Septembre 1898. Par delà les collines écossaises, verdoyantes et tranquilles, se dressait un imposant et magnifique château. De style gothique médiéval, il semblait avoir traversé les années sans jamais se dégrader. Chaque tour, chaque arche, était intacte, comme intouchable et intemporelle. Poudlard, école de sorcellerie, invisible et inconnue des non sorciers, ou plus communément appelés " Moldus " par la communauté magique britannique. Une école qui regorgeait de secrets, pour la plupart encore non découverts. Salles cachées, passages secrets, les murs mêmes du château avaient leurs lots de mystères.

Chaque année, elle accueillait de nouvelles générations d'élèves, certains plus brillants et disposés que d'autres. Chaque année, les plus âgés d'entre-eux quittaient Poudlard, fraîchement diplômés. Elle voyait les sorciers grandir et s'épanouir en sept ans d'études, de rires et de larmes. L'école remplaçait leur foyer, et les amitiés formaient une famille.

Un gigantesque et impressionnant navire avait jeté l'encre dans le lac noir, celui situé aux pieds du château. La plupart des élèves ignoraient encore la raison de sa présence. Même s'ils n'allaient pas tarder à le découvrir.

La grande salle s'animait, les voix des élèves se mélangeaient en un brouhaha, tandis qu'ils prenaient place à leur table respective. Chaque table correspondait à une maison de l'école : Gryffondor, Poufsouffle, Serdaigle et Serpentard, dans lesquelles les sorciers étaient répartis dès le premier jour de leur entrée à Poudlard.

Assis à la table de Gryffondor, un jeune homme aux cheveux auburn discutait avec ses camarades, comptant ses derniers exploits aux plus jeunes, alors admiratifs. Albus Dumbledore, âgé de dix-sept ans depuis peu, était un sorcier brillant, qui excellait en beaucoup de domaines. Bien que son plus grand talent réside dans l'art de la Métamorphose. Son génie avait été récompensé à plusieurs reprises, de prix et statuts en tous genres. Aujourd'hui, il entamait donc sa septième et dernière année à Poudlard, aux côtés de son ami, Elphias Doge, du même âge que lui.

Non loin d'Albus, son frère, Aberforth, de deux ans son cadet, discutait avec d'autres jeunes gens de la maison Gryffondor, de sujets bien moins intéressants que ceux de son frère sans nul doute.

Le bruit de foule cessa lorsque un homme barbu et grisonnant, et quelque peu enrobé, prit place derrière son pupitre, attirant les regards et l'attention des jeunes sorciers en face de lui. Cet homme, Phineas Nigellus Black, occupait le poste de directeur de Poudlard. Aussi, il fit son traditionnel discours de bienvenue à ses élèves, avant d'aborder un nouveau sujet.

- Mes chers enfants, je dois vous annoncer une nouvelle, commença le directeur. En effet, Poudlard a été choisi pour accueillir le légendaire Tournoi des Trois Sorciers, qui se déroulera durant toute l'année scolaire. C'est un immense honneur pour nous, que de recevoir un pareil événement, ainsi que les sorciers venus d'Europe pour y participer.

Albus écouta le professeur Black rappeler le principe du Tournoi, son déroulé ainsi que les risques encourus par les participants. Plus il parlait, plus les yeux bleus du jeune Dumbledore brillaient, fasciné par l'événement. Une gloire éternelle attendant le gagnant du tournoi... la tentation s'avérait grande.

Il fut cependant bien vite tiré de ses rêveries, lorsque les grandes et lourdes portes de la salle s'ouvrirent. Tous les regards furent immédiatement attirés vers la source de ce bruit. Et quelle surprise de voir tout un groupe de jeunes femmes, toutes vêtues de robes, cheveux parfaitement coiffés sous des chapeaux. Quelques oiseaux enchantés virevoltaient tout autour d'elles, rendant leur entrée gracieuse. Le charme des jeunes filles ne laissa pas certains élèves indifférents, certains regards brillant d'admiration, et d'autres déjà totalement envoutés. Les sorcières de Beauxbatons étaient accompagnées de leur directrice, tout aussi parfaitement vêtue.

A peine eurent-elles rejoint Phineas, qu'un second groupe fit son entrée à son tour. Des hommes, parés d'uniformes et de fourrure en guise de col, prirent possession de l'allée de la grande salle. L'ambiance avait totalement changé. La grâce et la douceur des demoiselles avait laissé place à la puissance et la brutalité des jeunes hommes de Durmstrang. Au centre du groupe se tenait le directeur de l'académie, droit et fier, ainsi qu'un sorcier d'environ seize ans. Albus observa l'inconnu avec curiosité et attention. Ses boucles blondes étaient rabattus derrière ses oreilles, et sa peau aussi blanche que de la porcelaine, semblait briller sous l'éclairage de la pièce. La démarche du jeune homme était assurée et décidée, le regard fixé droit devant lui. Pour sûr, il s'agissait d'un des élèves phares de l'académie, à en juger par les flammes bleues qui dansaient tout autour de lui. Sa magie semblait très puissante, et il serait probablement un adversaire redoutable s'il venait à être choisi.

Une fois les deux écoles réunies et les présentations faites, les élèves de Beauxbatons et Durmstrang prirent place aux tables qui leur étaient attribuées et profitèrent du jus de citrouille, pudding, sucreries et autres mets, qui s'offraient à disposition des élèves.

Albus ne put s'empêcher de jeter quelques coups d'oeil dans la direction du jeune homme de Durmstrang, intrigué, comme s'il cherchait à l'analyser. Ou peut-être s'agissait-il simplement de curiosité. Alors quand le regard dudit jeune homme croisa accidentellement le sien, Dumbledore se figea, sentant ses joues rougir comme s'il venait de se faire attraper. Mais par la barbe de Merlin, ces yeux... Deux prunelles d'un bleu si clair qu'elles vous transperçaient. L'inconnu soutint le regard du rouquin quelques instants, avant que ce dernier ne détourne finalement ses yeux, embarrassé. La réaction fit naître un léger rictus sur les lèvres du second, qui ne se priva pas de détailler à son tour le jeune Gryffondor.

La soirée s'acheva, et chacun regagna son dortoir, tous ne parlant que du Tournoi. Albus s'endormit avec des rêves de gloire plein la tête.

Le lendemain, une foule d'élèves s'amassait devant la coupe de feu, y déposant leur nom, avec l'espoir d'être sélectionné. Dumbledore y avait déjà mis le sien, sous les acclamations et les applaudissements de ses camarades.
Puis tout devint silencieux lorsque les sorciers et sorcières de Durmstrang et Beauxbatons firent à leur tour leur entrée.

Une jeune femme rousse, dont le visage était constellé de tâches de rousseur, déposa son papier dans la coupe avant de retourner auprès de ses amies, souriante et excitée. Il y avait de quoi après tout.

Fut ensuite venu le tour du mystérieux sorcier aux boucles blondes dont Albus ignorait encore le nom. Ce même sorcier dont il avait croisé le regard la veille. Ce regard qui le hantait régulièrement. Les prunelles de celui-ci l'avaient traversé, mis à nu, du moins c'était la sensation qu'avait eu Albus. Le jeune homme jeta à son tour son papier dans la flamme puis tourna la tête vers Dumbledore. Et leurs regards se croisèrent de nouveau, de façon tout à fait volontaire cette fois, avant que l'inconnu ne lui adresse un sourire à peine perceptible, accompagné d'un clin d'oeil. La chose avait peut-être l'air banale, mais ce simple et rapide contact, bien qu'indirect, teinta les joues de l'aîné des Dumbledore de rose. Oh et son cœur venait de s'emballer, ça c'était nouveau.
Malgré cela, il ne quitta le garçon des yeux que lorsque celui-ci eut quitté la pièce.
Bon sang mais qu'est-ce qui n'allait pas chez lui?

Après une première et longue journée, tous les apprentis sorciers et professeurs furent réunis dans la grande salle au moment du dîner. La coupe de feu, qui jusque là avait été laissée à disposition des élèves, trônait aux côtés du pupitre de Black. La flamme vira au rouge flamboyant, dont l'éclat sans nul autre pareil, illumina la salle tout entière. Et tandis que la coupe s'apprêtait à rendre sa décision, plus aucun son autre que celui de la flamme ne fut audible. Tous retenaient leur souffle. Chaque paire d'yeux était rivée sur l'objet de toute les attentions.

Un premier morceau de parchemin fut expulsé de la flamme. Phineas lut le nom inscrit à la plume.

- La championne de l'école Beauxbatons est Béatrice Blaine, annonça le directeur d'une voix claire et forte, tandis que les applaudissements félicitaient la jeune sorcière.

L'excitation était à son comble. Le barbu attrapa le second papier au vol et le déplia.

- Le champion de l'école Durmstrang est Gellert Grindelwald.

Les acclamations fusèrent, particulièrement au sein des élèves de l'académie. Grindelwald était l'un des sorciers les plus puissants de toute l'école, et craint de beaucoup de ses camarades pour l'intérêt qu'il portait à la magie noire.

Gellert Grindelwald... ainsi donc était-ce le nom du mystérieux garçon qui occupait ses pensées depuis la veille...

Les deux écoles venaient d'être appelées, ce qui signifiait qu'il ne restait plus qu'un seul nom. Albus ferma les yeux, la mâchoire serrée, nerveux.

- Le champion de l'école Poudlard est Albus Dumbledore!

Le sorcier rouvrit soudainement ses yeux, figé sur place. Peut-être avait-il mal entendu. C'était impossible. Pourtant, le tonnerre d'applaudissement et les yeux tournés vers lui ne pouvaient guère signifier autre chose. Elphias lui donna une tape amicale sur l'épaule, et Aberforth félicita son frère, mais juste par principe. Bien évidemment, il n'en avait rien à faire.

Les trois champions furent appelés aux côtés du directeur, qui leur serra tour à tour la main en guise de félicitations. Et plus particulièrement à Albus, fier représentant de Poudlard. Le sorcier aux cheveux de feu se tourna vers Gellert et échangea une poignée de main ferme avec lui. Le champion de Durmstrang le dépassait de presque une tête. Le regard perçant de l'homme dans le sien, un frisson parcourut Albus à ce nouveau contact.

Enfin, ce ne fut qu'une fois qu'il prit place à la table des champions, que la réalité le frappa de plein fouet : il allait devoir affronter Gellert Grindelwald.