A/N : Bonjour bonjour. C'est la première fois que j'ai le courage de poster une fic en ayant la RÉELLE intention de ne pas m'arrêter au bout de deux chapitres, je mérite un grand bravo !
Je dédie cette fiction à KiwiiChann, ma plus grande fan avant même d'avoir commencé à la lire :D
Sinon, il y a juste une petite précision que je dois faire. L'idée principale sur laquelle j'ai fondé cette histoire, c'était de montrer l'ambiguïté de la magie. L'une des seules choses que j'ai regrettées dans ces bouquins, c'est la vision très noire et blanche (manichéenne, comme dirait notre ancienne prof de français) et le fait qu'on n'explique pas assez la Magie Noire. Du coup, j'ai décidé de donner mon interprétation sur cette magie ô tant haïe.
Voilà voilà, bonne lecture !
La Répartition m'a toujours parue infiniment longue. Lorsque je suis arrivée à Poudlard, j'ai écarquillé les yeux devant toute cette opulence, devant le nombre d'élèves, devant la magie qui irradiait littéralement de ces lieux. Je pouvais la sentir entrer dans chaque pore de ma peau, électriser le moindre de mes cheveux, effleurer mes doigts.
Je compris instantanément qu'ici était ma place. Et, contrairement à la plupart des autres enfants de mon âge, je ne fus pas du tout nerveuse à l'attente de mon nom. Je me doutais de la Maison dans laquelle j'allais être répartie.
Alors quand le Choixpeau m'envoya chez les serpents, j'y avançai tranquillement sans la moindre peur.
Le reste de la Répartition me parut interminable.
Aujourd'hui, elle l'est toujours, et ce malgré l'arrivée de mon petit frère. Car je sais très bien que ce charmant garçon, fougueux et étincelant, ira à Gryffondor. Hyperion, nommé ainsi en l'honneur de ma mère qui est une Black, a toujours été en faveur de la justice et de l'égalité. Dans ma famille, on nous a toujours enseigné que nous étions supérieurs aux Sangs-Impurs, car notre lignée était honorable et dépourvue de la moindre goutte de sang Moldu.
Hyperion n'est déjà pas tout à fait convaincu de ceci, même s'il a l'intention de prolonger la pureté de notre famille. Du coup, je me doute bien que dans cette Maison, il ne tardera pas à changer d'avis sur la question, et finira par se dire que pureté du sang ou pas, nous ne sommes finalement pas si différents les uns des autres.
Les enfants appelés défilent les uns derrière les autres, parfois soulagés, parfois complètement perdus il y a de toute évidence plusieurs Nés-Moldus, qui n'ont encore aucune idée de la différence énorme entre les différentes Maisons, et ne reconnaissent pas forcément en eux les qualités requises pour intégrer une d'entre elles … Ou les défauts, aussi.
Évidemment, on retrouve très souvent des défauts semblables chez les élèves d'une même Maison. Souvent, ils vont de paire avec leurs qualités.
Les Serdaigles ont une fâcheuse tendance à l'autosatisfaction, les Gryffondors se servent rarement de leur cerveau et ont beaucoup de fierté, les Poufsouffles sont bien trop gentils, et les Serpentards … Et bien, ils ont généralement un peu trop d'ambition et lèguent à leurs enfants l'orgueil des Sang-Pur, puisque 90% des Serpentards sont issus de grandes lignées. C'est purement statistique.
Lorsque mon frère est enfin appelé, le Choixpeau effleure à peine son crâne avant de lancer un « GRYFFONDOR ! » tonitruant. J'esquisse un sourire en voyant mon cousin Sirius l'accueillir à bras ouverts en le félicitant.
- Quel gâchis … lance Lucius Malefoy à côté de moi.
Je le toise d'un regard froid.
- Aller à Gryffondor n'est en rien une honte, Lucius, réplique Emma d'une voix égale. Cela signifie simplement que notre charmant petit frère est courageux et fort, et attaque les problèmes à la racine sans chercher de moyen détourné, comme nous pouvons parfois le faire.
- C'est la Maison qui regroupe le plus d'élèves au sang impur, répond-il d'un ton méprisant.
- Certains élèves sont Nés-Moldus, certes, dis-je fermement. Mais il y a également des héritiers de très bonnes familles à Gryffondor. Peu importe la Maison dans laquelle va mon frère, du moment qu'il fait honneur à notre famille et prolonge notre lignée afin qu'elle reste pure.
Lucius soupire et esquisse une ébauche de sourire en me regardant.
- Je n'avais pas du tout l'intention de t'offenser, Elinor. Je suis totalement conscient qu'Hyperion est loin d'être un cas désespéré comme ne va pas tarder à l'être ce crétin de Sirius, ajoute-t-il d'un ton plus dur. Mais il serait quand même préférable pour lui de ne pas s'approcher plus que nécessaire des déchets, même s'il est très sociable. Hyperion a une fâcheuse tendance à être trop gentil pour son propre bien, et je ne voudrais pas qu'il se fasse manipuler par des personnes mal intentionnées cherchant à profiter de votre honorable famille.
Malgré l'antipathie que m'inspire Lucius (pour ne pas dire que je déteste ce type, restons mesurés) il n'a pas tort sur ce dernier point. Hyperion a toujours été trop gentil, trop compréhensif, trop tolérant. Un peu naïf aussi. Tout ce qu'on ne peut pas se permettre dans un monde aussi impitoyable que le notre, celui des lignées sorcières de Sang-Pur.
Enfin, il n'est jamais impoli en bonne société, et a des manières impeccables. J'imagine que c'est déjà mieux que rien, même si ça ne suffit pas pour un sorcier de Sang-Pur.
- Tu ne m'as pas offensée, Lucius, alors ce n'est pas la peine de t'excuser. Tu n'as pas tout à fait tort, de toute façon. Mais j'aimerais qu'à l'avenir tu te gardes de faire des commentaires dégradants à l'égard de mon propre sang, surtout lorsqu'il s'agit d'une personne aussi admirable que mon petit frère.
- Je ferai attention, charmante Elinor.
Je frissonne. Je n'aime pas quand il fait ça. Il est fiancé à Emma. Emma aux traits fins, au charme redoutable, à l'attitude toujours froidement polie. Emma, la parfaite héritière d'une famille de Sang-Pur. Ma grande sœur. Et pourtant, parfois, il donne l'impression de m'accorder plus d'importance qu'à elle. Pas comme un garçon accorde de l'importance à la fille qu'il aime, non, plutôt une sorte de convoitise étrange. Aussi longtemps que je m'en souvienne, j'ai toujours distingué une étincelle d'intérêt indéfinissable dans ses yeux.
Et je ne suis pas sûre de vouloir connaître la nature de cet intérêt.
Lucius Malefoy est un jeune homme que chaque Sang-Pur rêverait d'avoir pour gendre ; il est issu d'une grande lignée, est charismatique, résolu, intelligent, affiche des qualités de meneur, saura sans doute s'imposer sur les plans politique et économique, et a déjà, à dix-sept ans, une influence grimpante. Il ne fait jamais de faux pas en société. Par ailleurs, il est beau. Ses traits possèdent cette finesse aristocratique que l'on attribue souvent, à tort, aux lignées de Sang-Pur. (Regardez donc la famille Crabbe : ils se traînent un visage dur et rond depuis des générations, en plus de leur légère surcharge pondérale.
… Bon, ok, ils ont tous une bonne trentaine de kilos en trop, et garçons comme filles sont touchés par cette malédiction de la laideur familiale. Ça peut paraître méchant, mais c'est simplement honnête.)
Mais Lucius Malefoy, c'est aussi et avant tout un connard manipulateur très tourné vers les forces du Mal, qui s'intéresse de près au Mage Noir qui fait de plus en plus parler de lui, et méprise tant les sorciers de sang impur qu'il en est réellement effrayant.
La Répartition se termine, le directeur fait son discours habituel aux nouveaux arrivants, désigne les endroits interdits aux élèves, les actes passibles de punition, puis présente les professeurs sous le regard glacial de Lucius.
- Je ne comprendrai jamais comment Hagrid a été admis ici comme garde-chasse, lâche-t-il d'une voix dégoulinante de venin. Il a de toute évidence du sang de géant dans les veines. Répugnant. Quelle honte pour notre école. Nous sommes à Poudlard, l'une des meilleures écoles de sorcellerie au monde. A ce rythme, les elfes de maison seront nos professeurs.
Je ne réponds rien, peu désireuse de hausser la voix contre Lucius en public. Certes, tout le monde sait que j'ai mon caractère, mais mes parents m'ont fait promettre de faire des efforts et de garder mon calme. Une chose cruciale en société. Et puis, si je me lance dans un débat contre lui, je serai la seule à m'énerver, il se contentera de me répondre d'une voix calme, du ton presque affectueux que l'on emploie envers les enfants que l'on aime bien. Et ça me met hors de moi. Je ne suis pas une gamine, et je ne suis pas son amie.
De toute façon, sans pour autant considérer Hagrid comme mon égal, je lui porte un respect certain. Il est aimable et m'a déjà aidée en de nombreuses occasions. Et son thé n'est franchement pas mauvais.
- Il me semble bien avoir déjà entendu parler du professeur de Défense, réalise alors ma grande sœur. Marcus Shepard ? Il était, il y a quelques années, un directeur du bureau des Aurors réputé impitoyable.
- Du moment qu'il fait bien son boulot … je soupire.
Mon regard fouille la table des Gryffondors, et je retrouve facilement mon frère. Il rit aux éclats, entouré d'élèves de son âge. Un peu plus loin, Sirius le regarde avec affection, amusé. Je souris. Hyperion, au moins, est sûr de passer une scolarité amusante, et d'être protégé par son cousin farceur et ô combien populaire. Sirius a énormément de charme, il a toujours fait tomber les filles comme des mouches. Même si, honnêtement, c'est un crétin.
- Tu es douée, de toute façon, remarque Lucius en me faisant sortir de mes pensées. Mais si tu rencontres des difficultés parce que ses méthodes de travail ne te conviennent pas, n'hésite pas à venir me voir. Je serais ravi de t'apporter mon aide.
- Merci bien, Lucius, mais je ne pense pas que ce soit nécessaire, je réponds d'un ton poli mais ferme.
- Ta fiancée va être jalouse, Lucius, ricane alors Evan Rosier.
- Ne dis pas de sottises, Evan, répond Emma.
Mais la soudaine tension dans ses épaules dément ses paroles.
Evan Rosier est une personne que je pourrais apprécier. Il est plutôt aimable -mais pas trop quand même, c'est un Serpentard, ne l'oublions pas-, drôle et sympa avec moi. Mais il assume bien trop son dégoût total des sorciers Nés-Moldus pour me mettre à l'aise. Je ne tiens pas plus que ça à me mêler à eux, mais je n'ai rien contre leur présence, et leur conversation est parfois très intéressante. Tenez, Lily Evans, que je n'apprécie absolument pas -ce qui n'a rien à voir avec son sang- est douée dans beaucoup de matières, et a rarement des notes en dessous d'Acceptable.
Severus aussi -qui est de Sang-Mêlé directement de son père- est un très bon élève. En plus, il excelle en Potions, qui est d'ailleurs sur le podium de mes matières favorites, bien qu'elle soit à égalité avec l'Etude des Runes. Et comment ne pas s'entendre avec un garçon passionné de potions ?
- Emma sait très bien que l'affection que je porte à sa petite sœur est purement fraternelle, objecte alors Lucius. Elle est une enfant précieuse de la famille Fawley, elle est notre amie, et il est de notre devoir de l'aider, de la guider et de la protéger. N'est-ce pas ce que vous pensez tous, ici ?
Là encore, il est assez proche de la vérité. Mes aînés de Serpentard, et même mes camarades de classe, m'ont depuis longtemps regardée comme une sorte de petite sœur à protéger. Toujours est-il que leur attachement me fait plaisir autant qu'il m'effraye, car je sais que la plupart d'entre eux va se tourner vers les Forces du Mal, et tentera sans doute de me faire glisser avec eux dans le noir.
Et si je n'ai jamais été totalement tournée vers la lumière, comme mon frère, je n'adhère pas non plus à cet engouement croissant pour le Mage Noir, ni à toutes ses idées, encore moins à sa manière d'agir.
Le banquet se termine, et Rodolphus Lestrange, Préfet en chef de Serpentard que j'apprécie beaucoup, guide les nouveaux jusqu'aux cachots où se trouve notre salle commune. Je me lève sans les suivre, me dirigeant plutôt vers les Gryffondors.
- Elinor ? me lance Emma d'un ton interrogateur.
- Je vais juste dire deux mots à Hyperion, je vous rejoins après.
- Ne tarde pas trop. Et transmets-lui mes félicitations.
- Je n'y manquerai pas !
Je me précipite vers les Gryffondors pour le retrouver avant que les élèves de sa Maison ne partent. Je le reconnais facilement. Hyperion est le seul enfant ayant hérité de la chevelure d'or de notre mère. Ses cheveux captent le moindre rayon lumineux, lui donnant un éclat digne du soleil. Et puis, pour tout vous dire, Hyperion est extrêmement mignon. Je suis persuadée que ses traits fins seront bien plus charmants que ceux de Lucius, plus tard, car ils ne sont pas taillés dans la glace comme lui. Hyperion est lumineux.
Je l'attrape et le serre dans mes bras.
- Félicitations, petit frère ! dis-je d'un ton enjoué en déposant un baiser sur sa tempe.
- Pas devant tout le monde, Elinor, râle-t-il d'un ton faussement boudeur, mais ne parvenant pas à dissimuler un petit sourire de satisfaction.
- Emma m'a dit de te transmettre toutes ses félicitations également. Travaille bien, même chez ces impulsifs bagarreurs de Gryffondor.
- Qui sont des impulsifs bagarreurs ? lance une voix à mon oreille.
Sirius ébouriffe mes cheveux, récoltant un regard noir de ma part.
- Toujours aussi petite, remarque-t-il.
- Toujours aussi con, je rétorque.
Un même sourire moqueur se dessine sur nos lèvres. Voyant qu'il n'y a plus de Serpentards dans la Grande Salle, je m'approche de lui et en profite pour chuchoter quelques mots à son oreille.
- Prends soin d'Hyperion, et éloigne-le des Serpentards, si possible. Ils sont nombreux à être déçus de sa Maison, et il se peut que d'ici quelques temps, ils tentent de le tirer vers les Ténèbres.
Il hoche la tête, le visage redevenu sérieux, et je m'éloigne en vitesse après l'avoir gratifié d'un léger sourire reconnaissant.
Oui, Sirius est un crétin. Mais il tient presque autant que moi à Hyperion.
Presque. Personne ne l'aime autant que moi, sauf peut-être ma mère.
Severus se place à côté d'Evans. Il alterne depuis l'année dernière une fois, Evans était tombée malade pendant une bonne semaine, alors Slughorn m'avait dit de me mettre avec lui. Nous avions alors constaté que nous étions un très bon duo. Étant donné que nous étions tous les deux passionnés de Potions, nous ne nous déconcentrions jamais et effectuions un travail rapide et impeccable. Du coup, nous avons décidé de travailler ensemble une semaine sur deux. Evans n'aime pas vraiment ça et affiche toujours un insupportable petit air victorieux lorsque c'est à son tour d'être avec son meilleur ami.
Milliana soupire de soulagement. Quand je suis avec Severus, elle se retrouve coincée avec ce pervers de Parkison qui mate toutes les filles raisonnablement jolies de la troisième à la septième année.
- Merlin, j'ai cru que tu allais encore m'abandonner.
- Evans a l'air d'avoir marqué son territoire, alors pas cette fois, je réponds d'un ton égal.
- Je connais peu de personnes aussi désagréables que cette Née-Moldue, dit-elle en grimaçant.
C'est une chose que j'apprécie chez Milliana Selwyn. Elle me ressemble. Elle ne tient pas à se mêler aux Nés-Moldus, mais n'a rien contre eux quand ils ne font rien contre elle. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle ne les nomme jamais « Sang-de-Bourbe ». Et c'est sans doute aussi pour cette raison qu'elle est ma meilleure amie.
- Elle se croit au-dessus de tout juste parce-qu'elle a de bonnes notes dans la plupart des matières. Et encore, tu es plus douée qu'elle en Potions.
- Encore heureux, c'est l'une de mes matières préférées.
Nous nous mettons au travail. Milliana va chercher les ingrédients de la potion Aiguise-Méninges, ouvre mon manuel à la bonne page et s'occupe de réunir la quantité précise de chaque ingrédient. Puis je découpe les scarabées en dés et les racines de gingembre en rondelles.
Notre préparation est méthodique et appliquée, et Milliana ne fait heureusement pas de faux pas. Le professeur Slughorn passe dans les rangs, s'attarde devant notre chaudron en lançant une remarque appréciatrice et soupire devant la préparation fumante de mon cousin et de Potter. Si ce dernier a un niveau acceptable, Sirius a toujours eu un don pour faire exploser ses préparations et fondre ses chaudrons. Et pourtant, Potter ne change jamais de partenaire.
A la fin du cours, j'apporte notre fiole au bureau de Slughorn.
- Ah, miss Fawley ! s'écrie joyeusement notre bedonnant professeur. Impeccable, comme d'habitude. Dites-moi, comment va votre honorable famille ? Cela fait bien longtemps que je n'ai pas eu de nouvelles de vos parents.
- Ils se portent à merveille, je réponds calmement.
- Passez le bonjour à Edgar, et bien sûr à votre chère mère.
- Je n'y manquerai pas.
Après un hochement de tête, je sors de la salle.
Mais franchement … il n'est pas humainement possible d'être aussi lèche-bottes !
A/N : So, did you like it ? ^.^
