Arwalyn
Arwalyn
Prologue:
Tous les elfes étaient en alerte près à se battre. En effet, les guetteurs avaient aperçut une silhouette dans la forêt. Une ombre à cheval apparaît dans la brume… et soudain…Brom, le vieux conteur, s'avança. L'homme avait serré son ample cape noire autour de ses épaules voûtées ; sa longue barbe blanche emmêlée tombait sur sa poitrine. Il étendit les bras, et ses mains apparurent, recourbées telles des serres.
Après un mois de voyage intensif, Brom arrêta enfin son cheval. Dans Ellesméra, le temps semblait être suspendu. Alors, il commença son récit :
Les sables du temps, nul ne peut les arrêter. Les grains s'écoulent, les années passent, que nous le voulions ou non… et pourtant, les souvenirs restent. Ce que nous avons perdu se perpétue dans nos mémoires. Ce que vous allez entendre est imparfait et incomplet. Néanmoins, écoutez cette histoire, chérissez-la, car, sans vous, elle ne serait pas. Je vais exhumer pour vous ce trésor longtemps égaré, oublié, caché dans les brumes mystérieuses…
Les yeux vifs du récitant scrutèrent les visages captivés des spectateurs et s'arrêtèrent sur celui d'Arya.
Avant la naissance des pères de vos grands-pères, reprit Brom, la Confrérie des Dragonniers existaient déjà. Protéger et surveiller nos terres grâce aux dragons et aux pouvoirs que ceux-ci leur conféraient, telles était la mission de ses membres. Durant des milliers d'années, ils s'en acquittèrent avec honneur. Leurs prouesses dans les batailles étaient sans équivalent, car chaque dragonnier avait la force de dix soldats. Ils étaient immortels, ou presque : seul l'acier pouvait les transpercer ; seul le poison pouvait les terrasser. Ils se servaient de leur puissance pour accomplir le bien- et seulement le bien ; aussi, sous leur tutelle des villes prospères s'érigèrent-elles. Tant que les Dragonniers assurèrent la paix, Alagaësia fut florissante. C'était l'âge d'or. Vous, les elfes étaient nos alliés et les nains nos amis ; la richesse et la joie irradiaient des cités. Hélas cela ne pouvait durer…
Brom baissa les yeux et se tut. Puis il reprit avec dans la voix une tristesse infinie :
Nul ennemi ne pouvait détruire la Confrérie, mais personne ne pouvait protéger les Dragonniers contre eux-mêmes. Or, lorsque la Confrérie était au faîte de sa puissance, il advint qu'un garçon, du nom de Galbatorix, naquit dans la province inzilbêth, aujourd'hui disparue. A dix ans on l'évalua, ainsi que le voulait la coutume, et on décela en lui un potentiel exceptionnel. Les Dragonniers l'acceptèrent comme l'un des leurs. Galbatorix subit leur entraînement, et montra des dons remarquables. Doué d'un esprit or du commun et d'un corps d'une force extraordinaire, il quitta rapidement les rangs des apprentis pour rejoindre ceux des Confrères. Certains jugèrent que cette promotion brutale était risquée ; las, le pouvoir avait érodé la modestie des Dragonniers ; ils étaient devenus trop arrogants pour prendre en compte les mises en garde. C'est ainsi qu'ils signèrent leur arrêt de mort…
Brom reprit son souffle avant de continuer :
Donc, peu après que son entraînement fut terminé, Galbatorix partit pour un périple fort aventureux en compagnie de deux amis, à dos de dragon. Loin dans les terres septentrionales, ils s'aventurèrent, volant jour et nuit. Ils se hasardèrent profondément dans les territoires des Urgals, car, présomptueux, ils pensaient que leurs pouvoirs suffiraient à les protéger. Là-bas, alors qu'ils se reposaient enfin sur une épaisse couche de glace qui ne font jamais, même en été, ils furent pris dans une embuscade tendus par les Urgals. Les deux compagnons de Galbatorix et leurs dragons furent massacrés. Cependant, malgré de graves blessures, Galbatorix réussit à mettre les monstres en déroute. Le malheur voulut qu'une flèche ennemie vînt se ficher dans le cœur de sa dragonne. Incapable de la guérir, Galbatorix la vit mourir dans ses bras. Ainsi furent plantées les graines de sa folie…
Le conteur joignit les mains et tourna lentement la tête pour observer l'assistance. Les ombres projetées par les flambeaux dansaient sur son visage fatigué. Les mots qu'il prononça ensuite furent graves et profonds, tel un glas.
- Seul, privé d'une grande parties de sa force, rendu presque fou de douleur par la perte de sa monture, Galbatorix erra comme une âme en peine sur un territoire désolé, appelant la mort. Mais la mort ne voulut pas de lui. Il eut beau se jeter sans crainte au-devant des monstres les plus redoutables, la mort ne voulut pas de lui. Les Urgals eux-mêmes s'enfuyaient a l'approche de cette manière de fantôme. C'est alors qu'il vint a l'esprit de Galbatorix que, peut-être, la Confrérie lui offrirait un autre dragon. Poussé par cette idée, il entreprit un voyage épuisant, à pied, à travers la Crète, qu'il avait survoler en un clin d'œil sur le dos de sa dragonne. Il lui fallut plusieurs mois pour la parcourir dans l'autre sens. Il pouvait chasser grâce à la magie, mais, maintes fois, il emprunta des chemins où même les animaux n'osaient pas se risquer. Tant et si bien que, lorsqu'il eut en fin franchi les montagnes, il était plus mort que vif. Un fermier, le trouvant évanoui dans la boue, prévint les Dragonniers. Ceux-ci emmenèrent leur confrère inconscient dans leur retraite. Là, Galbatorix dormit quatre jours, et son corps guérit : lorsqu'il se réveilla, il dissimula la fièvre qui faisait bouillir son esprit. Devant le conseil chargé de le juger, Galbatorix réclama un autre dragon. La véhémence de sa requête révéla sa démence. Le conseil découvrit son vrai visage et repoussa sa demande. Galbatorix était désespéré. Berné par son délire, il parvint à se persuader que sa dragonne était morte par la faute des Dragonniers. Nuit après nuit, il se convainquit de la véracité de son mensonge, et il mit au point une terrible vengeance…
La voix de Brom n'était plus qu'un souffle hypnotisant :
Il trouva un Dragonnier compréhensif et, piquant sa sympathie, il inocula au malheureux le poison de sa folie. Il multiplia les démonstrations faussées ; il recourut aux secrets de magie noire qu'un Ombre lui avait enseignés au cours de ses errances ; à force, il sut enflammé l'esprit du Dragonnier contre les Anciens. Ensemble, ils attirèrent traîtreusement l'un d'eux dans un piège pour le tuer. Le crime accompli, Galbatorix se retourna contre son complice et l'abattit. Les Dragonniers le surprirent a se moment-là, les mains pleine de sang. Un cri de rage tordit les lèvres de Galbatorix, qui s'enfuit dans la nuit. Sa folie le rendait si rusé qu'on ne le trouva point. Pendant des années, Galbatorix se cacha dans les Terres désertiques, tel un animal traqué. Nul n'oubliait ses atrocités, mais, le temps passant, on finit par abandonner les poursuites. Cependant la mauvaise fortune frappa de nouveau : Galbatorix rencontra Morzan, un jeune Dragonnier de constitution solide, mais d'esprit fragile. Galbatorix le persuada de laisser une porte ouverte dans la citadelle d'Ilirea - qu'on appelle Urû'baen de nos jours. Galbatorix s'y faufila et vola un œuf de dragon. Son disciple et lui se cachèrent dans un endroit où les Dragonniers ne s'aventuraient jamais. Là, Morzan commença son initiation aux forces maléfiques. Galbatorix lui enseigna des secrets interdits qui n'auraient jamais dût être dévoilés. Là naquit et grandit le dragon noir de Galbatorix, nommé Shruikan. Lorsque Shruikan eut atteint sa taille adulte, et que Morzan eut terminé son apprentissage, Galbatorix se révéla au monde, Morzan à ses côtés. Ensemble ils combattirent tous les Dragonniers qu'ils croisèrent. A chaque fois qu'ils en tuaient un, leurs forces grandissaient. Douze Confrères se rallièrent à Galbatorix, mus par le goût du pouvoir et le ressentiment. Avec Morzan, ils devinrent les Treize Parjures. Les Dragonniers survivants, déconcertés par cette alliance, succombèrent à l'assaut des traîtres. Les elfes, à leur tour, livrèrent un combat acharné à Galbatorix ; mais, dépassés, ils furent contraints de se replier sur leurs terres secrètes, d'où ils ne ressortirent plus jamais. Seul Vrael, le chef des Dragonniers, sut résister à Galbatorix et aux Parjures. Homme d'expérience, âgé et sage, il lutta pour sauver ce qui pouvait encore l'être, et ses ennemis de mettre la main sur les derniers dragons. Au cours de l'ultime bataille, devant les porte de Dorù Areaba, Vrael vainquit Galbatorix, mais il répugna a l'achever. Mal lui en prit : Galbatorix profita de son hésitation pour lui porter un coup violent sur le côté. Grièvement blessé, Vrael se réfugia dans la montagne d'Utgard, où il espérait reprendre des forces. Il n'en eut pas le loisir. Galbatorix le retrouva, le défia et le blessa à l'entrejambe. Grâce à cette fourberie, il put dominer Vrael et le décapita d'un coup d'épée. Alors, un flot nouveau de puissance coula dans les veines de Galbatorix, qui se proclama maître et seigneur de toute l'Alagaësia. Son règne avait commencé ; il dure encore. Aujourd'hui, l'un des treize à tuer une elfe, pour cela a eut recourt à une ruse des plus méprisable ; il a pris sa fille en otage.
Le vieil homme avait tressailli de rage en prononçant la fin de sa phrase.
Islanzadì Dröttning, je viens vous demander une faveur. Galbatorix me cherche car j'ai tué celui qui a osé tuer Demethra, Morzan. Or en tuant le félon j'ai récupéré quelques affaire qu'il avait avec lui.
Sur ces mots, il se leva, approcha son sac d'un des flambeaux et en sortit un objet enveloppé dans un linge, plus long qu'un bras, qui devait peser bon poids, à en croire la façon dont le vieil homme le maniait.
Brom ôta le linge, petit bout par petit bout, comme on aurait enlevé ses bandages à une momie. Subjugué, Arya vit ainsi apparaître une épée. Le pommeau d'or avait la forme d'une larme. Les côtés en étaient tronqués, révélant un rubis de la taille d'un petit œuf. La poigné était sertit de fils d'argent, et si bien fourbie qu'elle étincelait comme une étoile. Le fourreau, de couleur rouge sombre, poli tel du verre, était orné d'un unique symbole noir, gravé sur la surface. Accroché à l'épée, un ceinturon muni d'une lourde boucle. Il dégaina l'épée avec lenteur. Elle glissa or du fourreau sans un bruit. L'acier était parcourut d'irisations sanguines qui luisaient à la lumière des flammes. La lame, acérée des deux côtés, était légèrement rebondie. On retrouvait le symbole noir sur le métal. L'arme était parfaitement équilibrée.
- …mais j'ai surtout récupéré …
Il sortit de sous cape … un bébé. Il jeta un regard furtif au bébé, furtif mais d'une tendresse infini.
Elle n'ai pas en sûreté avec moi et je voudrais vous la laissée.
C'est un acte qui prouve ton immense confiance en nous, les elfes, et qui démontre à quel point tu es courageux. J'en suis honorée et émue. Ta fille est la bienvenue dans ma famille. Je te jure de prendre soin d'elle comme si c'était ma propre fille.
Merci infiniment Islanzadì. Je ne sais comment vous remercier.
Un jour reviens nous voir avec si possible de bonnes nouvelles. Veux-tu que je lui apprenne ses origines ?
Parlez lui de sa mère, mais ne divulguer pas qui je suis. J'espère lui dire moi même en des temps plus propices.
Brom s'inclina devant la reine des elfes.
- Merci de mon cœur, Islanzadì Dröttning.
Il tourna les talons monta sur son cheval.
Attends, comment s'appelle-t-elle ?
Brom s'éloigna avec son cheval. Arya crut apercevoir une larme briller sur sa joue. Mais avant de disparaître, à travers la brume, il prononça un mot, un nom…
