Note de l'auteur : Les personnages de Blood + ne m'appartiennent pas... Blabla
Acrystar.
Donne moi une vie
1
Son nez s'était levé vers les étoiles, taches apparemment immobiles dans cette obscurité troublée par les lumières du bateau. Ses yeux regardaient une lune ronde et séduisante. Il fallait le dire. Il était las. Las de tout ça, de cette vie, de ce travail, de cette course poursuite à travers le temps et les continents. On lui avait donné l'éternité, enfin Saya la lui avait donnée ; parce qu'il s'était intéressé à elle, parce que comme tout humain, il avait voulu voir le mystérieux de plus près. Il le regrettait presque, parce que maintenant ça commençait à trop lui peser. Haji n'était pas quelqu'un de très robuste, même mentalement. Avec toutes ces années passées comme gardien, il n'avait pu que se travailler une nouvelle image. Et cette image… Haji ne la supportait plus, non plus. Il voulait redevenir comme avant, il savait que c'était impossible, mais bon… il le voulait tellement... Pourquoi était-il le seul gardien à se sentir si brisé, à avoir tout oublié et perdu de son ancienne vie ?! Le brun soupira, relevant le regard vers le ciel.
Il pensait tout à coup à cette mission qu'il avait mené dans ce lycée européen… Comme il aurait voulu rester là-bas. Redevenir un être normal, un humain, un jardinier vivant pleinement et tranquillement entouré de roses plus belles les unes que les autres. Un sourire, enfin... l'image d'un sourire glissa fugacement sur son visage impassible se remémorant les élèves, qui charmées, s'étaient pressées à sa rencontre le traitant par là même comme un homme, un humain tout ce qu'il y a de plus normal.
Haji eut le cœur chaud lorsqu'il se remémora cette fille en particulier, qui, le rose aux joues s'était tenue devant lui, les jambes tremblantes. Elle s'était approchée, après s'être rongé les ongles quasiment à sang à quelques mètres de lui, et après avoir lancer un faible, bonjour Monsieur Haji, elle lui avait tendu un rapide paquet, ceci fait, elle s'était enfui, trop honteuse d'avoir offert des chocolats à un homme dont elle ne savait rien. Ces chocolats, il les gardait encore précieusement, il ne les mangerait pas et de toute façon son corps ne pourrait plus les ingérer. Il ne se souvenait plus du gout que ça avait, mais qu'importe, ce n'était pas la douceur en elle-même qui était importante, mais cette image. C'était un précieux souvenir qu'il gardait. Riku lui avait même suggéré de les vernir pour ne pas qu'ils s'abîment, alors il l'avait fait. Et maintenant ce sachet de chocolats était devenu un inestimable trésor.
Le chevalier soupira, cette mission était terminée, il était inutile qu'il continue d'y penser, il était redevenu cette chose immobile et muette qui n'essayait plus de feindre une vie qu'elle ne connaitrait plus jamais. L'homme attrapa son violoncelle, pour couper court à cette montée de souvenirs entêtant. C'était Saya qui lui avait appris à jouer des instruments à cordes. Violons et violoncelles plus particulièrement... Il se souvenait parfaitement de lui, alors qu'il n'était encore qu'un gamin… Haji… l'aimait, oui, Haji était amoureux, ou pour être exacte l'avait été. Car au fil des années son amour pour Saya semblait se consumer avec son remord avec son manque de vie...
Une plainte sortit du violoncelle, une plainte terrible, ce soir, il avait le cœur à pleurer. Mais lui, étrangement, il ne le pouvait pas, il n'y arrivait plus... Qu'est-ce qui avait foiré chez lui, lors de sa renaissance ? Il observait Saya, elle, elle avait réussi à garder des stigmates humains, elle pleurait, elle riait, elle vivait, pourquoi lui, il n'y arrivait pas ? Un chevalier n'avait sûrement pas ce droit-là.
- Mao… Nan ! »
Une tête rousse sortit tout à coup des draps, il venait de faire un cauchemar des plus traumatisant ! Mao l'avait retrouvé, après avoir parcouru la moitié du monde, l'ogresse l'avait ensuite obligé à se marier avec elle. Un horreur cette fille ! Comment avait-il pu sortir avec une fille aussi envahissante et terrifiante ? Kai trembla, il vérifia si Riku dormait paisiblement, et après s'être assuré qu'il n'avait pas réveillé son petit frère, il s'extirpa des draps puis glissa hors de la cabine.
Il ne voulait plus d'elle… Saya maintenant occupait toutes ses pensées, et il avait du mal à tranché entre le lien fraternel qu'il éprouvait pour elle et Riku, et ce côté fantasmagorique qui lui ordonnait de voir Saya comme une jeune femme, attisant sa libido d'adolescent... Bon c'est vrai, c'était sa petite sœur, et alors ? Hein ? Il était... amoureux, amoureux ou obsédé ? Il était difficile de savoir, dans tous les cas, ce Haji se l'était accaparé ! Kai grogna, il ne voulait pas qu'elle change, il voulait la garder comme ça, comme il l'avait toujours connu !
Pourquoi ne pouvait-il pas la garder comme ça ?! Ces histoires de Chiroptères et tout le reste... Il avait peur de ne plus servir à rien pour celle qu'il avait toujours défendu. Aujourd'hui, il n'avait plus à faire à des loubards, ou des langues de vipères et sa peur d'être inutile, sa peur d'être délaissé devenait de plus en plus grande ; à tel point qu'il accumulait les entraînements avec David. C'était dur, oui, très dur, surtout pour un adolescent comme lui qui avait toujours pris la vie avec désinvolture. Mais c'était son devoir, envers sa sœur, envers Georges. Ses parents étaient morts, son père adoptif aussi. Il ne lui restait plus que Riku et Saya, et il était déterminé à les protéger jusqu'à sa mort.
Ses pas le menèrent directement vers les cuisines, Lewis laissait toujours quelque chose en cas de fringales nocturnes, et il était le premier à dévaliser ces petits encas lorsqu'il se réveillait après un tel cauchemar ! Un verre de lait dans une main et des gâteaux secs dans l'autre, Kai regarda la mer à travers le hublot. Tout semblait être calme, cette nuit, l'onde était paisible, il ouvrit le hublot afin de respirer l'air marin, ça lui faisait toujours un grand bien de s'oxygéner par une nuit tranquille comme celle-ci. Le roux gonfla ses poumons, serein, mais quelque chose vint troubler ce moment quasi silencieux. D'abord, il n'y pris pas garde, mais lorsque le son devint plus distinct, le rouquin fronça les sourcils, ce qu'il entendait, n'était-ce pas des pleures ? Oui, il entendait très distinctivement quelqu'un pleurer. Circonspect, le grand frère tendit l'oreille, ce hublot donnait sur la mer, alors qui pouvait-il entendre comme ça ? Était-ce... des sirènes ?!
C'était quoi ce bazar ? Le rouquin referma le hublot et monta les marches menant à l'avant pont. Bon ok, le rêve avec Mao avait dû lui griller quelques neurones, mais de là à entendre des sirènes… à moins que ce ne soit des baleines ? Oh, il voulait voir ça ! Arrivé sur le pont, Kai baissa la tête et regarda la mer de long en large, et même avec les lumières du bateau, il ne vit rien. Rien… quel dommage ! Il n'avait jamais vu de baleine de près, il avait eu le loisir de regarder les dauphins suivre le bateau durant des heures, il y a deux jours... mais une baleine... Kai fit la moue, cependant, quelque chose l'attira tout à coup en arrière, il se retourna et se mit à marcher droit devant lui. Il le savait c'était une sirène, elle l'avait attrapé de son chant et comme dans les contes qu'il avait entendu il se noierait ce soir et son corps ne serait jamais retrouvé… Bouh, ça faisait peur !
Il traversa le pont à reculons, essayant tant bien que mal de s'arrêter et de ne plus écouter ces sanglots qui l'appelaient à une mort certaine. Toutefois, ce n'est pas une femme à queue de poisson qu'il trouva à destination, mais un homme aux cheveux d'ébène, maniant l'archet à la perfection : Haji. Ainsi, c'était lui… qui pleurait ? Kai papillonna des yeux un long moment, incrédule, c'était quoi ça ? Une hallucination auditive ?! Il n'entendait pas le violoncelle, il entendait clairement quelqu'un pleurer, presque silencieusement, en fait c'était des sanglots. Le roux fronça les sourcils, sous ce spectacle pour le moins incongru, étrangement, le... chevalier ne l'avait pas ressenti, et c'était bien la première fois qu'il pouvait s'approcher d'Haji sans que celui-ci ne tourne vers lui un regard sombre et inexpressif. En fait, le brun semblait ailleurs... alors il se glissa dans l'obscurité pour continuer de l'observer, d'observer cette scène peu habituelle.
Joël l'avait acheté, oui, il n'y avait pas d'autre mot à cela. Il l'avait acheté à ses propres parents, à l'époque c'était monnaie courante, après tout, il était le deuxième garçon de la famille, et ces parents, des gens aisés sur le déclin, n'aspiraient qu'à renflouer leur richesse. Un remboursement de tous leurs crédits contre leur deuxième fils... ils n'avaient pas hésité longtemps, et Haji avait été confié à Joël sans plus de questions. L'enfant avait été traîné, là-bas, dans la propriété de Joël, et avait été mis sous les ordres de Saya. Un enfant, mis entre les mains d'une créature de mort et de sang. Elle avait été d'une méchante à toutes épreuves au début, le petit brun avait été un souffre-douleur qui jamais n'avait osé se rebeller. Mais étrangement Saya avait changé, d'année en année, tandis qu'elle aspirait son humanité. Les espérances de Joël auraient pu être matérialisées en totalité.
Joël avait souhaité que Saya s'humanise, et elle avait appris aux côtés d'Haji à devenir une vraie petite fille, elle avait appris à aimer, à détester, à ordonner, mais aussi à donner. Et puis lorsqu'Haji commença à devenir un ami intime de Saya, Joël avait pensé qu'il aurait pu... être un reproducteur, mais Haji n'en eut pas le temps. Il était mort… mort et avait rouvert les yeux grâce au sang de Saya. Mais Joël avait gardé espoir, tout en analysant les transformations opérées sur le jeune garçon. Malheureusement pour lui, Haji avait perdu toutes traces de son humanité, lorsqu'il s'était réveillé en tant que chevalier pour ne plus les retrouver. Jamais il n'avait re-souri, jamais il n'avait ré-éprouvé un quelconque sentiment... Maintenant, Haji n'était qu'une poupée vide.
On l'avait bien utilisé toutes ces années, et malgré qu'il avait continué à grandir comme n'importe qui, quelque chose s'était à jamais éteint dans ses prunelles sombres. Il était devenu un chevalier à temps complet, se laissant guider par les exigences de Saya et de son père...
Son archet tomba à terre, soudainement pris par un dégout. Ses mains glissèrent contre sa tête comprimant son crâne de rage. Qui se souciait de lui ? Qui s'était jamais soucié de lui ?! On s'inquiétait toujours pour Saya, on voulait qu'elle vive normalement, mais qu'elle tue tout de même les chiroptères... mais on lui demandait toujours si elle allait bien, si elle se sentait, bien, si elle était prête... On avait toujours traité Saya spécialement, pas comme lui. Personne n'avait jamais pris le temps de savoir, si lui, il supportait cette vie, si il avait besoin de quelque chose, lui aussi. Haji était transparent depuis toujours, et c'était devenu normal qu'il soit là lorsque Saya avait besoin de lui. C'était son rôle, son devoir, qu'importe ces états d'âme ! Il aurait tellement voulu la vie de Saya. Il aurait voulu être adopté, avoir une famille aimante comme celle de Saya. Lui, il n'avait jamais su ce que c'était, il ne se rappelait plus de ses parents, du visage de son frère. Il avait été enlevé trop tôt de chez lui... Haji aurait aimé pouvoir dépendre sur quelqu'un… de temps en temps. Se sentir soutenu lorsque comme aujourd'hui il se sentait vide... S'il ne se ressourçait pas très vite, il lui semblait qu'il allait mourir. D'ailleurs il en avait presque envie. Une fois la mission terminée… il… n'aurait plus aucune utilité. Il voulait être inutile et pouvoir enfin aller là où il aurait dû aller depuis… si longtemps. Depuis qu'il était tombé de cette falaise, pour les beaux yeux d'une créature qui ne l'avait jamais aimé.
Il haïssait tous ceux qui lui avaient fait ça ! Il haïssait, ses parents de l'avoir vendu, il haïssait Joël de l'avoir offert à Saya, il haïssait Saya de l'avoir envoyé à la mort, il la haïssait aussi de l'avoir ramené, et plus que tout, il se haïssait. Il haïssait ce chevalier mesuré qui répondait aux ordres sans essayer de se battre... Haji avait baissé les bras depuis longtemps face à son infertilité. Sa main monstrueuse arracha son bandage et brisa l'archet en mille morceaux, il n'en jouerait plus, plus jamais ! Il lui semblait que cette montée de souvenirs et de rage l'avait rendu fou. Il se leva en hurlant et jeta le violoncelle par-dessus bord. Il ne voulait plus être… ça !
Ses yeux se colorèrent de rouges et tout en grognant, il se mit à se frapper, frapper, jusqu'à ce que des éclats rouges luisent sous les rayons de la lune. Il voulait disparaître, il voulait s'en aller, s'en aller loin. Toute cette rage devait éclater, et il la retournerait contre lui, avec de la chance... avec de la chance, il se tuerait.
Pourquoi il regardait ? Pourquoi ? Il n'était pas si curieux que ça en général, en tout cas à comparer de Riku ! Est-ce que ce qu'il avait entendu l'avait… en quelque sorte hypnotisé ? Il ne saurait le dire. Il était là, juste là, à regarder comme pour la première fois Haji. Il ne connaissait pas cette facette-là. Oui, il était mystérieux à se pointer comme un fantôme et disparaître comme un coup de vent ; il avait aussi cet air d'ancien sans pourtant être vieux... et ce regard, quasi vide, sans aucune vie, et ce visage, comme figé, sans émotion qui avait feint juste une fois une ébauche de sourire. C'était ça qu'il voyait de Haji, et jamais il ne s'était posé plus de question. C'était à cause de lui, c'était… le méchant de l'histoire ! Et… Kai se rendait maintenant compte qu'il ne savait rien du brun. Etait-il lui aussi une marionnette, comme sa sœur ? Kai se disait qu'Haji était bien trop puissant pour n'être que ça, mais en voyant ce spectacle, il se demandait vraiment qui était Haji, sur le plateau incompréhensible de ce jeu. Il semblait si triste, si vulnérable là.
Kai recula de deux pas, Haji se comportait bizarrement, tout à coup ! Il… lui faisait peur. Le regard rouge l'alerta, après tout, on ne lui avait jamais expliqué ce qu'était un chevalier. Alors comment aurait-il su, que c'était normal, qu'Haji était lui aussi un chiroptère, mais que de par son lien avec Saya, il avait gardé une image humaine et un contrôle sur ses pouvoirs.
L'image de la main hanta le regard médusé du roux qui commença à paniquer, oui, Haji ressemblait tout à coup aux monstres qu'ils chassaient, et puisqu'il n'avait jamais vu ce qui se cachait derrière le bandage du violoniste, l'esprit de Kai analysa la chose comme il le put, c'est-à-dire avec toute la logique que l'on peut avoir paralysé par la terreur. Pour lui, Haji était en train de se transformer en chiroptère c'est pour ça qu'il essayait de dissimuler sa main sous un épais bandage, pour que personne ne sache qu'il avait été mordu ! Il devait… chercher David, ou Saya, il devait… bouger, fuir et prévenir quelqu'un ! Il devait… bouger, mais il ne le fit pas, en tout cas, pas du bon côté, car au lieu de fuir, il s'avança vers le chevalier, encore obnubilé par cette plainte qu'il avait entendu...
- Ha… ji ? Ça va pas ? Tu… as mal ? »
Sa main se crispa, quelqu'un venait de s'adresser à lui ? A lui ? Qui venait de l'appeler, qui venait tout à coup s'occuper de lui ?! Le regard rougeâtre se posa sur Kai, qu'il détailla en poussant un grognement sourd. Ainsi c'était lui qui s'inquiétait ?! L'humain puait la peur… Haji fronça les sourcils retroussant sa lèvre supérieure, il voulait rester seul ! De toute façon ça cicatriserait rapidement, alors pourquoi Kai venait lui parler, hein ? Et qu'importe si ça ne cicatrisait pas, après tout Kai n'avait jamais montré une once d'intérêt pour lui et l'avait accablé de toutes ses misères.
Le brun soupira, il voulut simplement repousser l'humain, afin qu'il se mêle de ses histoires, oui, juste le repousser... Mais sa main lacéra le bras du roux et le propulsa bien trop rapidement. Il ne voulait pas ça, il n'avait pas voulu lui faire du mal ! Haji n'avait jamais été foncièrement mauvais, le mal qu'il faisait, si toute fois il en faisait, n'était jamais volontaire. Il était rare qu'il utilise cette main, car il avait du mal à la garder sous contrôle, mais c'était aussi un cercle vicieux, car moins il l'utilisait, plus elle lui était étrangère. Le chevalier regarda cette abomination, Kai était arrivé au mauvais moment, au mauvais instant ! Comme d'habitude, il ne laissa pas transparaître son remord, maintenant il était habitué à être cette chose sans vie, qu'importe !
- Casse-toi ! »
Sa voix lui parut animale, il savait ce qu'il se passait, après tout, il sentait l'effet néfaste du sang qui abreuvait cette main parasiter son état de chevalier. Tout n'était que dans la mesure, un chevalier pouvait très bien se laisser aller aux instincts les plus primaires et être déchu. Si il se transformait en chiroptère… Saya le tuerait non ? Il pourrait enfin… mettre un terme à cette vie stérile. Sa tête glissa en arrière, il ne se battrait plus, il n'en avait plus l'envie, alors le chevalier laissa les cellules de sa main envahir son corps. Il ne lutterait plus, contre ça, contre la douleur, contre ce vide croissant. Ce soir il disait adieu à sa vie de chevalier pour embrasser la mort, sa mort…
Maintenant investi de cette brutalité, le brun se retourna, encore capable de maitriser son corps, après tout, il ne cherchait que la mort, pas l'envie de dépecer vivant tous les gens de ce bateau. Il n'en avait aucune envie ! Il se tourna vers le corps derrière lui, attiré par l'odeur de son sang puis il se baissa vers Kai, sa main humaine le secoua, essayant de lui faire reprendre connaissance. Il fallait que l'humain hurle, il avait besoin de lui afin que Saya vienne ici lui ôter la vie. Le regarde vitreux de Kai se posa sur lui, tandis qu'il glissait contre sa jugulaire et qu'il n'enfonce ses canines dans la chair de l'humain. Il le sentit se débattre un peu, puis plus violemment lorsque sa mâchoire raffermit sa prise, Haji serra plus fortement jusqu'à ce qu'un cri franchisse les lèvres du roux et qu'il n'entende tout à coup des pas dans les escaliers principaux. Saya allait être là, bientôt. Une larme roula, sur sa joue et s'écrasa sur Kai, il n'en pouvait plus, bientôt le vide disparaîtrait, bientôt, il pourrait embrassé la mort qu'on lui avait refusé. Il ferma les yeux, sentant l'odeur de Saya se rapprocher de lui, il était confiant, serein, tout se passait comme il l'avait prévu.
Un coup puissant le sépara de Kai et sans opposer de résistance, il se retrouva propulsé contre la rambarde. Sa chevelure retomba contre son visage, masquant son humanité aux yeux de tous.
- Kai ! Kai ! Ça va ? »
Kai le savait, inconsciemment il l'avait su. S'approcher était dangereux, pourtant il l'avait fait, parce que les sanglots qu'il avait entendus, l'obsédaient encore. Il avait juste… voulu apprendre, comprendre… qui était vraiment Haji ? Pourquoi pleurait-il ? Pourquoi semblait-il avoir si mal, et surtout pourquoi sa musique était devenu une source de pleurs continus ?
Il fut mal accueilli, après tout c'était peut-être normal, il venait de violer un moment intime dont il n'aurait pas dû être témoin, mais le roux ne cilla point. Il ne recula pas, mais n'avança pas plus. Oui, il avait peur, pourtant, il ne bougea pas, non, il n'essaya même pas d'esquiver le coup qui le projet a un peu plus loin.
L'adolescent sous le choc de l'impact tomba dans les pommes. Quand il revient enfin à lui, il observa la dentition du violoniste qui se dirigeait vers son cou. Il était étendu par terre, incapable de bouger sous la rudesse du choc. Le chevalier était en train de se servir un petit quatre heures avec son sang... C'était flippant, es-ce qu'il allait devenir lui aussi un monstre après cette morsure ? Il n'avait pas voulu crier, parce que… que se passerait-il, hein ? Il avait simplement essayé de se défaire de l'emprise du brun, et puis, les dents avaient mordu plus fort, et il avait crié. Il avait eu mal, c'était un réflexe humain, mais il s'en voulait. Car malgré son regard vitreux, il avait bien vu une larme rouler sur la joue pâle du chevalier. Maintenant, "sauvé", son regard tomba sur le chiroptère qui plus loin avait entamé une bataille contre Saya. Mais que cherchait Haji ? La main de Kai glissa contre son cou, effaçant cette larme qui pour lui ne signifiait plus qu'une chose, Haji avait mal. Un mal qu'il avait ressenti à travers son violoncelle, un mal qui ne témoignait que d'une chose, le chevalier n'était pas devenu un monstre, il feignait d'en être un. Saya était en train de se battre avec Haji, tandis que David était en train de vérifier ses lacérations.
- Tu as de la chance, ce n'est pas très grave, et pour ta gorge quelques centimètres plus bas, on aurait rien pu faire. »
Ce n'était pas de la chance ! Si Haji avait vraiment voulu, il serait mort ; le pouvoir d'un chiroptère dépasse de loin la chance, surtout quand on parle d'Haji ! Kai se leva tant bien que mal malgré que Julia, la belle Julia qui hantait ses rêves érotiques avait commencé à soigner son bras. Nan, il ne regarderait pas son décolleté, il devait faire quelque chose, être utile pour de vrai. Il attrapa le révolver de David et se mit à courir.
- Gamin ne fait pas ça ! »
Il n'était pas un gamin, il devait le faire ! Le roux s'arrêta net, leva le bras droit, puis il visa calmement… il… tira, il le devait… pour…
