Voilà une nouvelle fic, avec une intrigue originale (inspirée par l'affiche de 50 nuances de Grey ... juste l'affiche hein! Et l'approche du carnaval ). J'espère qu'elle vous fera passer un bon moment ! Merci à tous ceux qui prennent le temps de lire et de poster des commentaires !

-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-

Comme à son habitude, John se réveilla avant la sonnerie de son réveil. Sitôt l'alarme désactivée, il se leva et traversa son appartement, simplement vêtu de son caleçon, pour se rendre dans sa cuisine afin de se préparer un café. Une fois sa tasse fumante à la main, il se posta devant l'une des nombreuses fenêtres de son loft afin de contempler le lever du soleil sur les buildings de New York. L'ex-agent aimait particulièrement ce moment de la journée, quand Manhattan s'éveillait. Les voitures commençaient à envahir les rues de la ville et les joggeurs courraient sur les sentiers du Washington Square Park avant de se rendre au bureau. Seuls les joueurs d'échecs n'étaient pas encore installés à leurs tables, sur la petite place en bas de son immeuble. L'agent savourait cette normalité comme une bouffée d'air frais dans son quotidien hors norme fait de missions, de numéros et de violence.

Soudain, son attention fut attirée par un minuscule détail. Il ne put retenir un sourire en apercevant un oiseau se baignant dans une flaque d'eau entre deux tables de béton. Evidemment ses pensées s'orientèrent instantanément vers son patron, dont les multiples alias faisaient toujours référence aux oiseaux. Tout comme eux, il était fragile. Tout comme eux, il était méfiant. Tout comme eux, il était insaisissable. Mais contrairement à l'animal du parc, libre de ses mouvements, Finch était en cage, prisonnier de son passé, de son corps blessé, de sa bibliothèque et de sa création, la Machine.

John avait mis du temps à apprivoiser son oiseau bien atypique. Il avait d'abord essayé les techniques apprises à la CIA, usant de son charme et enquêtant discrètement sur son passé, mais cette approche n'avait réussi qu'à l'effaroucher et le rendre encore plus méfiant. Il avait alors délaissé les recherches et les filatures, préférant la patience et attendant qu'il fasse le premier pas. Ce changement de stratégie avait été payant. Finch s'était progressivement ouvert, lâchant quelques bribes d'informations qui pourraient paraître futiles aux yeux de certains mais qui n'avaient pas de prix pour Reese. Désormais, l'ex-opérateur pouvait s'enorgueillir d'avoir non seulement dompté son oiseau, mais il était très fier d'en avoir fait un ami, un ami très cher…

Un sourire flottant toujours sur ses lèvres, Reese se dirigea vers sa chambre afin de choisir ses vêtements. Il opta pour un costume noir et une chemise couleur lavande. Chargé de ses effets, il s'enferma dans sa salle de bain pour se préparer à sa journée de travail. En se regardant dans le miroir, John réalisa qu'il était heureux. Son regard pétillait de malice, son sourire illuminait son visage, son corps était parfaitement détendu et son esprit était libre de toute préoccupation. Après une vie de marquée par les souffrances, les trahisons et la mort, John était tout simplement heureux.

Il connaissait l'origine de ce tout nouveau bonheur, il n'avait pas de plume mais un costume trois pièces sur mesure, sans doute très cher, des lunettes et des cheveux bruns perpétuellement en désordre. Depuis combien de temps était-il amoureux d'Harold Finch ? Depuis longtemps sans doute, mais la prise de conscience de ses sentiments ne datait que de quelques semaines seulement. Depuis son enlèvement par Root pour être précis. Il avait vécu ces quelques jours sans Harold comme un véritable cauchemar. Il s'était senti perdu, abandonné, anéanti à l'idée de ne plus jamais revoir son patron.

John ne put retenir un frison d'effroi en repensant à ce douloureux moment durant lequel son patron, son pilier, sa boussole morale avait été en danger. Toutefois, comme le dit le proverbe, à toute chose, malheur est bon. Non seulement, John avait réussi à faire plier la Machine à sa volonté, petite victoire personnelle, mais surtout, il avait réalisé à quel point son patron comptait pour lui, au-delà de la simple amitié. Bien sûr, cette réalisation l'avait totalement pris au dépourvu, mais il était heureux de pouvoir ressentir à nouveau ce sentiment qui le raccrochait au monde, qui le faisait sentir tellement utile, tellement vivant. Malheureusement pour lui, cet amour était aussi agréable que douloureux, puisque condamné à être maintenu secret.

Posant ses vêtements sur le porte-serviette, il ôta son caleçon puis entra dans la douche. Il rejeta ses idées noires dans un coin de son esprit comme il l'avait si souvent fait au cours de sa vie. Il actionna le robinet et resta de longues minutes à se détendre sous le jet brûlant. Il devait se satisfaire de ce qu'il avait déjà : un ami sur lequel compter. Il se sentait déjà tellement chanceux d'avoir à nouveau un but et un partenaire tel que Finch. Il n'osait espérer plus, n'étant même pas sûr de mériter ce qu'il avait déjà.

Une fois habillé, ses cheveux disciplinés, ses armes soigneusement camouflées à sa ceinture et à sa cheville, l'homme en costume se sentait prêt à débuter sa journée. L'agent sortit et se dirigea vers son habituel petit stand ambulant de boissons chaudes. Dès qu'il l'aperçut, le jeune vendeur s'activa et lui tendit, avec un sourire chaleureux, deux gobelets, l'un de thé vert Sencha et l'autre de café. L'ex-opérateur posa un billet sur le comptoir avant de saisir la petite boite en carton qui contenait les verres. En temps normal, John aurait dû se sentir vaguement inquiet d'être aussi prévisible. Il se promit d'être plus prudent à l'avenir en cherchant à diversifier ses fournisseurs en boissons chaudes. Mais il savait que ce vendeur était le préféré de Finch et il risquerait tout, juste pour le satisfaire.

Chargé de ses commandes, il se dirigea ensuite d'un pas décidé vers la bibliothèque. N'ayant reçu aucun appel de son patron, Reese savait que rien ne pressait, pourtant il était impatient de le voir. Il contourna l'échafaudage qui encerclait le bâtiment puis bifurqua dans la ruelle oubliée où se cachait l'entrée de leur repaire. Il gravit rapidement les escaliers qui menaient à leur quartier-général puis remonta l'allée principale cernée les rayonnages remplis de livres vers le bureau de Finch.

A la vue du siège vide, les pas de Reese ralentirent. Il regarda aux alentours dans l'espoir d'apercevoir son patron. Personne. Il posa les gobelets à côté des moniteurs tout en continuant à balayer du regard les recoins de la pièce, à l'écoute du moindre signe de sa présence. Une immense déception envahit l'agent en réalisant qu'il était seul.

Mais son attention fut soudainement attirée par une élégante enveloppe cartonnée qui traînait sur le bureau du reclus, juste à coté de son clavier. Il la saisit et identifia l'émetteur en reconnaissant, en haut à gauche, le blason de la fondation Astor, une puissante organisation philanthropique à visée scientifique et culturelle. Fronçant les sourcils, John reconnut le nom du destinataire : Harold Wren, un des nombreux alias de son patron. Les questions se bousculaient dans le cerveau de l'agent. Que pouvait bien vouloir cette fondation à son patron ? Que faisait cette enveloppe ici ? Que pouvait-elle bien contenir?

Vaguement inquiet, Reese appela d'une voix forte.

-Finch ?

-Ici, Mr Reese.

Intrigué, John se dirigea vers l'endroit d'où provenait la voix étouffée de son patron. Il se rendit au fond de la bibliothèque et remonta un long couloir. Cet espace pouvait être considéré comme un appartement d'appoint. Finch y avait aménagé deux petites chambres spartiates, une cuisine et une petite salle de bain. A fur et à mesure qu'il s'approchait, Reese pouvait entendre de plus en plus distinctement la voix de son patron, des jappements et des bruits d'éclaboussures. Anticipant la scène qu'il allait découvrir, John sourit en poussant doucement la porte entrouverte de la salle d'eau, d'où provenait les bruits. Il ne put retenir un rire devant le spectacle tragi-comique qui se révéla à lui : Harold avait entrepris de laver Bear et le résultat était pour le moins… surprenant.

S'adossant contre l'encadrement de la porte, l'agent contempla, amusé, ce spectacle inédit et totalement surréaliste. Dans la pièce complètement dévastée, Finch, bien loin de l'image stricte et intellectuelle qu'il s'était patiemment façonné durant ces dernières années, tentait de maintenir le Malinois dans une bassine remplie d'eau savonneuse. John se sentait privilégié et un peu voyeur de pouvoir surprendre son patron ainsi, totalement négligé et ne contrôlant visiblement rien à la situation.

En effet, pour les besoins de l'opération, l'informaticien avait délaissé son éternel costume trois pièces. Il avait ôté sa veste et son gilet, qu'il avait soigneusement plié sur l'espace libre à côté du lavabo. Il avait desserré sa cravate, ouvert quelques boutons de sa chemise et retroussé ses manches. Mais malgré ces précautions, Finch était presque trempé de la tête aux pieds. Son vêtement était mouillé, ses cheveux étaient ruisselants et des gouttelettes parsemaient les verres de ses lunettes. Bear n'était visiblement pas décidé à se laisser faire et s'agitait dans tous les sens, éclaboussant de plus bel son maître et renversant une partie de son eau sur le sol. Le Malinois s'excitait d'autant plus qu'il venait de repérer son second maître et qu'il trépignait d'aller le rejoindre.

Amusé par la situation, Reese lança ironiquement.

-Un coup de main, Finch ?

L'informaticien lui lança un regard noir par-dessus ses lunettes devenues inutiles. Il essaya tant bien que mal de rincer Bear avec un petit seau d'eau tout en le maintenant par le collier.

-Très fin, Mr Reese… Non bear !

N'y tenant plus, le chien se dégagea de l'emprise de Finch et s'élança vers l'autre homme, laissant derrière lui une traînée d'eau. Reese s'agenouilla pour prendre le chien dans ses bras, lui flattant les flancs, indifférent aux taches humides qui commençaient à apparaître sur sa chemise et sa veste.

Toujours à genoux devant une bassine désormais vide, Harold contempla cette effusion de sentiments entre son chien et son agent avec un léger pincement au cœur. Il était si facile pour Bear de montrer à quel point il aimait son second maître. A l'inverse, l'informaticien ne pouvait absolument pas révéler ses sentiments à son agent sans risquer de mettre en péril leur association et leur amitié. Car dès le début de leur collaboration, Harold avait été sensible à la plastique de son agent, mais au fur et à mesure des missions, il avait découvert l'homme incroyablement bon qui se cachait derrière ce physique de rêve et cette volonté d'acier. Et plus il le côtoyait, plus ses sentiments pour lui grandissaient.

Avec un long soupir de dépit, l'informaticien se redressa. Il se dirigea en boitant vers une petite armoire, l'ouvrit et saisit une serviette de toilette propre. Il ôta ses lunettes et entreprit de frotter ses cheveux vigoureusement tout en chassant de ses pensées la vision troublante et terriblement sexy de John, adossé à la porte en train de le contempler d'un œil amusé. Une fois terminé, il posa la serviette sur ses épaules, remit ses lunettes et décida de se rhabiller rapidement car il était mal à l'aise de s'exposer dans une tenue aussi négligée, surtout devant son agent. Il avait parfaitement conscience de son regard bleu posé sur lui, le détaillant, comme s'il voulait fouiller son âme. Aussi futile soit-il, son costume lui apparaissait comme une sécurisante carapace. Il prit donc ses vêtements dans une main et se dirigea vers la porte, pressé de quitter la salle de bain et ainsi, d'échapper au regard inquisiteur de son partenaire.

John, lui, avait bien du mal à se concentrer sur Bear, malgré les efforts déployés par ce dernier pour attirer son attention. Tout en essayant d'échapper aux coups de langues affectueux du Malinois, l'agent avait toujours les yeux braqués sur son patron. Sans en avoir conscience, Finch était la tentation incarnée : sa chemise trempée laissait deviner les muscles de son torse par transparence, ses cheveux humides et ébouriffés lui donnaient un air adolescent. L'agent aurait tout donné pour récupérer du bout des doigts les fines gouttelettes qui s'étaient égarées dans le creux de son cou. Sentant que son regard trop appuyé gênait son associé, Reese se racla la gorge en se redressant puis s'écarta de la porte afin de le laisser quitter la pièce.

John suivit en silence son patron dans la bibliothèque. Ce dernier terminait de se rhabiller tout en boitant vers son bureau puis s'installa devant ses moniteurs. L'agent se posta maladroitement à ses côtés.

-Merci, Mr Reese, dit Finch en prenant son gobelet dont il souleva le couvercle pour humer l'odeur apaisante du thé vert.

-De rien, Finch, répondit Reese en prenant le sien.

Après avoir bu une gorgée de son café désormais presque froid, John demanda innocemment en s'appuyant contre le bureau de son partenaire, à proximité de la lettre découverte quelques instants plus tôt :

-Rien de nouveau ?

-Non, toujours pas de nouveau numéro, répondit distraitement l'informaticien en tapant rapidement sur son clavier tandis qu'il concentrait son attention sur les écrans devant lui.

-Et ça ? demanda plus directement l'agent en désignant du menton l'enveloppe de la fondation Astor.

Finch suivit son regard puis comprit.

-Oh, ça ! Il s'agit d'une invitation à une soirée de charité ce soir. Elle est destinée à récolter des fonds pour la restauration du socle de la Statue de la Liberté, expliqua Finch le plus naturellement du monde, sans quitter ses moniteurs des yeux.

John sentit immédiatement une vague inquiétude l'envahir. Inconsciemment il lisait entre les lignes et son cerveau manquait tellement d'objectivité lorsqu'il s'agissait de son patron qu'il avait déjà fait un raccourci de la situation : Finch était invité, seul, à une réception. Il détestait le savoir loin de lui, encore plus lorsqu'il était entouré d'étrangers. Non qu'il craignait un potentiel danger, mais il ne supportait tout simplement pas d'être à l'écart de sa vie.

-Vous comptez y aller ? demanda l'agent, rongé par la jalousie et redoutant la réponse.

-Bien sur, Mr Reese. Je dois maintenir la couverture de Mr Wren. En tant que milliardaire, il se doit d'aller à ce genre de soirée, afin d'entretenir un semblant de vie sociale et surtout de signer le gros chèque qui maintiendra sa réputation. D'ailleurs, je vais devoir vous quitter afin d'aller chercher mon costume.

Sur ces mots, Finch se leva et se dirigea vers la sortie en saisissant au passage son manteau. Interdit, Reese le suivit des yeux, un peu déçu de ne pas faire partie de la soirée mondaine d'Harold Wren. Comme à son habitude, il choisit l'ironie pour cacher son malaise.

-Votre smoking est chez le teinturier, Finch ? dit-il un fragile sourire aux lèvres en pensant à l'élégance de son patron dans cette tenue.

-Ce n'est pas de cette tenue dont j'ai besoin. Il s'agit d'une soirée costumée et je dois faire les derniers essayages cet après-midi. Prenez votre journée Mr Reese, Profitez-en pour vous reposer et vous détendre, conseilla l'informaticien avant de disparaître derrière les lourdes grilles de la bibliothèque.

Toujours assis sur le bureau de son patron, son café désormais froid à la main, Reese se sentait confus et un peu idiot, ne sachant que faire de ce soudain temps libre. Il n'avait pas l'habitude de se détendre mais surtout, il prenait brutalement conscience que toute son existence tournait autour de son patron, et que sans lui, il se sentait désespérément seul.

-Une soirée costumée…, répéta doucement l'agent, à mesure qu'une idée germait dans son esprit.