Disclaimer : les personnages ne sont pas les miens, mais ceux de Hideaki Sorachi

Introduction : bonjour à vous, gens qui me lisez. Novice récente dans l'univers de Gintama, je me laisse néanmoins tenter par l'exercice. La plupart de ces récits se passeront durant la jeunesse de nos deux personnages, avec quelques exceptions au grès des idées. Comme le contenu dépendra du nombre de ces mêmes idées, je ne peux prévoir ni fin, ni longueur, ni régularité. J'espère que la suite vous plaira, et vos retours commentés, positifs comme négatifs, sont les bienvenus.

Soirée d'été

Le jour touchait à sa fin ; après une rude journée d'entraînement, le temps était venu pour les futurs combattants du Shinsengumi de regagner leur dojo. Conformément à son habitude durant la belle saison, Kondo les avait amenés s'entraîner en pleine nature, à des heures de marche de là. Ses disciples avaient commencé par bougonner, leur mentor soutenant avec entrain que cette marche champêtre constituait aussi bien un échauffement essentiel qu'une transition conviviale entre exercice et repos. Et force était d'admettre, après plusieurs semaines de ce traitement, qu'il n'avait pas tort, leurs excursions quotidiennes ayant le double avantage de leur leur offrir un cadre idyllique et de renforcer leurs liens de camaraderie. En effet, ils avaient peu l'occasion de discuter pendant l'entraînement et étaient souvent trop épuisés le soir en rentrant, aussi cette longue marche représentait une bonne occasion de bavarder et de rire ensemble, adoucissant agréablement l'ambiance au sein de l'équipe. Enfin, pour la plupart d'entre eux.

Hijikata ne parlait jamais à personne, ni durant les trajets aller et retour, où il fermait toujours la marche, ni pendant l'entraînement. Tout juste consentait-il à répondre quand on lui posait une question, n'épargnant un regard agacé que tant que la question n'exigeât pas qu'il répondit autrement que par monosyllabe. C'était là l'une des deux seules occasions d'entendre le son de sa sa voix, l'autre étant ses hurlement adressés au jeune Sougo lorsque celui-ci lui tapait sur les nerfs, ce que celui-ci s'appliquait à faire avec autant de régularité que ses exercices. L'enfant, justement, marchait lui aussi en arrière, trottinant non loin du jeune adulte qu'il mettait un point d'honneur à détester. La raison en était simple : c'était un de ces jours où sa sœur les avaient accompagnés, faisant grand plaisir à tout le monde, chacun appréciant beaucoup la jeune femme si douce et attentionnée, qui apportait toujours avec elle une pastèque parfaite pour se désaltérer et après laquelle, étrangement, plus personne n'avait faim pour les biscuits épicés qu'elle préparait. Cela lui donnait aussi l'occasion de voir les progrès de son petit frère, qui bien qu'il adorât la voir avec eux, se sentait en même temps irrité de très bien savoir qu'elle ne venait pas seulement pour lui, mais également pour celui sur lequel il dardait un œil noir en ce moment-même. Et le fait que sa cible n'y prêtât aucune attention n'arrangeait rien, et pire encore, le fait qu'en toute objectivité, cet idiot ne faisait strictement rien pour le provoquer. Mitsuba parlait autant au moins à son frère qu'à lui, et quand elle le faisait, lui se montrait aussi froid et distant qu'avec n'importe qui. Ce qui n'empêchait pas Sougo de se renfrogner et de se rapprocher d'eux chaque fois qu'elle lui adressait la parole, continuant de le fusiller du regard pendant les minutes qui suivaient et cherchant un quelconque moyen de l'embêter. Il profita que sa sœur échangeait quelques mots avec un autre disciple, inquiet de constater sa mine fatiguée, pour se rapprocher de son rival et, après s'être assuré que Mitsuba ne l'entendrait pas, lui lança d'un ton acide :

- J'peux plus marcher. Hijikata-kouhai, porte-moi.

De façon très prévisible, il reçut en réponse un regard à la fois furieux et scandalisé de son aîné.

- Marche tout seul, je ne suis pas ta monture !

Sur ces mots, il lui tourna le dos en faisant voler sa queue de cheval au passage, et le distança à grand pas. Sougo se renfrogna un peu plus, puis s'élança au petit trop pour le rattraper.

- Hé ! Je suis ton senpai, tu me dois le respect !

- En tant que senpai, tu dois montrer l'exemple, répondit-il sans s'arrêter ni même tourner la tête.

- Pfff, souffla l'enfant d'un ton railleur. T'as plus de forces, c'est tout. T'es déjà trop vieux.

Il afficha une mine satisfaite lorsqu'il vit Hijikata se figer un instant, imaginant bien l'expression piquée sur son visage.

Il le vit tourner à demi la tête pour lui jeter un coup d'œil par-dessus son épaule ; Sougo soutint de son regard moqueur celui scrutateur de son aîné ; mais après un bref instant, quand il était sûr d'avoir atteint son but, il s'entendit répondre :

- Tu pense vraiment que ça va être si simple, moucheron ?

Ils se détourna à nouveau, et reprit son chemin d'un mouvement définitif.

- Et au passage, ajouta-t-il sans se retourner, c'est assez maladroit de la part de celui qui n'arrive soi-disant plus à marcher d'accuser quelqu'un d'autre de manquer de force.

Bien que l'enfant ne put pas le voir, ce fut le tour d'Hijikata d'afficher un petit sourire satisfait en devinant l'expression furibonde sur le visage du sale gosse.

- Qu'y a-t-il d'amusant, Toushirou-san ?

Il sursauta presque en réalisant que Mitsuba le regardait, avant de détourner les yeux en marmonnant un « rien » évasif. La jeune femme n'insista pas et se retourna pour demander à son petit frère si tout allait bien, et il dut retenir un nouveau sourire en entendant le ton renfrogné sur lequel le gamin lâchait un « ça va, Ane-ue ». Hijikata pressa un peu le pas pour ne pas se laisser distancer, surveillant néanmoins ses arrières au cas où Sougo aurait à l'idée de se venger. Celui-ci ne semblait cependant rien vouloir tenter, enfermé dans un silence boudeur, si bien que le jeune homme n'y pensa plus dix minutes plus tard. Perdu dans ses propres pensées, il écoutait d'une oreille distraite les conversations joyeuses sans y participer, et s'appliquait à éviter le regard de Mitsuba qui marchait toujours à côté de lui et qui cherchait encore parfois mine de rien un contact visuel avec lui.

Brusquement, tous deux furent interrompus par un bruit de chute dans leur dos.

- Aïe !

Ils se retournèrent d'un même mouvement pour voir Sougo qui se relevait péniblement d'une chute sur le ventre.

- Sou-chan, ça va ? S'écria Mitsuba en accourant auprès de lui. Tu ne t'es pas fait mal ?

- Non, grogna-t-il, ça va. J'ai juste glissé sur une pierre.

Il se releva seul sans prêter attention au regard soupçonneux d'Hijikata, et offrit un sourire rassurant à sa sœur avant de se remettre en route.

- Tu boites, s'inquiéta Mitsuba. Tu ne t'es pas tordu la cheville ?

- Non, non, ça va, c'est pas grave.

Mais le petit garçon continuait à grimacer chaque fois qu'il posait le pied gauche à terre.

- Tu n'en sais rien, Sou-chan, dit-elle d'un ton doux mais ferme. Et si tu avais une entorse ? Ce serait dangereux de marcher comme ça. Je vais te porter jusqu'au dojo.

- Quoi ? Non ! s'écria-t-il. Tu es fatiguée, je vais marcher tout seul !

- Ne discutes pas, Sou-chan. Si tu ne fais pas attention tu ne pourras pas t'entraîner pendant des semaines, ce n'est pas ce que tu veux, n'est-ce pas ?

- Mais...

Elle ne céda pas à son regard larmoyant et, malgré sa fatigue évidente, se pencha pour le soulever dans ses bras.

- C'est bon, Mitsuba-san, je vais m'en occuper.

La jeune femme se redressa avec un sourire radieux.

- Vraiment ? Oh, merci beaucoup, Touchirou-san !

Hijikata marmonna quelque chose d'inintelligible, fuyant le regard plein de gratitude en se baissant sur un genou et, bien qu'il ne dura qu'une fraction de seconde, ne rata pas le sourire victorieux de Sougo qui s'élança aussitôt vers lui, boitant d'un coup bien plus légèrement pour sauter sur son dos. De mauvaise grâce, il le hissa sur ses épaules avant de se redresser, avec le goût amer de la capitulation dans la bouche.

- Que je ne vois pas tes mains devant mes yeux, le prévint-il alors que celui-ci s'accrochait à son cou. Et pas de coups de pieds !

- Tu as compris, Sou-chan ? insista Mitsuba. Tu es sage, d'accord ?

- Oui, Ane-ue, minauda-t-il avec sa bouille la plus adorable. Merci, Hijikata !

Il obtint un « humpf » en guise de réponse et tous trois pressèrent le pas pour ne pas se laisser distancer par le groupe. Le gamin se tint tranquille pendant quelques minutes, et son kouhai commença à penser qu'il allait véritablement se tenir tranquille, la présence de sa sœur n'y étant sans doute pas pour rien...

- Aoutch !

- Pardon, Hijikata, lâcha innocemment le gamin qui venait d'agripper une poignée de ses cheveux. Tu bouge trop, j'ai failli tomber.

Hijikata grogna et se vengea discrètement en tirant plus fort que nécessaire sur ses jambes au prétexte de le remettre en place. Il reprit sa route les mâchoires serrées, ses épaules toujours alourdies d'un poids à qui il intima d'un ton aigre de s'accrocher ailleurs, résistant à l'envie de le lâcher pour le laisser se débrouiller tout seul en sentant de biais le regard de Mitsuba, son teint pâle et ses traits tirés cachés derrière son doux sourire.

OoOoO

Le dojo était enfin en vue. Dans quelques minutes, les guerriers pourraient enfin poser leurs armes, s'asseoir et se reposer autour d'un plateau de thé et d'un bon repas, le tout dans les éclats de rire et l'ambiance cordiale qui caractérisait la joie de vivre contagieuse de leur futur commandant. Fermant la marche, Mitsuba cheminait toujours en la compagnie silencieuse d'Hijikata et de son petit frère. Trouvant celui-ci bien calme depuis un moment, elle leva la tête pour lui jeter un coup d'œil. Elle eut un léger rire, qui attira l'attention de son austère compagnon qui n'eut pas besoin de lui en demander la raison, sentant lui-même très bien le poids sur sa nuque ; la tête de Sougo reposait sur le crâne d'Hijikata, un bras coincé entre sa joue et les cheveux noirs et l'autre pendant mollement le long de son flanc, les yeux clos et la bouche entrouverte, les pas de son aîné berçant son sommeil. Celui-ci le regarda d'un air blasé à travers ses cheveux, songeant un instant que quand il dormait, il avait presque l'air aussi mignon qu'un enfant ses yeux se baissèrent, ils tombèrent sur Mitsuba qui contemplait le tableau d'un œil attendri. Leurs regards se croisèrent quand elle s'en détourna à son tour, et elle lui offrit de nouveau un sourire lumineux. Il s'empressa de tourner la tête de l'autre côté, sentant le sang affluer à ses joues. Le regard de la jeune femme transperçait sa nuque, et la pensée qu'elle devait parfaitement voir ses oreilles chauffer de là où elle était n'aidait en rien à calmer son rougissement. C'est presque machinalement qu'il réajusta les petites jambes qui commençaient à glisser sur ses épaules, récitant dans sa tête le code du Bushido enseigné par Kondo afin de recentrer ses pensées et de dissiper cette preuve physique de son embarras.