Conflit d'intérêt

RaeDMagdon

Traduction : RaeDMagdon-fr

Avertissement : Une longue histoire dans laquelle on retrouvera sans doute les coquineries habituelles de l'auteure : masturbation, exhibitionnisme, humiliation consentie, déni d'orgasme, godes-ceintures, bondage, fessées, fellations. Tout cela entre femmes, bien sûr (les Asari étant considérées comme des femmes, manifestement).
Septième épisode de la série La Meilleure des Distractions.

Chapitre 1

Aria T'Loak grogna quand la sonnerie familière de son Omnitool retentit sur la table de chevet. « Déesse, bordel de – pourquoi les gens appellent-ils toujours quand je suis… » marmonna-t-elle en quelques phrases brisées, essayant de reprendre son souffle tout en tendant la main vers la table de nuit. Elle ignora le soupir déçu qui se fit entendre entre ses jambes tandis qu'elle examinait le texte clignotant sur l'écran : [IDENTIFICATION NON RÉPERTORIÉ – LIAISON NON SÉCURISÉE]. Cela ne pouvait signifier qu'une chose mais, par précaution, elle répondit en appel vocal plutôt qu'en holo. « Parlez. »

« Vraiment, Aria, répond-on de cette façon à un appel ? » réprimanda une voix familière. « Ce n'est pas très poli… »

Aria poussa un soupir de soulagement et bascula sur la fonction holo, reposant son Omnitool sur la table de chevet. « Eh bien, je n'étais pas totalement sûre qu'il s'agisse de vous. » Elle fit un sourire sarcastique tandis qu'un holo grandeur nature se matérialisait dans son champ de vision à quelques pas du lit, juste à temps pour qu'elle puisse profiter de l'expression faciale de son interlocutrice. Peu de choses pouvaient surprendre Liara T'Soni, mais cette fois-ci le contexte était particulier.

« Bonjour, Liara », dit Tevos, toujours agenouillée sur la moquette de la chambre mais en se tournant légèrement pour pouvoir regarder la projection holo par-dessus son épaule.

« Hé ! » aboya Aria en tirant sur la laisse qu'elle tenait toujours dans une main. « T'ai-je dit que tu pouvais arrêter ? Ou parler ? »

Il y eut un temps de pause, sans ambiguïté toutefois, puis Liara fit un signe indifférent de la main. Le collier et la laisse étaient nouveaux, mais le reste de la situation ne l'était pas. Elle pouvait bien se permettre de laisser ses amies profiter l'une de l'autre encore quelques instants avant qu'elle ne gâche le reste de leur journée – et peut-être même de leur vie. En outre, elle ne pouvait pas nier qu'elle appréciait la vue alors que Tevos reprenait ce qu'elle était en train de faire. Elle essaya de ne pas se tortiller de façon trop manifeste et prit mentalement note d'aller trouver Shepard une fois qu'elle aurait raccroché.

« Bon, eh bien dans la mesure où vous êtes toutes les deux confortablement installées… »

« Oh, arrêtez de faire votre garce. Si j'osais, je dirais que vous avez fait exprès de nous interrompre. »

Liara ne put s'empêcher de sourire un peu. « Pas cette fois-ci, je le crains. »

« Donc vous l'admettez – oh, c'est bon ça… plus fort… » gronda-t-elle en donnant un petit coup supplémentaire à la laisse enroulée autour de sa main, et souriant quand sa prisonnière volontaire laissa échapper un gémissement étouffé.

« Aria, voulez-vous bien vous taire et m'écouter ? Et tâchez de ne pas resserrer vos cuisses autour de la tête de Théa. Il faut qu'elle entende. »

« Très bien. Qu'y a-t-il, trouble-fête ? »

« Glyphe a surveillé un certain nombre de flux de données - »

« Attendez, Glyphe ? » demanda Aria, ses yeux clignant un instant tandis que Tevos cessait les longues et paresseuses caresses de sa langue pour se mettre plutôt à sucer. « Je croyais avoir pulvérisé cet ennuyeux petit drone la dernière fois que je suis passée. »

« Heureusement, j'avais gardé une copie de ses sauvegardes et j'ai téléchargé son programme dans un nouveau drone », expliqua Liara. « Il est maintenant très fier de m'informer qu'il fonctionne avec une efficacité supérieure de 0,03 pourcents. » Au ton de Liara, Aria soupçonna que la vantardise de Glyphe était bien plus ennuyeuse que sa nouvelle performance n'était utile. « Bon, comme je le disais, j'ai laissé quelques filtres surveiller les pics d'activité sur des termes de recherche extranet, et votre nom a surgi. »

Aria haussa les épaules, caressant négligemment la crête de Tevos de la main qui tenait la laisse, l'encourageant silencieusement à continuer. « Et alors ? »

« Celui de Théa aussi. »

C'en était trop et Tevos s'écarta soudainement d'Aria, ignorant la tension de la laisse. « Quoi ? » demanda-t-elle, les yeux s'écarquillant de panique tandis qu'ils recouvraient leur habituelle couleur verte. Ils n'avaient pas encore entièrement viré au noir de l'union, mais ils avaient indubitablement commencé à s'assombrir.

Liara soupira, se sentant vaguement coupable de gâcher leur plaisir, mais se dit qu'on ne pouvait rien y faire. « Shepard et moi avons déjà contacté al-Jilani. Nous avons pensé que c'était le moment le plus adéquat pour annoncer notre grossesse. Cela vous donnera quelques jours de répit, mais… »

« Je comprends », répondit Tevos, brusquement redevenue la Conseillère parfaitement professionnelle. Même nue sur le sol avec un collier et une laisse, elle parvenait encore à exprimer l'aura d'assurance et de calme qui convenait à la situation. Tevos se releva rapidement et Aria laissa filer la laisse, acceptant à contrecœur le fait que le sexe devrait attendre. L'annonce de Liara avait cassé l'ambiance de toute façon.

« Les serveurs de Westerlund seront en 'maintenance programmée' pendant les cinq prochaines heures standard », ajouta Liara en repliant ses mains derrière son dos dans une pose curieusement martiale. Tevos se dit qu'elle avait dû prendre cette habitude à bord du Normandy. « Vous devrez une faveur à l'Amiral Tali'Zorah vas Normandy. »

Les lèvres de Tevos s'étirèrent dans un sourire. « Noté. Je l'ai toujours bien aimée. » La courageuse Quarienne avait fait bien du chemin depuis le jour où, gamine en colère et terrifiée, elle avait témoigné devant le Conseil il y avait des années de cela. « Et maintenant Liara, si vous voulez bien m'excuser, je devrais probablement appeler Velana. »

« Velana N'Shir ? Ma mère avait une très haute opinion d'elle. »

« C'est la Matriarche la moins susceptible de m'arracher les yeux », dit humblement Tevos. « Et puis je devrai probablement appeler ma mère… »

Aria, qui boudait un peu d'avoir manqué un orgasme et qui s'était allongée sur le matelas dans une position latérale qu'elle espérait désinvolte, faillit soudain s'étrangler. Tevos saisit le soupçon d'amusement dans les yeux de Liara mais ne dit rien. « Votre mère ? Toutes mes condoléances. »

« Vous feriez mieux de me dire ça à moi, T'Soni », dit Aria d'une voix légèrement enrouée, encore un peu tremblante comme elle tâchait de réprimer sa toux impromptue.

« Mes condoléances à toutes les deux », corrigea Liara.

« Les préjugés de ma mère n'ont rien de nouveau pour moi. Aria sera peut-être la première Partenaire que j'amènerai à la maison, mais ce ne sera pas la première Asari. »

Aria fut incapable de masquer son dédain. « Non pas que je me plaigne, puisque c'est moi qui ai remporté la mise au final, mais tes anciennes copines étaient des lâches. »

Les lèvres de Tevos se resserrèrent en une ligne mince. « Tu n'as pas encore rencontré ma mère. »

« Vous avez manifestement des choses à vous dire », interrompit Liara, se sentant quelque peu de trop dans leur conversation. « Je vais faire ce que je peux pour retarder l'inévitable. Appelez-moi ou envoyez-moi un message si vous voulez me joindre. »

« Même pas une excuse pour l'interruption ? Et vous avez le culot de me faire la leçon au sujet de mes manières… » Aria essaya de jeter à Liara un sourire en coin pour lui faire comprendre qu'elle plaisantait, mais l'expression tomba à plat. « Mais bon, sérieusement, merci. Vous avez fait le maximum pour surveiller nos arrières. Je ne l'oublierai pas. »

Liara leur fit un sourire tendu mais sincère. « Assurez-vous en. Courtier de l'Ombre, terminé. »

Aria échangea un regard avec Tevos tandis que la Conseillère farfouillait à la recherche d'un vêtement approprié parmi les effets éparpillés. « Pourquoi faut-il qu'elle termine toujours les appels de cette façon-là ? Quelle arrogante petite… »

« Chut », coupa Tevos en glissant ses bras dans les manches du vêtement le plus proche et en parcourant la pièce du regard à la recherche de son Omnitool. Elle le trouva finalement à côté de l'un des écrans sur le bureau. « Elle nous rend un service, tu n'as pas le droit de te plaindre. Oh, et j'utilise l'holo, alors reste dans la direction opposée si tu ne veux pas que Velana te voie dans toute ta splendeur. »

« Bébé, avant d'appeler N'Shir tu devrais peut-être - »

« Pas maintenant, Aria », insista Tevos en sélectionnant un numéro familier sur son Omnitool. « Je te promets de me rattraper plus tard, mais tu vas devoir attendre quelques heures pour ton orgasme. »

« Mais tu portes toujours - »

Tevos posa son index sur ses lèvres en attendant que la connexion s'établisse, et soupira de soulagement quand Aria se blottit sous les couvertures. Tevos adorait le lit d'Aria – leur lit à présent – d'autant plus qu'il s'agissait d'un lit muni d'un solide baldaquin renforcé. Elles ne prenaient même plus la peine d'en détacher les instruments de bondage.

Ses rêveries furent interrompues quand son appel fut pris. « Théa ? » Même en miniature, l'expression choquée du visage de Velana N'Shir était manifeste. C'était une Matriarche raisonnablement attirante avec une peau d'un bleu étonnamment clair, et des yeux sombres et intelligents actuellement écarquillés de surprise. « Mais que diable portes-tu ? »

L'espace d'un instant, Tevos sentit les griffes d'une panique aveugle enserrer son estomac. Elle fit de son mieux pour passer outre la soudaine montée de nausée et le martellement rapide de son cœur. « Dernière mode humaine, Lana. »

« Amusant. Je n'ai pas vu beaucoup d'Humains porter une laisse sur Thessia. C'est peut-être un truc propre à la Citadelle ? »

Au lieu de mordre à l'appât, Tevos maintint une expression parfaitement neutre et ne fit aucun geste pour retirer l'accessoire. « Aurais-tu reçu un message sollicitant une réunion extraordinaire des Matriarches, ces douze dernières heures ? » demanda-t-elle.

« Parce que tu te tapes Aria T'Loak ? »

« Comment l'as-tu su ? »

N'Shir poussa un long soupir. « Outre la laisse, tu portes la célèbre veste blanche au logo d'Omega dans le dos. Et pas grand-chose d'autre, si je ne m'abuse. Tout le monde connaît cette veste. Que suis-je supposée en déduire ? »

Tevos hésitait entre se sentir soulagée ou agacée. « Donc tu ne l'as pas lu sur l'extranet ? » Velana secoua la tête. « Bon, c'est une bonne nouvelle. En tout cas, au sujet de ce message… »

« Rien pour l'instant. Attends quelques heures. Vu que tu m'appelles en panique et à moitié nue, je suppose que tu t'inquiètes que quelqu'un leur apprenne que tu couches avec une dangereuse criminelle. »

« En fait, non. » Tevos se racla inconfortablement la gorge. « Je m'inquiète que quelqu'un leur apprenne que je suis mariée à une dangereuse criminelle. »

Autant l'expression choquée de Velana quelques instants plus tôt avait quelque chose de comique, autant la mine qu'elle fit à l'énoncé de cette information fut dramatique. « Tu as noué le Lien avec Aria T'Loak ? Tu es droguée ? Tu t'es fait un trauma crânien ? Parce que je ne vois pas d'autre explication aux propos délirants qui sortent de ta bouche. »

« Je ne suis ni blessée ni sous l'emprise de substances illicites, je t'assure », répondit sévèrement Tevos en levant sa main droite pour montrer la bande tissée autour de son poignet.

« Waouh. Le sexe doit être fabuleux. »

« Pardon ? »

Velana haussa les épaules. « Je ne peux pas imaginer pour quelle autre raison tu ferais quelque chose d'aussi stupide. » Elle attendit un instant. « Tu es couverte de suçons, au fait. Tu ferais peut-être bien d'entamer un tube de médigel avant d'appeler qui que ce soit d'autre. Tout le monde n'est pas allé à l'université avec toi. »

« Je m'en occuperai dès que je me serai débarrassée du collier et de la veste », répondit Tevos à travers des dents serrées, plus qu'ennuyée par son amie bien que cette situation inconfortable soit de son seul fait.

« Je trouve ça sexy », plaisanta Velana pour essayer de lui remonter le moral. « Enfin, surtout s'il y avait des serres pour aller avec… »

Tevos roula des yeux. « Toi et ton étrange fétichisme turien. »

« Ce n'est pas du fétichisme », répondit Velana en simulant une posture défensive, « c'est une préférence personnelle. Et puis moi au moins, je ne suis pas en train de chasser de l'azur et de me mettre en porte-à-faux avec les autres Matriarches. Sincèrement, Théa, à quoi donc pensais-tu ? Tu peux aussi bien te retourner et te pencher en avant dès à présent, parce que je suis convaincue que tu vas te faire mettre. »

« Tu penses que les Matriarches vont réclamer un vote de confiance ? » demanda Tevos, son éclat d'humeur s'évaporant. Le gouvernement asari était à la fois simple et extrêmement complexe. Les relations entre les Matriarches les plus puissantes étaient toujours particulièrement conflictuelles, mais le mode de gouvernement en soi n'était pas compliqué. Les Asari n'avaient pas de corps législatif formel à proprement parler, et les vastes Républiques reposaient entièrement sur une e-démocratie. Bien que les Matriarches suggèrent et écrivent la législation en général, toute loi potentielle avec suffisamment de soutien était admissible à un vote populaire.

Le système avait ses inconvénients – les décisions étaient rarement prises rapidement, ce qui avait failli provoquer la destruction totale de Thessia quand des actions décisives avaient été requises. Parfois, Tevos se réveillait encore d'horribles cauchemars chargés de culpabilité. En tant que Conseillère asari, elle était la seule personne officiellement élue des Républiques, et elle était responsable de toute action diplomatique en leurs noms. Une fois élue, une Conseillère était théoriquement liée à cette position jusqu'à ce qu'elle décide de se retirer, mais si un nombre suffisant de Matriarches perdaient foi en elle, elles pouvaient demander un vote de confiance.

« Honnêtement, je ne sais pas. Tu t'es opposée aux Matriarches quand tu as parlé à Shepard de la balise prothéenne au temple d'Athame. Bien que ta décision nous ait sauvé les fesses, quelques unes d'entre elles t'en veulent toujours. »

Tevos secoua la tête et détourna le regard de son Omnitool. « J'aurais dû les ignorer plus tôt. Peut-être qu'alors Thessia aurait pu… » Regardant en direction du lit, elle croisa brièvement les yeux d'Aria avant de se tourner de nouveau vers l'holo. « Je dois y aller, Lana. Fais-moi savoir si tu entends quoi que ce soit de la part des Matriarches. »

Velana N'Shir tenta d'offrir un sourire. « Tu as des amis puissants, Théa. Si les Matriarches essaient effectivement de te virer avec un vote de confiance, tu n'auras pas à affronter ça toute seule. » Après un rapide au-revoir, elles mirent fin à l'appel et Tevos se dirigea vers le lit, où Aria attendait toujours sous les couvertures.

« Je te l'avais dit », dit Aria en repoussant du pied les draps qui lui couvraient les jambes et en s'étirant langoureusement à l'air libre. Tevos se surprit à regarder un peu trop longtemps puis s'occupa de détacher la laisse, la jetant négligemment de côté, et se défit de la veste d'Aria. Au lieu de la laisser également tomber au sol, elle la replia proprement et la posa au pied du lit.

« Il faut que je passe d'autres appels », murmura Tevos pour elle-même en s'asseyant au bord du lit et en fixant l'écran de son Omnitool. « M'habiller, contacter ma mère, vérifier l'extranet, informer les autres Conseillers, trouver - » Elle ne se détendit même pas quand les lèvres d'Aria caressèrent son épaule nue, posant des baisers le long de son cou, mordillant occasionnellement du bout des dents un carré de peau vierge. « - Oh… »

« Tu me dois d'abord un orgasme. »

Tevos essaya de se dégager mais se retrouva coincée contre le corps chaud d'Aria, tenue en place par une solide paire de bras enroulés autour de son ventre. « Sérieusement ? Cela ne me semble vraiment pas le moment le plus approprié… » protesta-t-elle tout en retirant mécaniquement l'Omnitool de son poignet nu avant de le poser sur la table de chevet.

« Que peux-tu bien espérer accomplir dans la prochaine demi-heure ? Liara fait de son mieux pour minimiser la nouvelle, et tu ne peux pas anticiper les décisions des Matriarches. C'est une situation où tu ne peux qu'attendre et observer. Alors autant détourner nos pensées de ce merdier en baisant pour patienter. »

Tevos dut reconnaître qu'Aria n'avait pas tort. Elle se détendit contre la poitrine d'Aria et ferma les yeux, prenant de profondes inspirations et tâchant de retrouver l'excitation qu'elle ressentait quelques minutes auparavant. Ce fut curieusement facile – presque trop facile, et elle se demanda un instant si elle ne devait pas changer d'avis. D'une certaine façon, avoir envie de sexe quand le reste de votre vie menaçait de s'effondrer ne semblait pas particulièrement normal. C'est alors qu'Aria mordilla un endroit tendre sous sa mâchoire, et elle décida qu'elle pouvait bien s'octroyer un peu de répit.