Titre : Les droits des mort(e)s
Auteur : ylg/malurette
Base : LastMan
Personnages/Couple : Tomie Katana(/Richard Aldana), Siri
Genre : drama
Gradation : PG / K-plus
Légalité : propriété de Balak Vivès Sanlaville Périn ; je ne cherche ni à tirer profit ni à manquer de respect.

Thème : « the dead don't need justice » d'après 31 days (march 8th '18)
Prompt : journée internationale des droits de la femme
Continuité/Spoil éventuel : jusqu'au bout du cartoon, deuxième arc de la BD, et Soir de Match
Note : fic compagne à une autre pour ladies bingo
Nombre de mots : 500

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Les morts n'ont pas besoin de justice, parce qu'il est trop tard pour eux. On ne peut plus leur rendre la vie ; enfin… à de très rares exceptions près, et est-ce vraiment souhaitable dans ces conditions ?
L'ôter à leurs meurtriers, c'est plus de la vengeance. Éventuellement c'est espérer une protection pour ceux encore vivants qui ne succomberont pas à leur tour. En théorie c'est donner un exemple pour qui devraient apprendre à ne pas en faire autant.
Mais ça ne change rien pour ceux, celles surtout, qui sont déjà mortes. La victime idéale c'est celle qu'on a tuée et dont on a fait disparaître le corps, celle qui n'est plus là pour se plaindre, qui n'a personne pour réclamer qu'on la retrouve.
La justice pour les proches laissés derrière, c'est toujours délicat à gérer.

Tomie sait que les victimes d'abus sexuels ou conjugaux sont tellement plus souvent des femmes – et qu'il y a des hommes aussi hein, ça arrive, entre eux ou aux mains de leurs compagnes. Reconnaissez-nous le droit d'être nous aussi des connasses abusives de temps en temps ! Ça ne devrait pas arriver du tout, dans un sens ni dans l'autre, mais on ne va pas nier non plus et cantonner les filles dans un rôle soumis d'innocentes.
Elle-même ne s'est longtemps souciée de rien. Elle savait, objectivement, et elle se débrouillait pour que ça ne lui arrive personnellement aussi peu que possible. Elle prétendait vouloir rendre la vie plus belle avec ses chansons… ouais, c'était surtout qu'elle voulait être célèbre et qu'une fois qu'elle a goûté l'ivresse de la gloire le combat ordinaire ne comptait plus beaucoup.

Depuis elle a été témoin impuissant du malheur. Et il a fallu qu'elle soit traitée comme une merde par son producteur – elle ne avait tristement pris l'habitude et elle n'aurait jamais dû – puis par son propre mari – qui n'avait peut-être pas mérité sa seconde chance, finalement – et enfin de mourir elle-même, de couper les derniers liens avec ce passé douloureux, pour trouver la force de vouloir changer enfin les choses, de façon plus musclée.
Elle se doute qu'on ne la prendra pas tout de suite au sérieux : passer de pop-star sur le retour à femme politique pleine d'ambitions, ça lui vaudra quantité de quolibets. Mais à ça aussi, elle est habituée. Et le fait même d'avoir dû s'habituer aux moqueries, au mépris, lui donne la rage pour le faire.
Dix ans après, elle fait ça pour elle-même, pour toutes les victimes anonymes, et en souvenir d'une petite fille qu'elle a aimée et qui a connu un destin tragique.

C'est bien beau de dire , plus jamais ça, mais elle ne se fait pas d'illusion : elle va contribuer à changer les choses, mais ça va être long et difficile, et il y en aura quand même d'autres entre-temps. Alors que ça change le plus vite et le plus durablement possible, et qu'il y en ait le moins possible dans l'intervalle, c'est tout ce qu'elle peut souhaiter.