Il n'est pas nécessaire d'avoir lu les autres épisodes, mais pour comprendre les personnages, ça peu être utile. Ceci est le sixième épisode et l'histoire prend place dans l'univers de Star Trek The Next Generation environ 15 ans après la série. Voici la chronologie des autres épisodes :

1- Le privilège du grade

2- Douze

3- Faction

4- Les forces d'attraction

5- L'Élu


«Journal de bord du capitaine, date stellaire 67237.4. J'ai été invité à titre de conférencière au symposium des sciences physiques et technologies spatiales sur Cestus 3. Mon chef ingénieur a aussi été invité à une formation sur les nouvelles avancées en matière de trans-distorsion. J'ai travaillé longuement sur un discours sur ma théorie sur les convergences temporelles que j'ai émise au début de ma carrière et développée par la suite. Mes fonctions d'officiers aux commandes d'un vaisseau spatial ne me permettent guère de poursuivre mes recherches, mais le but de cette conférence est surtout d'informer et de faire le point à ce sujet.

J'ai donné le commandement du Hawking à mon premier officier qui a ordre de se rendre sur la station ARK 22 pour une mise à niveau du vaisseau. Nous les y rejoindrons dès que la conférence sera terminée à bord de la navette Copernic II.

Entre temps, j'ai des préoccupations un peu plus personnelle considérant le fait que je doive faire le voyage seule avec le lieutenant-commandeur Parksan considérant que notre relation est quelque peu compliquée. »

Léa ferma son journal de bord. Elle n'avait pas envie de mentionner à quel point leur relation était compliquée, surtout qu'il ne s'agissait pas d'un journal personnel et que Tomal était dans la pièce d'à côté.

Dans ce cas précis, le mot « compliqué » était faible. Tout avait commencé quelque mois auparavant quand Tomal Parksan lui avait avoué qu'il avait des sentiments pour elle. Elle avait réalisé, par la suite, qu'elle partageait ses sentiments. L'ennui est qu'elle était le capitaine et qu'il était membre de son staff. Une relation amoureuse entre les deux serait non seulement mal vue, mais ça risquait de nuire à l'image d'autorité qu'un capitaine se devait de projeter. (1)

Tom avait alors pris la décision de rester sur le vaisseau et d'attendre que la situation évolue et leur permettre un jour d'être ensemble, ce qu'elle désapprouvait. En attendant, ils devaient travailler ensemble, jour après jour, en respectant le décorum et en ne se permettant aucun rapprochement.

Et c'était beaucoup plus difficile qu'elle ne se l'était imaginé.

Chaque fois qu'elle le croisait, elle en avait des papillons dans l'estomac. À toutes les nuits, elle rêvait de lui et quand elle le voyait, elle devait se retenir et éviter de lui montrer la moindre marque d'affection qui aurait pu l'encourager dans son projet de l'attendre.

Et voilà qu'ils se retrouvaient seuls, tous les deux, dans une navette pour plusieurs heures.

Elle était sur le siège du pilote, elle décida donc d'étudier le parcours de la navette jusqu'au système de Cestus. Tom vint alors la rejoindre et s'assit au poste du copilote, il activa les senseurs de façon machinale. Elle risqua un œil de son côté, il semblait fatigué.

- Tout va bien, commandeur?

Il soupira et se tourna vers elle.

- Non, dit-il, mais élaborer sur la question nous amènerait dans une conversation que vous considérez comme inappropriée.

Il y avait de la frustration dans sa voix.

- Souhaitez-vous en parler?

- Oui, avoua-t-il.

- Moi aussi, dit-elle en soupirant. Ça devient trop difficile.

- Je croyais qu'être patient serait suffisant, c'était une erreur. Juste cette conversation, le vouvoiement et le décorum, alors que nous sommes seuls, c'est tellement frustrant!

Léa hésita, le décorum lui permettrait encore de garder une distance, mais si la conversation prenait un tournant plus personnel, elle ne saurait lui résister longtemps. Il avait tout de même raison, le décorum ne convenait pas au ton qu'avait pris la conversation.

- Alors laissons tomber le décorum. La situation n'a pas changé, je suis toujours le capitaine, tu es toujours membre de mon staff et ça reste inapproprié.

- Alors, je vais demander mon transfert.

- Est-ce vraiment ce que tu veux?

- Non, mais c'est ce qui est le plus sensé. Si je demande mon transfert, nous ne nous verrons pas souvent, mais nous pourrons être ensemble.

- Je ne crois pas. Même si tu es transféré à un vaisseau du même secteur, basé à la même station, nous serons chanceux si nous nous voyons trois fois par année et ce n'est pas l'idéal pour commencer une relation. C'est voué à l'échec.

Il soupira et lui lança un regard chargé d'amertume.

- Alors, je demanderai mon transfert et je tâcherai de t'oublier. Je ne vois pas d'autre solution.

Elle aurait tellement voulu le retenir, le convaincre de rester, mais elle cette situation lui était tout aussi insupportable. Ils n'avaient pas le choix.

- Très bien, dit-elle avec dépit, j'approuverai ta demande de transfert.

- Merci Léa, murmura-t-il, en retournant vers sa console qui s'était mise à biper.

- Capitaine, reprit-il alors sur un ton empressé, les senseurs à longues portées ont détecté quelque chose d'inusité. Ça fonce droit sur nous.

- Je mets les boucliers, s'écria-t-elle!

La navette fut secouée violemment.

- Qu'est-ce que c'est, demanda-t-elle?

- Les senseurs ont de la difficulté à le déterminer, on dirait un nuage d'énergies statiques, mais il y a autre chose.

La scientifique en elle réagit.

- Mettez-vous au poste de pilotage, je m'occupe des senseurs.

Il ne leur était pas nécessaire de changer de place, juste de changer le code de commande de leur console respective. Ce qui ne prit que quelques secondes. Léa se concentra sur les données des senseurs, mais dû donner raison à Tomal, ce qui leur avait foncé dessus était d'une nature étrangère à tout ce qu'ils connaissaient.

La navette sortit alors brusquement de distorsion, puis les lumières baissèrent et les consoles se mirent à grésiller.

- Nous avons perdu les boucliers et l'énergie décroit rapidement. Trop rapidement!

Il se leva et couru vers un panneau qu'il arracha. Il en tira des fils et les débranchas. Tout s'éteignit, la gravité artificielle lâcha. Ils se mirent à flotter dans la navette privée de gravité artificielle. Le silence était total, plus aucun système ne fonctionnait.

- Que venez-vous de faire, demanda Léa?

- J'ai tout coupé. Cette chose drainait toute notre énergie. Il n'y avait pas une seconde à perdre.

Léa ne répondit pas, elle venait de voir un mouvement par le hublot. Comme il n'y avait plus d'autre moyen de voir à l'extérieur, elle s'y précipita mais ne vit rien d'autre que l'espace.

- Peu importe ce que c'était, ce n'est plus là.

- Je vais rallumer tous les systèmes et évaluer l'étendue des dégâts.

- Non, attendez, nous devons être certains que ce n'est plus dans les environs.

- Nous ne pourrons attendre longtemps. Il reste assez d'air dans la cabine pour environ deux heures mais de l'autre côté de la coque, c'est le zéro absolu, la température va baisser rapidement.

- Combien de temps?

- Il commence déjà à faire plus froid. J'ignore combien d'énergie il nous reste et réchauffer la cabine en prendrait plus que de la garder à la même température.

Elle regarda encore par le hublot, la créature avait disparu.

- Très bien, redémarrez les systèmes.

Il rebrancha les fils et sous le retour brutal de la gravité, Léa tomba par terre. Elle se releva et s'installa dans un fauteuil. Tom se réinstalla sur l'autre siège et pianota sur sa console, son visage se décomposa.

- Il ne reste que 2.2% d'énergie.

C'était pire que ce qu'elle avait imaginé. À 2%, ils ne pouvaient se rendre nulle part et les systèmes de survie étaient compromis.

- Je vais envoyer un message de détresse, dit alors Léa en s'attaquant à sa console.

La console bipa.

- Ça ne fonctionne pas.

- Le relais subspatial a été endommagé, mais il y a toujours l'émetteur, on peut programmer l'ordinateur pour qu'il envoie un message de détresse, mais seuls les vaisseaux qui passeront à dix parsecs de nous le capteront.

- S'il y en a qui passe.

- Il ne faut pas perdre espoir, c'est un secteur qui est souvent emprunté par des vaisseaux cargos.

- Très bien, allez-y.

- Non, vous devriez le faire, capitaine, je dois éteindre tous les systèmes sauf le minimum qu'il nous faut et l'énergie diminue rapidement. Il n'y a pas de temps à perdre.

- D'accord, allez-y, je m'occupe du message de détresse.

Elle accéda à sa console et envoya le S.O.S. pendant que Parksan travaillait avec acharnement, bientôt elle entendit des bruits de moteurs qui s'éteignait, les lumières baissèrent et la température lui sembla tout-à-coup plus fraîche.

Tomal lâcha sa console. Il était visiblement désemparé.

- Combien de temps, demanda-t-elle?

- Nous avons dix heures d'oxygène seulement.

- C'est peu.

- Mais ce n'est pas le pire : pour réussir à atteindre dix heure, j'ai dû baisser le chauffage sous le minimum acceptable.

- Donc, si nous ne mourrons pas d'asphyxie, nous mourrons de froid.

- Quelqu'un captera notre message, dit-il avec espoir.


(1) Réf. Fanfic Les forces d'attraction