Style tout à fait différent des Fils perdus de Kyuubi. Chronologiquement, la première fic qui ai germé dans mon esprit.
Rating: M (lemon hétéro plutôt suggestif... bah oui, ils l'engagent pas pour jouer au scrabble; et aussi pour la violence de quelques scènes)
Disclaimer: comme tout le monde le sait, les personnages et tout et tout appartiennent à Monsieur Kishimoto. Mais comme il n'a pas pensé au besoin viril des membres de l'Akatsuki, je me charge de ce petit oubli à sa place...
PROLOGUE
La nuit était largement avancée lorsque Naomi quitta l'auberge. Elle inspira profondément et l'air frais pénétra ses poumons comme s'il la purifiait. Il lui semblait qu'une journée entière s'était écoulée depuis qu'elle avait pénétré dans la chambre de son client. En réalité, elle n'y avait passé que trois heures, trois heures durant lesquelles elle lui avait d'abord servi le thé et fait la conversation comme il convenait aux prostituées de luxe, puis s'était attelé à la tâche qu'on attendait réellement d'elle.
Il s'était conduit en véritable brute; elle aurait certainement des ecchymoses demain. Et la marchandise perdait de sa valeur lorsqu'elle était endommagée. Naomi secoua la tête en poussant un soupir et se mit en marche. Son entrejambe la faisait souffrir, il faudrait qu'elle demande à Grand-mère d'arranger ça. Si elle avait été mieux placée dans la hiérarchie de la maison, elle se serait certainement payé le caprice de refuser un client comme celui dont elle venait de s'occuper.
A tout juste dix-sept ans, Naomi constituait une valeur montante et renommée du milieu à Konoha. Issue d'une maison plutôt modeste comparée aux autres, elle avait refusé plusieurs fois certaines propositions que d'autres filles auraient tué pour obtenir. Malgré son jeune âge, elle semblait promise à un brillant avenir: belle, gracieuse, cultivée et vive d'esprit, sa réputation dépassait même, aux dire de Mère, les remparts de la capitale.
Naomi ne l'avouerait jamais, mais son attachement à Mère et à la maison était bien plus fort que l'attrait de l'argent. Il lui semblait que le sentiment de sécurité qu'elle y ressentait n'avait guère de prix, quelles que soient les promesses de rétribution qu'on lui faisait miroiter. Alors elle acceptait d'avoir le seconde rôle au sein de la maison, derrière les filles plus expérimentées et aguerries. Elle aurait elle aussi son heure de gloire, rien ne pressait.
D'ordinaire les filles faisaient appel à des porteurs lorsque les clients souhaitaient les rencontrer à l'extérieur de la maison. Naomi, quant à elle, adorait rentrer à pied une fois son travail accompli: la ville s'apaisait à cette heure avancée de la nuit. Seuls quelques maisons de thé, quelques échoppes et quelques restaurants demeuraient encore ouverts, comme si le cœur de la ville ne cessait jamais de battre même lorsque le rythme des activités ralentissait peu à peu.
Elle n'avait pas envie de rentrer tout de suite. Maintenant qu'elle y pensait, un petit verre de saké ne lui ferait pas de mal. De loin, elle vit que le salon où elle avait ses habitudes était encore éclairé. Elle traversa la rue, serrant les dents car la douleur dans son intimité se faisait mordante. Pénétrant dans le salon, elle écarta les rideaux d'un geste rapide et entra dans la salle. Quelques tables étaient toujours occupées par des groupes composés indifféremment d'hommes et de femmes qui discutaient allègrement autour d'un nombre incalculable de bouteilles vides. L'entrée de Naomi passa inaperçue au milieu des rires et des gesticulations de fin de soirée, et elle se faufila jusqu'au comptoir.
À peine eut-elle posé ses fesses sur le tabouret qu'on l'apostropha.
- Naomi ?
Elle se retourna et chercha des yeux celui qui l'avait appelée. Son regard tomba alors sur un homme assis au milieu d'une demi-dizaine de filles bien plus jeunes qu'il ne l'était. Grand, la carrure imposante, une chevelure blanche qui n'en faisait qu'à sa tête… Naomi n'eut aucun mal à le reconnaître.
- Bonsoir, Jiraya-san, répondit-elle en souriant.
Il repoussa avec douceur une petite blonde qui en voulait à sa joue gauche et se leva promptement. Il rejoignit Naomi en quelques enjambées et prit place à sa droite, comme s'ils avaient été de vieux amis.
- Cela faisait longtemps, ma petite Naomi, déclara-t-il en posant un regard affectueux sur la jeune femme. J'avais oublié combien il était agréable de te regarder… Tu m'as manquée.
- Pas assez, apparemment, répliqua-t-elle d'une voix légèrement boudeuse, les yeux posés sur la surface du bar, autrement vous ne resteriez pas éloigné de moi si longtemps, Jiraya-san.
C'était Jiraya qui lui avait ôté sa virginité, presque deux ans auparavant. Elle avait redouté cette épreuve, au point de ne plus en manger ni dormir la semaine qui avait précédé. Mère avait alors choisi elle-même parmi les habitués de la maison celui qui pouvait s'acquitter de cette tâche avec toute la délicatesse et la prévenance qu'elle requérait. Naomi était sa petite protégée, et elle voulait lui épargner le traumatisme des premiers instants qui échouaient.
Ainsi, le jour de ses seize ans, date traditionnelle à laquelle les jeunes novices passaient véritables filles de plaisir, Naomi avait été conduite dans une chambre où l'attendait déjà son tout premier client. Jiraya avait fait preuve de toute la délicatesse qu'attendait Mère de lui. Grâce à sa prévenance, la jeune femme avait surmonté avec succès ses angoisses; grâce à son expérience, elle avait découvert les sensations qu'éprouvaient un homme et une femme lorsqu'ils étaient animés d'un désir réciproque et décidaient de sceller leur attirance dans un acte d'une volupté infinie.
Jiraya avait vraisemblablement apprécié lui aussi: il obtint, la semaine qui suivit, pas moins de trois rendez-vous avec la jeune fille. Ces quelques rencontres à la suite achevèrent de la rendre experte en la matière: Jiraya lui avait appris tout ce qu'elle savait, et parfois elle avait l'impression que même les filles qui officiaient depuis plus longtemps qu'elle ne lui arrivaient pas à la cheville. Lorsque par la suite il fit appel aux services de la maison, il ne voulait personne d'autre que « sa petite Naomi ». Au fil du temps, les liens qui s'étaient établis entre eux dépassaient ceux qui d'ordinaire unissaient une fille de joie à ses clients.
Comme un père veillait au bonheur de sa fille, il lui offrait fréquemment de quoi améliorer son quotidien. La connaissant peu matérialiste et assez poète, il savait qu'elle apprécierait autant un livre sur l'Art qu'un bijou onéreux -elle n'en portait pas-, et préférait l'emmener dîner dans des restaurants de qualité et coûteux pour lui témoigner toute son affection. Il lui demandait fréquemment conseil lors de la rédaction de ses propres romans, comptant sur son esprit aussi aiguisé que la lame d'un sabre et aussi profond que le ciel nocturne, et s'inspirant même d'elle pour dresser le portrait aussi bien psychologique que physique de ses héroïnes.
Il l'avait laissée sans nouvelles durant plusieurs semaines, et Naomi était bien déterminée à lui faire payer ce qui pour elle n'était autre que de la négligence pure et simple. Elle refusait de le regarder et détourna même un peu la tête lorsqu'il approcha son visage amusé. La perspective d'une discussion avec son amant adoré la fit oublier momentanément ce pour quoi elle était venue.
- Ce n'est pas comme si je t'avais lâchement abandonnée, répliqua-t-il à voix basse en observant son profil tout en finesse. Je te laisses entre les mains expertes de Kakashi, et apparemment ça ne te déplait pas autant que tu voudrais me le faire croire…
- Vous a-t-il aussi raconté qu'il exerce sur moi toutes les « techniques » amoureuses que vous décrivez dans vos livres ? rétorqua-t-elle d'une voix amère. Je préférerais que vos sujets soient un peu plus pratiques que toutes ces théories farfelues, au moins je m'amuserait un peu plus avec lui…
- Ce ne sont pas des théories farfelues ! répliqua Jiraya d'un ton faussement outré. Tu manques de romantisme, voyons… L'amour est une question d'approche, de sensation de l'autre, de…
- J'ai lu tous vos livres, et je peux vous garantir que rien de toutes ces méthodes dont vous y faites part ne fonctionneraient sur moi. Vous ne pourriez pas me séduire ainsi…
- Ce n'est pas comme si tu n'étais pas déjà séduite… susurra-t-il si près de son oreille qu'elle pu sentir son souffle chaud dans son cou. Ma petite Naomi…
Elle se retint de sourire et tourna vers lui un visage déterminé.
- Et si je décidais de ne plus vous voir ? demanda-t-elle en plissant les yeux. Si je refusais d'être considérée comme un simple petit plaisir que vous vous offrez quand vous avez le temps ? Peut-être que…
- Et quel plaisir… la coupa-t-il en la dévorant du regard.
- … peut-être que si j'étais moins accessible, continua-t-elle en l'ignorant , vous me désireriez d'avantage et feriez plus attention à mes sentiments. Oui, c'est ainsi que je vais procéder, affirma-t-elle en fronçant les sourcils, un peu agacée qu'il ne prenne pas sa rancœur au sérieux, à partir de maintenant et pour une durée indéterminée je refuse de vous rencontrer. Vous verrez ce que l'on ressent lorsque l'on est laissé pour compte…
Jiraya se recula légèrement et la considéra d'un œil moitié incrédule, moitié amusé. Elle tourna à nouveau la tête et croisa les bras.
- Ma parole… mais, tu ne serais pas en train de me bouder, par hasard ?
Elle ne répondit rien et gardait les yeux résolument loin de lui. Bien sûr, elle n'aurait jamais la volonté de refuser un rendez-vous avec lui: son corps et son esprit aspiraient à ses murmures, à ses caresses, à sa douceur infinie. Cependant, et bien qu'elle savait pertinemment qu'elle n'en avait pas le droit étant donné sa condition de simple prostituée, elle ne pouvait s'empêcher de se montrer capricieuse avec celui qu'elle considérait comme son amant, et voulait s'assurer que de son coté aussi, il voyait en elle un peu plus qu'un amusement occasionnel.
- Vous auriez au moins pu m'écrire… céda-t-elle finalement d'un air triste. Vous le faîtes toujours, d'habitude, Jiraya-san.
- Je t'assure que je n'étais pas en vacances, répondit-il, à la fois rassuré qu'elle lui adresse à nouveau la parole et soucieux de la réconforter. J'ai même failli mourir, tu sais…
Naomi se retourna vers lui en fronçant les sourcils d'un air sérieux. Elle le dévisagea un instant et poussa un profond soupir en fermant les yeux.
- Ne vous y amusez pas, s'il vous plaît, murmura-t-elle. Qui sait si Kakashi ne se mettrait pas lui-même à écrire pour vous remplacer…
Jiraya éclata de rire et commanda deux saké à la serveuse.
- Quand voulez-vous que l'on se voit ? s'enquit Naomi en saisissant son verre.
Jiraya ne répondit pas tout de suite. Il avala le contenu de son propre verre et passa une main sur son menton.
- Pas cette semaine, je pense, répondit-il finalement.
Naomi se retint de protester. Il y avait des limites et même avec lui, elle ne pouvait se permettre de les dépasser.
- Vous êtes occupé ? interrogea-t-elle en tentant de dissimuler au mieux sa déception.
- Oui… J'ai des affaires à régler avec le Cinquième Hokage.
- Tsunade-sama ?
- Oui, c'est ça.
Naomi se renfrogna. Elle savait que son amant nourrissait une passion aussi intense que ténue pour son amie d'enfance, bien que pour l'instant il n'avait guère réussi à concrétiser quoi que ce soit avec la légendaire sannin. Il lui parlait fréquemment du chagrin que lui causait cet amour à sens unique, et Naomi, malgré elle, l'encourageait à ne pas perdre espoir.
- Je l'ai croisée, il y a trois jours, lança Naomi d'un ton badin pour dissimuler sa gêne. A cinquante ans elle est plus belle et plus resplendissante que toutes les autres femmes de Konoha…
- Oui… répondit évasivement Jiraya, le regard lointain.
Évoquer d'un ton si élogieux la femme qu'il aimait aidait la jeune fille à se convaincre qu'elle n'éprouvait qu'indifférence à l'amour que Jiraya portait à Tsunade. Je ne suis pas jalouse, autrement je ferais en sorte de la dénigrer devant lui… se persuada-t-elle en sentant son estomac s'alourdir. Tout d'un coup, elle se rappela précisément la raison qui l'avait conduite içi et souhaita que Jiraya s'en aille pour qu'elle puisse réparer tous les dégâts qu'il causait sans s'en apercevoir.
- Ma petite Naomi, se reprit-il finalement en posant une main sur son épaule, il faut que je te laisse… pour l'instant, seulement, ajouta-t-il d'un ton tendre. Je compte bien t'inviter au restaurant une fois ces affaires réglées, d'accord ?
- Avec plaisir, Jiraya-san, répondit-elle d'une voix douce malgré le feu qui consumait son cœur.
- Naomi… tu as maigri, remarqua-t-il en l'observant d'un air sérieux. Et tu as plutôt mauvaise mine. Tu ne dors pas bien ? Tu es malade ?
- Un simple rhume, Jiraya-san, éluda-t-elle avec un geste gracieux de la main. Surtout, prévenez-moi si vous devez quitter le village.
- Hmm… Je ne partirais pas sans te dire au revoir, tu le sais bien.
Il caressa sa joue et l'observa longuement, son regard parcourant toutes les parties de son visage et s'attardant plus longtemps sur les lèvres rouges de la jeune femme. N'y tenant plus, il approcha doucement son propre visage et sa bouche caressa la nuque de Naomi. Il semblait vouloir respirer l'odeur de sa peau et de ses cheveux pour s'en imprégner. A ce contact, une vague de désir la submergea complètement et elle passa une main fine sous l'habit du sannin, recherchant la chaleur nue de sa peau.
- Tu sais combien j'aime me perdre en toi…
Alors que sa main caressait les muscles de son abdomen, Jiraya brisa l'étreinte et déposa un rapide baiser sur les lèvres de la jeune femme.
C'était tout. Le désir retomba en elle aussi brusquement qu'il était monté quelques secondes plus tôt, et Naomi se sentit encore plus désoeuvrée qu'elle ne l'était en arrivant. Elle ne pouvait pas être Tsunade, et pour cela Jiraya ne l'aimerait jamais.
Le jeune femme sourit pour se donner bonne contenance, même si toutes les personnes qui l'entouraient étaient bien trop ivres ou occupées à le devenir pour lui prêter attention. Une colère sourde se fraya un chemin jusqu'à son cerveau, et elle se retint de hurler pour la laisser sortir. Passant une main dans ses longs cheveux, elle fit signe à la serveuse de la resservir.
