Hermione observa Cormac se pencher vers elle pour l'embrasser par-dessus la table et songea qu'elle n'en avait plus envie. Non qu'elle ait été absolument enthousiaste à l'idée de sortir avec lui, mais elle avait décidé que tout était la faute de Ron, cet idiot de Ron, qui l'avait poussée à des actes invraisemblables pour attirer son attention. Et elle se retrouvait à subir -parce qu'il ne lui venait aucun autre mot en tête- les baisers entreprenant du jeune homme en face d'elle. Elle songea distraitement que s'il continuait à se pencher par-dessus la table pour l'atteindre, le meuble allait s'écrouler. Pour autant, elle n'amorça aucun mouvement pour faciliter la tâche à son petit ami. A la place, la jeune femme se leva nonchalamment et s'éloigna sans un mot pour se perdre dans la foule. Elle vit Harry, le Survivant, l'Elu ou quel que soit le surnom que les journaux lui attribuaient à ce moment balbutier devant une fille, rouge de gêne. Plus loin se tenait un groupe de trois hommes qu'elle ne connaissait pas mais qui semblaient plongés dans une discussion extrêmement passionnante. Assis à côté du buffet, Draco Malfoy tentait visiblement de faire boire Pansy Parkinson tandis que Blaise Zabini draguait ouvertement une jeune femme blonde. Hermione pensa brièvement que Blaise et Cormac utilisaient la même technique pour approcher les filles et que ça n'avait pas vraiment l'air efficace.
Son regard inexpressif croisa alors une paire d'yeux d'un vert cristallin surprenant et Hermione décida que ces yeux-là valaient qu'on s'y arrête.
Théodore observa Blaise tenter de draguer une jeune femme blonde -apparemment sans succès. Il se demandait parfois pourquoi et surtout, comment il en était venu à devenir ami avec des spécimens pareil. Blaise et ses techniques de dragues improbables, qui pourraient sans doute rivaliser avec celles de McLaggen, et Draco qui ne savait pas s'attirer de l'affection autrement qu'en saoulant -au sens propre- la fille qui l'intéressait. Le jeune homme eut une soudaine envie de disparaitre de cette pièce trop remplie de monde, de gens futiles et superficiels. Théodore ne se sentait pas à sa place dans cette soirée, entouré de regards vitreux et alcoolisés. Il regarda un groupe d'hommes qu'il ne connaissait pas échanger avec fébrilité des chuchotements excités, une femme remplir un verre qui ne devait pas être son premier et un couple s'embrasser comme s'ils n'allaient jamais se revoir. Il aperçut vaguement une silhouette se lever et pensa qu'il n'était peut-être pas le seul à se sentir déplacé, hors du temps, comme si son esprit ne correspondait pas avec ce que ses yeux voyaient. La silhouette s'avéra être celle d'une femme moulée dans une robe rouge sang, qui marchait dans la foule en donnant l'impression d'être seule. Ce fut seulement lorsqu'elle tourna les yeux dans sa direction que Théodore remarqua à quel point ils étaient brillants… et absents.
Son regard limpide croisa une paire d'yeux d'un chocolat pailleté d'or délicat et Théodore décida que ces yeux-là valaient qu'il s'y arrête.
Les yeux verts qui l'hypnotisaient tant appartenaient vraisemblablement à une personne qui avait décidé de venir dans sa direction, aussi Hermione se détacha-t-elle des pupilles cristallines pour observer le reste. Les cheveux châtains légèrement ébouriffés, les trais fins mais marqués, le nez droit. Des épaules solides, de longs doigts. Une carrure plutôt étroite, mais qui paraissait pouvoir supporter le poids du monde -sans doute parce que la vie n'avait pas été tendre et qu'il avait effectivement à supporter le jugement dans les yeux de chaque personne qu'il croisait. Hermione n'avança pas, ne bougea pas d'un millimètre. Tout ce qui se passait autour d'elle disparaissait tandis qu'elle regardait Théodore Nott avancer vers elle sans la quitter des yeux. Elle en oublia complètement qu'elle était venue accompagnée. Malheureusement, Cormac, lui, s'en souvenait.
Il n'avait pas beaucoup apprécié que sa cavalière s'enfuie sans un mot au moment où il comptait -encore- l'embrasser. Et il n'appréciait pas plus de la voir immobile, obnubilée par un Serpentard abject ils l'étaient tous, quoi qu'en pense les autres. Décidé à obtenir ce qu'il attendait d'elle depuis deux semaines, il attrapa la jeune femme par le bras et la fit tourner brutalement vers lui. Hermione, déboussolée par la soudaine perte de contact visuel avec deux pupilles vertes, leva des yeux craintifs vers le visage de l'homme qui la tenait fermement. Elle se souvint soudain de sa fuite et se dit qu'il valait mieux mettre les choses au clair rapidement. Elle avait à faire : il fallait absolument qu'elle retrouve les yeux de Nott. D'ailleurs, le reste de Nott aussi, probablement, parce qu'elle ne pouvait pas vraiment lui enlever les yeux pour partir avec. Cette pensée la fit grimacer, et Cormac sentit la colère l'enflammer. Sans aucune douceur, il plaqua la jeune femme contre lui et l'embrassa sauvagement.
Théodore se figea lorsque les pupilles chocolat disparurent brutalement. Il cligna des yeux, hébété, et compris en voyant la jeune femme subitement trébucher en arrière, tentant visiblement de s'éloigner de McLaggen. Nott n'avait pas beaucoup d'affection pour ce garçon au-delà des considérations de sang ou de famille, il y avait certains comportements qui ne passaient pas, et embrasser quelqu'un contre sa volonté en faisait partie.
Hermione recula pour se dégager et perdit l'équilibre. Elle tendit la main derrière elle par réflexe, sachant très bien que personne ne l'avait remarquée et qu'il n'y avait ni table, ni chaise pour la retenir.
Théodore avança, tendit la main et saisit le bras de la jeune femme avec douceur pour la redresser. Ses yeux cristallins devinrent plus froids que le gel d'hiver lorsqu'il constata qu'elle tremblait.
Cormac voulut parler, mais rencontra les yeux les plus glacials qu'il ait jamais vu et ferma la bouche.
Hermione plongea dans le regard de Théodore et ses yeux se mirent à briller.
