Bonne lecture.
Le matin, planque principale de la Confrérie des Assassins, Jérusalem.
Malik se réveilla avec une terrible migraine. Le soleil brillait déjà au-dessus de Jérusalem.
Pourquoi avait-il l'impression que la journée allait être rude ? Malik en chercha longuement les raisons, avant de se souvenir que le désastre était toujours assuré par la seule présence d'Altaïr. Qui sait dans quels problèmes il s'était embourbé, car la chose était assurée: Altaïr avait toujours des problèmes. Quand Malik était de plus mauvaise humeur, il allait même dire que le seul véritable problème d'Altaïr était d'être en vie. Mais souhaité la mort de quelqu'un (d'un frère qui plus était) était une terrible chose à faire. Alors Malik essayait de lister d'autres raisons, moins graves.
Si l'un de ses frères ou l'une des ses soeurs, avait besoin de son aide, Malik allait la leur donner: du moment qu'il ou elle ne mettait pas en danger la Confrérie, il était de son devoir de porter assistance à tous ceux en ayant besoin. Cependant la chose était moins assuré sur l'Assassin en question était Altaïr.
Toutefois aujourd'hui Malik ne se sentait pas bien. Il avait mal à la main. Celle qu'on lui avait amputée. Et comme à chaque fois quand il s'en apercevait, la douleur devenait plus forte; et Malik était d'une humeur de chien. Alors aujourd'hui, si Altaïr venait à causer des problèmes (comme à chaque fois), Malik ne bougerait pas du petit doigt.
Le midi, planque principale de la Confrérie des Assassins, Jérusalem.
La confection des cartes était un art délicat que Malik maîtrisait déjà bien avant de savoir se battre à l'épée. Toutefois, il avait dû, après l'amputation de son bras, réapprendre à dessiner. Pour ainsi dire, il avait dû réapprendre tout: se tenir debout et assis, marcher, courir, sauter, manger, écrire, dessiner... parfois, il avait l'impression qu'il devait même faire un effort pour respirer! Heureusement, le plus dur était passé: il avait enfin reprit des habitudes, reprit son aise avec son propre corps.
Cela ne voulait pas dire qu'Altaïr était devenu un ami. Bien au contraire. La seule mention de son nom donnait à Malik une vive envie de vomir.
Bref.
Malik s'employait donc au dessein d'un des quartiers de Jérusalem. L'un des novices avait repéré des activitées inhabituelles de Templier, et Malik voulait le noter avant que l'information ne soit perdue. L'archivage était une partie intégrante de son travail.
" Malik !"
Mais qu'ai-je fait au bon Dieu... Pensa Malik, en levant les yeux au ciel. La voix était celle d'Altaïr: aucun doute la-dessus. Et vue l'urgence, les Templiers lui courraient après. Malik interrompit donc sa séance de cartographie pour aller fermer le toit du bureau. La règle était clair: aucun Templier ne devait se douté de la présence d'un bureau d'Assassin. Et cela s'appliquait même si la vie d'un frère ou d'une soeur était en jeu. Le verrou enclenché, Malik attendit contre le mur que l'action vienne, puis passe.
Quand Altair apparu sur le toit, Malik eut un rire nerveux. Evidemment.
« Malik ! Ouvre-moi ! S'écria-t-il. »
Malik ne desserra pas les dents. Les templiers étaient aussi sur le toit à présent. Trois chevaliers bien armés. Altair avait apparemment une blessure au biceps droit et une vilaine coupure au côté gauche. Et à sa manière de se déplacer, il s'était fait une entorse à la cheville ou quelque chose de la sorte.
Altair parvint à pousser l'un des templiers hors du toit. Un long cri témoigna de la hauteur du bâtiment. Plus que deux ennemis. Aller, faites un petit effort, bandes d'idiots… Pensa Malik espérant secrètement voir Altair recevoir une bonne correction. Nom de… Il se défend bien le bougre...
Puisque Altair semblait vouloir vivre, Malik n'avait donc pas d'autre choix que d'intervenir. A contre cœur, certes.
Le chef de repère sortit donc par la porte du fond. Celle-ci menait dans un souterrain dont l'unique ouverture menait dans un coin isolé encombré par de multiples objets inutiles, le mettant donc à l'abri des yeux indiscrets. Malik fit le tour du bâtiment et monta comme il pu l'échelle. Une fois sur le toit, il analysa calmement la situation. Altair était définitivement en mauvaise posture. L'un des Templiers avait les tripes à l'air, mais l'autre avait été chanceux et avait fait tomber l'assassin. Celui-ci étant affaiblit par ses blessures, il ne pouvait plus que subir les attaques. Malik sortit son épée et avec deux gestes fluides, décapita cet imbécile portant une croix rouge sur son armure. Le corps tomba sur Altaïr, qui eut du mal à s'en débarrasser.
Il y eu un silence où Malik toisa du regard Altaïr. Ce dernier était sur le dos, jambes et bras écartés, retrouvant son souffle et un peu de calme.
"Tu as pris ton temps..." Grommela Altaïr.
"Je te conseille de te taire avant que j'oublie où j'ai rangé mon matériel de soin." Coupa froidement Malik. "Je trouve que tu as même de la chance que je sois intervenu. Il y a un an de cela, tu n'aurais pas eu cet honneur."
Si le regard pouvait tuer, Malik aurait été assassiné sur place. Mais Altair avait cumulé une nouvelle collection de plaies sanguinolentes: il ne pouvait se permettre de s'embrouiller (une fois de plus) avec l'homme qui pouvait lui sauver la vie. Quand il essaya de se lever, Altaïr fut transi par la douleur. Tout son corps le fit souffrir. Sa vue se brouilla, ses nerfs et ses membres s'engourdirent. Sa tête se mit à tourner, ses sensations devinrent inexistantes. Alors, sans vraiment s'en rendre compte,il s'écroula sur ce toit, en plein soleil.
Le danger était passer, mais la situation était toujours aussi critique. L'urgence demandait à Malik de réagir, et vite. Il déverrouilla le toit, et descendit Altaïr dans la sécurité du repère. Il commença les soins.
Le bras d'Altaïr était sauf, mais la plaie saignait énormément. Jamais Malik n'avait vu son frère d'arme aussi pâle. La blessure au côté n'était pas aussi inquiétante, même si le sang s'y échappait abondemment, probablement à cause des efforts fournis un peu plus tôt. L'heure qui suivit se résumait à Malik se battant en duel avec la Nature. Arrêter l'hémorragie, nettoyer les plaies pour qu'elles ne s'infectent pas, protéger le tout par des pansements propres. Même avec cela Altaïr était dans un état semi-conscient, délirant à l'occasion, pâle comme un cadavre et faible comme un chat malade.
"Kadar t'admirait. Jusqu'à la fin. Même si sa mort était de ta faute, il t'adorait." Dit Malik, le dos contre le mur, attendant qu'Altaîr reprenne conscience. Il parla de vive voix, mais espérait ne pas être entendu. "Et puis, même si tu me l'as arraché, je ne peux m'empêcher de me souvenir de l'ancien Altair. Celui avec qui j'allais tester la patience d'Al-Mualim. L'a-t-on jamais énervé ? Je crois ne jamais l'avoir vu aussi en colère que lors de notre retour désastreux des ruines à Jérusalem. Pour dire... Qu'avions-nous pas fait? Saboter la herse de Masiaf, cacher des épines dans le lit d'Abas, coupé le vin des adultes avec de l'eau... Et puis les fois où tu "tombais malade" juste avant les cours de natation !"
Malik ne pu retenir un rire amusé.
"Je m'en souviens comme si c'était hier, de la première fois où on nous a mis à l'eau. Tu étais avait tellement peur à l'idée d'être dans la rivière que tu avais tournée de l'oeil. J'avais dû te repêcher au fond de l'eau... Je me souviens aussi que Kadar voulait absolument qu'on aille dans la rivière avec lui. Il adorait l'eau... Je n'ai jamais su comment tu faisais pour lui résister... il était tellement adorable ! Ah! Et notre premier saut de la foi. Tu m'avais poussé... Petit enfoiré... Je crois n'avoir jamais eu aussi peur de ma vie ! Heureusement que je t'avais attrapé par la ceinture avant de tomber! Tu aurais dû voir ta tête! Plus blanc que les robes de Basma!"
Malik eut une pensée pour cette femme.
"Cette femme s'était occupée de moi et Kadar quand nous nous sommes retrouvées sans parents." Expliqua Malik. "Une amie d'Al-Mualim avec un caractère qui te faisait passer l'envie de grignoter entre les repas. Mais elle était gentille au fond, elle était juste inquiète pour nous. Je ne sais pas si tu te souviens d'elle. Ce n'est pas comme si vous vous croisiez souvent. Elle ne se fait plus très jeune maintenant... en y pensant, je ne sais pas grand-chose d'elle. Je devrais aller lui parler avant qu'elle ne nous quitte."
Il y eut un silence. Malik pouvait entendre Altaïr respirer. Cela semblait être difficile, mais au moins dormait-il normalement. Le Chef de Repère regarda son unique main. Quel gâchis. Pensa-t-il.
"Oui... Quel gâchis." Finit-il par dire tout haut. "Je comprend pas comment nous en sommes arrivé là. Je ne comprend pas comment tu en est arrivé là. Nous faisions les quatre-cent-coups ensemble; puis tu est devenu... mauvais. Ce jour-là, dans les ruines... Ce n'est pas que mon frère que j'ai perdu. Mon meilleur ami avait disparu aussi; mais je ne m'en étais pas rendu compte... Pas avant que le pire n'arrive."
Il y eut un silence.
"Je prie parfois; pour que tout redevienne comme avant." Dit Malik, avant de se lever pour reprendre son travail de cartographie.
Alors que Malik s'afférait à l'étude des cartes et autres documents, Altair ouvrit les yeux. A l'abri des regards, il se mit sur le côté pour épargner une blessure douloureuse dans le dos. Il ne l'avouera jamais à Malik, mais il avait entendu. Tout. Depuis le début. Il se souvenait bien de Basma. Il se souvenait de la fois où il avait pousser Malik pour leur premier saut de la foi. Il se souvenait de sa terreur pour l'eau.
Il se souvenait de son affection pour Malik. Ce sentiment de l'avoir trahit ne l'avait pas quitter depuis cette maudite journée dans les ruines. Il ne se passait pas un jour sans qu'il espère qu'un templier soit chanceux; sans qu'il rêve de présenter, une fois de plus, ses excuses à Malik; où il ne regrettait pas Kadar.
"Moi aussi je prie." Murmura-t-il.
Il se tourna à nouveau pour essayer de trouver un peu de sommeil. Mais les douleurs étaient nombreuses, et toutes n'étaient pas forcément visible.
Voilà donc la fin de cette petite fiction.
En espérant qu'elle vous a plus,
j'attend avec impatience vos impressions!
