Note de l'auteur : Bonjour à tous ! L'idée de ce recueil m'est venue lorsque je me suis aperçue que certains de mes OS sur ce fandom tournaient beaucoup sur de possibles interactions entre deux personnages (ou davantage, mais les autres sont plus secondaires) dans le canon. Attention, je précise : quand je dis interaction, ce n'est pas forcément "romance" !

Les OS que vous lirez ici, vous en reconnaîtrez peut-être certains. La majorité ont été réécrits. Peut-être qu'à la base, c'étaient des OS de type "romance", mais vous remarquerez que certains ont été réécrits dans une autre optique. Sinon, pour les OS qui seront clairement orientés vers la romance, il y aura de tout : hét, yaoï, yuri. Voilà, c'est dit.

Je vous laisse découvrir... ou redécouvrir. Bonne lecture à tous.

Code "liens entre personnages" (en fonction des "possibilités" du site) :

PrénomXprénom : attirance au minimum

Prénom, Prénom : amitié, ou possibilité d'amitié

Prénom-Prénom : forme de "bromance"

Prénom=Prénom : lien affectif familial

Prénom+Prénom : amour

Prénom Prénom : ambiguïté

Prénom0Prénom : haine

(Liste qui sera modifiée et/ou complétée par la suite)


Aucun personnage de Square Enix, ni de Disney ne m'appartient, de même que les lieux.


Chaînes éternelles

(Xion, Vanitas)

La Cité du Crépuscule se faisait caresser par les rayons d'un soleil toujours aussi doux. Il embrasait le ciel de jupons orangés à tout moment de la journée, sauf la nuit, bien que de légers soupçons violines subsistaient même avec la venue des étoiles et de la lune. Soudain, au-dessus de la tour de la gare, vers l'horloge, un disque fin et noir apparut, puis se dilata pour laisser passer une silhouette habillée d'un long manteau noir. Un couloir des ténèbres.

L'inconnu rabattit sa capuche, puis s'effondra par terre en se tenant la tête à deux mains. Une fille aux cheveux coupés court et noirs, et d'un bleu pareil l'azur du Jardin Radieux. Le quatorzième élément de l'Organisation, Xion, un clone qui n'était même pas une Simili... ni une véritable membre. Elle était proche des sanglots.

Pourquoi... pourquoi ne parvenait-elle pas à se contrôler ? Tous ces souvenirs... qui la dévoraient, qui cherchaient à s'emparer d'elle pour en faire une arme absolue. Elle était au bord de l'implosion, de l'overdose. Non, elle ne pouvait plus continuer de cette manière. Tremblante, elle appuya sa main contre la façade du clocher où elle, Axel et Roxas venaient si souvent manger des glaces à l'eau de mer.

Elle s'assit contre ce mur providentiel et ferma les yeux en reposant son front brûlant contre ses genoux remontés. Oui, elle attendait que Roxas la trouve. Ensuite, ils s'affronteraient en un duel impitoyable. Seul l'un d'eux survivrait, mais elle ferait tout pour mourir. Elle ne voulait plus vivre ainsi.

Il y avait ce garçon qui pénétrait dans chacun de ses songes – les Simili ne rêvent pas, mais elle n'en était pas une, alors peu importe. Ce garçon qui ressemblait tant à Sora. Ce garçon qui n'était pas lui... qui était-il ? Confusément, Xion possédait la réponse au plus profond d'elle. Elle secoua la tête doucement.

Axel la voyait comme la jeune fille blonde du manoir, qui lui avait révélé que si elle retournait en Sora, donc plus personne ne se souviendrait d'elle. Naminé, la Simili de Kairi. Roxas, lui, la percevait telle qu'elle était : une fille aux cheveux noirs avec le visage et les yeux de Kairi. Riku, lui, la reconnaissait plutôt en tant que Sora, désormais, mais en féminin.

Xigbar l'avait aperçue une fois comme étant un petit gringalet qui lui évoquait fortement Roxas. La jeune clone le savait, parce que la mémoire bouillonnait en elle. Il s'appelait Ventus. Son histoire était horrible. Son passé, lié à celui de cet autre adolescent; lui, qu'elle avait confondu avec Sora au début, mais qui n'était pas lui. Ce garçon à la crinière aile de corbeau. Vanitas.

Xion soupira. Cela se calmait un peu en elle. Néanmoins, elle déchanta très vite lorsqu'elle tourna la tête. Elle bondit de surprise, puis recula vers le bord du clocher. Non, elle devait souffrir d'hallucinations. Que faisait-il là, à la dévisager avec cet air narquois ? Elle se détourna de lui pour qu'il disparaisse. Ce n'était qu'un mirage, oui. Elle en avait décidé ainsi.

Cependant, Xion se rendit compte qu'elle se trompait lorsqu'elle sentit sous son menton le froid glacial d'une lame. Celle d'une Keyblade. D'une voix doucereuse, il souffla :

— Relève-toi et regarde-moi.

Xion tressaillit; allait-elle lui obéir, ou bien était-elle assez suicidaire pour le défier ? Une hallucination pouvait-elle être aussi convaincante ? Un ricanement franchit les lèvres de Vanitas, qui appuya un peu plus jusqu'à trancher la peau tendre de la jeune fille. Elle grimaça de douleur, mais ne bougea pas.

— Ce que tu fais est inutile. Relève-toi, ou je t'y obligerai par la force.

— Et comment ?

La Keyblade recula, mais la main libre de Vanitas, brutale, l'agrippa au col et la plaqua contre le mur du clocher. Xion poussa une exclamation, vite réprimée par ces doigts qui serraient son cou, et qui serraient... Elle posa les siens dessus pour qu'il cesse. Elle commençait à manquer d'air. Vanitas la fixa en penchant la tête sur le côté, puis se remit à rire de nouveau.

— Tu vois, je ne suis pas une illusion. Mais rassure-toi, je ne resterai pas longtemps. La puissance des souvenirs qui te nourrissent suffit à peine pour maintenir mon état.

— Que... que veux-tu dire ? hoqueta-t-elle, alors qu'il relâcha un peu sa poigne.

— Ce que je veux dire, c'est que quand tu te battras contre Roxas, je ne serai plus là. Ensuite, tu perdras, car sinon Sora ne pourra pas se réveiller. Et si Sora ne se réveille pas, alors Ventus non plus.

Il se rapprocha d'elle jusqu'à frôler son corps avec le sien. Sa Keyblade était retournée dans les ténèbres. Son autre main se posa à côté de la tête de la jeune fille, alors que celle qui meurtrissait son cou agrippait son épaule désormais. Il plongea ses yeux dans les siens. L'ambre se cogna contre l'azur avec force.

— Ventus...

— Oui. Son cœur dort en Sora, fillette. Toi, tu possèdes la mémoire de Ventus aussi. Tant de secrets que tu ne devrais pas connaître...

— Tu es là, parce que tu es...

— ... matérialisé par les souvenirs que Ventus a de moi. Eh oui, fillette. En tout cas, je suis curieux.

— Cu... curieux ?

Vanitas saisit une mèche de ses cheveux couleur d'ébène entre ses doigts. Xion le repoussa vivement. Elle avait besoin d'air. Elle invoqua sa Keyblade, puis se plaça en position de combat alors que Vanitas la fixait sans bouger d'un pouce en riant à gorge déployée. Elle fulmina :

— Je sais ce que je suis, un clone, une « chose » qui ne devrait pas exister. Voilà, ta curiosité est-elle satisfaite à présent ?

L'expression du brun ne changea pas d'un iota, bien au contraire; blessée, Xion chercha alors à l'attaquer de front. Quand elle le vit disparaître de son champ de vision, elle comprit qu'elle avait commis une erreur. Il l'enlaça par-derrière et posa sa Keyblade sur sa gorge. Tout contre son oreille, sa bouche lui susurra :

— Je te croyais beaucoup plus futée... Oh oui, beaucoup plus...

— Relâche-moi, souffla-t-elle, mal à l'aise.

— Relâche-moi, répéta-t-il en imitant ses intonations avec une voix de fausset.

Xion cracha :

— Je ne te supporte plus !

— Oh ? Quel dommage... Vois-tu, moi, je m'intéressais à toi pour ce que tu es...

— Roxas, Axel aussi ! s'écria-t-elle, avant de placer sa Keyblade en travers de celle de Vanitas, par le haut, afin de la déloger.

Des étincelles naquirent des deux armes, qui s'entrechoquèrent et produisirent un crissement atroce aux tympans de la quatorzième membre de l'Organisation. Elle se baissa et esquiva une pirouette, puis tenta une taille avant de se replier en constatant qu'elle n'y arriverait jamais. Elle fixa Vanitas, dont l'expression s'était assombrie à tel point qu'elle eut de nouveau peur de lui.

Il fonça sur elle en se fendant; Xion l'évita de justesse, puis riposta par une attaque élémentaire de feu. C'est avec un cri de surprise qu'elle se rendit compte que de son corps de plus en plus de puissance émanait; ce dernier commençait à se métamorphoser. En voyant le résultat, Vanitas cessa ses assauts, puis sentit qu'il était appelé par les ténèbres, là où il devait normalement être. D'une voix neutre, qui fit froid dans le dos à Xion, il lui dit :

— Économise tes forces contre Roxas.

Avec un rictus peu engageant, il s'avança vers elle en faisant disparaître sa Keyblade. Xion recula en gardant la sienne. Elle siffla :

— Retourne d'où tu viens, maintenant !

— Oh, mais j'y compte bien.

Ce fut trop rapide : il se retrouva à quelques centimètres de Xion et la fixa avec intensité, les prunelles dilatées. Ahurie, elle lâcha sa Keyblade, qui tomba au sol en produisant un cliquetis discordant. Vanitas lui chuchota :

— Nous nous reverrons... Xion. Tu seras oubliée de tous, mais moi... Je me souviendrai de toi.

— Pourquoi... Pourquoi ? murmura-t-elle, au bord des larmes.

Vanitas lui sourit, puis fit un pas en arrière. Son corps se dissolvait sous forme de volutes noires. Il était temps qu'il revienne au sein des Ténèbres... ou ce qui s'en approchait le plus.

— Parce que nos chaînes sont éternelles. Tu es à jamais prisonnière des Ténèbres, toi aussi, tout comme moi.

— Non... Non, moi j'appartiens...

— Au Néant ? Et le Néant, qu'est-ce donc ? Il faut bien que tout ce qui est absous aille quelque part, et comme la Lumière ne ferait que réveiller toutes ces réminiscences soi-disant effacées...

Ses mots furent emportés par les derniers lambeaux aux nuances d'ébène, qui s'évaporèrent avec une lenteur propre à eux. Encore interdite, Xion porta la main à sa joue, qu'elle effleura du bout des doigts. Cet être, entièrement ténébreux... Elle savait qu'il avait été sincère. Elle savait aussi qu'il n'était pas sous l'influence de Xemnas, comme pouvaient l'être certains membres de l'Organisation, comme Xigbar. Du moins, soumis à cette entité qui vivait dans le corps du Supérieur.

Ça, elle ne l'ignorait pas. La mémoire de Ventus le criait à travers elle, même si le jeune Élu de la Keyblade était profondément endormi. Son subconscient l'avait compris, et l'avait crypté sous forme de souvenirs.

Une larme adamantine coula le long de la pommette de la fausse Simili. Soudain, elle entendit une voix familière... Roxas. Il l'appelait. Il était temps. Elle essuya sa joue doucement, puis sortit de sous son manteau deux glaces à l'eau de mer. La température corporelle de son être – si basse – ne les avait pas fait fondre. Après, ils s'affronteraient, mais d'abord... un dernier moment ensemble. Avant qu'elle ne rejoigne le néant pour toujours. Avant que Vanitas ne la retrouve.

oOo

O

Un ersatz de réminiscence. Un résumé parfait pour une chose qui ne pouvait pas être décrite autrement que par « ça ». Elle n'existe pas, mais... une fois, elle a vécu.

Elle aurait dû disparaître, cette Chose-là. Non... Ce n'était pas le terme qui convenait. Par contre, la première lettre – l'être ? – sonne bien. Elle est fluide pour ce qu'elle était est sera – peut-être. Des lambeaux sans couleur de brouillard apparaissent dans ce Monde, cette Ville qui Jamais ne Fut. Perdue. Tiens... ce mot-là faisait-il partie du nom à l'origine ?

Trop de questions. Quelques pincées de Conscience.

Il Fut presque. Non, Elle.

Deux yeux éteints s'ouvrirent sur une ruelle où l'humidité suintait sur les murs. Les égouts laissaient exhaler une brume grise sans odeur. Ici, tout était sans dessus, sans dessous. Plein de « sans ». Comme ces créatures noires aux iris ambrés et sans pupille qui accouraient vers elle, mais ne faisaient que l'effleurer. Elle n'était pas une proie intéressante pour eux.

Ses doigts se posèrent sur sa poitrine inerte... ou presque. Elle faisait comme si un élément très important s'y convulsait ou battait en rythme.

L'imagination peut dépasser la réalité et l'impossible.

— ... Naminé, c'est toi ?

Ses paupières clignèrent. Cette voix... C'était la sienne avant ! Avant que... Elle le dévisagea, les paumes croisées sur son ventre. Non, elle n'était pas Naminé. Elle se détourna brusquement et se précipita vers les escaliers les plus proches.

— Eh ! Naminé ! Attends !

Il ne devait pas la rejoindre, sinon tout serait compromis. Tout...

Une main tiède rattrapa la sienne.

— J'ai un message pour toi. Je voulais te dire que c'est fini...

Elle le fixa enfin. Il continuait de serrer son poignet recouvert d'un gant noir. Tout comme le manteau qui ne quittait jamais son imitation de corps humain. Elle tourna la tête vers ce garçon qui avait les mêmes yeux qu'elle. Un bleu si lumineux...

— Hein ? Qui...

La stupéfaction de celui-ci était à la hauteur de ce qui comprimait sa poitrine en cet instant.

— ... es-tu ?

Elle ne lui sourit pas, baissa le menton, le regard dans le vague. Elle vit pourtant du coin de l'oeil que sur la joue gauche de l'adolescent, une larme s'échappait. Reflet de ce qui siégeait au sein de sa cage thoracique douloureuse ? La sidération de ce dernier s'accorda avec le geste qu'il fit pour l'essuyer.

— Pou... Pourquoi suis-je...

Son visage. Elle le masqua du mieux qu'elle put avec cette capuche. Elle ne ressemblait plus à personne désormais. Elle secoua la main du garçon pour qu'il la lâche, puis s'enfuit sans regarder en arrière malgré ses supplications.

— Hé, attends !

Son souffle court résonna jusqu'à ses oreilles tandis qu'elle s'éloignait de cet endroit petit à petit, qu'elle empruntait cette venelle sombre où peut-être elle pourrait disparaître à jamais. Elle ne devait pas exister.

La ruelle se déforma, de même que ce ciel aussi sombre que de l'encre séchée au fond d'un plumier, des bâtiments trop hauts et effrayants. Comment pouvait-elle donner autant de détails émotionnels alors qu'elle n'était rien ? Elle n'avait même pas de nom... Naminé n'était pas le sien...

— Xion.

Les Ténèbres autour d'elle s'étaient abattues tel un rideau de velours. Elle se sentait étouffer. Pourtant, elle tourna la tête en direction de l'appel familier qui l'interpelait. Xion ? Un mot coupé, sans doute. L'inconnu avait peut-être voulu dire « action », « connexion »...

— Xion.

Sa main tremblante se crispa vers le côté gauche de sa poitrine. Non, il n'avait pas le droit ! Qui était-il pour...

Une silhouette apparut juste devant elle et lui agrippa le poignet. Elle hurla – sa voix lui parut alors bien trop tangible.

— Écoute-moi. N'oublie pas qui tu es. Fais-le pour moi.

Pourquoi ?

— Parce que nous sommes liés par les chaînes éternelles des Ténèbres. Tu as une existence, tout comme moi, même si nous sommes des abominations.

Ces quelques mots éclatèrent ses réminiscences; le clocher, Roxas, l'Organisation... La grande place, les mondes, Kingdom Hearts...

Vanitas.

Deux iris ambrés la fixèrent avec impassibilité.

— Tu contiens la mémoire de Ventus. Ce sera la clé de ta liberté, quelle qu'elle soit. Moi, je suis condamné. « Il » s'est emparé de moi.

Des volutes de ténèbres léchaient son corps. Elle vit qu'il semblait blessé.

— Pourquoi...

— Je ne peux rester plus longtemps. N'oublie pas, c'est tout.

Elles l'avalèrent juste devant ses yeux. Elle s'entendit haleter, puis tomber à genoux, la main en avant. Désormais, elle était livrée à elle-même dans ces méandres de l'Oubli.

Tu n'es pas seule.

Xion... Oui, Xion porta les doigts vers sa poitrine. Encore une voix... Ventus ? Oh, peu importe... Vanitas avait raison. Ils étaient des erreurs, mais ils avaient acquis le droit d'être... même s'il ne possédait pas la clé pour être délivré de ses chaînes tout comme elle... À moins que si. Ventus l'était peut-être aussi, comme pour elle. Donc elle devait préserver la mémoire de ce dernier.

Au plus profond des Ténèbres, Xion hocha la tête. Elle le ferait.