Il était tard. L'équipe toute entière s'apprêtait à rentrer lorsqu'un appel vint contrecarrer les plans de chacun de ses membres.

- Prenez vos affaires. On a un marine mort à son domicile, McGee, appelle Ducky et dis-lui de nous rejoindre.
- Euh... Oui patron, tout de suite.
- Où on va ? demanda Tony.
- Quantico, dans un quartier résidentiel de la base militaire.
- Et qui est notre client ?
- Le sergent Ted Wilson. Il semblerait qu'il ait été abattu avec une arme à feu.
- Génial, moi qui pensais que j'allais pouvoir profiter de ma soirée pour regarder mon épisode préféré de Magnum…
- Et bien, tu le verras une autre fois TONY, répondit Ziva avec un léger sourire moqueur.

Quantico

- Alors Ducky ?
- Et bien, vois tu Jethro, j'ai bien peur que notre ami n'ait même pas eu le temps de se rendre compte de ce qui lui arrivait. Comme tu peux le constater, il était probablement assoupi au moment où on lui a tiré une balle au beau milieu du front. Il n'avait pas la moindre chance.
- Ca ressemble à une exécution, patron !
- Non, tu crois Tony ?
- Bah ouais. Bon je retourne à mes photos moi.
- Oui, fais donc ça Tony.

Tony se remit au travail tout en se demandant pourquoi Gibbs avait l'air constamment agacé par lui. Il se rendait compte que cette situation le minait de plus en plus mais n'arrivait pas à savoir pourquoi.
Gibbs, de son côté, était à la recherche d'indices quand il entendit du bruit venant d'un placard. Il sortit alors son arme et ouvrit tout doucement, laissant alors s'échapper une petite chose aux cris perçants qui déboula et atterrit dans les bras de Tony.

- Eh ! Eh ! Eh ! Calme toi. Allez, calme toi. C'est fini. Personne ne veut te faire de mal. Tout va bien. Chuuuuut... Calme toi, c'est fini.

Tony tenait dans ses bras un petit garçon qui devait avoir à peine cinq ans. Le petit avait arrêté de pousser ses hurlements et s'était blottit dans les bras de ce grand monsieur qu'il ne connaissait pas, ressentant alors un élan de sécurité.
De son côté, Tony ne savait pas trop quoi faire et regardait son patron avec un air interrogateur. Gibbs s'approcha et tendit les bras pour soulager Tony qui n'était pas dans une position des plus confortable. Mais au moment où il s'apprêtait à prendre l'enfant de ses bras, celui-ci se remit à hurler.

- D'accord, d'accord petit. Calme toi, je reste avec toi. C'est promis. Gibbs est un ami. Il est très gentil tu sais. Il ne te fera pas mal, je veux juste me relever car mes genoux me font mal comme ça. Tu comprends ?

Tony avait parlé à l'enfant avec une douceur que Gibbs ne lui connaissait pas, ce qui ne manqua pas de l'attendrir.

« Laisse tomber Gibbs, il ne joue pas dans la même cours que toi ».

Gibbs avait fini par réaliser il y a peu, que ses sentiments pour son agent principal dépassait le stade ami mais avait franchi la barrière amour. Oui, il était amoureux de Tony. Et pour un type qui s'était marié trois fois, c'était loin d'être facile à admettre. Et puis, quelle chance aurait-il avec un tombeur comme Mister DiNozzo? Enfin, là n'était pas le problème. Non, le problème, c'était ce gosse qui débarquait et qui n'avait rien à faire ici. En effet, à en croire le topo qu'on leur avait fait du sergent Wilson, il était célibataire et sans enfant.

Après une longue hésitation, le petit laissa Gibbs le prendre, permettant à Tony de se relever. Mais à peine fût t-il debout que l'enfant voulait retourner avec lui.

- McGee, fais venir une équipe de secours pour qu'ils examinent le petit.
- Bien, patron. Je m'en occupe.
- Ziva, essaie de savoir d'où vient cet enfant. Et toi Tony, tu restes avec lui.
- Euh bah... De toute façon, je crois que je n'ai pas vraiment le choix Gibbs.

En effet, l'enfant s'était endormi dans les bras de Tony.

- Assieds toi sur le fauteuil et attends l'équipe de secours.
- Ok Patron.

Tony s'exécuta, prenant bien soin de ne pas réveiller le petit. C'était étrange. Tony n'avait jamais été attiré par l'idée d'être père. Il se sentait toujours mal à l'aise avec les enfants et ils le sentaient, peut-être était-ce dû à sa propre enfance. Tony n'avait reçu que très peu d'affection durant cette période. Sa mère se gavait de somnifères et multipliait les aventures extraconjugales pendant que son père… Non, ce n'était pas le moment de penser à tout ça. C'était le passé après tout. Et le présent, c'était ce petit garçon qu'il tenait contre lui. Il savait qu'à cet instant même sa vie toute entière allait changer.

Vingt minutes plus tard, les secours étaient là. Le garçon avait accepté de se faire examiner mais Tony avait du rester près de lui. Il n'avait pas prononcé un mot et tout le monde ignorait toujours qui il était. La secouriste commença à ôter le tee-shirt du petit et à cet instant même l'estomac de Tony se noua. Il était couvert de bleus plus ou moins récents. Des petites cicatrices rondes étaient la preuve que l'on avait brûlé sa peau avec des cigarettes. L'agent sentît les larmes lui monter aux yeux. Il voulait prendre le petit dans ses bras, le rassurer encore car il le sentait, le pire était à venir.

Au loin, Gibbs observait la scène. Au visage soudainement pâle de Tony, il compris que quelque chose ne tournait pas rond avec l'enfant. Il s'approcha doucement, ne voulant pas effrayer à nouveau ce dernier.

- Je reviens petit. Je suis juste à côté. Je dois parler à Gibbs. Mais Marina reste avec toi. C'est un très gentil docteur tu sais. Tu n'as rien à craindre avec elle, pas vrai docteur ?
- Bien sûr agent DiNozzo. Tout se passera bien.

Tony retrouva Gibbs et lui fît par de ce qu'il avait découvert. Il lui dit aussi les inquiétudes qu'il éprouvait. Mais pour en être sûr, l'enfant devait être examiné à l'hôpital.

- Très bien, DiNozzo. Tu vas avec lui. Tu me tiens au courant. Je te retrouve là-bas dès qu'on a fini ici.
- Ok patron.
- Eh! Tony? Ca va?
- Bien sûr. C'est juste que... Enfin, tu vois!
- Oui, je vois. A plus tard.

Hôpital Naval de Bethesda...

- Allo… Patron ?
- Dinozzo ? Du nouveau ?
- Ouais. Ils ont endormi le petit pour l'examiner. Ils craignaient sa réaction.
- Et ?
- Et…J'avais raison patron. Il a été violé, à plusieurs reprises. Ca dure probablement depuis des semaines, voire des mois. C'est… La gorge de Tony se noua. Il retenait ses larmes avec beaucoup de difficultés.
- Je sais Tony. Ecoute, on a presque fini ici. Je passe te prendre dans environ une heure.
- Euh... Patron, je crois que je vais rester ici cette nuit. Je voudrais pas qu'il reste tout seul. Et puis, c'est notre seul témoin alors rien ne dit que le tueur ne voudra pas s'en prendre à lui.
- Tu as raison. Je passe quand même à tout à l'heure.

Une heure plus tard, le petit s'était réveillé.

- Salut toi. Avec tout ce remue ménage on ne s'est même pas présenté. Moi c'est Tony et lui c'est Sweety.

Tony brandi alors un petit ours en peluche qui devait bien avoir une trentaine d'années mais dont on avait de toute évidence prit grand soin.

- Sweety est mon meilleur copain. Lui et moi, on se connaît depuis très longtemps tu sais. Il adore les câlins. Et puis, surtout, tu peux lui dire plein de secrets. Il adore les enfants. Tu veux le prendre avec toi ?

Le petit tendit le bras mais Tony attendit avant de le lui donner.

- Tu sais Sweety et moi on aimerait bien savoir comment tu t'appelles. Ca serait plus sympa que petit. Qu'est-ce que tu en penses ?
- Je… Je…m'appelle…Sammy.
- Sammy ? Et bien, content de te connaître Sammy. Tiens, je crois qu'il a besoin d'un gros câlin.
- Y'a pas que lui on dirait ?
- Gibbs ? Tu es là depuis quand ?
- Suffisamment longtemps. On peut discuter ?
- Je reviens Sammy. Tu devrais en profiter pour faire connaissance avec Sweety.

Les deux hommes sortirent de la chambre.

- Alors du nouveau sur le petit ?
- Apparemment, tu en sais plus que moi. C'est incroyable. Ce gamin a l'air de débarquer de nulle part.
- Tu penses que c'est Wilson qui lui a fait ça ?
- C'est une possibilité. Le trafic d'enfant existe. C'est une piste à suivre.
- Ouais. Enfin, visiblement, le meurtrier ne savait pas que Sammy était là. Sinon il l'aurait tué lui aussi.
- C'est certain !
- Et maintenant, on fait quoi ?
- De tout évidence il a confiance en toi. Occupe toi de lui.
- C'est-à-dire ?
- Tu le prends avec toi dès qu'il sort de l'hôpital. La directrice est OK et s'est arrangée avec les services sociaux.
- Mais tu veux que je l'emmène où ?
- Chez moi. C'est plus grand que chez toi.
- Tu veux rire? T'as même pas la télé ! Aïeuuuh ! Pourquoi t'as fait ça patron ?
- Je n'ai pas pu résister. Allez, fais ce que je te dis. J'ai envoyé McGee chez toi prendre des affaires.
On partagera ma chambre. Le petit prendra la chambre d'ami.
- Comment ça? On partagera ta chambre ?
- Quoi? Tu as peur que je te saute dessus? répondit Gibbs avec un air malicieux.

Bien sûr, Gibbs savait qu'il prenait un risque. Mais bon, c'était peut-être l'occasion où jamais, même s'il avait quelques scrupules. Cette affaire était peut-être sa seule chance de se rapprocher de Tony. Et puis, quelque chose lui disait que l'attitude de ce dernier avec l'enfant n'avait rien d'anodin. Gibbs travaillait avec Tony depuis cinq ans et c'était la première fois qu'il le voyait aussi investi auprès d'un enfant. Habituellement, il les fuyait. Mais là, c'était comme-ci tous les deux avaient été faits pour se rencontrer.

De son côté, Tony était surpris. S'il n'avait pas été sûr de l'hétérosexualité se son patron, il aurait juré que ce dernier lui faisait du rentre dedans.

« Arrête de divaguer mon vieux. Gibbs gay? Non impossible. Et puis, depuis quand tu te mets à avoir ce genre de pensées? Ô mon dieu… arrête tout de suite Tony, tu aimes les femmes, tu aimes les femmes…Non, tu aimes…Gibbs…Et merdeuuuh, voilà que je suis gay maintenant ! »

Une infirmière vint interrompre Tony qui était plongé dans ses pensées.

- Excusez moi agent DiNozzo. Le petit pleure. Il veut vous voir.
- Oh ! D'accord, j'arrive tout de suite.

Tony entra dans la chambre et vit le petit corps de Sammy recroquevillé dans le petit lit d'hôpital.

- Et bien bonhomme, qu'est-ce qu'il t'arrive ?
- Je veux ma maman. Où elle est ma maman? Tu vas la trouver dit ?
- Et bien, si tu me dis comment elle s'appelle, je pourrais peut-être la retrouver.
- Ben, elle s'appelle maman ! répondit le petit garçon.
- Oui mais peut-être que d'autres personnes l'appellent autrement ? Et puis, tu dois avoir un nom de famille ?
- Mon nom, c'est Sammy ! Je te l'ai déjà dit.
- Euh oui, c'est vrai. Excuse moi. Tu sais mon nom à moi c'est Tony mais mon nom de famille c'est DiNozzo. Tu vois Sammy, en fait, c'est ton prénom. Mais tu as aussi un nom de famille. Tu le connais ton nom de famille ?
- Noooooooooooon. Je m'appelle Sammy. Sammy c'est mon nom !
- D'accord, petit, d'accord. Je suis désolé. Je ne voulais pas t'ennuyer. Viens là. Je te promets que je ferais tout pour t'aider et te protéger.
- Le méchant monsieur, il m'embêtera plus dis ?
- Le méchant monsieur ?
- Oui, le monsieur avec le dessin sur le bras. Il m'a fait mal tu sais, très mal. Il ne me fera plus mal, hein dis, tu me le jures ?
- Oui je te le jure, plus jamais.

Tony prit Sammy dans ses bras et le cajola jusqu'à ce que ce dernier s'endorme. Il resta toute la nuit auprès de lui. Il ne put s'endormir, ou du moins, ne voulut pas s'endormir. La peur de voir rejaillir ses propres cauchemars l'en empêcha.
Il devait aider cet enfant coûte que coûte.