis ? »
Ce n'est pas tout à fait ça, mais Quinn ne peut se résoudre à dire à la petite brune qu'elle ne se sent pas capable d'envisager simplement la possibilité de l'étrangler, sans qu'elle comprenne bien pourquoi.
Alors elle acquiesce, précautionneusement. Et la petite brune achève de se fermer.
« Tu veux qu'on s'allie en attendant ? demande-t-elle en finissant de grignoter son écureuil. Je pourrais t'être utile. Je sais que j'ai eu un score assez minable en comparaison du tien...
- 5, se souvient Quinn, et l'autre acquiesce.
-... mais je sais très bien me camoufler. Je suis très discrète aussi, et, attends... »
Elle se lève d'un bond, retourne vers le tas de feuilles où elle a caché Quinn avec elle, et en extirpe un sac couvert de boue. Il est si volumineux qu'elle paraît encore plus petite aux yeux de Quinn.
« Tu as... quoi dans ce sac ? s'étonne-t-elle, à la fois impressionnée et désemparée.
- Pas mal de choses qui pourront nous être utiles... » dit l'autre en venant se rasseoir en face d'elle.
Elle l'ouvre et commence à fouiller dedans.
« Un des tributs que j'ai fouillé avait des flèches sur lui, donc vu que t'as un arc, ça va compenser la perte des tiennes... »
Quinn les accepte avec un hochement de tête et commence déjà à réfléchir à comment elle pourrait s'y prendre pour se fabriquer un carquois. En attendant, elle les noue avec un morceau de ficelle que la petite brune lui tend.
« J'ai aussi de l'onguent, pour tes blessures... Un briquet, un sac de couchage, des lunettes de nuit, et pas mal d'autres choses... »
Quinn reste interdite devant tout ce que la petite brune a réussi à collecter sans jamais avoir à tuer, et elle se retient d'attraper le pot d'onguent pour en appliquer sur ses blessures. Elles ont déjà été suffisamment imprudentes en mangeant ici, à découvert, alors elles feraient mieux de déguerpir au plus vite. Elle le dit à la petite brune et celle-ci acquiesce, avant de refermer son sac et de le hisser sur son dos. Quinn a perdu le sien dans sa chute, alors elle se contente de coincer ses flèches en travers du sac de la petite brune, tandis qu'elle en garde une dans la main gauche, vigilante.
« Où est-ce qu'on pourrait bien aller... murmure-t-elle en contemplant les alentours.
- Il y a plein d'arbres par là-bas, dit l'autre fille en indiquant un coin à l'ouest. La végétation est dense, on peut s'y cacher pour prendre un peu de repos. »
Quinn hoche la tête et part à sa suite, encochant discrètement une flèche.
« Comment est-ce que tu t'appelles ? » demande la petite brune en se retournant.
Quinn ne répond pas.
« Moi, c'est Rachel. » dit l'autre en se laissant aller à sourire.
...
...
[15:03]
Rien de nouveau.
Pas de tributs, pas de capsules, pas de bruits.
Quinn reste aux aguets sur sa branche. Son arc glisse entre ses mains moites. Elle est si crispée qu'elle ne sent plus ses pieds. Quelque-chose lui chatouille l'épaule et elle se retourne vivement, prête à tuer.
Elle se trouve face au visage surpris de Rachel, qui agite un minuscule pinceau devant elle.
« Désolée, murmure-t-elle, j'aurais dû te prévenir. Je voulais commencer à te peindre, parce-qu'on doit sans doute être trop visibles de là. Ça ne te dérange pas, j'espère ? »
Elles se contemplent un instant sans mot dire. Leurs nez se touchent presque.
Quinn finit par acquiescer, avant de se retourner pour reprendre son observation.
« Je vais juste te camoufler la nuque, et ensuite je m'occuperai de ton visage, ça devrait suffire. »
Quinn ne dit rien et se contente d'essayer d'ignorer les chatouillis du pinceau de Rachel dans son dos. Elle sent la respiration mesurée de la fille du District Dix contre sa nuque tandis qu'elle applique la peinture par petites touches, et quelque-part, ça déconcentre Quinn plus que ce qu'elle voudrait bien le tolérer.
Lorsque Rachel lui demande de se retourner, Quinn s'exécute à contrecœur et passe la demi-heure suivante à observer le visage de l'autre fille de près tandis qu'elle essaye de faire ressembler le sien à de l'écorce, méthodiquement, précisément.
Maintenant que la peinture qui donnait l'illusion d'un tapis de feuilles s'est presque enlevée du visage de Rachel, Quinn se rend compte à quel point elle paraît vivante et humaine.
Et elle comprend avec un mélange de regret et de détermination que si elle ne la tue pas bien vite, elle n'y arrivera plus ensuite.
...
...
[18:04]
Une capsule est parachutée juste dans l'encoignure au-dessus et Quinn se traîne laborieusement jusque-là. Elle a mis l'onguent de Rachel sur ses blessures mais elle est encore un peu courbaturée. Elle espère que ça passera.
La capsule est estampillée ''12'' et elle l'ouvre précipitamment. Elle devine le regard scrutateur de Rachel sur elle.
Le souffle coupé par la surprise, elle saisit l'insigne représentant un geai moqueur et le lève devant elle pour bien s'assurer de son authenticité.
« C'est à Katniss Everdeen... » s'étonne Rachel derrière elle.
Quinn ne pense même pas à acquiescer et saisit d'une main frémissante le petit mot roulé au fond de la capsule.
''Tu as trouvé. Prends-en soin.
-K.''
Et Quinn ne sait pas si Katniss parle de l'insigne ou de Rachel.
...
...
[20:01]
Pas de mort aujourd'hui, et Quinn a soudain la certitude que les Juges ne les laisseront pas en paix le jour suivant. Le public veut du sang, de l'action. Elle chausse ses lunettes de nuit et jette un coup d'oeil à Rachel. Elle constate avec surprise qu'elle s'est assoupie, contre le tronc, et avec ses yeux fermés et son visage maquillé, elle se fond parfaitement au milieu de l'écorce.
C'est le moment.
Quinn peut la tuer.
Elle attrape son couteau dans sa botte et le tourne méthodiquement dans sa main, s'approchant à petits pas de Rachel. Il n'y a que le silence autour d'elles, et les grincements de la branche tandis que Quinn se déplace dessus.
Elle retient son souffle en s'approchant du visage de Rachel et précautionneusement, pose la lame aiguisée du couteau sur le cou tiède de la petite brune.
Cela fera un adversaire de moins, ils ne seront plus que neuf. En plus avec ça, les Juges ne manipuleront pas le jeu pour les forcer à s'entretuer.
Un coup de canon retentit et Rachel ouvre subitement les yeux.
Elles se contemplent, muettes, et Quinn presse un peu plus son couteau contre sa peau. Les battements de son cœur s'accélèrent et elle devine le mélange de frayeur et de surprise dans les yeux chocolat de la petite brune. Elle la sent qui frémit et qui tremble contre sa lame. Elle voit son front qui se couvre de sueur.
Quinn rapproche un peu plus son visage, essayant d'oublier la vie qui s'agite dans les yeux qui la contemplent avec intensité. Elle se rapproche tant que leurs fronts finissent par se toucher, mais toujours, la frénésie de tuer, comme celle qui l'a saisie avec Blaine, avec Finn, avec Sugar, ne vient pas. Rachel est là, sous elle, et leurs respirations s'entremêlent, mais elle ne peut pas.
Avec un soupir frustré, Quinn retire son couteau et recule.
Aussitôt, Rachel porte les mains à son cou et se laisse aller à prendre une grande inspiration, effrayée, nerveuse. En colère contre elle-même, contre le Capitole, contre Rachel, Quinn se détourne.
Elle entend la respiration précipitée de la fille du District Dix derrière elle. Elle essaye de puiser dans la rage qui la secoue pour trouver la force de faire volte-face et de bondir sur Rachel. Mais tout ce qu'elle réussit à faire c'est essuyer les larmes de frustration qui perlent au coin de ses paupières d'un revers de la main.
Elle se résout enfin à se retourner, lentement, son couteau encore dans la main. Rachel la contemple avec stupeur, désarroi, et la rage de Quinn s'évapore pour faire place à un sentiment de honte.
« Je suis désolée... » murmure-t-elle en se faisant violence pour fixer la petite brune dans les yeux.
Celle-ci ne répond rien et continue de la dévisager.
« On va faire des tours de garde... dit-elle encore d'une voix frémissante. Je vais surveiller les alentours, et je te réveillerai quand ce sera ton tour, d'accord ? »
Rachel a du mal à parler, mais lorsqu'enfin, elle y parvient, ses mots frappent Quinn avec brutalité :
« Parce-que tu crois que j'ai assez confiance pour me rendormir, maintenant ? »
Quinn détourne la tête, l'estomac retourné par la confusion. Elle ne sait plus ce qu'elle veut. Elle ne sait pas pourquoi elle a fait ça. Tuer Rachel ou s'allier avec elle. Tout cela est beaucoup trop désemparant pour elle. Le sentiment d'impuissance qui l'assaille est désagréable.
« Ça ne va pas marcher... finit-elle par souffler en contemplant Rachel à la dérobée. Je m'en vais à l'aube, et ne dors pas jusque-là si tu veux, mais je te promets que je ne tenterai rien. Dès que je serai partie, on redeviendra deux tributs parmi les autres. Plus d'alliance, plus rien. »
Rachel n'acquiesce ni ne répond et Quinn se détourne, gênée par l'insistance avec laquelle elle la fixe.
