Coucou les p'tits loups ! Je suis désolée de m'être absentée si longtemps et je ne vous garantis pas de reprendre un rythme de postage régulier, mais voici un premier échantillon de la deuxième partie de La vengeance est plat qui se mange froid.

En l'honneur de ma déesse, une de mes plus fidèles supportrices : Joyeux anniversaire ! (avec un jour de retard !)

Bonne lecture à tous et n'hésitez pas à laisser une trace de votre passage ! ;)

PS : Les perso ne m'appartiennent pas !

Fugace introspections :

POV Killua :

Cela faisait trois mois qu'il était parti.

Trois mois de recherches incessantes depuis que Kanaria lui avait révélé le pacte insensé dans

lequel ce gamin inconscient s'était engagé.

Trois mois qu'il était allé vérifier par lui-même les incroyables allégations de sa rousse amie.

Trois mois qu'il avait découvert le sentiment de culpabilité, teinté de fierté en constatant le piètre état de sa génitrice et du manoir familial. La voir le fusiller du regard sans pouvoir tempêter à son aise à cause de ses côtes en bouillie avait été un spectacle des plus jouissifs.

Trois mois d'insomnies à rejouer inlassablement chaque scène de cette affreuse journée, en se demandant ce qui se serait passé si seulement il avait cru en son amant.

Trois mois que l'incommensurable douleur du jeune homme le hantait, entachant de lames larmoyantes chacune de ses respirations.

Trois mois que son esprit oscillait chaque jour un peu plus vers la folie à s'inquiéter pour ce voleur parti avec son cœur sans lui laisser la possibilité de se faire pardonner.

Si Gon avait voulu se venger, il ne s'y serait pas mieux pris. Jamais Killua n'avait été dans un tel état de nerf et de rage. Même lorsque sa famille le lui avait enlevé. Il s'était mis en colère, mais s'était rapidement calmé, car il avait confiance en ses capacités pour le leur arracher.

Là, son compagnon était parti de lui-même et ne désirait pas être retrouvé. Il avait effacé la moindre de ses traces et l'empêchait d'approcher de la forêt où il s'était enfoncé grâce à une barrière qui semblait le reconnaître. Cette protection infranchissable le frustrait au plus haut point. Paradoxalement, elle était aussi la seule chose qui le préservait de la folie. Tant qu'elle tenait, ça signifiait que son protégé était toujours en vie et en relative bonne santé.

La semaine qui avait suivi la fugue de son amant, il n'avait rien tenté pour le chercher, persuadé qu'il reviendrait bientôt, la queue entre les jambes, le suppliant de le reprendre et de l'entraîner lui-même.

Force lui avait été de constater qu'une fois de plus, il avait mésestimé la force de caractère de son jeune amant. Une fois qu'il avait compris que Gon ne reviendrait pas, il s'était acharné quatre jours durant contre la barrière. A la fin du quatrième jour, il avait réussi à insérer brièvement un bras avant de se faire repousser encore plus violemment que les fois précédentes. Pourtant, ce maigre succès et l'étrange gémissement qu'il avait entendu, bien loin de l'encourager, l'avaient persuadé d'aller prendre un peu de repos.

Il avait eu un sourire triste. Son crétin d'ami ne voulait pas le voir. Il était prêt à mourir d'épuisement, à rester sans défense face aux monstres qui peuplaient la forêt plutôt que de le laisser passer.

Soit. Il respecterait son vœu. Pour le moment.

Depuis lors, il passait des heures dans la clairière, témoin de leur dernière rencontre. Les yeux fermés, tous les sens aux aguets, il tentait de percevoir la présence du jeune homme dans la forêt. En vain.

Les premiers temps, quelques sons filtraient de la barrière, mais dès qu'il tendait la main pour la toucher, elle avait un soubresaut, lui envoyait une décharge d'énergie et devenait aussi hermétique que le cœur de sa malfaisante génitrice.

Cependant, depuis quelques semaines, plus aucun bruit ne provenait de la barrière. Elle était plus solide que jamais. Plus répulsive aussi. Elle ne se contentait plus de lui asséner une brève décharge dissuasive, elle l'envoyait voler sur une dizaine de mètres, le faisant invariablement choir dans la rivière glaciale.

Là encore, au lieu de le mettre en colère, ce vol plané le rassurait. Gon ne voulait peut-être pas le voir, mais il ne le haïssait pas pour autant puisqu'il prenait soin de ne jamais lui faire de mal.

Cette bonté d'âme le faisait sourire amèrement. Il comprenait d'autant moins comment il avait pu douter de lui. Ce gamin était un ange. Avec lui du moins. Il avait toujours tout fait pour le préserver, pour qu'il se sente aussi bien que possible. Comment avait-il pu penser que sa transformation en démon avait corrompu sa nature profonde alors que Gon avait passé leurs quelques quelques jours de quiétude à lui prouver son dévouement et surtout son amour de toutes les manières possibles et imaginables ?

Lorsque Kanaria lui avait raconté avec quel cran il avait affronté sa famille, avec quel aplomb il l'avait bernée et avec quelle témérité il l'avait menacée, Killua avait été impressionné. Bluffé même. Celui qu'il considérait encore comme un gamin dépendant de lui avait réussi à se jouer de la famille la plus rusée et la plus méfiante de tout l'empire démoniaque et à en ressortir en parfaite santé. Une drôle de sensation était née en lui quand il avait compris que Gon pouvait très bien se débrouiller seul. Le démon s'était alors rendu compte qu'il n'avait pas envie que son protégé cesse d'avoir besoin de lui. Il voulait continuer à lui transmettre tout ce qu'il savait pour voir briller d'admiration ses yeux si expressifs.

L'argenté avait fini par se rendre à l'évidence : ce qui le terrifiait le plus dans cette fugue, c'était l'idée qu'à son retour Gon n'ait plus besoin de lui, ne lui trouve plus le moindre intérêt et refuse de revenir vivre avec lui. Il ne voulait pas que cet éloignement détruise les liens qui les unissaient encore, que le petit brun se rende compte qu'il était bien mieux loin de lui, de ses tourments, de son sale caractère et de son incapacité à croire en lui.

POV Gon :

Cela faisait trois mois qu'il était parti.

Trois mois d'entraînement incessant depuis qu'il s'était engagé dans ce mortel pari.

Trois mois qu'il avait laissé son amant, inconscient, gisant sur le sol verdoyant d'une clairière trompeusement paisible.

Trois mois qu'il avait renoué avec le vide abyssal qui rongeait son âme avant sa rencontre avec Killua. Heureusement, sa régulière présence aux environs de la barrière le rassérénait légèrement.

Trois mois qu'il était, chaque jour un peu plus, déterminé à reconquérir le cœur de son démoniaque ami.

Il avait été surpris et déçu quand il s'était aperçu que l'argenté n'avait pas du tout tenté de le retrouver après sa fugue. Il s'était alors jeté à corps perdu dans l'entraînement, mettant en pratique tout ce que le démon lui avait appris.

Sa déception s'était muée en rage puis en désespoir. Il s'était défoulé en courant jusqu'à épuisement, augmentant son aura de telle sorte qu'aucun animal n'osait l'approcher. Si Killua avait voulu se venger, il ne s'y serait pas mieux pris. Jamais Gon n'avait été dans un tel état de nerf et de rage. Même lorsque sa famille lui avait été enlevée. Il s'était mis en colère, mais il l'avait canalisée, rationalisée, contrôlée, se focalisant uniquement sur sa vengeance et la manière dont il l'obtiendrait. Il n'avait plus d'attaches, seulement une chape de chagrin qui le moulait comme une seconde peau, mais la pensée que les bourreaux de ses parents subiraient tôt ou tard un funeste châtiment avait suffi à le faire tenir.

Cependant, à présent qu'il avait goûté la chaleur des bras de l'argenté, son but ne suffisait plus à repousser la douleur. Alors il courait. Il courait jusqu'à ce que la douleur physique lui fasse oublier le trou béant qui ne cessait de s'agrandir dans sa poitrine et l'oblige à s'écrouler à l'endroit où ses jambes l'avaient lâché. Une semaine avait passé ainsi.

Une semaine pendant laquelle l'incommensurable haine du démon l'avait hanté, entachant de lames larmoyantes chacune de ses respirations.

Une semaine d'insomnies à rejouer inlassablement chaque scène de cette affreuse journée, en se demandant ce qui se serait passé si seulement son amant avait eu confiance en lui.

Une interminable semaine, qui l'avait amené aux confins de la folie.

Et puis alors qu'il rôdait à l'orée de la forêt, lorgnant vers la clairière avec mélancolie, il avait l'avait senti arriver. Il n'avait eu que le temps d'ériger un rempart d'énergie avant qu'il ne sente son amant le heurter avec furie.

A ce moment, une vague de joie avait déferlé sur lui, purifiant son corps épuisé par le chagrin. Chaque coup que Killua assénait au bouclier le renforçait, Gon puisant son pouvoir dans l'acharnement que mettait l'argenté à le rejoindre.

Il ne l'avait pas abandonné. Il voulait le rejoindre. Il tenait encore à lui. Il s'inquiétait pour lui. Les jambes coupées par l'émotion, le jeune démon s'était laissé choir sur le sol, un sourire timide s'agrandissant au fil des minutes.

Puis, ne pouvant résister à la tentation, il s'était avancé prudemment vers l'endroit d'où provenait les bruits sourds et les sifflements de rage. Conscient que le bouclier limitait la vue de l'argenté, il s'était tapi derrière un arbre à environ cinq mètres du démon furieux. Là, il s'était abreuvé de son image.

Son visage aux traits purs et déterminés, ses cheveux lunaires tout ébouriffés par ses mains impatientes, sa silhouette mince, mais si puissante dont les muscles se dessinaient clairement sous la chemise béante et par dessus tout, ses yeux. Ses yeux ensorcelants, ses yeux brillants rendus pourpres par la colère. Il s'y était noyé un long moment avant de sombrer dans le sommeil sans même s'en rendre compte, l'image de son amant imprimé sur sa rétine amoureuse.

Il s'était éveillé plus fatigué que lorsqu'il s'était endormi. Sa magie avait puisé dans ses réserves pour maintenir le rempart qui entourait la forêt. Cette dépense inhabituelle, ajoutée au traitement qu'il avait infligé à son corps les jours précédents, avait failli avoir raison de lui.

Quand il avait vu Killua passer son bras à travers sa barrière, il avait puisé dans ses dernières forces pour l'empêcher d'entrer. Il pensait avoir été assez violent pour le dissuader de s'approcher à nouveau, mais il avait oublié à quel point son amant pouvait être obstiné. Bientôt, l'argenté s'était levé et était revenu à pas lents vers la forêt.

Gon avait fermé les yeux, persuadé que cette fois, c'était fini. Il n'aurait pas la force de le repousser. Il allait devoir revenir avec le démon qui continuerait à le traiter comme un gamin inconscient et à ne pas croire en lui. Un gémissement lui avait échappé à cette pensée. Mais, contre toute attente, rien ne s'était passé. Le petit brun avait ouvert les yeux pour voir son amant disparaître sur le chemin qui menait à la clairière.

Depuis lors, il passait des heures à l'orée de la forêt, observant son amant tout en s'entraînant. Les traits du visage de l'argenté le motivaient, l'encourageaient à dépasser ses limites.

Cependant, il perdait trop de temps. Le renforcement physique ne suffirait pas à gagner le tournoi. Surtout s'il était aussi complexe que ce qu'on lui en avait dit. Or, pour rester aux côtés de Killua, il lui fallait être le meilleur.

Grâce à ses dons, il avait enfin réussi à conquérir la confiance d'un des plus grands prédateur de la forêt. Une femelle ours-renard qui, pour le remercier d'avoir empêché son fils de servir de casse-croûte à un léopard-caméléon, avait accepté de le prendre sous son aile protectrice.

Néanmoins, pour qu'il progresse vraiment, il fallait une immersion totale. Il devait apprivoiser, posséder même ce lieu si sauvage qu'aucun démon n'osait l'approcher. S'il triomphait, il aurait des chances à ce tournoi, mais la constante présence de son amant, rôdant autour de la forêt était une distraction bien trop irrésistible pour son cœur faible et amoureux.

Il le savait et cela devait cesser. Killua devait partir.

Le petit brun avait tenté de lui faire comprendre en douceur que sa présence n'était plus désirée en augmentant les décharges d'énergie pour envoyer l'argenté droit dans la rivière qu'il savait glaciale, mais cela n'avait pas eu le moindre effet sur son crétin de démon.

Celui-ci persistait à rester assis de longues heures semblant méditer. Parfois, il se mettait à faire des mouvements d'arts martiaux pour se détendre et le jeune démon restait totalement fasciné par la grâce et l'énergie incroyable qui se dégageait de son amant.

Dans ces cas là, il interrompait son entraînement, presque malgré lui, et restait là les bras ballant, complètement absorbé. De temps à autre, il se réveillait de sa transe le nez collé sur le bouclier et les larmes lui montaient aux yeux tant la tentation d'aller le prendre dans ses bras était forte. Mais il résistait, il résistait toujours et la vision des traits du démon déformés par la haine l'aidaient beaucoup à se reprendre.

Gon soupira. Il n'y avait plus qu'une seule solution. Il devait aller lui parler. D'un geste de sa main, la barrière vacilla et s'évanouit.

Il se dirigea lentement vers l'orée de la forêt. Bientôt il entendrait à nouveau le son de la voix de son amant. Le plus dur serait de le laisser derrière lui, mais il y parviendrait. Il tenait toujours ses promesses, surtout celles qu'il s'était faites à lui-même.

Plus que quelques mètres.

Sa respiration s'accéléra imperceptiblement.

Et bientôt, il fut devant lui.

Assis en tailleur à même le sol, il avait toujours les yeux clos. Rien sur son visage ne prouvait qu'il l'avait senti arriver. Pourtant, avant même que Gon parle, il ouvrit les yeux, planta son regard carmin dans celui de son amant et dit d'une voix grave et profonde qui remua les sens du brun :

-Bienvenue Gon.