Avec cette fanfiction, je fais une petite infidélité au style « scénario » généralement employé dans les fanfictions Kaamelottiennes.

Comme vous le savez, Alexandre Astier ayant annoncé la parution d'un recueil de nouvelles qui correspondra au livre VII (qui ne sera pas filmé pour la télévision comme c'était initialement prévu) je me suis dit que ce n'était pas faire offense à Kaamelott que d'écrire dans un style plus classique, même s'il ne s'agit pas de la suite du livre VI mais d'une histoire que vous n'aurez pas trop de mal à situer si vous connaissez la Série.

Je vous livre là le premier chapitre de cette histoire qui n'en comptera que deux, voir trois. La suite est en cours d'écriture et bien avancée.

Disclamer : La table ronde la légende Arthurienne et nombre de ces personnages appartiennent au domaine public. Certains personnages ainsi que la vision « Kaamelott » de l'univers appartiennent au génialissime Alexandre Astier. Pour les autres personnages ils sortent tout droit de mon imagination, mais appartiennent à qui voudra bien leur donner vie.

Référence : Cette fanfiction est inspirée de l'épisode « L'habitué » (épisode 65, livre IV) et fait également référence à l'épisode « les affranchis » (épisode 21 livre III)

Remerciements : Merci à Armenius, d'avoir donné un peu de son temps pour bêta-lire ce texte.


Yuna – Chapitre I

Le jeune Gail essayait de se réchauffer en se frottant les mains. Une pluie glacée tombait depuis quelques heures déjà et le vent d'Est, qui n'avait pas cessé de souffler de la journée, n'arrangeait pas les choses. Il n'avait qu'une envie : s'allonger sur sa paillasse.

Un hennissement lointain le sortit de ses pensées. Gail scruta l'obscurité, mais la nuit était bien trop sombre pour distinguer quoi que se soit sur le chemin. Enfin il entendit clairement le bruit des sabots sur la terre détrempée. La silhouette d'un cavalier et sa monture apparurent alors, avançant au pas dans sa direction.

Gail se leva, essuya du dos de la main l'eau qui dégoulinait sur son visage, étalant au passage la crasse qu'elle avait décollée.

Il offrait au voyageur un bien triste spectacle : celui d'un jeune garçon de quinze ans qui en paraissait à peine douze tant il était menu.

Il saisit les rennes que lui tendait le cavalier et essaya de maintenir le cheval tandis que son maître en descendait.

C'était une très belle bête et Gail ne pu s'empêcher de lui flatter l'encolure.

- Il s'appelle comment ?

La question lui avait échappée. Il avait ordre de ne pas importuner les clients, juste de s'occuper de leurs chevaux et surtout de la fermer.

- Quoi ?

- Vot' cheval, il s'appelle comment ? répéta-t-il.

- Qu'est-ce j'en sais ? C'est un cheval, c'est tout.

- C'est dommage qu'une aussi belle bête ait pas d'nom.

- Ben, si t'as une idée, t'as qu'à lui en donner un. C'est pas trop mon truc de trouver des noms pour les bestiaux.

Puis l'homme dont le visage était dissimulé par le large capuchon de sa cape s'éloigna vers l'auberge.

- Hé petit !

Gail qui s'apprêtait à conduire la bête à l'écurie se retourna et saisit au vol l'objet que l'homme venait de lui lancer. Lorsqu'il ouvrit sa main ses yeux s'écarquillèrent d'étonnement. Une pièce d'argent rutilante était posée dans sa paume calleuse.

C'est d'un pas plus léger qu'il reprit la direction de l'écurie.

- Allez viens Cheval, j'vais bien m'occuper d'toi.

Le voyageur quant à lui avait atteint la porte de l'auberge. Lorsqu'il la poussa, il fut pris à la gorge par l'odeur du bouge : un mélange incertain de suif, de vinasse et d'urine.

Au comptoir, le patron, un homme à la stature imposante essuyait des chopes tout en gardant un œil attentif sur sa clientèle.

Lorsqu'il aperçu le nouveau venu, il le reconnut immédiatement.

- Ah ben c'est vous ! lui lança le tavernier avec le sourire qu'il réservait aux clients qui payaient rubis sur l'ongle. Y avait un moment qu'on vous avait pas vu dans le coin.

- J'avais à faire.

- J'vous sers un p'tit que'qu'chose ? demanda le tavernier tout en posant sur le comptoir une chope et une bouteille.

- Non ça ira. Je veux juste une chambre pour la nuit, refusa l'homme alors que l'aubergiste s'apprêtait à le servir.

- Allez ! Une p'tite chopine ! Ca vous réchauffera ! Avec c'qu'est tombé ce soir, ça s'ra pas du Luxe !

- Je vous ai dit non, répondit le voyageur d'un ton sec.

- Bon… On a dit une piaule… Et sinon pour la compagnie ?

- Comme d'habitude.

L'aubergiste sembla embarrassé.

- A ben… je crois qu'ça va pas être possible.

- Pourquoi ? Elle est plus là Yuna ?

- Si, si elle est là, mais elle est occupée, si vous voyez ce que je veux dire, répondit l'aubergiste avec un regard qui ne laissait pas de place au sous entendu. En revanche j'peux vous proposer aut' chose. Hé, toi, viens par ici !

Une fille qui devait avoir tout au plus dix-sept ans s'approcha. Son corsage trop étroit peinait à dissimuler une poitrine opulente. Son ravissant visage était mangé par deux grands yeux verts si caractéristiques des filles de la région tout comme sa chevelure rousse.

En s'approchant du voyageur elle passa une langue aguicheuse sur ces lèvres roses. Toute l'innocence qu'il avait décelée en elle venait de disparaitre.

- Non, ça ira… Je suis venu pour Yuna.

- Mais Berhed est très bien! J'vous assure ! C'est ma meilleure fille. En générale elle fait que du bourgeois alors que Yuna elle est plus du genre fille à soldats, si vous voyez ce que je veux dire.

- C'est pas grave, j'attendrais.

- Ben c'est qu'le gars avec qui elle est, il l'a prise pour la nuit.

- Dans ce cas, vous allez la chercher…

Il posa sur le comptoir une pièce en or que l'aubergiste s'empressa de faire disparaitre.

- A ben là, c'est vrai qu'ça remet les choses en perspective ! Et toi, va chercher Yuna et conduis-la à la chambre de monsieur, lança-t-il à Berhed. Et si l'client y râle, ben t'auras qu'à prendre sa place.

La petite rousse disparut dans l'escalier sous les rires gras de son patron.

Le voyageur, quant à lui, n'avait pas attendu pour prendre le chemin de la "plus belle chambre". Le propriétaire des lieux la lui avait présentée comme la chambre "royale" la première fois qu'il était venu. Selon lui, le roi Arthur y avait passé la nuit.

Ca l'avait fait sourire. Aucune personne sensée ne pourrait croire qu'un roi aurait accepté d'y passer ne serait-ce qu'une heure.

C'était une pièce plutôt petite et mal entretenue. Le long d'un des murs était posé un lit dont le matelas était composé de paille séchée. Peut-être devait-elle son nom de "royale" au fait que les draps, bien qu'usés jusqu'à la trame, semblaient propres.

Il posa sa bougie sur une petite table et lança ses fontes sur le lit. Puis il retira sa cape, dévoilant enfin son visage. Le Roi Arthur s'étira alors pour détendre ses muscles fourbus par sa longue journée de chevauchée.

Le grincement de la porte mal huilée se fit entendre. Une jeune fille à la longue chevelure brune apparut dans l'embrasure. Dès qu'elle l'aperçut, elle se précipita dans ses bras.

Leur étreinte dura un long moment sans qu'un mot ne soit échangé. Juste Yuna, les bras autour de sa taille, s'accrochant à lui comme si sa vie en dépendait et lui, les lèvres sur sa belle chevelure, simplement heureux d'être là.

- Oui, à moi aussi tu m'as manqué… lui susurra-t-il à l'oreille.


N'oubliez-pas que mon seul salaire ce sont vos commentaires, alors « A vot' bon cœur Messieurs Dames. »