Mon tendre amour,

Si je t'écris cette lettre, c'est parce que c'est peut-être probablement ma seule occasion de te dire toutes ces choses. Ne me juge pas, je t'en pris. Et ne crois surtout pas que je t'abandonne, loin de là. Il ne me reste que quelques heures avant de partir en Suisse, pour en finir avec Moriarty. Je ne sais pas quand et si je rentrerais. Il est intelligent, et n'hésitera pas à me tuer si je deviens trop gênant. Mais tout cela tu le sais, et pardonne moi mon amour, si jamais tu devais finir ta vie sans moi.

Je me souviendrais toujours de notre première nuit, toi et moi. C'était doux et passionné, j'aurai voulu qu'elle ne se termine jamais, car je t'ai aimé depuis le premier regard que j'ai posé sur toi. Mon cher colocataire qui est devenu mon cher mari maintenant. J'aurai voulu t'offrir une vie plus stable, plus paisible. Au lieu de ça, je n'ai su te donner que ma piètre vie pour espérer que tu fasses de moi un homme bien. Tu t'en est pas mal tiré, John. J'ai appris à aimer, appris qu'il était possible d'être heureux. J'aurai aimé pouvoir avoir la certitude que nous serions de nouveau bientôt ensemble, mais malheureusement, je ne peux rien te promettre. Et si jamais je ne reviens pas John, ne m'attend pas. Continue ta vie, fais le pour moi. Sois heureux, mon amour.

Car moi je l'ai été. M'endormir dans tes bras le soir et m'y réveiller le matin. C'est pour moi la définition du bonheur. J'aurai aimé rester près de toi, ne pas être obliger de partir ce soir, ne pas avoir à te dire tout ça, ne pas prendre le risque que tu me haïsses.

John, mon ange, j'aurai tant à te dire, mais une lettre ne suffirait pas et le temps presse. Chaque heure compte. J'aurai voulu ne pas avoir à t'imaginer, rentrant ce soir, et trouver cette lettre sur notre lit, et t'imaginer pleurer en la lisant.

Tu m'as rendu fou, John. Fou d'amour pour toi. j'aurai tout fait. J'aurai pu mourir pour un seul de tes sourires.

Ce matin, je t'ai embrassé pour la dernière fois. Je le savais. Hier soir, je t'ai fais l'amour pour la dernière fois. Je le savais aussi. Je savais que ces dernières vingt-quatre heures seraient les dernières près de toi. J'aurai voulu qu'elles ne se terminent jamais. J'aurai voulu tant de chose, pour te combler. J'aurai voulu rester, pour commencer. Je sais qu'ils m'attendent, lui et sa haine. Et je sais qu'ils auront raison de moi. Ne pleure pas, mon amour, je t'en pris. Ne sois pas triste. Je le suis déjà assez pour deux.

Cela faisait si longtemps que les larmes n'avaient pas coulées sur mes joues. Cela faisait trop de temps. J'avais oublié à quel point c'était dur, a quel point c'était horrible. Et l'idée de te l'infliger me ronge de l'intérieur.

Ne m'en veux pas de t'avoir rien dis, mon amour, s'il te plait. Tu étais si heureux ce matin, je ne voulais pas gâcher ton bonheur. Je ne voulais pas que tu me dises adieu, au contraire, j'ai voulu croire jusqu'au bout, qu'on se reverrait. Mon amour, je t'en pris, pardonne moi.

La réalité étant ainsi, je suis dans l'obligation de laisser bientôt. Alors, pour la dernière fois mon amour, je t'aime.

To my Johnny Boy.

Amoureusement, et bien tristement,

Sherlock HOLMES.