Suite de "Être ou ne pas être".

Je ne possède que mon imagination. Rien de V ne m'appartient.

Merci à ma beta-reader.

Bonne lecture, n'hésitez pas à donner votre avis.

« Allez tout le monde ! On se dépêche ! Installez-vous ! »

Jack sourit en entendant la grosse voix de Hobbes retentir dans le hall d'entrée.

« On n'a pas toute la journée ! »

Il quitta la chambre qu'il occupait depuis qu'ils s'étaient tous installés dans un vieil hôtel abandonné d'une zone désertée du New Jersey. « Ils », c'était la 5ème colonne, du moins, une partie. Ils étaient à présent une vingtaine de membres. La plupart d'entre eux faisait partie des anciens paroissiens était d'anciens paroissiens de Jack qui s'étaient levés lors de son ultime homélie. Avec Erica, Hobbes et Ryan, ils avaient tenté de rassembler ceux qui étaient décidés à combattre les Visiteurs. A leur grand étonnement, ils avaient été rapidement dix, puis quinze et aujourd'hui, ils étaient vingt-cinq. Vingt-cinq hommes et femme, citoyens ordinaires contraints de se cacher.

Depuis que les Visiteurs s'étaient révélés au monde entier et avaient mis en place un plan pour l'asservissement de l'humanité, chaque être humain avait l'obligation de venir dans les centres de soin afin que lui soit implantée une puce. Ces vingt-cinq humains avaient refusé. Grâce à leurs contacts parmi les Visiteurs appartenant à la 5ème colonne, une liste avait été obtenue contenant les noms de ceux qui n'étaient pas allés aux centres et ils en avaient retrouvé certains. Une véritable chasse à l'homme s'était ouverte et ils en avaient sauvés certains in-extremis.

Et les voici : vingt-cinq qui depuis quelques mois luttaient, avec les moyens du bord, mais ils étaient décidés à lutter. Jack les regardait s'installer sur les chaises en face de Hobbes : des hommes, des femmes, des jeunes gens d'à peine 20 ans, d'autres plus âgés et qui pour la grande majorité d'entre eux, n'avaient jamais touché une arme avant de devenir des résistants.

« Vous venez mon Père ? » lui demanda un jeune garçon.

- J'arrive Ben. » répondit Jack en souriant sans rien ajouter.

Au début, il n'arrêtait pas de répéter qu'il ne fallait plus l'appeler 'mon Père' mais il avait dû se résigner. A présent, même pour ceux qui n'étaient pas de ses anciens paroissiens, il était le Père Jack. Il se disait que c'était un moyen pour eux de se rassurer, de se dire qu'à travers lui, ils bénéficiaient d'une sorte de protection divine. Même Hobbes continuait de l'appeler 'Padre'. Seules deux personnes faisaient exception. La première était bien évidemment Ryan et la deuxième venait juste d'arriver et de se placer à côté de Hobbes. Erica. Elle ne l'avait jamais appelé autrement que Jack et il avait réalisé depuis quelque temps maintenant que cela ne l'avait jamais dérangé. Il était presque soulagé qu'elle ne l'ait jamais vu comme un prêtre et ceci l'avait troublé au début. Aujourd'hui, il savait ce qui se cachait derrière ce soulagement. Il ne voulait pas qu'elle l'appelle 'mon Père', il ne voulait pas qu'elle le voit comme un prêtre et ce depuis leur première rencontre. Cette rencontre tellement extraordinaire, au sens premier du mot, que leur relation ne pouvait que l'être également. Cette relation, ces liens qui s'étaient noués avec Erica, avec Hobbes, Ryan et les vingt autres personnes dans cette pièce, c'est ce qui le rendait fort, profondément humain et qui lui avait sans doute révélé l'homme qu'il était vraiment. Et quelque part enfoui au fond de lui, il savait que quelque chose d'autre s'était réveillé. Ce quelque chose avait un rapport avec le sourire qu'Erica lui adressait à ce moment même. Quand elle lui souriait, il pouvait jurer ses grands dieux que cela le consumait de tout son être.

Elle haussa les sourcils et Jack comprit que c'était une invitation à les rejoindre, Hobbes, Ryan et elle-même. Il fit oui de la tête puis s'avança. Alors qu'il passait à côté de ses compagnons, il fut accueilli par des 'Bonjour mon Père'. Erica sourit. Elle l'avait entendu à plusieurs reprises expliquer patiemment qu'il ne fallait plus l'appeler ainsi mais c'était le Père Jack. Tout le monde le voyait en tant que tel. Aux yeux de tous, il représentait la personne à suivre, il imposait le respect et ils avaient tous une confiance aveugle en lui.

Jack vint se placer à côté d'Erica.

« Bonjour mon Père. » lui murmura-t-elle.

Jack la regarda et fronçant les sourcils inconsciemment. Quand il vit son sourire, il comprit qu'elle plaisantait.

« Ce n'est pas drôle, répondit-il. Agent Evans. »

Elle fit semblant d'être offusquée puis lui adressa un grand sourire. A cet instant, il n'eut qu'une seule envie, l'embrasser. Assouvir cette envie lui hantait l'esprit à présent. Parfois, il croyait voir une lueur dans le regard de la jolie blonde qui semblait vouloir l'attirer vers elle, mais il n'était sûr de rien, il était perdu, encore et toujours.

Tous deux s'assirent alors que Hobbes restait debout et commençait à faire le point avec tout le monde. Pour l'instant, ils exécutaient des petites missions qui consistaient principalement en des actes de sabotage, comme faire sauter des entrepôts, des bâtiments aux mains des Visiteurs, mais aussi, essayer de trouver du monde pour gonfler leurs rangs.

Depuis quelques semaines, les recherches se révélaient infructueuses et les quatre leaders qu'étaient Jack, Erica, Hobbes et Ryan avaient bien compris que les gens étaient trop effrayés. Leurs contacts visiteurs leur assuraient qu'il y avait d'autres sections comme la leur éparpillées un peu partout dans le pays, mais pour le moment, il était très difficile de les faire se rencontrer. Aussi, ils devaient se contenter de ce petit nombre. Ceci étant, ils ne pouvaient pas se lancer dans des opérations trop ambitieuses. Ils ne pouvaient pas se permettre de prendre le risque d'avoir trop de pertes. La semaine précédente, un groupe de six avait failli perdre la vie parce que deux d'entre eux étaient restés coincés dans un entrepôt destiné à exploser. Les quatre autres y étaient retournés pour les sauver in extremis.

Ainsi, la réunion de ce matin avait une raison précise : la consigne allait être donnée qu'ils ne pouvaient plus autoriser ce genre de situations ou alors leur groupe serait rapidement anéanti. C'est pourquoi, à l'avenir, si quelqu'un était en difficulté, il fallait le laisser derrière. Ils ne pouvaient prendre le risque de multiplier les pertes ou d'être faits prisonniers. Quand ils avaient discuté de ça, Jack avait refusé catégoriquement, mais Erica s'était laissée convaincre par le pragmatisme de Hobbes et à trois contre un, la décision avait été prise. Jack avait hésité à être présent à l'annonce de cette nouvelle règle. Mais il était conscient qu'ils devaient montrer leur unité. Chaque personne présente devant eux reposait ses espoirs sur eux et avait besoin de savoir les leaders unis.

Alors que Hobbes parlait, Erica regarda Jack. Il avait les avant-bras appuyés sur ses cuisses, les mains jointes et fixait un point imaginaire devant lui. Elle connaissait ce regard. Cela faisait longtemps qu'elle ne l'avait pas vu. Ce regard rempli de doutes sur la justesse de leurs actes. Il avait pleinement accepté qu'il était à présent un soldat et pour lui on ne devait laisser personne derrière. C'est ce qu'il avait vu en Irak : dix hommes revenir en arrière pour en sauver un seul. Il comprenait la situation dans laquelle ils étaient, il était réaliste, mais il avait expliqué à ses amis que, pour lui, laisser un homme c'était laisser un peu d'humanité. Erica posa sa main sur le bras de Jack qui tourna la tête vers elle. Il aurait pu tenter de sourire pour faire croire que ça allait mais c'était Erica Erica à l'affût du moindre froncement de sourcil ou de pincement de lèvres. Il ne pouvait rien lui cacher, il ne pouvait rien lui dissimuler, ce qui était également le cas pour elle. Comment en étaient-ils arrivés à ce point ? Il ne le savait pas. Tout ce qu'il savait c'est que c'était bien d'avoir quelqu'un à qui se confier, à qui on pouvait tout dire tout simplement parce qu'elle voulait savoir.

Quand Hobbes eut fini, Jack se leva et se dirigea vers ce qui était la réception de l'hôtel pour rejoindre la cuisine. Erica lui emboîta le pas aussitôt.

« Jack ! » elle lui attrapa le bras droit.

« Erica ? »

Elle pencha la tête sur le côté ce qui voulait dire « Pas à moi Jack. »

« Vous savez déjà ce que j'en pense. Je n'ai pas changé d'avis.

- Jack. Il y a autre chose. Parlez-moi.

- Il n'y a rien d'autre à dire, lui dit-il en face.

- Nous n'avons pas le choix, ce n'est pas de gaieté de cœur. Ce n'est pas la première fois que vous êtes en désaccord avec les décisions, mais vous n'avez plus réagi comme ça depuis longtemps.

-Tout ce que je sais Erica, c'est que, si un jour nous partons en mission et que cette situation se présente… » Il baissa le regard vers la main d'Erica qui tenait toujours son bras puis leva de nouveau les yeux vers elle. « Je serai incapable de vous abandonner ». De la main gauche, il prit délicatement la main d'Erica pour se dégager et la laissa.

« Je le sais Jack. J'en serai incapable aussi. » murmura-t-elle en le regardant s'éloigner.

A SUIVRE