Bonjour à tous, je me permets de me taper l'incruste sur votre fandom avec cette fanfic, « entre le trop et le pas assez »
Pourquoi ce fandom précisément ? Parce qu'Hannibal dessine, parce qu'il captive et fascine, c'est presque l'homme humaniste par excellence, il sait tout faire, même la cuisine ! Hum... Bref, passons. Je m'intéresse plus au côté artistique de la chose et c'est bien normal puisque je suis des études d'art ... D'où le titre.
Pourquoi ce titre ? Parce qu'il est assez compliqué de réaliser une œuvre harmonieuse, équilibrée… attention, je ne dis pas qu'il s'agit d'une recette et tout… Mais généralement, tout ce joue au millimètre, à la touche de trop ou à celle de moins… Tout un monde peut prendre racine entre le trop et le pas assez, entre le A et Z. Dont cette fic.
Je ne sais pas si vous connaissez les beaux arts de paris ou si vous y êtes entrés ou quoi que ce soit d'autre dans le genre, mais dans la série, le début de la saison 3 je crois, on le voit à Paris trucider un mec, le docteur fell je crois... Quoi qu'il en soit, c'est mon école et je compte insérer notre cher psychopathe dans le tableau. Bien entendu, on trifouille les noms, et on invente des trucs pas possibles pour bien prouver qu'en fait c'est pas réel, et on envoie la musique...
J'ignore si cette fic sera longue ou courte, on verra avec le temps et ça finira surement en drame puisqu'il y a lecter qui est de la partie. Mais justement c'est ce qu'on aime chez lui.
Je cesse de faire de la parlotte pour qu'on entre dans le vif du sujet : Si l'entrée en matière vous a quelque peu intriguée, merci de continuer à lire et reviewer( même si je ne crois plus au père noël).
Bonne lecture à vous.
Entre le trop et le pas assez.
01.
Depuis quelques temps, les jours se succédaient sans qu'elle puisse trop faire la différence. Une nuance de gris par ci, du vieux rose par là... Comme si le monde qu'elle voyait à travers son œil s'était flétri, avait perdu de son intensité depuis l'année passée. Déjà un an... Elle soupira de plus belle. Les vacances d'été avaient été cauchemardesques et elle se demandait même parfois comment elle y avait survécu... Quoi qu'il en soit elle était heureuse de retourner à Paris, retrouver ses habitudes, sa solitude, son école qu'elle voyait d'un autre œil désormais.
Assise et profondément engoncée entre une grosse dame acariâtre qui n'arrêtait pas de se plaindre au téléphone et un vieux machin tout fluet qui n'osait pas lui dire de se la fermer, elle regardait tout autour d'elle les autres passagers, des touristes la plupart qu'elle reconnaissait à leurs chaussures de sport et à leurs sacs à dos de randonneurs, comme s'ils allaient affronter le chic et la classe habillés comme pour gravir une montagne… Ou peut être la tour Eifel ?
Elle souriait légèrement, moqueuse. Mais trois secondes plus tard elle baissa les yeux lorsqu'elle croisa par inadvertance le regard d'un inconnu.
Renfermée au plus profond de sa coquille, elle craignait comme la peste le regard des autres, mais ne se cachait pas le moins du monde de penser ce qu'elle voulait au plus profond d'elle-même.
Louvre Rivoli.
Enfin. D'un mouvement rapide, elle s'extirpa violement de son siège sans la moindre considération pour ses voisins et aussi parce que les portes allaient bientôt se refermer sur elle parce qu'elle avait trop attendu ... Elle se mit à courir, se faufila de justesse entre les cloisons translucides et heurta quelqu'un par mégarde. Elle s'épousseta rapidement, puis s'excusa avant de remonter en vitesse les escaliers comme on rentrerait dans un trou de souris.
En montant les escaliers, elle sentit le vent balayer son visage, ses cheveux d'un brin terne et sa peau d'ivoire. Le vent s'engouffrait en elle, revigorant. Ca lui avait manqué.
- Mademoiselle...
Perdue dans ses pensées, elle ne remarqua pas qu'on l'appelait. Elle ne s'en rendit compte qu'au moment où une main inconnue entra en contact avec son épaule. Elle n'apprécia pas du tout mais fit de son mieux pour le cacher. Même ses proches savaient que lorsqu'elle était dans sa bulle, lorsqu'elle travaillait ou qu'elle se déplaçait d'un point A à un point B, il ne fallait pas l'approcher, lui parler, la toucher ou sinon... Mais toute son agressivité disparut lorsqu'elle croisa son regard.
Ils étaient en plein dans l'entrée de la bouche de métro et des gens les contournaient de bien mauvaise grâce… Mais pour elle, le temps semblait s'être figé. Comme si elle pouvait le toucher… C'était étrange.
Un homme assez vieux, qui devait sans doute faire au moins le double de son âge si ce n'était plus la regardait droit dans les yeux et attendait clairement une réponse. Ses vêtements étaient du sur mesure et elle nota une odeur de mente fraiche, presque givrée émanant de ce dernier. Bref, cet homme était friqué et après ? Que lui voulait il exactement ? Elle resta quelques secondes dans l'escalier à le regarder comme s'il s'agissait d'un extraterrestre avant de comprendre qu'il semblait lui tendre quelque chose. Bon, d'un autre côté, il était neuf heures et les artistes ne sont pas vraiment du matin...
- Vous avez fait tomber votre carte.
Elle tendit sa main pour récupérer cette dernière, inestimable carte d'étudiant qui mettait son temps à arriver...
- Je vous remercie. Fit elle en souriant.
Un rayon de soleil transperça les nuages à ce moment là et on aurait juré qu'il souriait aussi…
...
La matinée passa assez vite, bien qu'elle dut ronger son frein durant la dernière demie heure afin d'enfin pouvoir accéder à la bibliothèque. C'était un de ses havres de paix où personne ne cherchait personne, le silence était de mise et les bulles collectives savamment protégées par le statut quo. Idéal. Et le tout dans une vieille bibliothèque datant au moins du siècle dernier, avec son parquet grinçant et son plafond ouvragé, ses boiseries, ses tables en chêne massif et ses chaises en cuir gris particulièrement confortables. Un temple agréables recueillant les hauts faits des artistes d'hier et d'aujourd'hui... Elle se sentait comme chez elle…
Sauf que …
- Dis...tu as lu l'annonce au bâtiment Chimey ? Ils ont trouvés un nouveau professeur pour succéder à de Fromond. C'est vrai que c'était un sacré emmerdeur celui là, toujours à nous reluquer avec le sourire en coin...
Elle fronça les sourcils. Mais qu'est ce qu'elles avaient ces deux là à lui pourrir sa lecture ?
- Un vrai cinglé. Et alors ?
- Apparemment les flics ont du le coffrer où il s'est fait détruire par les critiques... Bref, le directeur et le comité ont dégotté quelqu'un d'autre pour nous faire cours dans l'amphi de morpho.
Mais elles le faisaient exprès ma parole ? A rire comme des pies … A perturber la quiétude du lieu, à emmerder le reste de la pièce pour des on dits ? Mais où est qu'elles se croyaient ? Au cirque ?
- C'est ok pour toi, mais et pour moi ? Ce prof s'occupait aussi des visites dessinées. On ne va tout de même pas se retrouver à 20 avec la Olmeyer ... Surtout qu'elle est cuite !
Elle referma son livre assez fort pour que les deux filles comprennent qu'elles dérangeaient. Mais trop tard … Elle décida qu'il vallait mieux retourner dans son atelier, vu que c'était le début de l'année, il y avait des chances pour qu'il n'y ait pas grand monde…
Quoi que … Depuis quelques temps, elle entendait de plus en plus de gens chuchoter le même nom : Voronine. D'autres gars en parlaient dans son atelier et apparemment ça jasait un peu car il s'agissait d'un prof plutôt atypique. Y'avait peu de choses sur lui sur internet, quasiment aucun livre ou monographie, le néant total. A se demander si cet homme n'était pas tout compte fait un fantôme... Le fait étant qu'il y avait dans cette école un penchant naturel pour le dessin. En tout il y avait quatre profs dont deux de Morphologie, un d'étude du vivant et une autre dont les activités exactes étaient plutôt floues... Quoi qu'il en soit, elle faisait partie de ces 20 malchanceux inscrits au cours de visite dessinée( dessin en extérieur ou dans les musées) et forcés à devoir subir la vieille excentrique d'Olmeyer, pour le meilleur et pour le pire.
- Cosette !
Elle grinça des dents. Parfois elle maudissait ses parents de lui avoir donné un nom pareil. C'est pas parce qu'on aimait les misérables qu'il fallait à tout prix donner à sa fille le nom de la pauvre petite malheureuse de service à la vie rocambolesque... Ca pourrait devenir prémonitoire !
- Cosette !
- Je t'ai entendu...
- Alors pourquoi est ce que tu ne réponds pas ? Je vais finir par croire que tu m'ignores.
Et si c'était le cas ? Cette fille un peu trop collante et sans gêne s'appelait Anne Chantal Verger, le genre de vieux prénom que tu peux sans problème transformer en Anne, Annie, Anna... Bref, c'était pas comme Cosette... Elle était américaine et avait un accent français à tomber. Elles s'étaient rencontrées par hasard l'an passé à un cours commun et depuis, cette dernière n'arrêtait pas de la suivre et restait collée à elle pire qu'une sangsue. Elles étaient dans deux ateliers différents mais ça n'empêchait pas cette dernière de venir fréquemment l'importuner sous couvert qu'aux yeux de tous elles semblaient bonnes amies.
- Tu as fini d'encoller ta toile à l'atelier technique ?
- Presque... Il me reste une couche que j'irai sans doute faire demain.
En fait cette dernière essayait de la faire parler mais ça fonctionnait pas trop... Elles marchèrent donc en silence jusqu'au bâtiment Chimey, le lieu où il y avait au rez de chaussée, la vie scolaire, les bureaux administratifs, les bureaux du dirlo, et la précieuse mais enquiquinante vie scolaire. Et une poignée d'ateliers plutôt versés dans la sculpture, dira t'on.
- Tiens regardes ! Ils ont dus le poster la semaine dernière lorsque t'as eu ton coup de froid. Ils disent que le nouveau professeur, Alexei Voronine, va faire un discourt de présentation dans l'amphi du murier ce soir vers 21h. Tu restes assister à la débâcle ? Apparemment il risque d'y avoir foule.
- Je n'ai rien de mieux à faire...
L'autre prit ça pour un oui.
...
19 heures, soit une heure avant le lâcher des fauves. La nomination subite d'un professeur inconnu a bouleversé les règles du jeu aux beaux arts et élèves, nouveaux comme anciens de même que critiques d'art se sont tous donnés le mot pour assister à la scène, comme s'ils attendaient qu'un malheur n'arrive... Donc si elle récapitulait bien, il allait non seulement être son futur professeur de dessin du mercredi après midi, mais aussi un directeur d'atelier. Il avait été décidé qu'il serait en charge de l'ex atelier Foresner, l'artiste en question étant dans l'incapacité d'enseigner puisqu'il avait été invité en Allemagne pour l'année. Alexei Voronine était donc en remplacement… Mais quand même ! Choisir un inconnu sortit de nulle part… Le directeur avait du toupet.
Lorsqu'elle arriva, il y avait une foule terrible devant la porte et pourtant, Anne Chantal parvint tout de même à la localiser et à la tirer jusqu'à elle.
- T'es en retard, je t'avais pourtant bien dit d'arriver en avance !
- J' ai pas vu l'heure passer.
-Toi alors !
Cosette ne répondit pas. Déjà que ça la saoulait de rester aussi tard et d'être coincée dans cette marrée grouillante de clown endimanchés... Elle voulait retourner s'enfermer chez elle, à l'abri, en sécurité... Mais il en était autrement. Les portes s'ouvrirent et le monde s'engouffra dans la pièce, certains en profitaient même pour se bousculer ou encore se marcher sur les pieds afin d'obtenir la meilleur place possible. D'autres tout au fond avaient pensés aux jumelles ou aux appareils photos …
- Comme si nous assistions à une exécution publique...
- Tu as dit quelque chose ?
- Non, rien.
Trente minutes de passées et le bruit résonnait furieusement dans l'auditorium. On s'impatientait. On pestait. L'ambiance bonne enfant devenait agressive, brutale et cruelle. Certains commençaient même à faire courir de faux ragots et ça l'agaçait fortement. Elle se boucha les oreilles tout en continuant malgré elle à être réceptive aux grondements. Et puis plus rien.
En un instant, la pièce s'était nimbée de silence. A cet instant précis, tous furent immédiatement conquis par cet homme. L'inconnu se changea très vite en ami de longue date, en frère... En une présence sincère et amicale que personne ne croyait pervertie ou fabriquée de toute pièce. Ce fut si saisissant que même les critiques les plus médisants auraient pu lui manger dans la main ( ne cherchons pas à savoir le quoi ou le qui ).
Lorsque Cosette ouvrit les yeux, elle croisa un regard marron chaleureux et un homme d'une tenue irréprochable dans son costume de marque fait sur mesure. Il émanait de lui un éclat de perfection, comme s'il était d'un autre temps...
...
Deux heures plus tard, Anne Chantal et Cosette étaient sur le chemin du retour, à marcher tranquillement sur le pont des arts. L'une parlait trois ou quatre fois plus que d'habitude, l'autre s'était presque transformée en nature morte.
- Il est vraiment incroyable ! Et si beau ! C'est mon âme sœur ! Il a un super look ! Et tu as vu l'éloquence et le charisme ...
En fait, elle ne l'écoutait plus. Elle était comme dans un état second, à avoir la chanson de Brassens qui lui tournait en boucle dans le crane à le lui fendre en deux …
Si, par hasard
Sur l'Pont des Arts
Tu croises le vent, le vent fripon Prudenc', prends garde à ton jupon
Si, par hasard
Sur l'Pont des Arts
Tu croises le vent, le vent maraud Prudent, prends garde à ton chapeau
Bien sûr, si l'on ne se fonde
Que sur ce qui saute aux yeux
Le vent semble une brut' raffolant de nuire à tout l'monde
Mais une attention profonde Prouv' que c'est chez les fâcheux
Qu'il préfèr' choisir les victimes de ses petits jeux
- Dis tu m'écoutes ? Cosette…
Le vent soufflait fort cette nuit là et leur giflait le visage avec mécontentement. La bulle était comme prête à exploser…
- Cosette !
Avant même que cette dernière ne s'en rende compte, elle sortit son cutter dont elle se servait pour tailler ses crayons car plus pratique qu'un taille crayon qui s'enraye en permanence... Et elle lui trancha la gorge tellement vite que cette dernière n'eut même pas le temps de pousser un cri strident avant de basculer par dessus bord. Elle remit son manteau noir pour cacher ses habits ensanglantés, jeta le cutter dans l'eau et repartit sur l'autre rive sans trop y penser.
Si par hasard,
Sur l'Pont des Arts,
On voit du noir …
Et c'est d'un rouge par-ci d'un rouge par là,
parce qu'une tarée y creva,
Si par hasard,
Sur l'Pont des Arts,
Il est très tard,
Et c'est pour cette raison là,
qu'on y verra n'importe quoi.
à suivre...
