Voilà la suite de ma fic en trois volumes. Ceci est le chapitre des révélations, pourquoi Roy a vendu son âme.
Bonne lecture !
Maes et Riza poursuivaient leur promenade, bavardant de tout et de rien avec Hayate en tête. Leurs pas les menèrent dans la rue où habitait le colonel. Nos amis y trouvèrent un étrange rassemblement, devant ce qui paraissait être le logis de Mustang. Les deux soldats stoppèrent net. Sourcils froncés, ils observèrent un instant l'attroupement. En plus des passants, ils remarquèrent surtout des voitures de police. Craignant un drame, les militaires coururent vers l'endroit.
C'était bien l'immeuble de Mustang. Maes et Riza grimpèrent l'escalier quatre à quatre, pour arriver devant le palier du brun. Des policiers en sortaient ou y entraient.
« Oh non … non … » souffla Riza prise d'une affreuse pensée.
« Pourvu que … tout mais pas ça … » renchérit Maes de la même manière.
Leur pire crainte se serait-elle réalisée ? Sâatha avait-elle obtenu ce que Roy lui devait ? D'un même mouvement une fois encore, ils franchirent la distance les séparant de l'entrée. Un policier les empêcha d'entrer. Maes sortit sa carte de militaire, et la voie fut libre. Quand il entra suivi de Riza, il découvrit un épouvantable désordre. Des objets cassés, des morceaux de verres, du sang même, et une trace de brûlure sur un mur.
Leurs yeux cherchaient frénétiquement un tas de sable avec une pièce en or, qui confirmerait leur peur. Mais rien. Juste un champ de bataille. Riza regarda Hughes, n'osant être soulagée. Le commissaire leur demanda s'ils connaissaient l'occupant des lieux.
« C'était notre collègue, le colonel Mustang. Que s'est-il passé ? » dit Riza.
Elle le voyait bien, mais elle voulait savoir ce que les policiers avaient trouvé.
« Une sacrée baston à mon avis. Mais il n'y a aucun corps, en dépit de cette mare de sang là-bas. D'ailleurs c'est très bizarre. » répondit le commissaire.
« De quoi ? » demanda Maes.
« Eh ben ce sang. Il n'y en a que là, et pas de cadavre. On aurait pu penser que le corps avait été traîné pour être caché, mais non. Pas de traces. Pas une goutte de sang ailleurs qu'ici. »
Alors où donc était passé le cadavre ? Riza demanda si par hasard ils avaient trouvé un petit tas de sable avec une pièce d'or. Surpris par cette question, le commissaire répondit par la négative. Ce qui soulagea les militaires. Roy avait donc en toute logique put échapper une seconde fois au démon d'Ishbal. La question maintenant, était : où était-il ? Et Sâatha également. A qui donc appartenait le sang inondant le sol ? Lequel des deux avaient été gravement blessé ?
Ne pouvant plus rien faire d'autre, Hughes et Hawkeye se résignèrent à quitter l'endroit. Ils marchèrent un moment en silence. Comme ils étaient proches du domicile du lieutenant, elle invita Maes à dîner. Bien qu'il soit attendu, le lieutenant-colonel accepta, car ils devaient discuter de tout ça. Il n'aurait qu'à téléphoner à sa femme pour l'informer.
« Je ne sais quoi penser. Roy a l'air de s'être enfui. » commença Hughes en reposant le téléphone.
« Mais dans quel état ? Et où va-t-il aller ? » ajouta Riza qui mettait le couvert.
Maes vint l'aider, et mit les verres.
« Je crois qu'il est à peu près intact. Vu la quantité de sang perdue, le coup a dû être mortel. Or il n'y avait pas de cadavre. Donc ça pourrait être Sâatha qui a été touchée. Elle m'a l'air immortelle, on peut penser que ça ne l'a pas trop gênée. » répondit le brun à lunettes.
Y'en a qui ont de la chance. Ca m'irait bien moi, de savoir que même si je perds trois litres de sang je ne risque pas de mourir.
« Et puis, ça ne correspond pas à ses méthodes. Sâatha ne découpe pas ceux qui ont passé un pacte avec elle. Le colonel ne possède pas non plus une arme capable de trancher quelqu'un. Ce qui veut dire qu'il y avait quelqu'un d'autre avec eux.» continua Riza.
« Probablement un allié. » en déduisit Maes.
Il soupira. Plus ils trouvaient de réponses, plus il y avait de questions. Si Mustang s'était trouvé un allié, pourquoi avoir pris la fuite ? Quelqu'un d'autre convoiterait-il l'âme du colonel ? A moins que le brun n'ait pas vu la personne l'ayant sauvé du serpent aux yeux rouges. Ce qui était curieux. La bagarre avait l'être de s'être finie au salon. La pièce n'était pas bien grande, Roy avait forcément dû voir quelqu'un.
Casse-tête hein ? Les deux soldats restèrent donc sur le fait que Roy avait encore la vie sauve, et toujours son âme par la même occasion. Il leur fallait en plus de le rechercher, trouver le moyen de le sortir de ce sacré guêpier. Il avait parlé d'un clan d'Ishbals spécial, peut-être pourraient-ils commencer par là.
« C'est une idée. Quoique si Roy est en fuite, il doit vouloir essayer de les rejoindre. Car là ça devient plus qu'urgent : il a échappé de justesse à Sâatha. » continua Maes avant de prendre une bouchée.
« En effet. Je persiste à croire qu'il nous faut aussi chercher ce qu'était ce fameux pacte. Jusque à il s'est entêté à ne rien nous dire. » approuva Riza.
Maes acquiesça. La table fut débarrassée, et la vaisselle faite. La discussion continua au salon.
« Hmmm … nous savons que Roy a passé son pacte durant la guerre d'Ishbal. Un contexte particulièrement difficile, idéal pour Sâatha. Elle n'a pas dû avoir de mal à le convaincre. » commença Maes, la tête en arrière.
« Ca ne nous avance guère. Nous n'avons pratiquement pas quitté le colonel durant cette période. J'étais chargée de protéger les Alchimistes d'Etat, et j'ai été affectée à sa protection rapprochée. Je ne vois vraiment pas quand ce pacte a pu être conclu. » souleva la blonde.
« Ca c'est pas faux. Ce qui complique encore plus l'affaire. Ca voudrait logiquement dire qu'il n'aurait jamais rencontré Sâatha, et qu'il n'avait par conséquent rien à souhaiter. » déduisit le lieutenant-colonel.
Tous deux savaient que c'était impossible. Roy n'aurait pas été marqué pour rien, il avait même avoué qu'effectivement il avait exprimé un désir. Il y avait un problème quelque part. Soudain, Riza se redressa. Elle feuilletait le livre que Roy avait acheté sur la mythologie Ishbale, et qu'elle avait subtilisé à son domicile.
« Je crois avoir trouvé ce qui cloche. Ecoutez ce qui est dit à propos des objets de pacte : Leur nature peut être très variée, et même immatérielle. Si celui-ci est humain et présent au moment de la signature, alors il n'en gardera aucun souvenir. Sa mémoire sera même faussée. C'est le cas d'Alphonse ! Souvenez-vous, il ne s'est pas rappelé de ce qui s'était passé juste avant de retrouver son corps. Il ne se souvient même pas de comment son frère aurait pu trouver la pierre philosophale. Ce qui est logique parce que Sâatha a falsifié ses souvenirs ! » s'exclama-t-elle.
« Pour quelle raison ? Al n'était pas en état de s'opposer au pacte. » remarqua Hughes.
Riza tourna fébrilement les pages. Elle suivit le texte du doigt, puis énonça :
« Si l'objet du pacte est détruit, alors il est automatiquement annulé. Voilà c'est ça ! Je viens de tout comprendre ! »
Maes attendit avec impatience que Riza explique sa trouvaille. Elle le regarda.
« J'ai trouvé l'objet du pacte. C'est tout simple maintenant. Le livre dit qu'il peut s'agir de n'importe quoi, du matériel à l'immatériel en passant par l'homme. Dans ce cas précis, la mémoire du concerné est falsifiée. Et pour une raison très simple : pour éviter que cet objet soit détruit. Car s'il n'y a plus d'objet, il n'y a plus de pacte et Sâatha perds une âme. Ce qui explique également deux choses. Lorsque je me suis retrouvée pour la première fois face à ce démon, elle ne m'a rien fait. Et nous ne parvenons pas à nous rappeler du moment où Roy a passé son pacte. Parce que notre mémoire a été faussée, et donc … » expliqua-t-elle.
« Nous sommes l'objet de ce pacte. Elle vous a rien fait car vous tuer aurait rompu le pacte. » répondit Hughes.
« Exactement. Vous et moi sommes l'objet du pacte de Mustang. Ou plus précisément nos vies. » continua Hawkeye.
Hughes fronça les sourcils. Comment ça leurs vies ? Roy aurait-il demandé à ce qu'ils vivent centenaires ?
« Il y a environ une semaine, je suis tombé sur un dossier d'archive. Je cherchais des réponses dans les archives de la guerre d'Ishbal. Dans ce dossier, il était rapporté un piège dans lequel une unité aurait subie de graves pertes, près des trois quarts de son effectif. Il s'agit de l'escouade Delta 9. » révéla Riza.
« Mais … c'était la nôtre ! Qu'est-ce que c'est que cette histoire de piège ? » interrogea le brun aux yeux verts surpris.
« Nous devions envahir un secteur. Nous sommes entrés dans un bâtiment, et les Ishbals nous ont pris par surprise. Ensuite, une bombe aurait explosé. » raconta le lieutenant.
Maes sentait son cœur danser la conga dans sa poitrine. Il venait de comprendre ce que son meilleur ami avait réclamé à Sâatha.
« Nous avons dû être gravement blessés. Mortellement même. Vous et moi étions les plus proches de Roy. Il a donc souhaité notre survie en échange de son âme. » dit-il.
Un silence suivit cette découverte. Riza referma le livre, et mit son poing sur sa bouche. Jamais, au grand jamais elle n'aurait pu imaginer qu'il aurait fait un pareil sacrifice pour elle. Vendre son âme en échange de sa vie sauve … le lieutenant fut touché bien plus qu'elle ne saurait jamais le dire. Inutile de préciser que son amour pour lui, que Riza gardait soigneusement au fonds de son cœur, en fut considérablement renforcé.
Déjà qu'il était en béton armé, maintenant c'était de l'acier trempé. Hughes semblait stupéfait lui aussi. Il avait juré à son ami de l'aider dans l'ombre, et réalisait à présent que ça paraissait limite sans valeur en comparaison de ce que le brun avait fait. Chacun était perdu dans ses pensées, qui défilaient à toute vitesse, et les sentiments qui se bousculaient dans leur cœur.
« C'est vraiment … incroyable ce qu'il a fait pour nous. » parvint enfin à dire Riza.
Sa voix était pleine d'émotion. Maes hocha la tête.
« Rarissimes sont ceux capable d'un tel sacrifice. Surtout en période de guerre. Donner son âme pour que les autres vivent … j'arrive pas à le croire. »
Et pourtant, les faits étaient là. Roy portait bel et bien le Junitsu, la marque de ceux qui ont vendu leur âme au démon d'Ishbal. Et les deux militaires avaient vu Sâatha venir réclamer ses dus. Si incroyable que ce soit, tout était vrai.
« Je pensais … qu'une fois l'objet du pacte trouvé nous pourrions agir. Maintenant je me rends compte que c'est impossible.» reprit Riza.
En effet, le pacte ne saurait être rompu, sauf par leur mort à eux deux. Et si je leur faisais ouvrir une fenêtre et sauter dans le vide ? Ca règlerait le problème. Oui je sais, le pacte n'aurait servi à rien. Quoique … ils devaient simplement survivre à leurs blessures. Pas à un suicide. Allez les gens, on se lève et on ouvre une fenêtre. On se met ensuite en file indienne de deux personnes, puis on monte sur le rebord. Et à trois, on saute.
« Il ne nous reste plus qu'une solution. » lâcha Maes.
Sauter par la fenêtre, c'est que je viens d'écrire coco Hughes. C'est beau de voir la symbiose entre un auteur et les personnages. Snif. Riza le regarda.
« Nous devons retrouver Roy. Sâatha ne pourra rien lui faire si nous nous interposons. »
Riza approuva. Rassuré les gens ? Bref, continuons. Pour retrouver leur fugitif, rien de mieux que d'aller là où il est supposé se rendre. En l'occurrence, là où résidait le clan Sauren, les guerriers d'Ishbala.
« Je n'ai pas encore trouvé précisément où il se situe. Je m'en occuperais dès demain. » annonça Hughes.
Maintenant qu'ils avaient pas mal éclairci les choses, le brun décida de rentrer chez lui. Il remercia Riza pour le repas, et s'en alla. Restée seule, Riza s'aperçut qu'elle était encore dans tous ses états. Quoi de plus normal après ce qu'elle venait de découvrir. Son chien s'approcha d'elle, interrogateur. Les bipèdes avaient fait bien du bruit ce soir.
« Hayate … je crois que je n'ai jamais été autant décidée à protéger le colonel. Si je m'écoutais, je me tuerais de suite pour l'affranchir du pacte. Mais ce serait stupide. Je ne pourrais plus le protéger ensuite, et il resterait Maes. Lui ne peut laisser tomber sa famille. » lui dit Riza.
« Un peu que ce serait idiot ! Qui me donnera à manger après ? » se dit le chien.
Riza soupira. Elle n'allait pas réussir à trouver le sommeil ce soir.
Il était épuisé. Mort de fatigue même. Pourtant il devait continuer. Roy avait réussi à embarquer clandestinement dans un train en partance pour RushValley. Le colonel avait voyagé toute la nuit, et devait maintenant gagner le domaine du clan Sauren à pieds. Mustang n'avait pas dormi, craignant encore que Sâatha ne vienne le tuer dans son sommeil. Et plus vite il arriverait, plus vite il trouverait de l'aide.
Le jour n'allait pas tarder à se lever, apportant une chaleur étouffante. RushValley était déserte à cette heure. Tant mieux, personne ne le verrait passer. Roy traversa la cité des automails endormie. Si Maes n'avait pas encore localisé le clan d'Ishbal, le colonel s'en était chargé. Il avançait donc, envers et contre tout, luttant contre la fatigue, la soif et la faim. Ses yeux se fermaient, sa vue se brouillait. Il risquait l'évanouissement à tout instant.
Le beau brun quitta la ville. Encore sept kilomètres vers l'est. Pourvu qu'il tienne. Ses pieds le faisaient atrocement souffrir. Cinq kilomètres … et que personne ne s'avise de chanter ça use ça use. Roy avançait toujours, mobilisant toute sa volonté. Il était presque. Encore quelques efforts. Ca faisait mal, si mal … et cette soif, son estomac qui criait famine. Il lui semblait apercevoir une maison au loin.
Oui, c'en était bien une. Il devrait pouvoir se reposer. Sa tête commençait à lui tourner.
« Non pas maintenant … j'y suis presque … »
Il y voyait double à présent. La maison était visible. Roy puisa dans ses ultimes réserves pour atteindre le logis. Mais alors qu'il n'était plus qu'à quelques mètres, il perdit connaissance et s'effondra sur le sol poussiéreux. Mustang resta là un moment, jusqu'à ce qu'une ombre se profile au-dessus de lui.
