« Homosexuel(le) – n.m, n.f : personne qui éprouve de l'attirance pour les personnes du même sexe »

Chapitre 1.

Plus qu'un trophée à astiquer et je serais libre. Courage Harry ! Un dernier petit coup de serviette ici et… Ouais !

- J'ai terminé ! hurlai-je fou de joie.

Rusard leva les yeux de son vieux livre, dont la reliure ne semblait plus relier grand-chose, et me lança un sourire acerbe. Il referma son bouquin et le posa sur la table en faisant remuer un nuage de poussière et voler quelques morceaux de parchemins vierges sur le sol.

- Epargne-moi ton allégresse Potter ! Et va donc voir dans cette armoire là-bas.

L'armoire en question semblait aussi âgée, si ce n'est plus, que Dumbledore, et un gros cadenas rouillé la fermait précieusement. Je soupirai. Visiblement, Rusard n'en avait pas terminé avec ma retenue. Découragé et déçu de ne pas pouvoir rentrer au dortoir maintenant, je me levai d'un bond et attrapa sans aucune délicatesse les clefs (toutes aussi rouillées que le vieux cadenas) que me tendait Rusard. J'étais persuadée qu'une montagne de vieux trophées croupissait là-dedans, et que les nettoyer ne serait pas exercice facile.

Un affreux bruit métallique raisonna lorsque j'insérai la clef dans la serrure. Et lorsque le cadenas céda, j'eus d'abord cru l'avoir cassé. Les portes s'ouvrirent dans un horrible grincement et mes yeux s'écarquillèrent en voyant l'effroyable tas de trophées moyenâgeux que… ne renfermait pas cette armoire.

Vide. Cette armoire était, en fait, vide.

- Monsieur, il n'y a rien là-dedans.

- Regarde bien.

Je baissai les yeux et distinguai dans l'obscurité du meuble un petit trophée de bronze anormalement répugnant.

- Eurk, lâchai-je, en attrapant l'espèce de gobelet crasseux.

- C'est un trophée en or à la base. Et c'est aussi ta clé de sortie. Néglige-le et tu passeras le reste de la nuit dans ce cachot !

Rusard passa la porte, son livre en main et sa chatte sur ses traces. La porte se referma dans un bruit sourd et j'entendis les pas lourd de Rusard s'éloigner dans le couloir. Merde ! Cet espèce de vieillard qui empeste à trois kilomètres et qui fait semblant de savoir lire est vraiment une personne exécrable ! Ce truc pue la déjection d'hippogriffe !

Je posai la coupe dégueulasse sur la table qu'occupait précédemment le concierge et la regarda à travers mes lunettes. Si je n'aimais pas autant les champignons (à la crème surtout), j'aurais mis ma main à couper que c'était ça, ces petites trucs blancs qui germait dans le fond du trophée. Je jetai un coup d'œil à ma montre. 23h40. Déjà ? Moi qui avais promis à Ron de ne pas rentrer trop tard… «Traîne pas trop en colle s'il-te-plaît. Il faut que je t'annonce un truc. Un truc vraiment très très important... », m'avait-il dit après le dîner. Eh voilà ! J'étais encore moins motivé à nettoyer ce truc et encore plus à me tirer d'ici.

Bien sûr, j'avais tout prévu. Rusard m'avait enfermé, et le seul moyen pour sortir était de nettoyer cette chose. Or, il était absolument hors de question que j'abîme mes mains pour ça, et je n'avais pas de baguette puisque môsieur Le-Concierge-Qui-Maltraite-Les-Sorciers-Célèbres-En-Leur-Donnant-d'Affreux-Pot-Cradingue-à-Laver me l'avait confisquée. C'est pourquoi, j'avais mon acolyte : j'ai nommé Neville Londubat !

*Toc ! Toc ! Toctoc !*

Quand on parle du loup…

- Harry, l'entendis-je chuchoter à travers la porte.

- Ta baguette, Neville ! lui répondis-je. Passes-la par le haut de la porte, y'a une fissure dans le mur !

Sans plus attendre, le petit bout de bois vint traverser l'encadrement de la porte avant de s'écraser sur le sol. Je m'armai de la baguette magique et jetai un sort sur ce trophée, beaucoup plus joli à regarder une fois propre et sans aucune trace de champignons. Aussitôt, la porte de la sortie s'ouvrit sur Neville qui me faisait des signes pour que je presse le pas.

Ron m'attendait dans la salle commune, je lui priai de m'attendre, le temps de prendre une douche.

00h10. A cette heure-ci, la salle commune était vide de tout Gryffondors. Ron semblait stressé, ses genoux tremblaient et ses mains moites s'agrippaient à son bas de pyjama.

- Ron ?

Il se leva alors, s'approcha de moi, m'agrippa les épaules d'une poigne de fer et me fit assoir sur un fauteuil. A présent, il était aussi rouge que les murs de la pièce.

- Putain, Harry ! T'aurais pu au moins t'habiller !

J'avais omis d'enfiler un pyjama, c'est vrai. J'avais juste une serviette de toilette autour de la taille.

- Je vois pas le problème, me défendis-je.

Ron soupira et commença à faire les cent pas sous mes yeux en agitant nerveusement les mains.

- Ecoute… commença-t-il.

Il s'arrêta, se tourna vers moi, étira une petite grimace sur son visage, pour finalement recommencer ses allers-retours.

- C'est ce que t'as à me dire qui te met dans un état pareil ?

- Tais-toi, s'il-te-plaît. Ne me rends pas la tâche plus difficile qu'elle ne l'est déjà.

- Qu'as-tu de si grave à m'annoncer à la fin ?

Ron préféra s'asseoir. Il joignit ses deux mains, les colla à son front et après un long soupir d'encouragement, daigna me regarder. Son air était grave. Il avait l'air sérieux.

- Tu te rappelles la semaine dernière quand tu as surpris Drago aux toilettes ?

- Tu veux dire, quand j'ai surpris Drago en train de prendre son pied avec un autre mec de l'école ?

- Ouais, ça.

- Quel est le rapport avec toi ?

- Contrairement à ce que tu penses… ce n'était pas Nott qui été avec Drago à ce moment là…

- Ah ? Alors qui… ?

Ron s'empourpra. Il ferma les yeux et poussa un long soupir avant de dire, d'une voix solennelle :

- C'était moi.

Aussitôt, ma mâchoire se décrocha. Je restai muet et Ron sembla s'en inquiéter.

- Dis quelque chose, supplia-t-il.

Mais aucun son ne franchit mes lèvres. J'avais juste envie de vomir. Je me levai et me précipitai vers ma chambre sans même comprendre le pourquoi et le comment de ma réaction. J'entendis derrière moi, le soupir découragé de Ron ainsi qu'un dernier mot de sa part. D'un ton prostré qui m'agrippa la gorge, il prononça d'une voix à peine audible :

- Putain…