Note de l'auteur : La chanson est « Je suis grande » de Linda Lemay. Je sais que la fin fait un peu tragédie, mais ça me plaisait comme ça.
Quand souffrir finit par rimer avec mourir.
Je suis la seule, l'unique. Je suis la Tueuse. Une seule par génération et il a fallu que ça tombe sur moi. Ils pensent tous que je suis heureuse, que je m'y suis faite, mais c'est faux. Ils veulent que je sois un exemple, la parfaite petite Buffy, mais je suis comme eux... faible.
J'ai
envie d'fumer des américaines
Et de me rouler des
jamaïcaines
J'ai envie de boire jusqu'à
vaciller
Jusqu'à ne plus voir qui va m'déshabiller
Parfois je voudrais tout envoyer balader, leur dire où j'étais après ma mort, mais ils s'en voudraient, ils passeraient leurs vie à s'excuser, à me parler gentiment, tout faire pour me faire plaisir, et ce serait pire. Il n'y a que lui pour me comprendre et ça non plus je ne peux pas le leur dire, ils ne comprendraient pas, ils me blâmeraient encore.
Et
puis j'ai envie d'partir en bateau
Avec des bandits vêtus en
matelots
J'ai envie de rire, rire jusqu'à souffrir
J'ai
envie de ça, mais je n'ose pas
Car moi,
Je suis grande,
je suis raisonnable
Je donne l'exemple, je suis responsable
Je
n'teins pas mes cheveux
J'ai pas de béquilles
J'ai
l'respect des vieux
Et de la famille
Mais même lui je le rejète, encore et encore. Oh, je sais qu'il m'aime, et moi aussi je l'aime, mais je ne peux pas l'avouer, c'est beaucoup trop dur. Ca signifierait prendre une décision, l'assumer... et je ne peux pas, je ne peux plus.
Je
vais à l'église
Je suis ménagère
J'suis
toujours bien mise
Et jamais vulgaire
J'n'ai pas eu de crise à
l'adolescence
Faut qu'on m'intronise, qu'on me donne un
sens
C'est eux qui prennent les décisions à présent, ils pensent qu'ils sont responsables de moi, qu'ils ont tous les droits sur moi puisque c'est « grâce » à eux que je suis ici. Alors je ne dis rien, je les laisse croire que j'apprécie ce qu'ils font pour moi.
J'ai
envie de trouver au fond de mon ventre
Une passion cachée,
sauvage et brûlante
J'ai envie d'courir toute nue sur une
plage
Imiter l'soupir d'un grand coquillage
Et puis j'ai envie,
envie de danser
Pour n'importe qui et me faire payer
J'ai envie
de vivre, plutôt, de survivre
J'ai envie de ça, mais
je n'ose pas
Car moi
Je ne suis plus qu'un robot, le buffybot était certainement plus intéressant que moi. Je ne fais plus que leur obéir, je les remercie, m'excuse quand il le faut... Une parfaite jeune fille...
Je
suis grande, je suis raisonnable
Je donne l'exemple, je suis
responsable
Je n'fais pas d'bêtises, je n'ai pas cette
chance
Faut qu'on m'intronise, qu'on me donne un sens
Si elle
ressemble à ça
La vie après la vie
J'envie
ceux qui n'vont pas au paradis
Moi j'ai gagné mon
ciel
Comme disent les fidèles
Qui ne s'offrent un
péché
Que lorsqu'il est véniel
Ils m'ont donné ce monde pour ma seconde vie, ce monde de guerre, ce monde de mensonge, de meurtre, de viol. Ce monde si « parfait » qu'il méritait mon retour. A présent je pense que j'aurais dû aller en Enfer, paradoxalement, je pense que ça aurait été plus simple, je ne leur en voudrais pas, mais rien n'est jamais simple pour la Tueuse, n'est-ce pas ?
J'ai
envie d'crever ma bulle de cristal
Et d'laisser rentrer quelques
langues sales
J'ai envie d'baisser mes bras de femme forte
Envie
d'accepter qu'la vague m'emporte
J'ai envie d'troquer mes bonnes
manières
Contre un peu d'plaisir et un peu d'poussière
J'ai
envie de jouir, jouir jusqu'à mourir
J'ai envie de toi
Mais
je n'ose pas, car moi
Bravo !
Je suis grande, je suis
raisonnable
Honnête et patiente, bonne et charitable
J'ai
la tête froide, je m'oublie pour d'autres
Mais c't'un cœur
malade qui bat dans mes côtes
Je vais vers toi, comme chaque soir. Je sais que ce sera différent cette fois, mais j'ai tout de même envie de toi, envie de mourir dans tes bras. Mais je t'ai fait du mal... trop... je ne peux plus me servir de toi, te rejeter chaque matin. Alors je me dirige vers ta crypte, et je revois tous ces moments avec toi, et je sais que le monstre c'est moi, ça l'a toujours été...
Je
me sens petite, je me sens fragile
Et j'ai l'eau bénite qui
me monte aux cils
Quand j'te vois partir
Parce que j't'ai
chassé
Comme pour me punir
De te désirer
Je cours dans ce cimetière, je cours pour oublier, mais je ne peux pas. Je t'ai quitté, je m'en veux, même si je sais que c'était la seule chose à faire. Je t'ai fait mal, je t'ai tué une deuxième fois, j'ai vu tes yeux s'éteindre... Je n'en peux plus, je fais demi-tour, je dois te parler, m'excuser, je suis si désolée. J'entre dans ta crypte, et les larmes que je n'ai pas encore versées me montent aux yeux. Il n'y a plus qu'un tas de poussière où je t'ai laissé tout à l'heure. Alors j'oublie tout, ma mission, ma famille, mes amis, je prends le couteau dans mon sac et je l'enfonce dans ma poitrine. Tu ne partiras pas seul, William.
