- « Tu fais ta grande gueule mais en fait tu vaux rien !
- Tu sais très bien que c'est différent. » Répondit Minho en serrant les dents.
- « Ah oui ? Et qu'est ce qu'il y a de si différent hein ? A quoi ça sert de l'ouvrir quand c'est sans importance pour la fermer quand ça compte ? » Il ferma ses mains en poing pour qu'elles ne tremblent pas. « Ou bien c'est ça le problème, ça ne compte pas pour toi c'est ça ? »
Minho ouvrit grand les yeux, se retenant d'hurler sur son pote.
- « T'es parti où là ? Tu sais ce que je ressens », dit-il après une hésitation en baissant la voix et les yeux.
- « J'en suis plus si sûr tu vois. » Newt tourna les talons, furieux. Il a honte.
- « Newt attend ! » La porte claqua. Minho ne le suivit pas.
Newt bouscula Thomas sur son chemin. Il ne prit pas le temps de s'excuser. La grande question qui explosa alors dans sa tête était d'une grande simplicité : Où je vais ? Et ce n'est même pas une introspection, sur son avenir, tout ça. Non. Il est parti comme un prince mais il n'y a nulle part où aller ici. C'est pas comme s'il voulait se retrouver avec les autres. Et Minho le sait. Bien joué, tu t'es encore ridiculisé mon pauvre ami !
Thomas était pour le moins surpris. Newt n'était pas du genre boeuf d'habitude… C'était plutôt le style d'attitude de Minho. Il est où celui-là d'ailleurs ? Peut être que la solution est toute trouvée. De toute évidence, ce n'était pas le meilleur moment pour aller lui parler, mais il n'avait pas trop le choix. Il ouvrit la porte que Newt venait juste de claquer, autre fait surprenant. Minho avait dû y aller fort. Qu'est ce qui s'est encore passé entre eux ? En ce moment ils étaient tous sur les nerfs, mais la palme revenait clairement aux vétérans du Glade.
Les yeux noirs de Minho étaient fixés sur son visage, un instant pleins d'espoir, la seconde suivante éteints par la déception. Etrange.
- « Thomas, c'est toi.
- Très perspicace l'ami », rétorqua-t-il pour détendre l'atmosphère.
- « Pas le moment de te foutre de moi. » Raté.
- « D'ac-cord… J'avais quelque chose à te demander…
- Ça ne peut pas attendre ? » le coupa Minho
- « Eh mais qu'est-ce qu'il vous arrive à tous les deux ? Ce n'est pas mes histoires mais arrêtez de m'y fourrer avec vos sautes d'humeur ! »
Minho leva les yeux à nouveau. Il haussa les sourcils, indifférent à son petit discours.
- « Ok, allez vous faire voir. » Thomas claqua la porte à son tour, et se retrouva dans le couloir. Tout comme Newt, il se demanda où il pourrait bien aller. Et le meilleur c'est qu'il n'avait même pas pu poser sa question à Minho. Tête de con.
Minho avait de la chance au final, il se retrouvait seul dans le dortoir que les deux autres avaient fuit, assis sur le bord du lit tandis qu'eux n'avait nulle part où aller. Ils finiront par revenir. Newt avait raison, il a honte. Que penserait Thomas ? Depuis tout ce temps qu'ils sont ensemble, il va s'imaginer des trucs, et peut être les rejeter. Le pire, c'est qu'à bien y réfléchir, Minho réalisait l'absurdité de son comportement. Il n'avait de compte à rendre à personne, même pas à Newt. Ok, ça c'était méchant. Mais merde, est-ce que vraiment c'est de sa faute s'il n'arrive pas à s'accepter ? Ce n'est pas de Newt dont il a honte mais de lui-même. Newt est parfait, il ne faut pas se mentir, et il l'admire d'autant plus qu'il a le courage de s'assumer tel qu'il est sans se soucier de l'avis de qui que ce soit. Ou peut-être a-t-il tout simplement confiance en leurs amis ? Et voilà, un autre problème sur la longue liste. Est-ce que j'ai confiance en mes amis ? Pff je vais trop loin là. Ce n'est pas pour la jouer Caliméro mais les gens ne comprennent pas que souvent les plus grandes gueules sont celles qui ont le plus de mal à s'assumer, le tout étant d'attirer l'attention sur autre chose, quelque chose que l'on choisit et qui le plus souvent ne nous ressemble pas. C'est celui qui en dit le plus qui en fait le moins, ce n'est pas ça le petit dicton ? N'empêche qu'il regrettait. Il sait à quel point il peut être borné des fois, mais cette fois c'est différent. Rien ne peut changer son orientation sexuelle, qu'il le veuille ou non. Heureusement que je n'ai pas pensé ça tout haut, devant Newt… Minho serra les dents à nouveau. Ou bien n'avait-il pas cessé ? Est-ce que, si j'avais le choix, je déciderais de ne plus l'aimer ? Voilà la question que Newt lui aurait posée, blessé. Admettre, in petto, qu'il l'aimait était déjà une chose. Jusqu'à présent il n'avait pas réellement eu le temps de s'attarder sur ses pensées et sentiments. Sortir du Labyrinthe, se faire kidnapper à nouveau par WICKED et s'enfuir étaient déjà bien assez préoccupants. Et tout ce temps ce qui lui permettait de continuer à courir et se battre, c'était bien sûr la volonté de s'en sortir vivant, mais sa vie ne comptait pas s'il ne pouvait pas sauver Newt. Et maintenant Ratman leur avait annoncé que Newt n'était pas immunisé. Nom d'un chien, ce slinthead est contaminé et va y passer s'ils ne trouvent pas d'antidote. La vie est une sacrée pute. Soudain Minho réalisa qu'il gâchait le peu de temps qu'il avait avec son ami.
Plein de résolution, il sauta sur ses pieds et ouvrit grand la porte. Surpris par la facilité, il trébucha en avant pour se retrouver nez-à-nez avec Newt. Il avait l'air tout aussi surpris que lui. La stupeur sur le visage de Newt changea vite en détermination, et Minho sentit son sang se glacer. Ouhla… Il prit la parole le premier de peur d'entendre ce que son pote avait à lui dire.
- « Newt, je voulais justement te parler… » Il s'interrompit devant le regard dur du glader. Il ouvrit la bouche pour poursuivre, la referma.
- « Oui ? »
Newt ne l'aidait en rien, au contraire il semblait prendre son pied à le voir patauger.
- « On perd notre temps. » Oh mince, il va me comprendre de travers ! Déja Newt fronçait les sourcils en redressant les épaules en arrière. Minho repris, fébrile : « Non non, attends, ce que je veux dire c'est qu'avec mes conneries je gâche les seuls moments qu'on pourrait avoir ensemble, tu vois ? »
Newt garda le silence, histoire de le faire mariner. Puis un tout petit sourire étira un côté de sa bouche. Minho n'était pas sûr de bien comprendre, il avait peur, et cette peur là était totalement différente de celle à laquelle il était habitué. Le sourire de Newt se figea, puis disparut. « Ce qui veut dire? »
Minho était perdu. Il était clair non ?
Newt leva les yeux au ciel : « Ça donne quoi en pratique ? ». Minho avait une petite idée derrière la tête, mais il n'osait pas. Et si Newt était encore fâché ? S'il le repoussait ? Son orgueil en prendrait un sacré coup, et son petit coeur aussi (surtout !). Il hésita encore une seconde puis il tendit la main vers Newt. Celui-ci suivit son mouvement des yeux, il resta parfaitement figé, dans l'attente. Cette fois-ci, il faudra que ça vienne de Minho. Newt ne se mettrait plus à ses pieds désormais. Il reporta son regard sur les yeux de Minho qui le fixait avec une intensité à la limite de l'effrayant, ses pupilles dilatées. L'espace d'un instant, Newt eu envie de rire. Mais les doigts de Minho se posèrent sur sa joue et toute envie de rire disparut. Il ne fit pas un geste, peu lui importait qu'ils aient des témoins. Minho déglutit, faisant remonter sa pomme d'Adam, puis redescendre. L'idée lui vint de poser ses lèvres là, et son ventre se contracta. Du calme, Newt… Minho fit un pas en avant, réduisant l'espace qui les séparait à peau de chagrin. Sa deuxième main trouva sa place sur son épaule. Newt ne bougea toujours pas. J'attends. Il finit par le dire à haute voix, avec un sourire en coin. Minho lui rendit son sourire, gêné. Il se pencha en avant, écarquillant les yeux de plus en plus au fur et à mesure qu'il s'approchait du visage de Newt. Celui-ci ne put retenir un petit rire, amusement mêlé de crainte et de désir. Minho rougit, et posa tout doucement ses lèvres contre celles de son ami. Newt ferma les yeux. Premier baiser. Minho se recula, penaud. Et rouge pivoine. « C'est tout ? » sourit Newt. Il passa légèrement sa langue sur ses lèvres, en gardant ses yeux rivés sur Minho. Il se mit enfin en action, repoussant Minho dans la pièce et refermant la porte derrière eux, s'assurant que le verrou (de fortune certes) était fermé.
- « Je croyais que le regard des autres ne t'importait pas ? plaisanta Minho pour cacher sa gêne.
- Il y a des limites à tout cher ami », répondit Newt en s'approchant du brun qui recula au même rythme, sentant rapidement le matelas derrière ses genoux.
Newt prit les devants, mettant ses mains de chaque côté de la nuque de Minho, l'attirant lentement mais sûrement vers lui, pour l'embrasser. Leurs lèvres s'effleurèrent à nouveau. Minho ferma les yeux, retint Newt par son t-shirt, le pressant plus près, plus serré. Il glissa ses mains sur ses hanches et entrouvrit ses lèvres. Voir Newt se lécher les lèvres l'avait mis en appétit. A mon tour maintenant. Il caressa les lèvres de Newt de sa langue, sans rien demander de plus. Il voulait faire les choses bien, tout ça était nouveau pour lui. Il sentit Newt frémir et grogner doucement. Le son, pratiquement inaudible, sembla comme une explosion dans sa tête, il se rapprocha encore plus de Newt, enroulant un bras autour de sa taille, pressant le bas de son dos plus près. Les doigts de Newt, d'abord caressant son cou, se firent explorateur et le blond guida ses mains dans dos, répondant au baiser en ouvrant les lèvres, laissant Minho introduire sa langue dans sa bouche. Alors que Newt se prenait au jeu, Minho s'écarta et le regarda. Newt se raidit, la peur remplaçant vite le désir. Et s'il ne voulait plus de lui ? Ou bien s'il s'était moqué de lui ?
« Est-ce plus clair comme réponse ? » lui demanda Minho, un grand sourire fendant son visage en deux. Le soulagement fit rire Newt une fois de plus, « Ya shank ! » gronda-t-il en réduisant à nouveau la distance entre lui et Minho. La bosse dans son jeans ne saurait mentir, réalisa-t-il. D'une main il souleva la chemise de son pote, et de l'autre il le tira par la ceinture. Minho redevint sérieux et l'embrassa à pleine bouche, caressant sa langue de la sienne, mordillant sa lèvre inférieure, tandis que Newt essayait, quelque peu déconcentré, d'ouvrir la boucle de sa ceinture. Qui aurait cru que c'était si dur dans un tel moment ? Il y parvint finalement, s'attaquant au bouton, Minho se faisant plus insistant dans son baiser, marquant de ses doigts la peau de Newt.
« Nom de dieu ! »
La voix ne monta au cerveau des deux gladers qu'un temps plus tard. Ils s'écartèrent, surpris, tournant leurs regards vers la porte, laissée ouverte par Thomas de toute évidence.
« Ce verrou c'est vraiment de la dobe ! » s'exclama Minho en riant. Newt examina son visage, n'y décelant aucune gène ni colère. Que Thomas les ait vus ne le traumatisait pas. En voilà une surprise. Un élan de tendresse grossit le coeur de Newt et, le sourire aux lèvres, il enlaça Minho, son corps fort et chaud collé au sien. D'abord rigide, Minho se relaxa et referma ses bras autour de son copain. « Merci » chuchota Newt tout contre son oreille. Stoppés dans leur élan, il sentit le sommeil alourdir ses paupières. Un bâillement lui échappa.
- « Eh papi, tu as sommeil ? murmura Minho dans ses cheveux blonds, moqueur
- Humhum » fût la seule réponse qu'il obtint.
- Alors au lit, blondinet. »
Minho l'entraîna sur le lit où Newt s'allongea. Son partenaire lui retira ses chaussures, son jean et remonta la couverture sur lui avant de se déshabiller et s'installer à son tour. Après une courte hésitation, il se blottit contre Newt, enroulant son bras autour de sa taille. Newt expira longuement, tout va bien désormais. Minho déposa un baiser sur son front, puis sur ses lèvres, tout doux. Newt sourit, déjà emporté par le sommeil.
« Salut Thomas »
L'intéressé leva la tête, qui tourna au rouge en voyant Newt et Minho entrer dans la pièce. Il n'avait pas oser retourner dans la chambre et avait conseillé aux autres de s'en abstenir également. Qui savait ce que ces deux-là pouvaient faire seuls dans une chambre ? Il rougit plus fort encore tandis que l'idée prenait forme dans son esprit. Il détourna le regard, embarrassé. Pourquoi avait-il forcé cette fichue porte ?
« Tout va bien ? » insista Minho en s'asseyant à côté de lui avec son bol de céréales. Newt lui lança un regard appuyé, du genre « N'abuse pas non plus, fous lui la paix ! ». Mais Minho comptait bien assumer sa décision, et tant pis si c'était aux dépends de Thomas. Newt en avait besoin, il entendait au moins lui offrir cela. Thomas croisa son regard.
- « Je suis vraiment désolé les gars, bégaya-t-il, hier soir je ne voulais pas vous interrompre.
- Eh relax, ce n'est pas grave, assura Newt. Il hésita avant de voir la réaction de Minho.
- Newt a raison, et puis ça t'apprendra à ouvrir sans frapper ! »
Thomas lui balança un coup de coude dans les côtes. « Aïe ! C'était pourquoi ça ?
- J'ai frappé, mais personne ne répondait. Et vous veniez juste de vous embrouiller sec, j'avais peur que ça ne devienne violent. »
Minho fit un clin d'oeil à Newt : « C'était violent en effet, non ? ». Newt rit de bon coeur, manquant de recracher sa bouchée de céréales, heureux que la tension retombe.
- « Epargnez-moi les détails, d'accord ? railla Thomas, un petit sourire aux lèvres, les yeux pétillants. Et puis j'ai été suffisamment puni, j'ai dû dormir par terre !
- Ecoutez-le, le martyr ! » ricana Minho, « on te fera une place cette nuit, ne t'inquiète pas », poursuivit-il en s'approchant de plus en plus de son pote, le mettant clairement mal à l'aise.
Newt éclata de rire avant de tirer le bras de Minho en arrière, l'écartant de Thomas: « Ça suffit, arrête ! ». Pause. « De toute façon il n'y pas de place pour lui ». Ce fut au tour de Minho d'éclater de rire : « Ce n'est pas que mon blondinet ici présent serait jaloux ? ». Sans y penser, il abandonna son bol sur le sol, se leva et planta un baiser sur les lèvres de Newt. Surpris, son copain ne réagit pas. C'était un sacré progrès, et Minho avait eu l'air parfaitement naturel. Newt sourit, le tira par la chemise pour lui rendre son baiser.
- « Bon, bon, bon les tourtereaux ! C'est bien gentil mais je ne suis pas au cinoche, merci ! » s'indigna Thomas pour leur rappeler sa présence.
- « Pas faux » marmonna Newt contre la bouche du brun. Il s'écarta, ramassa le bol de Minho et le lui rendit. Ils se fixèrent un long moment, engloutissant leur petit déjeuner. L'un comme l'autre ne pouvait réaliser qu'ils avaient passé le pas. Un couple. L'idée semblait folle. Et tellement géniale.
Thomas se racla la gorge. « On s'étouffe dans toutes ces hormones, vous ne trouvez pas ? » tenta-t-il en se levant.
- « Hey, t'es parti où ?
- Dans mon lit rattraper ma-
- Alors là c'est hors de question mon pote ! l'interrompit Minho en tirant Newt par le bras pour l'arracher du sol, leurs bols abandonnés une fois de plus, vides.
- Mais c'est une blague ! », ronchonna Thomas, « allez les mecs, s'il vous plait ! » les supplia-t-il en les regardant s'engouffrer bien vite dans la chambre qu'ils venaient à peine de quitter. « C'est pas juste. » Les bras ballants, il rejoignit les autres dans le cockpit. J'aurais mieux fait de me taire.
« Où en étions-nous ? » ronronna Minho en poussant Newt vers le lit.
